La
libération de Florence Cassez décidée par la Cour Suprême mexicaine a été
accueillie avec soulagement par ceux qui s’étaient faits les défenseurs de
l’emprisonnée quasiment à vie et qui craignaient un nouveau renvoi. On ne peut
que s’en réjouir avec eux et souhaiter que l’intéressée puisse refaire sa vie :
« vivre et être heureuse » a-t-elle déclaré. L’autre raison de se réjouir, c’est
que cette décision prise principalement, semble-t-il, en raison des conditions
illégales dans lesquelles elle avait été arrêtée et jugée, met un terme à une
affaire de droit commun, devenue une affaire d’État, qui empoisonnait depuis
sept ans les rapports entre la France et le Mexique, rapports qui vont être à
reconstruire en ménageant les susceptibilités. La décision n’innocente pas pour
autant Florence Cassez : la décision de la Cour Suprême mexicaine condamne la
procédure mais ne juge pas sur le fond. De ce point de vue, l’incertitude
subsiste quant à la participation effective de l’intéressée aux enlèvements dont
son compagnon d’alors est aujourd’hui toujours inculpé. Elle aurait sans doute
commandé une plus grande réserve de la part des officiels français qui ont par
trop déroulé le tapis rouge et exploité l’événement à des fins politiciennes,
comme l’ont confirmé les misérables chicanes aussitôt intervenues entre
partisans de Sarkozy et de Hollande pour dire lequel des deux avait le plus
contribué à la libération de Florence Cassez. À l’inverse de cette affaire
sordide, la performance de François Gabart, brillant
vainqueur, à sa première tentative et à seulement vingt-neuf ans, du Vendée
Globe, tour du monde en solitaire gagné en soixante-dix-huit jours après un
véritable mano à mano avec
le second de l’épreuve, Armel Le Cleac’h, distancé de
seulement trois heures, ingénieur comme lui sorti de l’INSA. Ils ont pulvérisé
le record de l’épreuve détenu par Michel Desjoyaux
deux fois vainqueur de celle-ci : presque sept jours de mieux ! Ces résultats
qui sont dus par ailleurs à l’excellence des bateaux réalisés par le même
chantier auraient mérité des commentaires officiels plus consistants et être
donnés en exemple de réussite à une jeunesse qui doute. Au terme heureux qu’ont
connu ces deux aventures, on nous permettra donc de trouver plus d’intérêt à la
seconde qu’à la première, laquelle n’a rien d’édifiant, même si la force de
caractère de Florence Cassez qui lui a permis de supporter ses sept ans
d’emprisonnement est pour une part comparable à celle du marin et devrait lui
permettre de sortir de la mauvaise voie dans laquelle elle s’était engagée au
Mexique, ne pouvant totalement ignorer les activités criminelles de son
compagnon. Nul doute que de son côté François Gabart
et Armel Le Cleac’h confirmeront leurs qualités de «
Mozarts du large », comme Le Figaro a nommé si à
propos le premier !