TANGAGE

par Luc BEYER de RYKE

 

Relisons Molière. On le tient pour un auteur comique. C’était un grand politique. Ne voit-on pas aujourd’hui le docteur Diafoirus à l’Élysée son clystère à la main au chevet de la France pour lui administrer des lavements. Si de tous il est le plus connu, les praticiens molièresques ne manquent pas se disputant ou disputant de chapelles à chapelles quand ce n’est pas au sein de la même. Efforçons-nous sous la parabole de décrypter ces crêpages de chignon et les mots assassins.

 

À hue et à dia

 

À gauche comme à droite le florilège s’enrichit pour acquérir le poids et le volume d’une encyclopédie. À tout seigneur tout honneur. Dans la cacophonie la majorité excelle. Le navire tangue à tel point qu’un membre de l’équipage Delphine Batho est passée par-dessus bord. L’avertissement ne fut pas entendu puisque Manuel Valls après l’ire de Christiane Taubira eut à faire à une Cécile Duflot courroucée. Il faut dire qu’en matière de Roms puisque c’est d’eux dont il s’agit, Nicolas Sarkozy paraissait un peu mollasson. Dans l’empoignade le verdict populaire donne raison à Valls avec 65 % d’approbations contre 28 % à Duflot.

 

Le problème est aussi complexe que... séculaire. Il y a bien des années au lendemain de la chute de Ceaucescu j’étais en Roumanie pour assister aux premières élections libres. Sans avoir aucune expérience du pays, le jour même de mon arrivée, à Bucarest, dans la rue, je ne me suis rendu compte du problème des Roms. Populations déshéritées, instables, marginales, corvéables à merci, fragilisées et de ce fait sujettes à la délinquance.

 

L’Europe a permis l’extension du problème d’autant plus que la Roumanie ne fait rien ou peu pour lui apporter des solutions. D’où les bandes dans le métro parisien, le personnel du Louvres faisant grève parce qu’insuffisamment armé pour faire face aux chapardeurs et petits voleurs, marionnettes enfantines agressives manoeuvrées par des adultes. Qu’on s’étonne après cela de la popularité de Manuel Valls aussi inhumaines que soient par ailleurs les conditions de la vie dans les campements et sous les viaducs du périphérique. François Hollande aura beau recadrer ses ministres rien ne sert de dissimuler ou de contourner, il faut résoudre et cela est une autre histoire. D’autant que les municipales font déjà l’attention de tous. Vaste combat en perspective entre la gauche et la droite. Certes. Mais avant d’y venir n’omettons pas les étripages à gauche.

 

La mystique et la politique

 

Le débat est âpre, passionné au sein du Parti Communiste. Les militants font assaut d’arguments dans les assemblées pour savoir s’ils doivent s’allier au PS ou se présenter sous leur couleur. L’union dès le premier tour ou le splendide isolement. Un débat qui les divise entre eux et qui oppose la direction du Parti aux « gauchistes »de Jean-Luc Mélanchon. Fidèle à ses origines trotzkistes le Hugo Chavez français ne voudrait même pas d’alliance avec le PS au second tour.

Prudent et calculateur Pierre Laurent bon mathématicien, sachant ce qu’est une addition et une soustraction, voit ce que coûterait au PC en municipalités une rupture avec les socialistes aussi brocardés, voire rejetés qu’ils soient, pour beaucoup à gauche. Des socialistes qui appellent à l’Union mais partent à l’assaut de ce qui subsiste de la banlieue rouge. Comme me disait Ian Brossat, chef du groupe communiste au Conseil de Paris ; « Ils veulent nous manger ce que la droite va manger sur eux ».

 

En embuscade

 

Et à droite comment cela se présente-t-il ? Là aussi on a la fièvre. Les déclarations de Fillon ont soulevé des vagues même si les houles pouvaient parfois paraître artificielles. Chacun a de ce fait occupé un contre-emploi. Coppé en gardien du temple a paru à gauche de Fillon. Raffarin laisse entendre qu’il pourrait bien retrouver les eaux centristes. Quant à Alain Juppé, fort de sa gestion bordelaise, il rappelle avec mesure et fausse discrétion qu’i est là. Il n’y a plus qu’à l’appeler. Mais qui appellera-t-on ? « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » Nicolas Sarkozy de toute évidence pense reconnaître cet être là ! Pour reprendre le titre de René Clair ce sont « Les grandes manoeuvres ». Avec, en embuscade, celle dont Paul-Marie Coûteaux dans l’Action Française dit qu’elle ne doit pas être Jeanne d’Arc « mais reine de France ». Formule aussi osée qu’hasardeuse. Nous n’en sommes pas là mais Marine Le Pen est désormais investie d’une influence qui n’est plus seulement tribunicienne.

 

La programme compte peu aussi contestable soit-il. Il n’est même pas nécessaire de parler pour engranger. La crise, le chômage, l’insécurité amènent d’avantage de réflexes – souvent abrupts – que de réflexion. Ce qui fait défaut c’est la confiance. Lorsqu’elle fait défaut ce qui guette c’est l’aventure.

 

 

 




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08.10.2013
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