Il nous
faut observer les manifestations espagnoles et grecques avec grande attention et
nous devons être alertés par le résultat des élections
italiennes.
Les « élites »
de notre pays ont la fâcheuse tendance à mépriser tout ce qui vient du Sud, à
ignorer tout ce qui vient d’outre-Manche et à encenser
absolument tout ce qui vient d’outre-Rhin. Il suffit d’écouter le ministre
actuel de l’Économie et des Finances ou le secrétaire général de l’UMP pour être
convaincus que leur allégeance aux principes économiques tels que développés par
l’Allemagne est totale.
Cette
dernière, peu soucieuse de tout ce qui n’est pas elle, impose aux peuples, avec,
chez nous, l’appui des Socialistes et des UMPistes sa
vision de la construction européenne et ses certitudes économiques. Cette
attitude dominatrice et impérialiste l’aveugle à ce point qu’elle ne se rend
même pas compte qu’elle est en train de scier la branche sur laquelle elle est
assise (les excédents de sa balance commerciale étant dus aux échanges avec les
pays européens).
Où sont-ils
ces chantres de tout poil, les Copé, Lamy, Minc, Moscovici, Sarkozy, etc. qui
ont porté aux nues un président du Conseil italien aujourd’hui renvoyé à ces
chères études par un peuple qui en a « ras-le bol » de la commedia dellapolitica. Un peuple qui, par
dérision, préfère voter pour un saltimbanque ou un populiste
?
Où sont-ils
ces chantres qui ont apporté leur soutien à Mariano Rajoy, aujourd’hui désavoué par ceux qui l’ont élu et qui
réclament qu’on leur rende leur vote.
Des
manifestations monstres se déroulent dans toute l’Espagne et ici on feint de
l’ignorer ?
Où sont-ils
?
Eh bien ils
attendent le père Noël-croissance. Fuir, gagner du temps, créer la diversion,
tout est bon pour ne rien résoudre et ne pas respecter des engagements dont ils
savaient qu’ils étaient fallacieux.
Entre ceux
qui, au pouvoir, ont laissé se dégrader la situation et qui viennent nous
expliquer, douze mois plus tard, ce qu’il convient de faire et ceux qui, dans
l’opposition, nous expliquaient ce qu’il fallait faire et font aujourd’hui le
contraire, ne sommes-nous pas dans la comédie du pouvoir ?
Faire la
politique de l’autruche, ne pas vouloir voir venir la révolte des modérés, ne
pas vouloir voir l’explosion sociale qui point à l’horizon, relève soit d’une
pensée rétrécie à la pensée unique qui habite nos « élites », soit du mépris du
puissant envers le manant, soit de l’imbécillité tout court., soit de tous ces
éléments conjugués.
À moins que
nous ne soyons dans un sinistre jeu de rôles qui consiste avant tout à préserver
prébendes et intérêts.
Le projet de
loi sur le cumul des mandats et la reconnaissance du vote blanc envoyés aux
calendes grecques en sont les plus beaux exemples. Ceux-ci ne manquent pas.
Alors que tous les jours l’on entend « il faut que l’État trouve des recettes
supplémentaires », jamais l’on nous parle des économies considérables qui
pourraient être faites en réformant nos institutions et en instituant une autre
pratique de la politique fondée sur le don de soi au service de la Nation et non
au service d’intérêts particuliers.
Écrits par des
parlementaires honnêtes, conscients de cette absolue nécessité, les rapports sur
ces sujets ne manquent pas. Tous ont été transmis aux différents gouvernements,
qu’ils soient de droite ou de gauche, tous ont été salués comme « remarquables »
et tous ont fini oubliés dans le fond d’un tiroir !
Non seulement
le silence est total là-dessus mais en plus on s’en moque et l’on crée de
nouvelles strates administratives et on nomme de nouveaux « conseillers » (à
l’Élysée dernièrement).
Puisque cela
est à la mode, petite comparaison entre la représentation et les coûts de
fonctionnement des gouvernements allemand et français : France : 1 Premier
ministre + 34 ministres et secrétaires d’État pour 65 millions d’habitants ;
Allemagne : 1 chancelière + 15 ministres pour 82 millions d’habitants. Le
personnel de l’Élysée est trois fois plus nombreux que celui de la chancellerie,
il en est de même pour les véhicules, les conseillers,
etc.
Continuons :
en France 36.766 communes (dont 20.000 de moins de 500 habitants), en Allemagne
11.200 communes dont la plus petite est composée de 4.000 habitants, en Espagne
et en Italie environ 8.000, au Royaume-Uni 9.946.
Qu’attendent
donc les admirateurs de Mme Merkel pour clamer haut et
fort qu’il y là aussi lieu de faire comme l’Allemagne.
Naïf je suis
et naïf je resterai. J’ai oublié que
beaucoup de
ces contempteurs font leur chou gras, si j’ose dire, de ce
mille-feuille.
Mesdames et
Messieurs les Politiques, si vous ne changez pas, si vous ne donnez pas aux
Français des raisons d’être fiers et d’aimer leur Pays nous allons droit dans le
mur. Regarder l’Angleterre, elle vient de perdre son triple A, entendez-vous ses
dirigeants démolir leur pays ? Regarder les États-Unis d’Amérique, faute
d’accord entre Démocrates et Républicains, beaucoup d’habitants vont souffrir ;
entendez-vous les dirigeants critiquer leur Pays ? Regarder l’Italie, ses
citoyens viennent de rejeter un système politique, les élites en ont-elles pour
autant dénigrer leur pays ?
Quoi qu’il en
soit, ce qui vient de se passer de l’autre côté de Alpes se passera demain chez
nous. Les Français n’ayant pas la chance des Italiens, il se pourrait, faute de
saltimbanque, qu’ils se portent en masse sur un ou une
populiste.
Alors, chers
dirigeants de nos deux grands partis il vous faudra faire vos valises et aller
vivre à Berlin.