Relisons
Molière. On le tient pour un auteur comique. C’était un grand politique. Ne
voit-on pas aujourd’hui le docteur Diafoirus à
l’Élysée son clystère à la main au chevet de la France pour lui administrer des
lavements. Si de tous il est le plus connu, les praticiens molièresques ne manquent pas se disputant ou disputant de
chapelles à chapelles quand ce n’est pas au sein de la même. Efforçons-nous sous
la parabole de décrypter ces crêpages de chignon et les mots assassins.
À
hue et à dia
À
gauche comme à droite le florilège s’enrichit pour acquérir le poids et le
volume d’une encyclopédie. À tout seigneur tout honneur. Dans la cacophonie la
majorité excelle. Le navire tangue à tel point qu’un membre de l’équipage
Delphine Batho est passée
par-dessus bord. L’avertissement ne fut pas entendu puisque Manuel Valls après
l’ire de Christiane Taubira eut à faire à une Cécile
Duflot courroucée. Il faut dire qu’en matière de Roms puisque c’est d’eux dont il s’agit, Nicolas Sarkozy
paraissait un peu mollasson. Dans l’empoignade le verdict populaire donne raison
à Valls avec 65 % d’approbations contre 28 % à Duflot.
Le
problème est aussi complexe que... séculaire. Il y a bien des années au
lendemain de la chute de Ceaucescu j’étais en Roumanie
pour assister aux premières élections libres. Sans avoir aucune expérience du
pays, le jour même de mon arrivée, à Bucarest, dans la rue, je ne me suis rendu
compte du problème des Roms. Populations déshéritées,
instables, marginales, corvéables à merci, fragilisées et de ce fait sujettes à
la délinquance.
L’Europe
a permis l’extension du problème d’autant plus que la Roumanie ne fait rien ou
peu pour lui apporter des solutions. D’où les bandes dans le métro parisien, le
personnel du Louvres faisant grève parce qu’insuffisamment armé pour faire face
aux chapardeurs et petits voleurs, marionnettes enfantines agressives manoeuvrées par des adultes. Qu’on s’étonne après cela de la
popularité de Manuel Valls aussi inhumaines que soient par ailleurs les
conditions de la vie dans les campements et sous les viaducs du périphérique.
François Hollande aura beau recadrer ses ministres rien ne sert de dissimuler ou
de contourner, il faut résoudre et cela est une autre histoire. D’autant que les
municipales font déjà l’attention de tous. Vaste combat en perspective entre la
gauche et la droite. Certes. Mais avant d’y venir n’omettons pas les étripages à
gauche.
La
mystique et la politique
Le débat
est âpre, passionné au sein du Parti Communiste. Les militants font assaut
d’arguments dans les assemblées pour savoir s’ils doivent s’allier au PS ou se
présenter sous leur couleur. L’union dès le premier tour ou le splendide
isolement. Un débat qui les diviseentre eux
et qui oppose la direction du Parti aux « gauchistes »de Jean-Luc Mélanchon. Fidèle à ses origines trotzkistesle Hugo Chavez français
ne voudrait même pas d’alliance avec le PS au second tour.
Prudent
et calculateur Pierre Laurent bon mathématicien, sachant ce qu’est une addition
et une soustraction, voit ce que coûterait au PC en municipalités une rupture
avec les socialistes aussi brocardés, voire rejetés qu’ils soient, pour beaucoup
à gauche. Des socialistes qui appellent à l’Union mais partent à l’assaut de ce
qui subsiste de la banlieue rouge. Comme me disait Ian Brossat, chef du groupe communiste au Conseil de Paris ;
« Ils veulent nous manger ce que la droite va manger sur eux ».
En
embuscade
Et
à droite comment cela se présente-t-il ? Là aussi on a la fièvre. Les
déclarations de Fillon ont soulevé des vagues même si les houles pouvaient
parfois paraître artificielles. Chacun a de ce fait occupé un contre-emploi.
Coppé en gardien du temple a paru à gauche de Fillon.
Raffarin laisse entendre qu’il pourrait bien retrouver les eaux centristes.
Quant à Alain Juppé, fort de sa gestion bordelaise, il rappelle avec mesure et
fausse discrétion qu’i est là. Il n’y a plus qu’à l’appeler. Mais qui
appellera-t-on ? « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »
Nicolas Sarkozy de toute évidence pense reconnaître cet être là ! Pour
reprendre le titre de René Clair ce sont « Les grandes manoeuvres ». Avec, en embuscade, celle dont Paul-Marie
Coûteaux dans l’Action Française dit qu’elle ne doit
pas être Jeanne d’Arc « mais reine de France ». Formule aussi osée
qu’hasardeuse. Nous n’en sommes pas là mais Marine Le Pen est désormais investie
d’une influence qui n’est plus seulement tribunicienne.
La
programme compte peu aussi contestable soit-il. Il n’est même pas nécessaire de
parler pour engranger. La crise, le chômage, l’insécurité amènent d’avantage de
réflexes – souvent abrupts – que de réflexion. Ce qui fait défaut c’est la
confiance. Lorsqu’elle fait défaut ce qui guette c’est
l’aventure.