En
2010, 50,1 % des chrétiens sont catholiques (1,095 Md), 36,7 % sont protestants
(801 Mi), 11,9 % sont orthodoxes (260 Mi) et 1,3 % appartiennent à d'autres
religions (28,4 Mi). L'Église catholique est la plus structurée et « centralisée
». Son audience, ainsi que celle de son pape dépassent ses seuls fidèles, et
elle est très observée par les autres Églises. Cela explique aussi le
retentissement mondial de la renonciation du pape Benoît XVI et de l'avènement
du pape François.
En Europe, le nombre de chrétiens était de 406 Mi en 1910 et
représentait 66,3 % de l'ensemble des chrétiens. Depuis, cette proportion a
beaucoup baissé, jusqu'à 25,9 % en 2010; on compte alors 565,6 Mi de chrétiens.
L'épicentre de la chrétienté s'est déplacé
Dynamiques, les Amériques ont pris la première place,
avec 804,1 Mi de chrétiens (contre 166 Mi en 1910), elles hébergent 36,8 % de la
totalité des chrétiens.
La
progression a été encore plus spectaculaire en Afrique subsaharienne où il n'y
avait que 8,6 Mi de chrétiens en 1910. Leur nombre, 516,5 Mi, approche
maintenant celui des chrétiens d'Europe.
En
Asie et Pacifique, la multiplication par dix du nombre de chrétiens a porté
celui-ci à 285,1 Mi.
Au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord, leur nombre a triplé, malgré tous les
conflits qu'a connus la région. Mais, avec 12,8 Mi d'âmes, qui sont rarement aux
paradis, ils ne sont que 0,6 % des chrétiens.
La
population des chrétiens est dispersée et présente dans la plupart des pays du
monde. Toutefois, une dizaine de pays en regroupent près de la moitié. L'Italie
et la France n'en font pas partie.
En tête, les États-Unis comptent
246,8 Mi de chrétiens (79,5 % de leur population), devant le Brésil, 175,8 Mi
(90,2 % des habitants), le Mexique, 107,8 Mi (95 % des habitants)... et la
Russie, 105,2 Mi (73,6 % de la population). Suivent les Philippines, 86,8 Mi, où
il y a plus de catholiques qu'en France, et le Nigéria, 80,5 Mi. Avec seulement
5 % de chrétiens, soit 67,1 Mi, dans sa population, la Chine fait aussi partie
des dix grands pays chrétiens. Entre la RD du Congo et l'Éthiopie, l'Allemagne
est le seul des pays d'Europe de l'Ouest à figurer à ce
palmarès.
Le nombre et le pourcentage élevés
des chrétiens en Russie témoignent de l'étendue de l'oppression communiste qui a
interdit la religion et opprimé, réprimé violemment les orthodoxes pendant plus
d'un demi-siècle. Une « guerre de religion » sans précédent par son ampleur
contre des dizaines de millions de croyants sans armes. Ils expriment
l'aspiration de la majorité des Russes à retrouver leur Dieu et leur religion.
En Chine, aussi, la machine maoïste
a broyé les croyances, les religions et les vies d'innombrables victimes en
imposant sa doctrine, dans le sang, la sueur et la boue. Depuis peu, c'est la
renaissance des religions bouddhistes, hindouistes, musulmanes et chrétiennes.
Mais, les atteintes que supportent (non sans réactions) des millions de
musulmans de la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, ainsi
que les répressions meurtrières au Tibet, véritable génocide, et l'exil de sa
population, au sud, montrent que la libération est incomplète.
Ne pas surestimer le nombre
de personnes totalement incroyantes
Le centre de recherches PEW a
également publié en décembre 2012 un rapport intitulé Le paysage religieux
d'ensemble décrivant les dimensions et la répartition des groupes religieux
mondiaux majeurs en 2010.
On y retrouve notamment le nombre
de chrétiens, 2,184 milliards, soit 31,7 % de la population mondiale (PM).
Le rapport indique que le nombre de
« sans affiliation religieuse » (SAR) est de 1,127 Md, soit 16,3 % de la PM, si
on compte parmi eux « les athées, les agnostiques et les personnes qui ne se
reconnaissent en aucune religion particulière dans les enquêtes ». Cela
n'empêche pas certaines d'entre elles de croire en Dieu ou en une autre
puissance supérieure. Le PEW RC précise que c'est le cas de 30 % des SAR adultes
de France et de 68 % de ceux des États-Unis. Des SAR ont aussi d'autres sortes
de pratiques religieuses. Ainsi, 7 % des SAR adultes en France et 2,7 % aux
États-Unis disent assister à un service religieux au moins une fois par an. Et,
en Chine, 44% des SAR adultes disent avoir vénéré des morts auprès de tombes au
cours de l'année précédente.
62,2 % des SAR vivent en Chine et
1,5 % en Corée du Nord, pays qui peuvent être considérés comme des « exceptions
cultuelles » pas encore complètement remises d'un demi-siècle de dictature du
communisme maoïste. Dans le reste du monde, le nombre de SAR est évalué à 408
Mi, soit 7,4 % de la population. En France, ce taux est de 28 %, en
Allemagne, de 24,7 % et aux États-Unis, de 16,4 %... avec les précisions
apportées ci-dessus. A contrario, hors des deux exceptions cultuelles
asiatiques, la proportion des croyants est supérieure à 92 %.
Les autres grands groupes religieux
mondiaux
Les hindous sont 1,033 Md,
soit 15 % de la PM. La presque totalité des hindous résident en Inde, 974 Mi, et
dans les pays limitrophes, 24,2 Mi au Népal, 13,6 Mi au Bangladesh et 3,3 Mi au
Pakistan. D'infimes minorités vivent dans d'autres régions du monde.
Les bouddhistes sont 488 Mi,
soit 7,1 % de la PM. Ils sont fortement concentrés en Asie où 244 Mi se trouvent
en Chine, pays qui a retrouvé le premier rang, avec une proportion de
bouddhistes dans sa population qui, pour le moment, n'est que de 18,2 %. Loin
derrière, pointent la Thaïlande, le Japon et la Birmanie. Malgré la visibilité
de la diaspora asiatique et la prolifération des « Chinatowns » dans les grandes villes d'occident, il n'y
aurait que 1,3 Mi de bouddhistes en Europe et 3,9 Mi aux États-Unis.
En 2010, le nombre de musulmans
est de 1,6 Md, soit 23,2 % de la PM. Pas loin de 90 %
sont
sunnites
et un peu plus de 10 % sont shiites. La rivalité entre leurs deux courants en
fait souvent des frères ennemis là où ils cohabitent. La Mecque, capitale
historique de l'Islam se trouve en Arabie Saoudite, au sein de la région du
Moyen Orient et Afrique du Nord qui ne compte « que » 317 millions de fidèles,
soit 19,8 % des musulmans.
Nous avons tendance à oublier
qu'une très grande majorité des musulmans, 61,7 %, soit 986 Mi de croyants, se
trouvent dans la région Asie-Pacifique. À eux seuls, quatre pays, ou
sous-continents, l'Indonésie, l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh en
rassemblent 688 Mi. Le « contact » et la coexistence avec les autres
communautés, et en particulier avec les hindous, ne sont pas chaleureux et
apaisés. Ils donnent lieu à des confrontations et à des explosions de violences
auxquelles nos médias s'intéressent relativement peu. Éloignés, nous ne semblons
pas concernés. Sauf lorsqu'il y a menace de guerre ouverte, qui pourrait être
nucléaire, entre les énormes blocs indien et pakistanais, en friction presque
permanente. La sanglante partition de l'Inde n'a pas tout résolu. Loin s'en
faut.
Venant du nord, l'islam a beaucoup
avancé en Afrique subsaharienne et tente de s'imposer là où le terrain, souvent
infertile, lui est favorable. Il y compte 248 Mi de fidèles en 2010, soit 15,5 %
de tous les musulmans. Il est présent pratiquement partout. Mais le Nigéria,
77,3 Mi de musulmans, est le seul des dix pays au monde comptant plus de 30 Mi
de musulmans. Il constitue une bonne base pour le déploiement vers les pays
voisins.
Très peu entré en Amérique latine
(moins de 1 Mi de fidèles), où la chrétienté est trop solidement implantée,
l'islam est aussi assez peu représenté en Amérique du Nord (3,5 Mi de fidèles).
Les autorités et la population sont réservés envers les
musulmans présents sur leur sol; ils s'en méfient, surtout depuis le 11
septembre 2001. L'attentat à la bombe lors du marathon de Boston le 21 septembre
2013 n'est pas de nature à les rassurer. La tentative d'attentat ferroviaire qui
vient d'être déjouée au Canada, non plus.
En Europe, le FEW RC a estimé le
nombre croissant des musulmans à 43,5 millions en 2010, soit à 5,9 % de la
population. La propension à vouloir conserver des us et coutumes différentes de
celles des pays d'accueil et leur très forte densité dans certaines localités ne
favorisent pas leur paisible intégration.
Des tensions, des frictions,
peuvent être observées et des sentiments de saturation (ou de ras-le-bol)
s'expriment. Le climat n'est pas adouci par la vigilance orange ou rouge que les
autorités de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, etc. instaurent pour
conjurer le mauvais sort et contrecarrer des menaces terroristes potentielles ou
exprimées.
Enfin, les 322 Mi de musulmans
d'Afrique du Nord et du Moyen Orient, occupent plus que les autres notre
actualité. Leurs pays connaissent une instabilité récurrente, non sans
violences, avec des victimes et des exodes plus ou moins massifs.
Des pays où beaucoup de musulmans
résident ont tendance à réserver à l'islam (plus ou moins radical) la quasi exclusivité sur leurs territoires. Ainsi, pour ne
prendre que les plus peuplés, en Égypte, 94,9 % des 77 Mi d'habitants sont
musulmans, en Iran, c'est 99,5 % de 73,6 Mi, en Turquie (République « laïque »),
c'est 98 % de 71,3 Mi, en Algérie, c'est 97,9 % de 34,7 Mi et au Maroc, c'est
99,9 % de 31,9 millions d'habitants.
Il est certain que le nouveau pape
devra composer aussi intelligemment et fermement que possible avec les
responsables politiques et religieux des pays de cette région où vivent ou
survivent des minorités catholiques et d'autres chrétiens, souvent dans la
précarité et le danger. Venant d'Argentine, on peut espérer que ce pape jésuite
saura faire face aux difficultés avec succès.
La montée de l'Islam peut-elle vraiment ralentir
?
Selon des prévisions « pessimistes
», la proportion des musulmans dans la population mondiale pourrait atteindre 30
à 35 % en 2030, et l'Europe deviendrait « l'Eurabie ».
Le Pew Research Center's Forum on Religion & Public Life a produit
en janvier 2011 une étude prospective approfondie, « The future of the Global
Muslim Population », aboutissant à des prévisions
se voulant un peu moins inquiétantes. Après avoir crû de 1,1 Md en 1990, soit
19,9 % de la PM, jusqu'à 1,62 Md en 2010, soit 23,4 % de la PM, le nombre de
musulmans atteindrait 2,19 Md en 1930, soit 26,4 % de la PM, évaluée à 8,3 Mds.
Entre 2010 et 2030, le nombre de
musulmans croîtrait ainsi deux fois plus vite, + 1,5 % par an, que celui des non
musulmans, + 0,7 %. Ce serait cependant un net ralentissement par rapport aux +
2,2 % par an des vingt années précédentes, de 1990 à 2010. Il serait dû en
premier lieu à la baisse des taux de fertilité dans beaucoup de pays où l'islam
domine, notamment dans des pays très peuplés tels l'Indonésie et le Bengladesh.
Parmi les explications figurent l'éducation, jusque dans le secondaire, et le
travail de davantage de femmes, l'élévation des niveaux de vie et l'exode vers
les centres urbains. Les hypothèses, déterminantes, retenues à ce niveau sont
donc « fortes ».
En 2030, les musulmans devraient
être 1,295 Md en Asie et Pacifique, 439 Mi au Moyen Orient et Afrique du Nord,
386 Mi en Afrique subsaharienne, 58,2 Mi en Europe et 10,9 Mi en Amérique. De
combien l'islam fera-t-il reculer les autres groupes religieux? Le rapport ne le
dit pas. Il indique que la question est en cours d'étude.
Parmi les pays d'Afrique du Nord
qui nous sont proches, l'Algérie devrait voir sa population musulmane augmenter
de 34,8 Mi en 2010 à 43,9 Mi en 2030, tandis que celle du Maroc passerait de
32,4 Mi à 39,3 Mi. Les croissances démographiques correspondant à ces prévisions
me paraissent d'autant plus modestes qu'elles sont assorties d'hypothèses
(cf. ci-après) de ralentissement de l'émigration.
Des prévisions pour l'Europe et l'Amérique qui
inquiètent
En Europe, le nombre de
musulmans devrait augmenter de 43,5 Mi à 58,2 Mi entre 2010 et 2030. Le
pourcentage de musulmans dans la population devrait croître, lui, de 5,9 % en
2010 à 8 % en 2030. Ce dernier pourcentage devrait passer de 6 % à 10,2 % en
Belgique, de 7,5 % à 10,3 % en France... et atteindre 9,9 % en Suède, 9,3 % en
Autriche et 8,2 % au Royaume-Uni. Attractifs, plusieurs pays du Nord, la
Finlande, la Suède et la Norvège, devraient voir les proportions des
musulmans quasiment doubler. Ce sera aussi le cas de l'Italie.
Vu les tensions liées aux présences
et aux us d'importantes communautés musulmanes dans plusieurs pays d'Europe
aujourd'hui, on peut craindre que les situations empirent sérieusement dans
l'avenir. Il pourrait donc être bon que nos gouvernants et nos anticléricaux y
réfléchissent et évitent, pour le moins, de contribuer
à accélérer un processus d'islamisation déjà performant.
Les deux raisons principales de
cette « modération » prévue des évolutions seraient la diminution attendue de
l'immigration et la réduction du « différentiel » de fécondité entre musulmans
et non musulmans.
Les prévisions relatives aux
migrations se sont appuyées sur des projections par nationalités d'Eurostat et
des Nations-Unies, ainsi que sur des statistiques officielles nationales. Dans
le cas de la France, au moins, de telles « statistiques » sont contestées.
Les baisses des flux d'immigration que les prévisions anticipent entre
les périodes 2010-2015 et
et
2025-2030 paraissent « hardies » ou « volontaristes », voire « téméraires
». Ainsi, les baisses iraient de 340.000 à 296.000 (pendant cinq ans) pour
la France, de 312.000 à 274.000 pour le Royaume-Uni, de 293.000 à 54.000 pour
l'Espagne, de 301.000 à 287.000 pour l'Italie, de 158.000 à 135.000 pour
l'Allemagne, de 96.000 à 70.000 pour la Suède, de 68.000 à 51.000 pour la
Belgique, de 21.000 à 5.000 pour l'Irlande...
Dans vingt-cinq pays d'Europe
(sans la Russie) le taux de fécondité chez les musulmans en 2010-2015 est
de 2,2 en moyenne; chez les non musulmans, il est de 1,5; le
différentiel est de 0,7. Cet écart est en général plus élevé dans le nord : 1,5
en Finlande, 1,3 en Norvège, 1,2 au Royaume-Uni, 1,1 en Autriche et en Irlande,
1,0 aux Pays-Bas, 0,9 au Danemark, en Belgique et en Suisse, 0,8 en Suède. En
France, l'écart est aussi de 0,8, le taux de fécondité étant de 2,8 chez
les musulmans et de 1,9 pour les non musulmans.
Au sud, où les pays sont plus
pauvres... et où les aides sociales sont plus faibles, l'écart n'est que de 0,6
en Italie et 0,2 en Espagne. Les taux de fécondité chez les musulmans y sont de
1,9 et 1,6, seulement.
Cela donne à réfléchir, soit dit en
passant, sur notre fécondité record et sur les effets de notre politique
familiale.
Sur la période 2025-2030,
dans les vingt-cinq pays, le taux de fécondité chez les musulmans devrait être
descendu à 2,0 et celui des non musulmans devrait être monté à 1,6. Le
différentiel serait ainsi réduit à 0,4. Inch
Allah!
En France, il ne serait plus que de
0,5, comme en Suède et en Belgique. En Italie, il serait de 0,4, en Allemagne,
de 0,3, en Espagne, de 0,1. L'écart le plus fort serait encore en Finlande, mais
réduit à 0,9.
L'Amérique offrirait encore
une grande résistance à la pénétration de l'islam. Au Sud, les musulmans
passeraient de 1 million en 2010 en Argentine à 1,23 Mi en 2030. Le Brésil n'en
compterait alors que 227.000 et le Mexique 126.000. La conquête de l'Amérique
latine ne serait donc pas pour demain.
Par contre, aux États-Unis, le
nombre de musulmans, 2,6 Mi en 2010, devrait plus que doubler d'ici 2030,
atteignant alors 6,2 Mi. Peu d'Américains pensent que les risques d'attentats
n'augmenteront pas pour autant.
Le Canada sera aussi un aimant. De
940.000, sa population musulmane montera à 2,66 Mi. De telles prévisions sont
considérées comme faibles ou « optimistes » en Amérique du Nord.
Des facteurs d'instabilité dans le brouillard devant
nous
Confrontés à l'islamisation, de
nombreux pays, surtout occidentaux, et leurs gouvernants sont sur la défensive.
Moins sur des questions de « religion » proprement dites que de communautarisme,
ainsi que de différenciations culturelles et sociétales... lorsqu'il ne s'agit
pas d'un islamisme radical qui veut imposer la charia là où il est en situation
de force. Plus encore en raison d'un terrorisme qui se réclame islamiste, qui
menace et exécute des attentats, qui prône et pratique
le djihad.
Pour restaurer et maintenir la paix,
il est vain d'aller fouiller dans les longs inventaires réquisitoires des causes
qui ont fait naître, nourri et renforcé les hostilités au fil des siècles...
telles la colonisation et la domination technologique, économique et militaire
des pays dits occidentaux. De pareilles démarches ont exacerbé des ressentiments
sans apporter de germes de solutions. Pour essayer de rapprocher progressivement
les peuples, il vaut mieux ne pas ignorer, dédaigner, voire mépriser leurs
spécificités, leurs personnalités, leurs identités culturelles et religieuses,
leurs situations démographiques, sociales et économiques. Il faut admettre les
différences