par
Paul KLOBOUKOFF
Des
fils conducteurs
Dans
cet article sur l'Éducation, je n'ai pas cherché à faire une analyse critique du
projet de Refondation de l'École du ministre Vincent Peillon (VP) dont les 25 mesures clés s'apparentent à des
objectifs et qui, pour le moment, a donné lieu surtout à des annonces. Dont
celles :
-
de la création de 60.000 postes, dont devrait bénéficier en priorité le primaire
dans les zones « défavorisées », pour lutter contre l'échec scolaire ;
-
de la relance, dans le même but, de l'accueil des enfants dès l'âge de 2 ans
dans les maternelles ;
-
du renforcement de la formation des enseignants ;
-
de la « réforme » des rythmes scolaires, avec le passage (en force) controversé
à 4,5 jours d'école par semaine, à la rentrée de 2013 ou de 2014 suivant les
localités et les régions ;
-
du réexamen des calendriers annuels et de la réduction de la durée des congés
d'été à 6 semaines, qui ont été reportés à 2015.
La
revalorisation, tant revendiquée, des salaires des enseignants est renvoyée aux
calendes grecques. Attention!
Si
j'avais envisagé de me livrer à une analyse critique, j'aurais plutôt choisi
celle du contenu du Rapport 2012 du Haut Conseil de l'Éducation (HEURESCE)
dont VP s'est largement inspiré, même s'il n'a pas repris plusieurs
suggestions intéressantes. Ainsi, il n'insiste pas sur la nécessité,
essentielle, « de clarifier une fois pour toutes, pour les enseignants comme
pour les familles, la notion de socle commun et de le faire appliquer par tous
les acteurs, en veillant à la bonne articulation entre le primaire et le collège
d'une part, et la poursuite des études d'autre part.
Ce
socle commun, en voie d'harmonisation dans l'UE, d'ailleurs, est le cadre dans
lequel devraient s'inscrire les enseignements auxquels il devrait, en outre,
donner des orientations substantielles, des fils directeurs. Je suis donc
surpris que Peillon ne prenne pas cette question de
fond d'emblée et préfère celles des rythmes scolaires.
Pour
moi, l'un des points névralgiques est le coût élevé de l'éducation pour notre
société et l'indifférence, au moins apparente, des politiciens à ce sujet. Si
des restrictions financières ont été décidées, c'est surtout parce que la grande
crise impose de fortes contraintes budgétaires dans tous les secteurs. Et on
redécouvre que notre système de santé, très enviable, est onéreux. Notre
protection sociale est généreuse, mais coûteuse. Or pour l'éducation la question
semble tabou. Jusqu'ici, les dépenses pour l'Éducation
ont été considérées comme un investissement indispensable et « rentable ». Les
yeux fermés, sans vérification. La crise exige maintenant de la faire, et je ne
vois rien venir. Tout le monde semble s'être habitué à cette dépense. Elle est «
normale ». Insuffisante même. Les reven-dications
entraînant des dépenses additionnelles sont légion. La plupart des enfants et
des jeunes bénéficiaires ignorent totalement l'effort collectif qui est fait
pour eux. Pour beaucoup, tout est dû. Pourquoi faire des efforts démesurés ? Le
droit à l'Éducation et le droit à l'Emploi feront le
nécessaire.
Il
est trop demandé à l'École (et à ses serviteurs) sans assez de précision, de
clarté. Enseignante ou puéricultrice, nounou pour les bambins de 2 et de 3 ans ?
Ou éducatrice sociale et civique pour des enfants qu'il est bon de socialiser
dès le jeune âge, qui manquent de repères et de règles de conduite quand ce
n'est de conscience des conséquences de leurs comportements et de leurs actes ?
Enseignante poussée à « l'excel-lence », à la
performance pour tous, ou alpha-bétisatrice et
conductrice résignée de la « voiture balai » ramassant les décrocheurs, les
absen-téistes et les retardataires pour les ramener
dans le peloton, jusqu'à épuisement. Enseignante du second degré et du supérieur
ou formatrice professionnelle devant faire entrer les jeunes à l'intérieur des
entreprises pour qu'ils puissent y trouver un emploi. Réservée ou enthousiaste à
« l'introduction » de la modernité, à l'adhésion au culte du numérique...
L'École est tiraillée dans tous les sens. Elle doit relever ces défis. Sans
jouir de la considération et des encouragements qu'elle mérite, malgré des
résultats inégaux et les « échecs scolaires ».
L'École
doute. Elle a perdu confiance en elle- même. Ses performances médiocres et/ou
indûment critiquées, d'une part, et la mon-dialisation
associée à une UE « harmonisatrice, d'autre part », incitent les dirigeants à
aller à la quête de modèles à l'étranger et à « expé-rimenter ». Mais les problèmes de notre Édu-cation ne viennent pas seulement de notre système
lui-même, de l'intérieur de celui-ci. L'influence du contexte dans lequel est
plongée l'École et les mentalités des populations sont déterminants aussi.
Regarder la Finlande ou l'Islande avec les yeux de Chimène me paraît utopique.
L'osmose entre l'Éducation et le milieu environnant est forte. La France n'a pas
réussi à préserver l'École de la pénétration de faiblesses et de maladies de
notre société en son sein. Je ne parle pas de la drogue, dure ou douce, qui rôde
et guette à la porte des écoles, mais des violences physiques et morales, du
harcèlement, de l'irrespect et de l'agressivité envers les maîtres, les autres
élèves et les parents, du refus de l'autorité, de l'absentéisme, de la démo-tivation... Il est indispensable de décontaminer
l'École, avec une ferme et déterminée douceur, bien entendu, et d'en refaire un
sanctuaire, apolitique, autant que possible. Sinon, il faudra continuer à
remonter le « rocher de Sisyphe », de plus en plus haut.
Première
partie :
L'Éducation,
un investissement coûteux. Rentable?
Des
coûts de l'éducation considérables
Le
coût moyen de la scolarisation d'un élève depuis la maternelle jusqu'au
baccalauréat est de l'ordre de 115.000 euros en 2011... si l'élève ne redouble pas. Les 8 années de scolarité
préélémentaire et d'enseignement primaire coûtent 46 600 € par élève. Les 7
années suivantes de collège et de lycée menant en terminale coûtent 67.860 €.
Dans l'enseignement supérieur, le coût moyen annuel par étudiant est de 11.630
€. Aussi un « bac + 3 » (études supérieures courtes) revient à près de 150.000 €
et un « bac + 6 » ne coûte pas moins de 184.000 €.
Ces
coûts, qui frappent par leur ampleur, figurent parmi les nombreuses informations
détaillées contenues dans le document de 85 pages du ministère de l'Éducation
nationale (DEPP) daté d'octobre 2012 : L'état de l'École.
Du
début du préscolaire à la fin des études, la dépense moyenne annuelle par élève
en France est de 8.250 € en 2011. La durée moyenne des études étant de 18,5 ans
(une des plus longues en Europe), le coût total d'une scolarité est, en moyenne,
de 152.600 €. Cela
représente près de 12 années de SMIC net en 2011.
Il
est bon de connaître ces données pour évaluer l'efficacité de notre système
éducatif et sa « rentabilité ». Elles montrent aussi l'effort financier consenti
pour préparer les jeunes à l'emploi et à l'avenir, pour les former et mieux les
armer. Sans contreparties suffisantes, cet effort financier contribue à nourrir
l'endettement colossal qui sera « légué aux générations futures ». Les adeptes
de la repentance envers les « jeunes » ne devraient pas
l'ignorer.
La
dépense intérieure d'éducation (DIE) a atteint 137,4 milliards d'euros en 2011,
soit 6,9 % du PIB. Elle a été financée à 58,7 % par l'État, 24,5 % par les
collectivités locales, 6,8 % par les entreprises et 8,1% par les ménages.
De
comparaisons portant sur les dépenses de formation initiale en 2009, il ressort
qu'avec 6,3 % du PIB, la France se situe en bonne position dans l'OCDE, derrière
les États-Unis (7,3%), où les coûts sont nettement plus élevés, pour les
étudiants qui paient leurs études supérieures, la Suède (6,8 %) et la Finlande
(6,4 %), championnes des prélèvements obligatoires. En revanche nous pouvons
voir notre amie l'Allemagne dans notre rétroviseur, à 5,2 %.
La
France consacre aussi plus de 30 Mds € à la formation continue (professionnelle)
et les gouvernants veulent augmenter la part qui est affectées aux chômeurs.
Une
forte progression de la dépense due plus aux hausses des coûts qu'à la
croissance des effectifs scolarisés.
En
prix constants de l'année 2011, la DIE a crû de + 44,2 % entre 1990 et 2011,
principalement en raison de l'augmentation des coûts moyens de scolarisation, +
46,2 % pour l'ensemble des élèves. Ce dernier taux résulte en grande partie de
hausses encore plus fortes des dépenses par élève dans le préélémentaire (+ 74,2
%), dans le primaire (+ 51,8 %) et dans le supérieur (+ 52 %), et d'une
élévation moindre dans le secondaire (+ 39,6 %).
Par
contre, les effectifs totaux d'élèves et d'étudiants ont très peu crû, passant
de 14,828 millions en 1990 à 15,151 Mi en 2011. Les baisses de ceux du premier
degré, de 6,953 Mi à 6,711 Mi, et du second, de 5,726 Mi à 5,416 Mi, ont été un
peu plus que compensées par la progression des effectifs dans l'enseignement
supérieur, de 1,717 Mi à 2,348 Mi, soit + 36,8 %... en 21 ans. En 2011, ces
derniers représentent 15,5 % des effectifs totaux.
Bien
que ce taux soit inférieur aux objectifs fixés par l'Union européenne (UE),
cette évolution est considérée comme une réussite majeure. Selon des critiques
assez répandues, le niveau du baccalauréat aurait reculé. La sélection des
étudiants se serait déplacée du secondaire vers les premières années du
supérieur... contribuant à allonger la durée de la scolarité des intéressés et
l'augmentation des coûts correspondants.
Des
comparaisons internationales de salaires qui interpellent
Des
tableaux de l'imposant document (588 pages) de l'OCDE Regards sur l'éducation
- 2012 indiquent qu'au sein de l'Union européenne, non seulement les
salaires des enseignants de France sont relativement faibles, mais qu'en valeur
réelle ils ont aussi notablement diminué entre 2000 et 2010.
En
2010, évalués en équivalents dollars US sur la base de parité des pouvoirs
d'achats (PPA), les salaires annuels statutaires des enseignants en France sont
entre 10 et 15 % inférieurs à la moyenne dans les pays de l'UE en début de
carrière, ainsi qu'après 10 ans et 15 ans d'exercice. Ceci, aussi bien dans le
pré primaire, le primaire que dans les deux cycles du secondaire. Curieusement,
ils sont supérieurs à la moyenne à l'échelon le plus élevé.
Ainsi,
par exemple, en euros, cette fois, après 15 ans d'exercice/formation minimale,
les salaires bruts annuels en 2010 sont de 29.674 € dans le primaire, 32.258 €
et 32 472 € dans les deux cycles du secondaire en France. En Allemagne, ils sont
de 47.647 €, 52.784 € et 57.150 €. Ils sont un peu plus faibles en Italie et au
Portugal.
Tirer
de ces comparaisons rapides des conclusions définitives sur les écarts des
rémunérations entre pays n'est pas recommandé. Il faut aussi compter les primes
et les autres avantages. Les charges fiscales et « sociales » sur les salaires
diffèrent sensiblement. Les conditions et les durées d'enseignement,
d'instruction ne sont pas identiques.
De
l'examen des nombres d'élèves ou d'étudiants par enseignant en 2010 (calculs
fondés sur des équivalents temps plein), il ressort qu'en France, le ratio est
nettement plus élevé dans le pré primaire, 21,5 (enfants), qu'en moyenne dans
l'UE, 13,4 enfants. Cependant, l'écart se réduit notablement si l'on compte les
auxiliaires avec les enseignants. Alors, les ratios deviennent respectivement
14,2 (FR) et 12,3 (UE). Dans le primaire, c'est 18,7 contre 14,3. Dans le
secondaire c'est 12,3 et 12,3. Dans l'ensemble du supérieur, c'est 15,8 et 15,8.
Contrairement à des idées répandues, la France est proche de la moyenne
européenne... sauf dans le pré primaire.
Pour
leur part, les nombres moyens d'élèves par classes, avec 22,7 dans le primaire
(public + privé) et 24,5 dans le secondaire (filière générale), sont un peu
supérieurs à ceux correspondants de l'UE, 19,8 et 21,8. La Finlande, un de nos
modèles, est à 19,4 et 20,3. La voisine germaine est à 21,5 et 24,7. Pas de
panique, donc ! Du moins au niveau national. Ce qui n'exclut pas des surcharges
pondérales localement.
Il
faut savoir également que la proportion de classes à niveaux multiples dépasse
45 % dans le secteur public du premier degré en France: 59 % des classes
préélémentaires et 40,3 % des classes de l'élémentaire. En milieu rural comme en
milieu urbain avec ses nombreuses maternelles (cf. note d'information de
décembre 2012 du MEN).
L'OCDE
montre aussi que les durées de travail des élèves à l'école sont longues en
France. En 2010, le nombre total d'heures d'instruction prévues pour les élèves
de 7 à 14 ans dans les établissements publics est de 7.430 heures (847 heures
par an de 7 à 11 ans, 1.065 heures de 12 à 14 ans, puis 1.147 heures). Ce nombre
total est supérieur au nombre moyen dans l'UE (6.712 heures). Il est plus élevé
qu'en Allemagne (6.322 heures) et nettement plus qu'en Suède (5.928 heures) et
en Finlande (5.752 heures). Parmi les pays voisins, seuls l'Espagne, l'Italie,
les Pays-Bas et la Belgique ont choisi de fixer des durées à peine plus longues
qu'en France, entre 7.500 et 7.700 heures.
Mais
les temps statutaires moyens consacrés par les enseignants à l'instruction en
France sont différents et plus faibles que les nombres d'heures (annuels et
totaux) d'instruction prévus pour les élèves. En 2010, ils sont de 918 heures
par an dans le primaire et beaucoup moins dans le secondaire, 646 heures dans le
premier cycle et 632 dans le second. En moyenne dans l'UE, ils sont inférieurs
aux français dans le primaire, 778 heures, et à peine supérieurs dans le secondaire, 671 et 635 heures. En Allemagne, les
enseignants font moins d'heures dans le primaire, 805 heures, et davantage que
les nôtres dans le secondaire, 756 heures et 713 heures.
Aussi,
nos enseignants du primaire apparaissent encore plus défavorisés que leurs
collègues européens si leurs salaires sont rapportés aux heures d'enseignement.
Autre
information importante, après 15 ans d'exercice/formation minimale, toujours,
les salaires statutaires des enseignants du primaire et du secondaire ont baissé
en France en valeur réelle (à prix constants) de -8 % entre 2000 et 2010.
Pendant le même temps, ils ont crû de + 4 % à + 5 % en Italie, de + 9 % en
Angleterre et de plus de + 20 % en moyenne dans l'UE. Cette baisse inquiétante
est unique dans l'UE. En contradiction totale avec les augmentations des coûts
observées par l'Éducation nationale et l'INSEE en France. Elle laisse coi et
perplexe.
Les
rémunérations des enseignants français vues de France
Compte
tenu de leur niveau de formation, les enseignants du primaire et du premier
cycle du secondaire sont effectivement relativement mal rémunérés, surtout dans
le primaire et en début de carrière. Nets, les salaires mensuels des professeurs
des écoles, des profs certifiés et des profs de lycée professionnel (PLP) sont
depuis le 1er juillet 2010 de 1.666 euros après 2 ans de carrière, compris entre
1.805 € et 1.913 € après 10 ans de carrière, entre 2.365 et 2.543 € après 20
ans, puis entre 2.543 et 3.026 après 30 ans (cf. site:
infos.emploipublic.fr).
Des
indemnités sont versées aux professeurs d'écoles spécialisées (129 €), en zone
d'éducation prioritaire (96 €), aux professeurs des lycées et collèges (100 €)
pour le suivi et l'orientation des élèves. Un supplément familial de traitement,
en partie indexé sur leur salaire, est au minimum de 73 €/mois pour 2 enfants,
182 € pour 3 et 129 € par enfant supplémentaire. Dans le secondaire, des heures
supplémentaires peuvent être rémunérées 100 €.
L'échelle
indiciaire des professeurs agrégés est plus favorable, de l'ordre de + 22 % aux
débuts et fins de carrières, jusqu'à +25 % en milieu de carrière. Des heures
supplémentaires peuvent être rémunérées de 153 à 169 €.
Les
« salaires statutaires des enseignants /formation minimale » que l'OCDE prend en
compte dans ses tableaux semblent bien être ceux correspondant à la grille
indiciaire, sans les indemnités et les heures supplémentaires rémunérées. Ils
sont alors inférieurs aux rémunérations réelles de nos enseignants.
Maintenant
« bloquée » depuis le 1er juillet 2010, la grille indiciaire de la Fonction
publique d'État (FPE), qui s'applique à l'Éducation, n'a été que peu revalorisée
entre 2000 et 2010. + 10,8 % pour l'ensemble de la FPE (dont + 10 % pour la
catégorie A, à laquelle appartiennent la plupart des enseignants, et + 11 % pour
la catégorie B). Pendant ces 10 ans, l'indice des prix de l'INSEE a crû de +18,5
%. En valeur réelle, la valeur du point d'indice des salaires de la FP s'est
bien détérioré de l'ordre de – 7 % dans l'Éducation...
comme l'indique l'OCDE.
Dans
la Fonction publique d'État, ai-je lu, le GVT
(glissement-vieillesse-technicité), par les avancements et les promotions,
aurait assuré « plus de 53% de l'évolution du pouvoir d'achat des agents ».
Concernant la forte croissance de la DIE, pour le ministère de l'Éducation
nationale (MEN): « De multiples facteurs expliquent cette hausse : poids
croissant des enseignements du second degré et du supérieur, amélioration de
l'encadrement dans le premier degré, revalorisation du statut des enseignants
[cf. notamment, le changement de statut des instituteurs en professeurs
des écoles] ». Vu l'ampleur de la DIE et de sa hausse, ces explications
paraissent courtes. Elles n'écartent pas les interrogations et les incertitudes
sur l'évolution à venir de la DIE.
La
retraite, face cachée de la rémunération des enseignants
Selon
les comptes nationaux (CN) de l'INSEE, la dépense d'éducation est constituée
pour les deux tiers par les salaires et les charges sociales des personnels
enseignants, administratifs et d'encadrement. Des données sur les dépenses
des Administrations publiques par fonctions indiquent que sur un montant de
120,8 Mds € consacrés à l'Enseignement en 2011, 79,9 milliards ont été dévolus
aux rémunérations des salariés.
La
même source (CN) fournit, par ailleurs, une évaluation de la « Production »
totale (publique et privée) d'enseignement, qui se monte à 121,7 Mds en
2010. Le volume de la production n'a presque pas progressé (+ 2,6 %) entre 2000
et 2010. Cette évolution est en concordance avec celles des effectifs
scolarisés. Par contre, sa valeur nominale a augmenté de + 40 % suite aux
majorations des coûts que nous venons d'évoquer.
Surtout,
la « rémunération des salariés », qui se monte à 86,31 Mds € en 2010, est
constituée par les salaires bruts pour 54,56 Mds et pour 31,75 Mds par les
cotisations sociales payées par les employeurs, c'est-à-dire principalement par
l'État et les collectivités locales (CL). Ces cotisations représentent 58,2 %
des salaires bruts versés. Principalement à cause des cotisations-subventions
retraites. Les taux de ces dernières sont de 68,59 % dans la Fonction
publique civile d'État et de 28,85 % dans les CL en 2012 (cf. site:
ifrap.org).
Dans
la FP, les montants des pensions sont calculés en fonction des derniers salaires
statutaires et les « taux de remplacement » des retraités sont supérieurs à ceux
du privé... ainsi que d'enseignants d'autres pays de l'OCDE. Cette forme de
rémunération différée, « cachée, des enseignants (et plus largement des
fonctionnaires d'État) doit donc être prise en compte pour que les comparaisons
internes et internationales soient plus sensées.
En
outre, ces taux de cotisations retraite ont été relevés pour faire face aux
dépenses (aux déficits) des régimes de retraite qui croissent avec l'allongement
de la vie et avec la proportion des retraités par rapport aux enseignants en
exercice. En 2011, au titre de l'Éducation nationale et de l'Enseignement
supérieur, étaient recensés 760.852 ayants droits à pension et 104.373 ayants
cause (source : DGFIP. Service des retraites de l'État).
Le
taux d'équilibre pour les pensions civiles de la FP est passé de 58,5 % à 65, %
entre 2009 et 2011 selon le Conseil d'orientation des retraites (COR). De leur
côté, les CN montrent que le ratio cotisations sociales employeur/salaires bruts
est monté de 56 % à 58,2 % entre 2005 et 2010.
Les
coûts des personnels de l'Éducation ont donc augmenté plus que les seuls
salaires bruts. Cela n'est pas récent, et participe à l'explication de la hausse
de la DIE. Je n'ai pas trouvé trace de ce problème récurrent, structurel, dans
les documents du MEN. Mais, le vent de la « réforme » des retraites souffle à
nouveau. À côté des douloureuses questions de réduction des déficits dans les
différents régimes, se posera à nouveau celle, ardue, très politique, de
l'harmonisation entre les régimes de la Fonction publique avec ceux du privé.
Je
n'en ai pas vu l'anticipation dans la Refondation de Peillon, qui me semble avoir fait l'impasse sur
d'importantes questions financières qui ne seront pas sans incidences sur le
système éducatif et ses acteurs.
Seconde
partie :
Des
orientations, des performances et des problèmes de l'École
L'éducation
en France, une affaire franco-européenne
Nos
Autorités semblent attachées à ce que l'Éducation nationale soit un bon élève au
sein de l'UE et respecte les priorités et les objectifs retenus au sommet de
Lisbonne en 2000 pour « promouvoir une société et une économie accordant un
rôle croissant au développement des connaissances ». L'INSEE (France,
portrait social, édition 2012) a relaté les cinq questions jugées
prioritaires et les objectifs chiffrés à atteindre en 2020. Pour la France, il
s'agira en particulier :
1°
De porter à 50 % (43,4 % en 2011) le pourcentage de diplômés de l'enseignement
supérieur parmi les personnes de 30 à 34 ans.
2°
D'abaisser à 9,5 % la proportion de jeunes « sortants précoces » (12 % en 2011).
3°
De développer la formation tout au long de la vie de façon à ce que 15 % des
adultes âgés de 25 à 64 ans aient suivi « un cours ou une formation dans les
quatre semaines précédant l'enquête » [!!!] (5,5 % en France, chômeurs compris
?), contre plus de 20 % dans les pays nordiques et 9 % au sein de l'UE).
4°
De réduire à moins de 15 % la proportion d'adolescents aux faibles compétences «
de base » en lecture (20 % en France en 2009).
5°
Objectif est déjà plus qu'atteint puisqu'il s'agit de faire en sorte que 95 %
des enfants soient préscolarisés à l'âge de 4 ans. En France c'est déjà 100 %
dès l'âge de 3 ans + une partie de ceux de 2 ans.
Quatre
de ces pourcentages français de 2011 révèlent donc des résultats insuffisants
aux yeux de l'UE.
Ce
ne sont pas les seules faiblesses identifiées. Avant d'y venir, rappelons que
dans le second degré, les taux de réussite aux examens sont supérieurs à 80 % en
2011 (sauf pour le BEP: 75,6 %) pour des effectifs nombreux d'élèves diplômés
et, notamment: 637.600 pour le brevet, 559.400 pour le baccalauréat, dont
283.800 pour le bac général (taux de réussite : 88,3 %), 156.100 pour le bac
technologique et 155.100 pour le bac professionnel.
Les
progressions des effectifs de bacheliers technologiques et professionnels font
partie des points positifs observés, alors que le pourcentage des reçus au bac
général représente encore près de 50 % des bacs délivrés.
Par
contre, le taux pharamineux de réussite de 88,3 % au bac général, soulève des
suspicions quant à l'évolution de son niveau. Certains disent même qu'il s'agit
d'un résultat « politique »... et que le laxisme gagne.
Dans
l'enseignement supérieur, les effectifs de diplômés ont augmenté dans la plupart
des filières entre 2006 et 2010. Jusqu'à 113.500 BTS, 47.300 DUT, 161.200
licences (avec davantage de licences professionnelles), 103.500 masters, 57.800
diplômes d'écoles d'ingénieurs, de commerce et de gestion, 20.300 docteurs, dont
7.400 en médecine (source : INSEE, enquêtes Emploi). Ces chiffres
révèlent une sélection certaine après le baccalauréat.
En
2011, parmi les jeunes de 20 à 24 ans, 68 % ont le bac ou plus, 16 % ont un CAP
et/ou un BP et, problème important, 16 % n'ont pas de diplôme du second cycle du
secondaire. La sanction est immédiate en matière d'emploi. Parmi les jeunes
sortis depuis 1 à 4 ans de l'enseignement en 2011, le taux moyen de chômage (au
sens du BIT) est de 45,7 % chez ceux qui n'ont pas de diplôme, de 27,5 % chez
ceux munis d'un CAP ou d'un BP, de 18,4 % chez les titulaires d'un bac et de 9,5
%, tout de même, chez les diplômés du supérieur (même source).
Une
priorité : le rapprochement avec les entreprises et le monde du
travail
De
tels chiffres, qui seront encore plus « mauvais » en 2013, sont parlants. Mieux
vaut « bien réussir ses études ». Mais un diplôme du supérieur ne garantit pas
l'obtention rapide d'un emploi, comme chacun sait maintenant. Et avec le bac,
l'emploi reste encore aléatoire. Mais les difficultés ne sont qu'en partie liées
au niveau du diplôme. L'expérience a montré que les choix de l'orientation
professionnelle et des filières d'enseignement appropriées étaient
fondamentaux... sans attendre d'avoir passé le bac et de s'être engagé dans les
études supérieures. En France, la prise de conscience en a été tardive (par
rapport aux pays voisins) et l'on a trop voulu faire emprunter à tous la « voie
royale », à aller jusqu'au bac, promesse d'une possibilité de s'ouvrir à toutes
les opportunités qui s'offriraient ultérieurement, pour poursuivre ses études ou
travailler. Quels que soient les goûts des élèves, leurs aptitudes... leurs
capacités intellectuelles, manuelles, artistiques et physiques ainsi que leur
volonté d'étudier, d'apprendre, de consentir des efforts. Tous les enfants et
les jeunes ne sont pas des clones, en tout égaux entre eux, comme certains
adeptes du nivellement le professent. L'École doit tenir compte de cette
diversité et, en même temps, chercher à mieux répondre aux besoins de
l'économie. Sur ces sujets, l'École, l'Administration, les enseignants, les
élèves ou étudiants et les parents devraient essayer de mieux s'accorder.
L'École
est aussi restée trop éloignée de l'entreprise, du terrain, du concret. Alors
que les employeurs désirent, plus qu'avant, que leurs recrues soient rapidement
opérationnelles, qu'elles disposent de « compétences techniques ». Et ils
demandent aux candidats d'avoir de l'expérience... dès leur premier emploi.
Réponses du système éducatif de plus en plus sollicitées : les stages en
entreprises et les formations en alternance.
De
telles exigences étendent et réorientent les missions et le rôle de l'Éducation
nationale et de l'Enseignement supérieur. Elles poussent irré-sistiblement au rapprochement entre l'École et le monde
du travail, à une entente et une coordination plus explicites. Elles poussent
aussi au réexamen des filières d'enseignement. Elles
impliquent un renouvellement et un accroissement des compétences des
enseignants, qui devraient également bien connaître les entreprises et le monde
du travail pour être efficaces. Une révolution, en quelque sorte
!
Lecture
: La France à la traîne
C'est
le titre d'un article paru le 13 décembre 2012 sur le site Éducation du
Nouvel Observateur, qui rapporte que les élèves de 10 ans lisent de plus
en plus mal, selon les résultats publiés le 11 décembre de l'enquête PIRLS
(Progress in International Reading Literacy Study) menée dans 45 pays. La France est vingtième, bien
en dessous de la moyenne européenne. « Plus grave, ses résultats ont plongé
depuis 10 ans ».
«
En CM1, les petits Français sont mal entrainés à comprendre un texte et à
utiliser les informations qui y sont contenues. Ils n'osent ni juger, ni cri-tiquer. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à ne pas
répondre aux questions complexes, et à ne pas terminer les épreuves. »
«
La France a moins de très bon élèves (17 % contre 25 %
en moyenne), mais plus d'enfants en grande difficulté (32 % contre 25 %). »
Echec
+ nivellement par le bas, donc ?
Pourtant,
les élèves enquêtés ont « bénéficié » des réformes introduites depuis 2004 par
les ministres Fillon, Robien ou Darcos ainsi que d'heures de soutien. Cela fait
des années que le pré primaire est ouvert aux enfants à partir de l'âge de 2
ans. Les clés du succès ne sont apparemment pas là.
L'article
évoque d'autres pistes empruntées dans des pays qui réussissent. Dans les pays
nordiques, les entrées à l'école sont plus tardives et les enfants jouent
davantage. Au Canada, la famille et l'école coopèrent plus. À Singapour et à
Hong Kong, dont les résultats ont bondi, les enseignants et les chefs
d'établissement sont formés « avec soin », les journées de classe sont longues
et les États sont « très exigeants avec les élèves ».
Compte
tenu de la médiocrité des résultats ici, nos responsables pourraient
effectivement mieux regarder comment et pourquoi c'est mieux dans de tels pays,
sans omettre l'environnement social et culturel de l'École.
Nos
Autorités compétentes n'ignorent pas ces problèmes qui motivent aussi leur choix
de donner la priorité au primaire, jugé comme la principale source des réussites
et des échecs scolaires. Il ne suffit pas de le dire.
Pour
combattre l'illettrisme : étendre le champ de l'Éducation nationale
?
Une
intéressante étude publiée dans INSEE Première de décembre 2012 a pour
titre discret, timide : Pour les générations les plus récentes, les
difficultés des adultes diminuent à l'écrit, mais augmentent en calcul.
Le
résumé commence par : « En 2011, 16 % des personnes de 18 à 65 ans résidant
en France métropolitaine éprouvent des difficultés dans les domaines
fondamentaux de l'écrit, et pour 11 % ces difficultés sont graves ou fortes. »
Toutes ces personnes ne sont pas illettrées, car la définition de
l'illettrisme réserve celui-ci aux seules per-sonnes
qui ont été scolarisées en France. Ces illettrées ne sont « que » 7 % des
personnes de 18 à 65 ans... soit 2,5 millions. C'est un progrès. Il y en avait 9
% dans l'enquête IVQ (information et vie quotidienne) de 2004.
«
Les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs résultats que les
générations plus âgées en lecture et en compréhension orale ». Ce qui n'est pas
anormal! Pourtant, dans cette tranche d'âge, tout de même, 10 % ont des
difficultés à l'écrit et 11 % ont des performances médiocres en compréhension
orale.
Les
personnes immigrées ont le plus de difficultés. Parmi les 16 % précédents des 18
à 65 ans résidant en France (6,7 millions de personnes), se trouvent 61 % des
personnes scolarisées hors de France (HEURESDF) dans une langue étrangère, 31 %
des personnes scolarisées hors de France en français et 12 % des personnes
scolarisées en France.
En
calcul, le pourcentage des personnes très à l'aise est descendu depuis 2004 à 30
% seulement. Au contraire, 16 % ont des performances médiocres. Parmi elles, on
compte 11 % des jeunes de 18 à 29 ans. On trouve également 39 % des personnes
scolarisées HEURESDF en langue étrangère, 21 % de celles scolarisées HEURESDF en
français, et 14 % des personnes scolarisées en France.
L'effet
« calculette » (ordinateurs, calculatrices, smartphones...) « amoindrit sans doute chez les
plus jeunes l'intérêt à maitriser parfaitement les règles de base du calcul »
dit l'auteur. Un euphémisme! Une clientèle bien plus large d'ados et
d'adultes est touchée. Et les effets ne sont pas limités au calcul. Pourquoi
réfléchir, développer sa mémoire, alors qu'il y a celle prodigieuse, infinie,
des ordinateurs qui, avec internet et les réseaux sociaux, ont réponse à tout.
Aussi, ne faut-il pas aborder la révolution scolaire du numérique, prônée et
promue à juste raison, la fleur au fusil, omettre d'adapter les méthodes et les
usages aux besoins des élèves, qui sont aussi de développer leurs capacités
d'analyse, de compréhension, de critique, d'initiative. Il ne faut pas leur «
mâcher » le travail, par facilité, si l'on veut qu'ils deviennent autonomes et
responsables. Et non des virtuoses du clic et du double clic, dépendants,
dépendants d’instruments miraculeux qui leur éviteraient de compter sur
eux-mêmes, qui les déshabitueraient de l'effort, condition primordiale de
l'apprentissage, de l'inventivité et de la réussite.
Les
observations de l'enquête invitent à se demander ce que notre système éducatif
peut faire pour participer davantage à l'éradication de l'illettrisme et des
difficultés rencontrées par les personnes scolarisées à l'étranger. Cette
faiblesse des parents ne peut être qu'un handicap pour l'éducation des enfants,
peut-être plus lourd que le statut social et les revenus des familles, dont il
n'est évidemment pas totalement indépendant. À côté des efforts
d'alphabétisation qui sont faits, l'EN doit-elle ouvrir des classes pour parents
et leur en faciliter l'accès ? Jusqu'où l'enseignement peut-il remonter ?
Nombre
d'immigrés emploient plusieurs langues, notamment à la maison. Des associations,
des mouvements, tentent de garder en vie et de promouvoir des langues régionales
et/ou des dialectes (Basques, Bretons, Ch’tis...),
marques de leurs identités. Et les langages de quartiers, bobos, branchés,
décalés, argotiques... fleurissent. Ce multilinguisme, souvent approximatif,
peut davantage provoquer la confusion qu'aider à mieux comprendre le français, à
lire et
écrire
correctement. L'usage intensif, voire maladif des SMS, des MMS, des abréviations
et des raccourcis est « déstructurant ». Cessons d'en faire l'éloge béat. Ne
forçons pas les enfants dès la maternelle à balbutier quelques mots en anglais
ou en allemand en pensant qu'ils maîtriseront mieux ces langues plus tard.
Faisons les lire plus. Laissons-les se concentrer sur la langue nationale
officielle... partie aussi de leur identité.
Des
conditions sine qua non : sanctuariser l'École, restaurer l'autorité et
le respect des maîtres et des parents
Selon
les statistiques de l'EN, la proportion d'élèves absentéistes dans le second
degré public a été de 5,2 % en janvier 2011. Fluctuante et inégalement répartie,
elle a dépassé 13 % dans 10 % des établissements en janvier 2011 et 30 % en
octobre 2010. « Les élèves perdent en moyenne 7 % de leur temps
d'enseignement du fait de leurs absences quel qu'en soit le motif, dont 1,6 %
pour absences non justifiées. » Cependant, la lutte contre l'absentéisme
n'est pas élevée au rang de grande cause nationale, et les moyens proposés pour
réduire le mal ont donné lieu à polémiques. Un exemple: la contestation et la
suppression prévue de la loi Eric Ciotti ouvrant la
possibilité de faire suspendre le versement des allocations familiales aux
parents des élèves concernés.
L'impuissance
domine aussi face à l'indiscipline des élèves, surtout dans le secondaire.
L'irrespect envers les enseignants et l'encadrement a gagné beaucoup de terrain et l'application de sanctions est devenue
problématique. L'autorité des maîtres est battue en brèche par les élèves, mais
aussi par des parents qui ont eux-mêmes souvent perdu le contrôle, quand ce
n'est le contact avec leurs enfants. Il est vrai que la séparation d'avec
ceux-ci dès l'âge de 2 ou 3 ans de la maternelle ne favorise ni le rapprochement
entre parents et enfants ni la prise en charge de l'éducation par les parents,
surtout lorsque ceux-ci travaillent. La société les en relève et la décharge sur
l'École. Le résultat n'est pas brillant et là, encore il serait bon d'étudier
attentivement les expériences des pays précités, nordiques en
particulier.
Augmentation
de la violence dans les écoles titrait
un article sur le site lefigaro.fr le 14 novembre 2012. Selon les
résultats publiés sur le site du MEN de l'enquête annuelle Sivis (Système d'in-formation et
de vigilance sur la sécurité scolaire) sur les violences scolaires, 13,6
incidents ont été recensés pour 1.000 élèves en 2011-2012 dans les
établissements publics du second degré... contre 12,6 l'année précédente. Ici
aussi, 5 % des établissements concentrent 29 % des faits (ou méfaits). Les
lycées professionnels (avec 19,6 incidents pour 1.000 élèves) et les collèges
(15) se distinguent et connaissent le plus d'agressions de professeurs. Dans 81
% des cas, les agressions comportent des atteintes aux personnes, un peu plus
souvent verbales que physiques. Insuffi-samment
sanctionné, le harcèlement maltraite les plus faibles et déstabilise des
enseignants. À l'image de ce qui se passe à l'extérieur, des bandes de jeunes
voyous sévissent... et semblent peu inquiétées. C'est évidemment intolérable et
hautement nuisible à la sécurité, aux conditions d'enseignement, au moral et à
la motivation des personnels qui travaillent avec dévouement pour leurs élèves.
Inacceptable aussi pour les élèves victimes directes ou non de ces exactions.
L'Administration
et les Autorités politiques sont des responsables de cette détérioration, de la
pénétration incontrôlée dans l'École de compor-tements
et d'actes aussi malfaisants que ceux qui sapent notre société. Il faut se
réveiller: l'École doit être protégée, mise à l'abri de ces maux, sanctuarisée.
Et le « tout prévention » dominant doit laisser une
place appropriée à la sanction... préventive. ¾