par Georges AIMÉ
Les
élections municipales approchent et l’on ne cesse d’entendre ici ou là qu’il
convient de se réjouir de voir des maires élus pour la xième fois.
Est-ce
vraiment réjouissant de voir une oligarchie ou des potentats locaux confisqués
le pouvoir et ne pas faire de place aux plus jeunes ? Est-ce vraiment
réjouissant de voir tel ou tel maire assimilé sa tâche à celle d’un seigneur de
l’ancien Régime ? Est-ce vraiment réjouissant de voir le premier magistrat d’une
commune utiliser les moyens que lui donne sa fonction pour obtenir des voix ?
Est-ce vraiment la façon la plus certaine d’enrayer la corruption et les dérives
de tous genres découlant d’une trop longue présence à la tête d’un pouvoir
exécutif ? Est-ce vraiment réjouissant de voir des décisions prises pour les
futures générations par des élus qui ont « leur avenir dans le dos » ? Est-ce
vraiment réjouissant de savoir que le maire ne fait pas son travail pour cause
de cumul et confie à un « responsable des services », fonctionnaire qui n’a
jamais été élu, le soin de régler les demandes d’administrés qui ne relève pas
de la stricte application d’une réglementation ?
La non limite
à deux de suite de tout mandat est une des causes du piètre spectacle qu’offre
les deux principaux partis représentatifs de notre classe politique. Pour un élu
qui a la sagesse de se retirer à temps combien sont-ils à
défendre
leur
pré-carré et à trouver les arguments les plus fallacieux pour justifier leur
choix et leur action ? « Touche pas à mon pote » est devenu « Touche pas à mes
privilèges » ! Pour se faire élire tout est bon. Ici l’on distribue des billets
de banque comme d’autres distribue des images d’Épinal ou on accorde tel logement contre une adhésion à tel ou tel
micro-parti, là on viabilise des terrains en échange de « menus » services, etc.
On aime aussi organiser des dîners-spectacles afin d’apporter la bonne parole
aux retraités et aller faire le beau sur les marchés, serrer des mains tout en
promettant des jours meilleurs. Promesses oubliées dès le lendemain de leur
élection pour cause de « real politique ».
Triste
spectacle et piètre image de notre res publica. Il faut en finir avec ce pouvoir qui, depuis des
décennies, nous prend pour des crétins incapables de réfléchir, qu’il faut
simplement conditionnés afin qu’ils mettent le « bon » bulletin dans
l’urne.
Renvoyons ces
hiérarques avec leurs zélés et serviles courtisans dans leurs administrations,
agences et autres cabinets.
Le paysage
politique français est suffisamment large pour que chacun trouve le parti
convenant le mieux à sa sensibilité politique. Et si d’aventure, dans votre
commune, vous n’avez pas cette possibilité, eh bien votez blanc ! Il est
préférable de marquer ainsi son rejet que de voter par défaut
!
Quant à ceux
qui affirment « ne pas faire de politique », demander-leur pour qui ils votent
en tant que grand électeur ?
Et que l’on ne
vienne pas me dire que ceci est d’ordre privé : chacun a le droit de savoir si
celui qui a été élu est un menteur et/ou un tricheur.
Ce tableau
pourrait apparaître comme sombre et peu porteur d’avenir. Il n’en n’est rien. Il
nous faut cependant faire l’effort nécessaire en participant à l’émergence d’une
nouvelle catégorie d’hommes politiques faisant passer l’intérêt de la France et
le bien collectif avant l’intérêt d’un monde financiarisé et le bien
personnel.
Ces femmes et
ces hommes existent dans tous les partis. Il faut les aider à s’émanciper. Pour
certains c’est fait, tels Nicolas Dupont-Aignan à droite ou Jean-Pierre
Chevènement à gauche. Pour d’autres c’est en marche, tel Bruno Le Maire à droite
ou Ségolène Royal à gauche.
Les élections
municipales et européennes approchent, utilisons-les – c’est le seul moyen qui
nous reste, hormis la rue – pour marquer notre
désapprobation.