par Georges
AIMÉ
Vingt-six mandats et
fonctions. Tel est le tableau de chasse de Michel
Delebarre, socialiste, sénateur, maire de Dunkerque, président de la
Communauté d'agglomération (L'Express, mardi 10 septembre). En plus de
ces trois importants mandats, l'élu siège dans vingt-trois établissements
publics, syndicats intercommunaux, sociétés d'économie mixte, associations et
autres organismes.... dont vingt fois en tant que président.
Sur le podium du classement établi par
l'hebdomadaire figurent entre autres le socialiste Jean Germain, sénateur et
maire de Tours (Indre-et-Loire) ; le radical de gauche Jean-Michel Baylet,
sénateur et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne. Ils totalisent
respectivement douze et dix mandats et fonctions. Le premier représentant de
l'UMP, Christian Estrosi, député et maire de Nice,
pointe en cinquième position.
Pour établir son palmarès, qui porte sur mille
cinq cent soixante-treize personnalités politiques, L'Express a non
seulement comptabilisé le nombre de postes détenus par chaque élu, mais assigné
un coefficient à chaque mandat, selon son importance. Ainsi, Jean-François Copé,
qui n'occupe « que » cinq postes, se retrouve en huitième position.
Lu dans le
Canard enchaîné sous le titre Un régime fiscal amaigrissant pour les
élus : « Contrairement à que Jean-Marc Ayrault avait envisagé, la transparence
s’arrêtera à la feuille d’impôts. Les ministres n’auront pas à révéler – ni à
détailler – leurs ressources. Nul, au Gouvernement, ne tenait à voir étalés les
petits [!] privilèges liés au régime d’imposition des élus. Ainsi, près
du quart de l’indemnité parlementaire d’un député ou d’un sénateur (environ
15.000 € sur 63.000 € par an) n’est pas imposable. Pas plus que leur « indemnité
représentative de frais de mandat » (environ 6.000 €/mois). Pas question non
plus de déclarer comme avantage en nature leur éventuelle voiture de fonction
(avec ou sans chauffeur), ce qui serait obligatoire pour n’importe quel
salarié.
Mais la plus importante des douceurs accordées aux
élus et pas seulement aux parlementaires, est le régime de la « retenue à la
source ». Le revenu d’un multi-élu est divisé en autant de parts que de mandats,
et chacune est imposée séparément. Ainsi, chaque indemnité reste dans les
tranches les plus basses, autour de 20 %. Cette martingale a permis à François
Hollande, avant d’être élu à l’Élysée, de diviser son impôt par deux... »
Comment justifier qu’un élu paie, à revenu et
charges égaux, deux fois moins qu’un salarié quelconque ? ‘’La transparence a
des limites’’ [!]
comme l’a justement rappelé le ministre des Relations avec le Parlement,
Alain Vidalies. »
Sans commentaire !
On comprend aisément pourquoi nos très chers
sénateurs ne souhaitent pas une loi interdisant le cumul des mandats. Leur
fallacieux argument (rien ne les empêche d’assister aux séances des conseils
municipaux des municipalités de leur circonscription ou d’y tenir une permanence
pour savoir ce que pense le peuple) « ne pas être coupé de sa base » est
en réalité « ne pas être coupé de ses privilèges ».
Sur ce sujet, les députés ne sont pas en reste et
ce ne sont pas les justifications alambiquées de Nicolas Dupont Aignan dans
Marianne qui convaincront les électeurs.
Entre ceux qui veulent être calife à la place du
calife et qui pour cela n’hésite pas à pactiser avec leurs ennemis d’hier ;
entre ceux qui ne sont pas d’accord avec la politique menée par le Gouvernement
mais qui continue à en faire partie (avec ce qui précède on comprend pourquoi) ;
entre ceux, danseurs professionnels, occupant le centre de la piste et
virevoltant en tous sens, nous avons atteint le degré zéro de la
politique.
La Cité, qu’est-ce donc que cela ? Le Peuple, ah !
oui le peuple, qu’il se taise et nous élise sans se
poser de question, nous savons – enfin nos creusets d’idées nous disent – ce qui
est bon pour lui... et surtout pour nous !
Une nuit du 4 août se prépare et ils n’en sont
même pas conscients. Il est vrai que l’Histoire et la Géographie ne servent pas
à grand-chose. À quoi bon enseigner la première dans un ordre chronologique et
apprendre que Villers-Cotterêts n’est pas une ville de Seine-Saint-Denis (pardon
du 93) et que l’ordonnance édictée par François Ier prescrivait l’usage du
français. Qu’est-ce donc d’ailleurs que cette langue que nos élus et autres
journalistes vedettes abandonnent chaque jour un peu plus au profit d’un jargon
empreint d’anglicismes d’eux seuls compris ?
Pauvre France malade d’une oligarchie qui a
confisqué le Pouvoir. Notre pays mérite mieux que ces zélotes de
l’enrichissement personnel assoiffés de paraître, persuadés qu’eux seuls
détiennent la vérité.
Ils n’ont même pas le courage de dire qu’ils sont
les prisonniers des geôliers qu’ils ont mis en place du côté de Bruxelles. Que
leur reste-t-il de ce pouvoir qu’ils aiment tant ? Pauvres marionnettes
désarticulées, seules vous intéresse en réalité le fil de l’or. Hâtez-vous
d’aller le cacher dans ces paradis fiscaux que vous dénoncez mais que vous vous
gardez bien de faire disparaître.
Nous n’avons
plus besoin de vous. Disparaissez ! ¾