REGARDS SUR LES CATHOLIQUES ET LES AUTRES

GROUPES RELIGIEUX

(seconde partie)

 

par Paul KLOBOUKOFF

Toujours plus de chrétiens et montée de l'islam qui inquiète

Les chrétiens, toujours premier groupe religieux au monde

« Les chrétiens sont le premier groupe religieux au monde » titrait un article sur Le Monde.fr du 18 décembre 2012, qui se référait à l'étude « Global Christianity » du PEW Research Center. « Plus de deux milliards de chrétiens dans le monde », lui faisait écho la-croix.com, qui présentait des résultats de même source. Il y avait 612 millions de chrétiens en 1910, soit 34,8 % d'une population mondiale (PM) de 1,76 Mds de personnes. Leur nombre a été multiplié par 3,6 en un siècle et atteint 2, 184 milliards en 2010 soit 31,7 % de la PM, chiffrée à 6,895 Mds.


En 2010, 50,1 % des chrétiens sont catholiques (1,095 Md), 36,7 % sont protestants (801 Mi), 11,9 % sont orthodoxes (260 Mi) et 1,3 % appartiennent à d'autres religions (28,4 Mi). L'Église catholique est la plus structurée et « centralisée ». Son audience, ainsi que celle de son pape dépassent ses seuls fidèles, et elle est très observée par les autres Églises. Cela explique aussi le retentissement mondial de la renonciation du pape Benoît XVI et de l'avènement du pape François.

En Europe, le nombre de chrétiens était de 406 Mi en 1910 et représentait 66,3 % de l'ensemble des chrétiens. Depuis, cette proportion a beaucoup baissé, jusqu'à 25,9 % en 2010; on compte alors 565,6 Mi de chrétiens.

L'épicentre de la chrétienté s'est déplacé

Dynamiques, les Amériques ont pris la première place, avec 804,1 Mi de chrétiens (contre 166 Mi en 1910), elles hébergent 36,8 % de la totalité des chrétiens.

La progression a été encore plus spectaculaire en Afrique subsaharienne où il n'y avait que 8,6 Mi de chrétiens en 1910. Leur nombre, 516,5 Mi, approche maintenant celui des chrétiens d'Europe.

En Asie et Pacifique, la multiplication par dix du nombre de chrétiens a porté celui-ci à 285,1 Mi.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, leur nombre a triplé, malgré tous les conflits qu'a connus la région. Mais, avec 12,8 Mi d'âmes, qui sont rarement aux paradis, ils ne sont que 0,6 % des chrétiens.

La population des chrétiens est dispersée et présente dans la plupart des pays du monde. Toutefois, une dizaine de pays en regroupent près de la moitié. L'Italie et la France n'en font pas partie.

En tête, les États-Unis comptent 246,8 Mi de chrétiens (79,5 % de leur population), devant le Brésil, 175,8 Mi (90,2 % des habitants), le Mexique, 107,8 Mi (95 % des habitants)... et la Russie, 105,2 Mi (73,6 % de la population). Suivent les Philippines, 86,8 Mi, où il y a plus de catholiques qu'en France, et le Nigéria, 80,5 Mi. Avec seulement 5 % de chrétiens, soit 67,1 Mi, dans sa population, la Chine fait aussi partie des dix grands pays chrétiens. Entre la RD du Congo et l'Éthiopie, l'Allemagne est le seul des pays d'Europe de l'Ouest à figurer à ce palmarès.

Le nombre et le pourcentage élevés des chrétiens en Russie témoignent de l'étendue de l'oppression communiste qui a interdit la religion et opprimé, réprimé violemment les orthodoxes pendant plus d'un demi-siècle. Une « guerre de religion » sans précédent par son ampleur contre des dizaines de millions de croyants sans armes. Ils expriment l'aspiration de la majorité des Russes à retrouver leur Dieu et leur religion.

En Chine, aussi, la machine maoïste a broyé les croyances, les religions et les vies d'innombrables victimes en imposant sa doctrine, dans le sang, la sueur et la boue. Depuis peu, c'est la renaissance des religions bouddhistes, hindouistes, musulmanes et chrétiennes. Mais, les atteintes que supportent (non sans réactions) des millions de musulmans de la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, ainsi que les répressions meurtrières au Tibet, véritable génocide, et l'exil de sa population, au sud, montrent que la libération est incomplète.

 

Ne pas surestimer le nombre

de personnes totalement incroyantes

Le centre de recherches PEW a également publié en décembre 2012 un rapport intitulé Le paysage religieux d'ensemble décrivant les dimensions et la répartition des groupes religieux mondiaux majeurs en 2010.

On y retrouve notamment le nombre de chrétiens, 2,184 milliards, soit 31,7 % de la population mondiale (PM).

Le rapport indique que le nombre de « sans affiliation religieuse » (SAR) est de 1,127 Md, soit 16,3 % de la PM, si on compte parmi eux « les athées, les agnostiques et les personnes qui ne se reconnaissent en aucune religion particulière dans les enquêtes ». Cela n'empêche pas certaines d'entre elles de croire en Dieu ou en une autre puissance supérieure. Le PEW RC précise que c'est le cas de 30 % des SAR adultes de France et de 68 % de ceux des États-Unis. Des SAR ont aussi d'autres sortes de pratiques religieuses. Ainsi, 7 % des SAR adultes en France et 2,7 % aux États-Unis disent assister à un service religieux au moins une fois par an. Et, en Chine, 44% des SAR adultes disent avoir vénéré des morts auprès de tombes au cours de l'année précédente.

62,2 % des SAR vivent en Chine et 1,5 % en Corée du Nord, pays qui peuvent être considérés comme des « exceptions cultuelles » pas encore complètement remises d'un demi-siècle de dictature du communisme maoïste. Dans le reste du monde, le nombre de SAR est évalué à 408 Mi, soit 7,4 % de la population. En France, ce taux est de 28 %, en Allemagne, de 24,7 % et aux États-Unis, de 16,4 %... avec les précisions apportées ci-dessus. A contrario, hors des deux exceptions cultuelles asiatiques, la proportion des croyants est supérieure à 92 %.

 

Les autres grands groupes religieux mondiaux

Les hindous sont 1,033 Md, soit 15 % de la PM. La presque totalité des hindous résident en Inde, 974 Mi, et dans les pays limitrophes, 24,2 Mi au Népal, 13,6 Mi au Bangladesh et 3,3 Mi au Pakistan. D'infimes minorités vivent dans d'autres régions du monde.

Les bouddhistes sont 488 Mi, soit 7,1 % de la PM. Ils sont fortement concentrés en Asie où 244 Mi se trouvent en Chine, pays qui a retrouvé le premier rang, avec une proportion de bouddhistes dans sa population qui, pour le moment, n'est que de 18,2 %. Loin derrière, pointent la Thaïlande, le Japon et la Birmanie. Malgré la visibilité de la diaspora asiatique et la prolifération des « Chinatowns » dans les grandes villes d'occident, il n'y aurait que 1,3 Mi de bouddhistes en Europe et 3,9 Mi aux États-Unis.

En 2010, le nombre de musulmans est de 1,6 Md, soit 23,2 % de la PM. Pas loin de 90 % sont

sunnites et un peu plus de 10 % sont shiites. La rivalité entre leurs deux courants en fait souvent des frères ennemis là où ils cohabitent. La Mecque, capitale historique de l'Islam se trouve en Arabie Saoudite, au sein de la région du Moyen Orient et Afrique du Nord qui ne compte « que » 317 millions de fidèles, soit 19,8 % des musulmans.

Nous avons tendance à oublier qu'une très grande majorité des musulmans, 61,7 %, soit 986 Mi de croyants, se trouvent dans la région Asie-Pacifique. À eux seuls, quatre pays, ou sous-continents, l'Indonésie, l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh en rassemblent 688 Mi. Le « contact » et la coexistence avec les autres communautés, et en particulier avec les hindous, ne sont pas chaleureux et apaisés. Ils donnent lieu à des confrontations et à des explosions de violences auxquelles nos médias s'intéressent relativement peu. Éloignés, nous ne semblons pas concernés. Sauf lorsqu'il y a menace de guerre ouverte, qui pourrait être nucléaire, entre les énormes blocs indien et pakistanais, en friction presque permanente. La sanglante partition de l'Inde n'a pas tout résolu. Loin s'en faut.

Venant du nord, l'islam a beaucoup avancé en Afrique subsaharienne et tente de s'imposer là où le terrain, souvent infertile, lui est favorable. Il y compte 248 Mi de fidèles en 2010, soit 15,5 % de tous les musulmans. Il est présent pratiquement partout. Mais le Nigéria, 77,3 Mi de musulmans, est le seul des dix pays au monde comptant plus de 30 Mi de musulmans. Il constitue une bonne base pour le déploiement vers les pays voisins.

Très peu entré en Amérique latine (moins de 1 Mi de fidèles), où la chrétienté est trop solidement implantée, l'islam est aussi assez peu représenté en Amérique du Nord (3,5 Mi de fidèles). Les autorités et la population sont réservés envers les musulmans présents sur leur sol; ils s'en méfient, surtout depuis le 11 septembre 2001. L'attentat à la bombe lors du marathon de Boston le 21 septembre 2013 n'est pas de nature à les rassurer. La tentative d'attentat ferroviaire qui vient d'être déjouée au Canada, non plus.

En Europe, le FEW RC a estimé le nombre croissant des musulmans à 43,5 millions en 2010, soit à 5,9 % de la population. La propension à vouloir conserver des us et coutumes différentes de celles des pays d'accueil et leur très forte densité dans certaines localités ne favorisent pas leur paisible intégration.

Des tensions, des frictions, peuvent être observées et des sentiments de saturation (ou de ras-le-bol) s'expriment. Le climat n'est pas adouci par la vigilance orange ou rouge que les autorités de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, etc. instaurent pour conjurer le mauvais sort et contrecarrer des menaces terroristes potentielles ou exprimées.

Enfin, les 322 Mi de musulmans d'Afrique du Nord et du Moyen Orient, occupent plus que les autres notre actualité. Leurs pays connaissent une instabilité récurrente, non sans violences, avec des victimes et des exodes plus ou moins massifs.

Des pays où beaucoup de musulmans résident ont tendance à réserver à l'islam (plus ou moins radical) la quasi exclusivité sur leurs territoires. Ainsi, pour ne prendre que les plus peuplés, en Égypte, 94,9 % des 77 Mi d'habitants sont musulmans, en Iran, c'est 99,5 % de 73,6 Mi, en Turquie (République « laïque »), c'est 98 % de 71,3 Mi, en Algérie, c'est 97,9 % de 34,7 Mi et au Maroc, c'est 99,9 % de 31,9 millions d'habitants.

Il est certain que le nouveau pape devra composer aussi intelligemment et fermement que possible avec les responsables politiques et religieux des pays de cette région où vivent ou survivent des minorités catholiques et d'autres chrétiens, souvent dans la précarité et le danger. Venant d'Argentine, on peut espérer que ce pape jésuite saura faire face aux difficultés avec succès.

La montée de l'Islam peut-elle vraiment ralentir ?

 

Selon des prévisions « pessimistes », la proportion des musulmans dans la population mondiale pourrait atteindre 30 à 35 % en 2030, et l'Europe deviendrait « l'Eurabie ».

Le Pew Research Center's Forum on Religion & Public Life a produit en janvier 2011 une étude prospective approfondie, « The future of the Global Muslim Population », aboutissant à des prévisions se voulant un peu moins inquiétantes. Après avoir crû de 1,1 Md en 1990, soit 19,9 % de la PM, jusqu'à 1,62 Md en 2010, soit 23,4 % de la PM, le nombre de musulmans atteindrait 2,19 Md en 1930, soit 26,4 % de la PM, évaluée à 8,3 Mds.

Entre 2010 et 2030, le nombre de musulmans croîtrait ainsi deux fois plus vite, + 1,5 % par an, que celui des non musulmans, + 0,7 %. Ce serait cependant un net ralentissement par rapport aux + 2,2 % par an des vingt années précédentes, de 1990 à 2010. Il serait dû en premier lieu à la baisse des taux de fertilité dans beaucoup de pays où l'islam domine, notamment dans des pays très peuplés tels l'Indonésie et le Bengladesh. Parmi les explications figurent l'éducation, jusque dans le secondaire, et le travail de davantage de femmes, l'élévation des niveaux de vie et l'exode vers les centres urbains. Les hypothèses, déterminantes, retenues à ce niveau sont donc « fortes ».

En 2030, les musulmans devraient être 1,295 Md en Asie et Pacifique, 439 Mi au Moyen Orient et Afrique du Nord, 386 Mi en Afrique subsaharienne, 58,2 Mi en Europe et 10,9 Mi en Amérique. De combien l'islam fera-t-il reculer les autres groupes religieux? Le rapport ne le dit pas. Il indique que la question est en cours d'étude.

Parmi les pays d'Afrique du Nord qui nous sont proches, l'Algérie devrait voir sa population musulmane augmenter de 34,8 Mi en 2010 à 43,9 Mi en 2030, tandis que celle du Maroc passerait de 32,4 Mi à 39,3 Mi. Les croissances démographiques correspondant à ces prévisions me paraissent d'autant plus modestes qu'elles sont assorties d'hypothèses (cf. ci-après) de ralentissement de l'émigration.

 

Des prévisions pour l'Europe et l'Amérique qui inquiètent

 

En Europe, le nombre de musulmans devrait augmenter de 43,5 Mi à 58,2 Mi entre 2010 et 2030. Le pourcentage de musulmans dans la population devrait croître, lui, de 5,9 % en 2010 à 8 % en 2030. Ce dernier pourcentage devrait passer de 6 % à 10,2 % en Belgique, de 7,5 % à 10,3 % en France... et atteindre 9,9 % en Suède, 9,3 % en Autriche et 8,2 % au Royaume-Uni. Attractifs, plusieurs pays du Nord, la Finlande, la Suède et la Norvège, devraient voir les proportions des musulmans quasiment doubler. Ce sera aussi le cas de l'Italie.

Vu les tensions liées aux présences et aux us d'importantes communautés musulmanes dans plusieurs pays d'Europe aujourd'hui, on peut craindre que les situations empirent sérieusement dans l'avenir. Il pourrait donc être bon que nos gouvernants et nos anticléricaux y réfléchissent et évitent, pour le moins, de contribuer à accélérer un processus d'islamisation déjà performant.

Les deux raisons principales de cette « modération » prévue des évolutions seraient la diminution attendue de l'immigration et la réduction du « différentiel » de fécondité entre musulmans et non musulmans.

Les prévisions relatives aux migrations se sont appuyées sur des projections par nationalités d'Eurostat et des Nations-Unies, ainsi que sur des statistiques officielles nationales. Dans le cas de la France, au moins, de telles « statistiques » sont contestées. Les baisses des flux d'immigration que les prévisions anticipent entre les périodes 2010-2015 et

et 2025-2030 paraissent « hardies » ou « volontaristes », voire « téméraires ». Ainsi, les baisses iraient de 340.000 à 296.000 (pendant cinq ans) pour la France, de 312.000 à 274.000 pour le Royaume-Uni, de 293.000 à 54.000 pour l'Espagne, de 301.000 à 287.000 pour l'Italie, de 158.000 à 135.000 pour l'Allemagne, de 96.000 à 70.000 pour la Suède, de 68.000 à 51.000 pour la Belgique, de 21.000 à 5.000 pour l'Irlande...

Dans vingt-cinq pays d'Europe (sans la Russie) le taux de fécondité chez les musulmans en 2010-2015 est de 2,2 en moyenne; chez les non musulmans, il est de 1,5; le différentiel est de 0,7. Cet écart est en général plus élevé dans le nord : 1,5 en Finlande, 1,3 en Norvège, 1,2 au Royaume-Uni, 1,1 en Autriche et en Irlande, 1,0 aux Pays-Bas, 0,9 au Danemark, en Belgique et en Suisse, 0,8 en Suède. En France, l'écart est aussi de 0,8, le taux de fécondité étant de 2,8 chez les musulmans et de 1,9 pour les non musulmans.

Au sud, où les pays sont plus pauvres... et où les aides sociales sont plus faibles, l'écart n'est que de 0,6 en Italie et 0,2 en Espagne. Les taux de fécondité chez les musulmans y sont de 1,9 et 1,6, seulement.

Cela donne à réfléchir, soit dit en passant, sur notre fécondité record et sur les effets de notre politique familiale.

Sur la période 2025-2030, dans les vingt-cinq pays, le taux de fécondité chez les musulmans devrait être descendu à 2,0 et celui des non musulmans devrait être monté à 1,6. Le différentiel serait ainsi réduit à 0,4. Inch Allah!

En France, il ne serait plus que de 0,5, comme en Suède et en Belgique. En Italie, il serait de 0,4, en Allemagne, de 0,3, en Espagne, de 0,1. L'écart le plus fort serait encore en Finlande, mais réduit à 0,9.

L'Amérique offrirait encore une grande résistance à la pénétration de l'islam. Au Sud, les musulmans passeraient de 1 million en 2010 en Argentine à 1,23 Mi en 2030. Le Brésil n'en compterait alors que 227.000 et le Mexique 126.000. La conquête de l'Amérique latine ne serait donc pas pour demain.

Par contre, aux États-Unis, le nombre de musulmans, 2,6 Mi en 2010, devrait plus que doubler d'ici 2030, atteignant alors 6,2 Mi. Peu d'Américains pensent que les risques d'attentats n'augmenteront pas pour autant.

Le Canada sera aussi un aimant. De 940.000, sa population musulmane montera à 2,66 Mi. De telles prévisions sont considérées comme faibles ou « optimistes » en Amérique du Nord.

Des facteurs d'instabilité dans le brouillard devant nous

 

Confrontés à l'islamisation, de nombreux pays, surtout occidentaux, et leurs gouvernants sont sur la défensive. Moins sur des questions de « religion » proprement dites que de communautarisme, ainsi que de différenciations culturelles et sociétales... lorsqu'il ne s'agit pas d'un islamisme radical qui veut imposer la charia là où il est en situation de force. Plus encore en raison d'un terrorisme qui se réclame islamiste, qui menace et exécute des attentats, qui prône et pratique le djihad.

Pour restaurer et maintenir la paix, il est vain d'aller fouiller dans les longs inventaires réquisitoires des causes qui ont fait naître, nourri et renforcé les hostilités au fil des siècles... telles la colonisation et la domination technologique, économique et militaire des pays dits occidentaux. De pareilles démarches ont exacerbé des ressentiments sans apporter de germes de solutions. Pour essayer de rapprocher progressivement les peuples, il vaut mieux ne pas ignorer, dédaigner, voire mépriser leurs spécificités, leurs personnalités, leurs identités culturelles et religieuses, leurs situations démographiques, sociales et économiques. Il faut admettre les différences


entre pays et régions pour ne pas aggraver ce que certains considèrent déjà comme un « conflit de civilisations ». Il n'y a pas de place et de justification pour un « modèle unique » et pour une « pensée unique » dans le vaste monde. Pas plus que pour un « gouvernement mondial » auxquels rêvent des utopistes. Même si les peuples et les gouvernants doivent être attentifs aux évolutions respectives de leurs sociétés, afin que leurs « fondamentaux » ne divergent pas à l'excès, dangereusement.

Certains pensent que des pays avant-gardistes (suivez mon regard) sont en train de tracer un bon chemin que tous les autres emprunteront inévitablement à leur exemple. Il ne faut pas se faire d'illusions. Les expériences communistes rouges du XXe siècle qui ont voulu éliminer les religions existantes pour les remplacer par leurs dictatures nous ont échaudés. Les tentations et les tentatives actuelles d'ériger une idéologie « social-démocrate » déclarée « progressiste » en une « religion universelle des droits de l'homme » circonstancielle qui se substituerait aux religions judéo chrétiennes en Europe (pour commencer) méritent aussi d'être regardées avec circonspection. Certains peuvent se féliciter, être gais et fiers d'être citoyens d'un des quatorze pays (dont neuf en Europe) « pionniers » en matière de mariage entre homosexuels, d'homoparentalité et, pourquoi pas, de procréation médicalement assistée et de gestation pour autrui, avant d'aller plus loin... dans la « recomposition » de la famille et de la filiation, indispensables, à leurs yeux, à la « modernisation » de la société et à la « justice sociale ». Leurs gouvernants se sont-ils seulement interrogés sur la possibilité d'étendre, de faire accepter leur « modèle sociétal » aux milliards de bouddhistes, d'hindouistes, de musulmans... et de chrétiens ? Inutile, les arriérés, les demeurés, ne tarderont pas à suivre... et s'en trouveront très conséquent !

Nos gouvernants devraient aussi étudier les forces et les « fragilités » des sociétés largement multiculturelles, multiethniques et multinationales (entreprises et personnes) comme le sont devenues celles de la France et de pays d'Europe de l'Ouest, par exemple. Au-delà de certaines limites de « mixité », les communautarismes à plus ou moins grande échelle ne sont-ils pas inévitables? Un ciment peut-il unir cette diversité et en faire des citoyens à part entière d'une même nation ? Avec des motivations communes ? Ces questions se posent si on désire réellement conserver des patries, des nations, des identités nationales. Cela n'est plus assuré chez nous, Européens, mondialistes. Des mots, des slogans, des promesses comme la République, la solidarité, l'égalité des droits (et plus si affinités)... ne peuvent suffire à créer des liens, à sceller le sentiment d'amitié entre les individus.

La montée de l'islam est un des mouvements qui va marquer le demi-siècle (au moins) et tendre à bouleverser les équilibres... et la paix, déjà précaires dans plusieurs régions du monde. Elle va se conjuguer avec la croissance et la densification de la population mondiale face à la limitation et la raréfaction de ressources essentielles, avec la sur pollution de la planète, avec le développement des pays émergents géants comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Brésil... face à un épuisement de « vieux continents », dont l'Europe. Et à la prolifération d'armes de plus en plus destructrices, assassines. Quels peuvent être les apports du nouveau pape dans ce nouveau monde ? Un peu plus de sagesse, de spiritualité, de fraternité, face aux divisions ainsi qu'au matérialisme égoïste qu'à « boosté » l'élan désordonné de la mondialisation ? La parole du pape François commence à se faire entendre, s'adressant aux dirigeants du monde. Puisse-t-elle faire naître de nouveaux espoirs ! ¾

(première partie)

 
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12.05.2013
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