L’ASIE

« Nouveau centre de gravité dans un monde multipolaire »

 

    Par Christine ALFARGE

 

Le monde asiatique en 2013, de quoi s’agit-il ?

Les évolutions vers un nouvel ordre mondial apparaissent à travers différentes scènes de conflits dans la région du Proche et du Moyen-Orient devenue une zone d’influence et d’intérêts géostratégiques où se dessinent de nouveaux équilibres géopolitiques. La Russie et les Etats-Unis ont notamment en commun d’éviter une internationalisation du conflit syrien lié à l’Iran et son régime des mollahs dont la tentation hégémonique est omniprésente sur l’axe Liban, Syrie, Irak. L’urgence absolue pour la sécurité régionale est de traiter la question du nucléaire iranien sur le processus d’enrichissement d’uranium. La sécurité des pays de l’Union européenne et la stabilité du Proche et Moyen-Orient sont clairement en jeu concernant les dossiers syrien et iranien avec la menace permanente de missiles pouvant porter des ogives nucléaires pour les atteindre.

L’instabilité ne s’arrête pas aux portes de l’Europe et de l’Orient, de nouvelles confrontations territoriales en Asie-Pacifique amorcent également une nouvelle donne entre les grandes puissances qui doivent faire face à d’autres défis sur la sécurité régionale. Les convergences de vues et d’intérêts entre les russes et les américains seront déterminantes sur les futurs équilibres géostratégiques désignant la Chine avec un rôle central.

En mer de Chine orientale, le Japon et la Chine se livrent une lutte d’influence sans répit pour la prééminence politico-militaire, culturelle, économique et commerciale en raison d’importantes réserves en hydrocarbures constituant un formidable potentiel de croissance que ce soit dans le secteur industriel ou commercial. La tentation chinoise est omniprésente autour des îles Senkaku sous le regard observateur et méfiant du Japon qui se dit prêt à employer la force.

En effet, Pékin revendique une des îles de l’archipel des Senkaku en japonais, appelé Diaoyu en chinois. La dispute territoriale entre la Chine et le Japon qui remonte à quatre décennies, est une guerre larvée d’un conflit territorial sur fonds d’intérêts économiques.

Une épée de Damoclès pour l’équilibre mondial et la paix.

Il existe un risque de conflit majeur dans les îles Senkaku. La Chine veut contrôler l’archipel plein d’hydrocarbures identifiés dans ses fonds marins en 1969 par une mission d’évaluation scientifique des Nations unies. Les ambitions de Pékin en mer de Chine sont sans aucun doute le signal d’un expansionnisme sur d’autres territoires situés en mer de Chine. Régulièrement, les incursions de vaisseaux chinois autour de l’archipel inhabité provoquent des regains de tensions suite à l’acquisition en septembre 2012  par Tokyo de deux îles sur cinq d’une partie de l’archipel appartenant à un propriétaire privé japonais.

Le spectre d’une guerre froide sino-japonaise.

Chine et Japon veulent affirmer leur souveraineté. Des spécialistes français en recherches stratégiques observent que : « Le conflit sur les îles Senkaku/Diaoyu ravive les nationalismes de la région. Jusqu’où les deux géants asiatiques pousseront-ils leurs tensions historiques?». Aujourd’hui, le risque pour Pékin de s’engager dans un conflit majeur n’est pas d’actualité, sa priorité est de poursuivre son développement et la modernisation de son économie. Mais la force du nationalisme chinois, la soif de reconnaissance de Pékin en tant que puissance majeure et puissance dominante en Asie, les besoins énergétiques croissants du pays, et enfin ses instabilités sociales et démographiques pourraient aisément conduire les dirigeants chinois à des prises de risques. La Chine veut à la fois contenir ses conflits sociaux intérieurs et tester la défense américano-japonaise visant à protéger les îles Senkaku. Quelles seront les évolutions de ce conflit au regard de la nouvelle politique étrangère chinoise ?

Le continent asiatique devient un phare du développement international.

Carrefour culturel sur plusieurs siècles, l’Asie du sud-est s’illustre aujourd’hui comme  un carrefour économique dont chinois, américains mais aussi indiens et russes ont compris l’importance stratégique et géoéconomique. Attirant les convoitises par d’importantes ressources naturelles, cette partie asiatique est représentée par l’ASEAN (association des nations de l’Asie du sud-est) et composée d’une dizaine de pays, Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam dont les grandes puissances dépendantes voudraient en faire des partenaires régionaux. La tension palpable en mer de Chine méridionale, avec des signes apparus au printemps 2012 sous le regard attentif des Etats-Unis, porte à nouveau tous les regards en direction de l’Asie du sud-est qui devient la scène de nouvelles confrontations. La mer de Chine méridionale qui s’étend de Singapour, au sud-ouest, à Taïwan, au nord-est, est très riche en matières premières, ce qui attise notamment la convoitise de la Chine, du Vietnam, et des Philippines. Tous revendiquent la souveraineté des différentes îles se trouvant au milieu de l’océan Pacifique. De manière plus prosaïque, l’Asie du sud-est représente un marché de 600 millions d’habitants. L’Union européenne doit y mener une politique économique plus offensive. A travers l’action diplomatique, la France doit y jouer pleinement son rôle en s’affirmant comme une grande puissance en Asie-Pacifique notamment vis-à-vis de l’Indonésie, puissance régionale et Singapour.

Cette politique doit s’inscrire dans la continuité du dialogue poursuivi par le Général de GAULLE lorsqu’il plaidait en faveur de la pacification de l’Asie du sud-est. Le 27 janvier 1964, la reconnaissance de la Chine populaire par le Général de GAULLE symbolisera également le retour de la France sur la scène internationale et en particulier l’Asie. Comme il en fera la confidence à Alain Peyrefitte, à l’issue du Conseil des ministres du 22 janvier 1964, avec la reconnaissance de la Chine, « nous allons tourner la page coloniale, celle des concessions en Chine comme celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, et que nous pourrons aider la Chine dans la mesure de nos moyens ».

Sur les réalités nationales au Proche et au Moyen-Orient, le Général de GAULLE ne cessera de montrer la volonté d’une politique d’équilibre et de paix. La recherche d’une paix juste et durable sera déterminante dans la politique étrangère du Général de GAULLE. Elle permet aujourd’hui à la France de continuer à peser dans les affaires du monde parmi les grandes puissances. Le Général de GAULLE savait que chaque décision de sa politique étrangère marquerait profondément son temps et celui des futures générations. Sur le continent asiatique, il aura accompli le cheminement de sa pensée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ainsi que la reconnaissance de la souveraineté et l’indépendance des états.

 




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03.12.2013
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