par
Marie-Dominique ROUSTAN-LANFRANCHI*
L’obligation scolaire de
l’usage de la langue régionale et la possibilité d’y avoir recours dans les
actes de la vie publique ont fait l’objet d’un vote majoritaire à la CTC mais,
en l’état, ces voeux non conformes à notre
Constitution ne devraient même pas franchir la barre du contrôle de légalité.
Soyons clairs et affirmons tout haut ce qu’on s’applique systématiquement à
passer sous silence ou à contourner : légalement l’enseignement des langues
régionales ne peut être que facultatif. Nous défions quiconque de produire un
texte officiel qui dise le contraire et les délibérations de la CTC n’y
changeront rien.
Or, d’ores et déjà, une circulaire
du Rectorat à propos des 3 heures de corse inscrites dans le programme scolaire
du primaire décrète que « les familles feront connaître leur choix en début
d’année par les modalités habituelles de correspondance. L’école prendra toutes
dispositions pour proposer à ceux ou celles qui ne suivraient pas cet
enseignement d’autres activités, dans le cadre de la gestion de l’hétérogénéité
des besoins par l’équipe pédagogique ». Ce qui revient à demander, à celles
qui ne veulent pas inscrire leurs enfants dans l’apprentissage de la langue
corse (pensons en particulier aux familles « continentales »), d’en faire la
demande expresse et en bonne et due forme par écrit….C’est là indirectement
rendre de fait cet enseignement obligatoire. Déjà dans une question écrite au
gouvernement (J.O Sénat du 02/03/2000 p. 733), était évoquée une circulaire du
recteur de Corse indiquant que l’enseignement de la langue corse devait figurer
dans l’emploi du temps des classes de 6ème, sans aucun commentaire, c’est-à-dire
sans préciser le caractère facultatif de cette disposition. Voilà plus de 10 ans
encore, le journaliste Eric Conan, dans un article de l’Express, parlait
à ce propos de « hold-up linguistique ». Il exposait alors que des élus
influents intervenaient auprès du représentant du ministre et lui demandaient de
mettre en sourdine le caractère facultatif de cet enseignement.
On peut craindre, dans ces
conditions, qu’à l’issue des dernières « décisions » locales, lors de la
prochaine rentrée scolaire les élèves ne soient orientés « à l’insu de leur
plein gré » vers la filière bilingue corse/français prévue par la CTC comme
généralisable. Par ailleurs, l’inspecteur en charge de la langue corse, sur le
plateau de Cuntrastu, a déclaré : « la
co-officialité, ce sont des droits supplémentaires ».
A-t-il manqué à son devoir de réserve ? II appartient à son supérieur
hiérarchique et à l’autorité de tutelle d’en juger ! Il est temps en tout cas
que le ministre de l’Education Nationale se manifeste, et qu’il prenne les
dispositions qui s’imposent face aux manoeuvres
locales qui n’ont d’autre but que de contourner la loi. ¾
*Présidente de FRANCE –CORSE, B.P.
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