Avril
2013,
douzième mois du règne de
François dit le Batave, ou encore Pépé la Morale, devait offrir l’occasion d’un
premier bilan de l’oeuvre de redressement entreprise
par le monarque. Force est de constater que les promesses de la campagne
électorale n’ont guère été tenues, hors la loi sur le mariage pour tous, par
ailleurs largement contestée par une part quasi majoritaire de la population.
Avril a été un mois tumultueux pour la classe
politique française, placée notamment devant le scandale Cahuzac et l’interminable faux débat parlementaire précédant
le vote de la loi précitée, lesquels ont largement contribué à masquer
l’essentiel, à savoir précisément le bilan désastreux, sur le plan
socio-économique, de la première année du quinquennat de François Hollande qui
s’est notamment traduit par une chute sans précédent du président dans l’opinion
ainsi que le montrent tous les sondages.
Même si cette loi malheureuse du mariage pour tous est
grosse d’une fracture durable au sein du peuple français, fracture
particulièrement dommageable en ces temps de crise et d’insécurité grandissante,
elle n’a cependant eu aucune incidence sur la situation économique dans laquelle
se débat le pays. Elle signe en revanche la victoire d’un groupe de pression
minoritaire, celui des « déserteurs du chemin des dames » ainsi que les
nommaient joliment les anciens combattants de 14-18, qui a trouvé dans le duel
présidentiel l’occasion de se faire reconnaître comme un acteur incontournable
du spectacle politicien. Quant à l’affaire Cahuzac,
disons que c’est une sordide affaire de fraude fiscale qui a mal tourné … en
affaire d’État, éclaboussant au passage le parti au pouvoir qui se voulait
exemplaire ! Sordide, mais révélateur des « petits » avantages que se réservent
et se partagent les « intouchables » qui nous gouvernent et nous administrent.
Tous pourris, mais comme en jugeait un très pragmatique chef d’’É tat africain :
« le meilleur rendement à attendre de l’emploi des fonds publics, c’est celui
de la machine à vapeur, 70 % au maximum; le reste, c’est pertes en ligne ! »
⁂
En cette fin de
mois, avec un printemps qui n’en finit pas de se faire attendre, il est clair
que, malgré les promesses de la campagne présidentielle, la solution du problème
de l’emploi échappe complètement au pouvoir en place, faute de prendre les
mesures qui relanceraient l’économie sur des bases porteuses d’avenir. Le
Président s’entête à annoncer le renversement de la tendance pour la fin de
l’année, mais tous les économistes s’accordent pour considérer que cela
nécessiterait le retour à un taux de croissance d’au moins 1,5 % pour stopper la
hausse continue du chômage, et à plus encore pour effectivement renverser la
tendance. On peut toujours rêver : qui vivra verra, mais, apparemment, c’est
tout vu ! Pierre Moscovici reconnaît lui-même que « la France ne sera pas en
mesure de recréer des emplois avant 2015 » !
Qu’un mécréant à
l’humour célèbre croit à ce point à un miracle de la
Divine Providence ne manque pas de sel. Cela fait moins rire les salariés qui
ont cru aux promesses de campagne électorale du camarade-président. Pour ne
citer qu’eux, trois des principaux dossiers en suspens à son arrivée au pouvoir
non seulement n’ont pas trouvé la solution promise, mais ils ont confirmé leur
désastreuse évolution : définitif, l’arrêt des hauts-fourneaux de Florange ;
liquidation prononcée pour Petroplus, la
raffinerie du Petit-Couronne, en terre de Fabius ; fermeture confirmée de
l’usine Peugeot d’Aulnay. Quels succès !
En
réalité, les chiffres du chômage ne cessent de se gonfler d’une manière plus
qu’inquiétante. Selon le ministère de l’Emploi, il y avait fin mars 5.348.500
demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, toutes catégories incluses, dont
3.224.600 chômeurs catégorie A (sans emploi), 643.500 catégorie B (activités
réduites courtes), 873.000 catégorie C (activités réduites longues), 257.100
catégorie D (en formation, en stage) et 350.300 catégorie E (contrats aidés).
Seules, les trois premières catégories étaient tenues de faire la preuve de la
recherche active d’un emploi.
Ce qui frappe le plus dans cette
situation qui n’est assurément pas tenable, c’est l’incapacité du Gouvernement à
proposer des mesures structu-rantes et l’absence de
volonté politique qui va de pair de mettre en oeuvre
celles qui pourraient être décidées. Il se contente de reprendre des mesu-rettes (la boîte à outils)
déjà testées négativement dans le passé alors que les propositions constructives
ne manquent pas : pour ne citer qu’un exemple, celles rapportées par Le
Figaro qui vont de J.-F. Roubaud, président de la CGPME, à Henri Lachmann, vice-président de Schneider Electric, en
passant par Martin Hirsch, directeur de l’Agence du
service public, et Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
Ne s’imaginant pas avoir la moindre
part de responsabilité dans l’aggravation galopante de ce chômage de masse, le
Parti Socialiste se devait de trouver un bouc émissaire, à l’origine de toutes
les difficultés dans lesquelles se débat l’hexagone. Germanophobie congénitale
aidant, il l’a trouvé en la personne d’Angela Merkel,
la chancelière allemande, dont «l’intransigeance égoïste » vient d’être
élégamment dénoncée par le numéro 2 du Parti Socialiste, Guillaume Bachelay, avec le soutien du président de l’Assemblée
Nationale, Claude Bartolone, l’homme de gauche heureux propriétaire d’une villa
de 380 m2 sur les hauteurs des Lillas (Le Canard
enchaîné).
Berlin a apprécié comme il se doit
ce détricotage du couple franco-allemand, soi-disant
le moteur de l’Union Européenne. On en reparlera, c’est sûr ! Tout autant que de
l’inversion de la courbe du chômage fin 2013… Comme La Palisse aurait pu le
dire, le chômage et d’une manière générale la baisse du pouvoir d’achat
interdisent tout espoir de relance de la croissance par la consommation, vieille
recette de la gauche. L’effet immédiat re-cherché est
hors de portée ainsi que le montre le peu d’incidence sur les chiffres du
chômage des mesures gouvernementales pour créer des emplois artificiels censés
inverser la courbe de celui-ci d’ici à la fin de l’année.
Lorsque l’on fait les comptes,
s’ajoutent à ces privations de ressources faute d’emploi les multiples façons de
tripoter la fiscalité de Bercy qui se traduisent pour tous par des prélèvements
supplémentaires qui ne font qu’inciter le consommateur à la prudence,
c’est-à-dire à retarder toute dépense qui ne serait pas de caractère obligatoire
ou essentiel.
Les investissements productifs,
autre moteur de la croissance, sont aux abonnés absents, la gauche n’ayant
économiquement aucune préoccupation du long terme. On l’a vu sous Jospin quand
l’industrie aéronautique française, pôle d’excellence s’il en était, a été
joyeusement sacrifiée sur l’autel européen pour satisfaire les appétits
allemands et fonder EADS, société de droit… hollandais (sic), ce qui rend
quelque peu ridicule notre actuel président quand il se fait l’agent commercial
d’Airbus comme s’il s’agissait d’une entreprise nationale. Par ailleurs, revenir
de Chine avec une promesse d’achat d’une vingtaine d’avions, il n’y a pas de
quoi prendre un air triomphant !
⁂
Pour sortir de ce propos
interminablement grincheux à l’égard d’un pouvoir honni, on évoquera celui plus
inattendu de Jean-Luc Mélenchon qui s’autorise comme on ait toutes les outrances
mais qui n’en a pas moins fait, lors de son passage sur France 2 le 25
avril, une proposition intéressante, intelligente même et qui mérite d’être
rapportée et soulignée, vu le silence total du pouvoir en la matière, en
évoquant les immenses possibilités qu’offre pour l’avenir du pays l’exploitation
des fonds marins qui bordent nos côtes et qui font de la France, revanche entre
autres des confettis de l’Empire, la deuxième puissance au monde dans ce
domaine. Bravo, l’artiste !
On
notera cependant que cela suppose une marine de guerre capable de faire
respecter la souveraineté nationale sur tous ces espaces marins, ce qui ne
semble pas être la préoccupation majeure du pouvoir aujourd’hui et ce qui ne
semble pas devoir l’être demain quand on lit les limites d’emploi de nos forces
armées envisagées dans le nouveau Livre blanc. Ce serait pourtant une
erreur fondamentale que de raisonner par homothétie comptable à la suite de sa
parution et de sacrifier la marine nationale qui est sans doute la plus réelle
grande priorité du moment au profit de forces conventionnelles terrestres et
aériennes dont jusqu’ici l’intervention dans des aventures bâtardes (Balkans,
Afghanistan, Libye, voire Mali, etc…) s’est plutôt
révélée négative sur le plan de la défense des intérêts nationaux. La peur d’un
déclassement de nos capacités militaires qui n’a de sens que sur le terrain ne
doit pas se traduire par un conformisme sans rapport avec les ambitions que peut
à nouveau nourrir notre pays en s’intégrant mieux dans le siècle. ¾