DESSILLER LES YEUX ET CHANGER DE CAP


Par Paul KLOBOUKOFF

Dessiller les yeux et changer de cap : réconcilier les Français,

se concentrer sur les vraies priorités, obtenir les efforts de tous, ne pas leurrer

PREMIÈRE PARTIE

La France est tombée en « stagrécession » depuis plusieurs années et s'enfonce tandis que la grande crise se prolonge et n'en finit pas, malgré les propos « rassurants » de nos gouvernants et d'euro béats prêchant plus d'Union européenne (UE) et de « « mutualisation » (des dettes, en particulier) sésames, selon eux, de la relance de la croissance et d'un avenir moins inquiétant. Avec deux idées dominantes. Plus nous sommes gros, nombreux, plus nous sommes forts. Mêlés aux autres européens, les ressortissants de la « riche cinquième puissance mondiale » auront moins d'efforts à faire pour résister aux assauts de la mondialisation, pour survivre. Compter sur les autres pour compter encore dans un monde en mouvement où notre place s'amenuise. Tant pis pour notre indépendance ainsi que pour notre personnalité, notre identité nationale, nos croyances séculaires. Erreur fatale! La France s'affaiblit avec l'UE et dans l'UE. Piégée dans le grand marché unique, son déficit commercial intra-communautaire est abyssal (- 85 milliards d'euros en 2011). Cinq fois plus élevé qu'en l'an 2000, il s'aggrave d'année en année. Il faut enfin regarder ce que nous apporte l'Union et ce qu'elle nous coûte. Prendre conscience et nous convaincre que, pour nous en sortir, nous ne devons compter que sur nous-mêmes.

 

Un sursaut immédiat de la France et des Français est indispensable, que seul un choc de lucidité, de motivation, de volonté active, de courage, de combativité, de compétitivité peut provoquer, pour rouvrir la voie à l'espérance, au développement et au véritable progrès social. Il va sans dire que la mobilisation des efforts de tous est indispensable. Pour cela, des conditions s'imposent plus que jamais. Rassembler tous les Français, consacrer toutes les énergies aux priorités réelles, incontournables. Ne pas se disperser en multipliant des « objectifs » secondaires, accessoires, très discutables ou néfastes. Mobiliser et concentrer les efforts sur l'essentiel. Cesser d'agresser les citoyens et les agents économiques, de les opposer les uns aux autres, de diviser, de décourager, de faire fuir. Ne pas faire de la confiscation, de l'opprobre et de l'égalitarisme les symboles de la solidarité et de la justice. Arrêter aussi de leurrer les Français sur la situation réelle du pays et sur les faiblesses auxquelles il est urgent de remédier, qui ne se limitent malheureusement pas au déficit et à l'endettement public.

 

La France est un pays riche, la cinquième puissance mondiale: réellement ?

 

 « La France est un pays riche » est l'entrée en matière favorite pour justifier des revendications porteuses de dépenses publiques. « La France est la cinquième puissance mondiale et la deuxième en Europe », est préférée lorsque l'on veut se rengorger, lever le menton, bomber le torse et se gonfler d'importance, comme le font si bien nos plus « hauts représentants » devant des caméras lors de rencontres internationales.

Oui, le produit intérieur brut (PIB) français (2.778 milliards de dollars en 2011) est bien au cinquième rang des PIB dans le monde.

Cependant, ce n'est pas suffisant pour jouer dans la cour des trois grands que sont les États-Unis (15.076 Mds $), la Chine (7.298 Mds $) et le Japon (5.867 Mds $). L'Allemagne (3.607 Mds $) s'éloigne de nous. Derrière la France, le Royaume-Uni (2.431 Mds $) et l'Italie (2.199 Mds $) ne sont pas loin (source: site de JDN Business, le 14/12/2012), et l'on peut s'étonner que le tandem germano-français ne leur accorde pas plus de considération dans la « direction » de l'Union européenne.

 

Pour les politiciens et les médias, le PIB est aussi la « création de richesse nationale » ou, pire, la « richesse nationale » elle-même. Il ne faut pas se leurrer sur la signification de cette « richesse » pour la population car, en terme de PIB par habitant, avec 43.088 $ en 2011, les Français sont en vingtième position dans le monde. Très loin derrière les habitants du Luxembourg (115.809 $), du Qatar (98.144 $), de la Norvège (97.607 $), de la Suisse (83.073 $) et de l'Australie (66.371 $). Moins éloignés des États-Unis (48.328 $) et du Japon (45.870 $). En Europe de l'Ouest, nous faisons partie des « classes moyennes », loin du Danemark et de la Suède, derrière les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande, l'Irlande, la Belgique et juste en dessous de l'Allemagne (44.111 $). (Même source.)

 

La France est aussi le sixième exportateur mondial, insisteront certains. C'est exact. Mais, selon les chiffres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec 763 Mds $ en 2011, elle ne peut se mesurer aux trois géants de l'export, la Chine (2.080 Mds $), les États-Unis (2.061 Mds $) et l'Allemagne (1.725 Mds $). Devant elle se tiennent aussi le Japon (965 Mds $), éternel « agonisant », et les Pays-Bas (795 Mds $), ce « petit » européen. Juste après la France, se trouve le Royaume-Uni (747 Mds $), place forte financière à proximité de la zone euro. L'Italie (628 Mds $), si décriée, et la Belgique (564 Mds $), ce « petit » plat pays à nos portes, sont sur nos pas.

 

Si nos médias ne se privent pas de vanter les prouesses de « notre » Airbus face à son concurrent américain Boeing, ils sont moins prolixes sur nos ventes d'armes. Modeste aussi, le Rapport annuel sur les exportations des industries de l'armement indique: « Avec 6,5 milliards d'euros de prises de commandes en 2012, la France se maintient parmi les cinq premiers exportateurs mondiaux d'armement » (site: defense. gouv.fr). Amnesty International précise que six pays exportent les trois- quarts des armes dans le monde et que la France occupe la deuxième place, derrière la Chine et devant l'Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Preuves que nos industriels ne manquent pas de talent et d'armes technologiques quand il s'agit de défense... et de bonnes causes. Pourquoi ne pas les mettre plus au service de la réindustrialisation et de la croissance ?

 

Le France est au cinquième rang des importateurs (857 Mds $), derrière les États-Unis, la Chine, l'Allemagne et le Japon. Dommage ! Car notre balance commerciale est déficitaire de - 94 Mds $. Seuls les États-Unis (- 600 Mds $), qui abusent du statut du dollar, première monnaie de réserve ainsi que de transaction, et l'Inde (- 145 Mds), qui s'industrialise et peine à nourrir sa nombreuse population, ne font pas mieux. Par habitant, nous sommes les plus forts importateurs derrière les États-Unis! Qui s'en inquiète réellement ? Au contraire, l'Allemagne est la championne de l'excédent commercial (+ 182 Mds $) en 2011, devant l'Arabie Saoudite (+ 178 Mds $), et son pétrole, et la Russie (+ 163 Mds), avec ses hydrocarbures. L'excédent commercial de la Chine n'est que de + 100 Mds $. Elle s'équipe et se modernise à toute allure. En même temps, la consommation croît rapidement.

 

Dans la zone euro, à côté de l'Allemagne, les Pays-Bas (+ 78 Mds $), la Belgique, l'Autriche et le Danemark ont une balance excédentaire. Ailleurs en Europe, la Norvège, la Suède et la Suisse sont en excédent aussi. Le solde de la balance commerciale est un indicateur de la compétitivité des pays. Celui de la France est inquiétant. Il est largement corroboré par le classement 2012 des trente pays les plus compétitifs que vient de publier l'International Institute for Management Development suisse, qui a sélectionné les pays qui combinent le mieux « leurs ressources économiques et humaines dans le but d'accroître leur prospérité » (journaldunet.com/economie). La palme revient à Hong-Kong pour le dynamisme de ses entreprises, devant les États-Unis, pour leur capacité à innover, et la Suisse, pour son système budgétaire sain qui attire les investisseurs. La France est à la vingt-neuvième place, l'Allemagne occupe la neuvième. À noter qu'à l'exception des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et de la Finlande, les vingt premiers ont tous des balances commerciales excédentaires en 2011. Un violent choc de compétitivité est indispensable pour redevenir réellement la cinquième puissance mondiale.

 

Des échanges catastrophiques pour la France à l'intérieur de l'UE. Il est irresponsable de continuer ainsi

 

Avec les pays extérieurs à l'UE, la France a une balance équilibrée (+ 0,45 Mds € en 2011, selon Eurostat). Elle parvient à compenser le déficit géant avec la Chine (- 28,7 Mds €) et ceux, non négligeables avec la Russie (- 7 Mds €), les États-Unis (- 6,2 Mds €), la Norvège (- 5,5 Mds €) et le Kazakhstan (- 5,1 Mds €) (source INSEE).

Son malheur, le nôtre, vient de l'intérieur de l'Union européenne. Le grand marché... unique (en son genre), tant voulu par Jacques Delors et les européistes, est un leurre, un miroir aux alouettes, un piège pour la France, qui nous a coûté la bagatelle de 85,1 Mds € en 2011 et des centaines de Mds depuis l'an 2000. En profitent de bons « faux amis », vrais concurrents plus compétitifs et plus pugnaces que la France, ses gouvernants et ses patrons. Des concurrents « loyaux », qui ont fait de la France un terrain de chasse où leurs marchandises peuvent pénétrer par les routes et les autoroutes à bas coûts que nous avons construites et améliorées pour eux.

 

L'Allemagne réalise + 17, 7 Mds € d'excédent commercial de biens sur la France. Les plus perforants sont ensuite la Belgique (+ 9,1 Mds €), l'Irlande (+ 4,4 Mds €), les Pays-Bas (+ 4,1 Mds €) et l'Italie (+ 3,7 Mds €).

Il est évident qu'une telle faiblesse et l'entrave à la croissance qu'elle constitue sont inacceptables. Le redressement de notre balance commerciale intra-communautaire est une priorité. Il faut le dire et le répéter pour que les gouvernants, les politiciens, les médias et les agents économiques et sociaux en prennent pleinement conscience et réagissent en conséquence. Il importe également de dresser un bilan sincère de ce que nous apporte l'appartenance à l'Union européenne et à la zone euro... et ce qu'elle nous coûte réellement. Sans continuer de jeter la poudre aux yeux des citoyens et d'affirmer des contrevérités sur ses insondables vertus.

 

La dépense intérieure, principal moteur de la croissance ? Il faut abandonner cette vieille lune

 

Depuis des décennies nos dirigeants, leurs conseillers et d'influents économistes croient dur comme fer que la demande finale intérieure (consommation finale, investissements et variations de stocks) est invariablement le moteur principal de la croissance de notre PIB. Presque comme si l'économie de la France était fermée. Tout simplement parce que leur vision est « arithmétique » et limite l'influence du commerce extérieur à la prise en compte de l'évolution du solde commercial dans l'égalité ressources - emplois de la comptabilité nationale: PIB + importations = demande Intérieure + exportations (qui s'écrit aussi: PIB = demande intérieure (DI) + solde commercial). Et le solde commercial, qu'il soit positif ou négatif, n'est que l'ordre de quelques pour cents de la valeur du PIB et de celle de la DI. Ainsi, en 2011, le PIB est de 1996,6 Mds €, un peu inférieur à la DI, 2052,7 Mds €, et le solde commercial est de - 56,1 Mds € (2,8% du PIB). Le poids de ce solde est ainsi minime, et celui de la demande intérieure, archi-dominant. Une telle conviction a conduit à sous-estimer le rôle dynamique du commerce extérieur dans la détermination de la croissance. En effet, en 2011, par ex. 27 % du PIB est allé aux exportations (538,2 Mds €), et les importations (594,3 Mds €) ont représenté 29 % de la valeur de la demande finale intérieure. Encore faut-il préciser que les exportations sont ici comptabilisées hors taxes et les importations hors taxes et hors marges commerciales, alors que le PIB et la DI sont comptés TTC et marges comprises.

 

 Cette importance excessive apportée à la demande intérieure a poussé à la majoration incessante de la dépense publique ainsi qu'à l'incitation persistante à la consommation et à l'endettement des ménages. La France n'est pas encore guérie de ces maladies. Et des économistes médiatisés ne craignent pas d'exprimer des craintes pour l'Allemagne, dont la croissance serait déséquilibrée par son excédent commercial trop élevé. Elle dépendrait trop de l'extérieur. Et les perspectives mondiales de croissance apparaissent menaçantes. Plutôt moins que celles de l'Union européenne, cependant. Et la concurrence va encore se durcir sur les marchés extérieurs et intérieurs.

 

L'augmentation de la DI peut redevenir un moteur plus puissant de la croissance. A condition qu'elle n'entraîne pas la montée incontrôlée des importations. Et la DI n'est pas une « variable exogène » que l'on peut commander à son aise, en s'endettant toujours plus. Elle dépend étroitement des revenus des agents économiques et, par conséquent, de la croissance et de l'emploi. C'est évidemment pourquoi aussi le choc de compétitivité s'impose. Pour être efficace, la dépense doit bannir les gaspillages et comporter une part suffisante d'investissements publics et privés rentables pour la collectivité. Des choix judicieux et une sélectivité rigoureuse sont indispensables. Là aussi, il faut abandonner les vieilles lunes du pseudo keynésianisme jusque-là dominant, pour lequel : « dépensez davantage, dépensez n'importe comment, la croissance vous le rendra, avec des intérêts ». À cet égard, beaucoup de progrès sont à faire, particulièrement dans les domaines du soutien de la croissance et de l'emploi, des infrastructures économiques, ainsi que de l'éducation, dévoreuse de fonds.

 

La France en « stagrécession », à un pas de la franche récession

 

Depuis presque deux ans, du premier trimestre 2011 au quatrième trimestre 2012, selon des données récentes de l'INSEE, la croissance du PIB n'a atteint que + 0,2 % à prix constants. Elle a été « négative » (pour ne dire que le PIB a baissé) au deuxième et quatrième trimestre 2012 (- 0,1 % et - 0,2 %). Mais il ne faut surtout pas parler de récession car ce ne sont pas deux trimestres consécutifs. Le PIB s'est relevé de + 0,2 % au troisième trimestre. Il a glissé de - 0,1 % au cours de l'année 2012. Il ne faudrait pas trop s'en inquiéter, car entre 2011 et 2012, il a augmenté de + 0,1 %, grâce à « l'acquis de croissance » à la fin de 2011. Byzantin? Mais, « ce n'est pas Byzance! », peut-on dire. Nous sommes en pleine « stagrécession », et à un pas de verser franchement dans la récession. La population de la France croît de + 0,54 % par an. Sur la période considérée de sept trimestres, elle a donc gagné + 0, 94 %... et le PIB par habitant a régressé de - 0,7 %. Ce déplaisant recul a été peu signalé.

 

Sur la même période, la consommation totale des ménages a baissé de - 0,5 %, soit de - 1,4 % par habitant. Quand les revenus sont à la peine, la consommation rétrécit, les ceintures se serrent. Aussi, il a fallu une augmentation (+ 2,1 %) de la consommation des administrations publiques, contraire aux objectifs budgétaires, et une fort heureuse avancée des exportations (+ 4,7 %), accompagnée d'une légère diminution des importations (- 0,4 %), pour épargner à l'économie une indiscutable et officielle récession.

 

Ceci souligne l'importance du commerce extérieur dans la dynamique de croissance, surtout lorsque la conjoncture est maussade. Il appartient à l'État, aux entreprises, grandes, moyennes et petites, aux banques, aux travailleurs, ainsi qu'aux consommateurs, de se mobiliser ensemble pour engager véritablement la bataille pour produire et consommer français en France, conquérir de nouveaux marchés à l'étranger et cesser de délocaliser.

 

À ce propos, l'Algérie, où le président Hollande vient de se rendre, renforcé par neuf ministres et une tripotée de patrons, n'est sans doute pas une des meilleures cibles pour propulser nos exportations en avant. Renault n'a pas besoin d'appui politique de haut niveau pour délocaliser. La stimulation n'est pas indispensable pour que davantage d'Algériens viennent chercher du travail en France... où il y a déjà trop de chômeurs Gagner des parts de marchés est d'autant plus nécessaire que les perspectives d'évolution de la demande intérieure sont grises à moyen terme. L'INSEE n'attends que + 0,1 % pour les six premiers mois de l'année. Il prévoit + 0,2 % pour le PIB. Aussi, le chômage ne va pas cesser d'augmenter... jusqu'à la fin de l'année 2013, d'après François Hollande, qui promet une inversion de la tendance à cette échéance. Si « l'objectif de croissance du PIB de + 0,8 % », qu'il vient de reconfirmer, est atteint? Irréaliste, entend-on de toute part. Sauf miracle, qui ne peut venir que de l'étranger. Aussi, s'attend-on à de nouvelles « punitions fiscales justes », qui toucheront encore plus les classes moyennes et pauvres, impactant les revenus, la consommation et l'investissement.

Pour changer de cap : réconcilier les Français, se concentrer sur les vraies priorités, obtenir l'effort de tous

Comment sortir alors de ce cercle néfaste ? Il faut changer de cap, entend-on de partout. Le peut-on avec le même équipage et son capitaine, s'interroge une majorité des Français, découvrant jour après jour davantage que ce dernier ne se conduit pas comme un président de tous les Français, mais comme un monarque socialiste arcbouté sur les soixante commandements de son programme de candidat imprégné d'idéologie. Qui n'hésite pas, avec son Gouvernement, à dresser les pauvres contre les « riches », à attaquer les patrons, les banques et la finance, à monter les jeunes et les « actifs » contre les retraités, les sans-logis contre les propriétaires et l'Église catholique... bref, à semer la division. Crispé, sur la défensive, depuis qu'il a renoncé à des « promesses phares » comme la remise en cause du traité européen Sarkozy-Merkel sur la rigueur budgétaire, auquel il a souscrit au grand dam d'une partie du peuple de gauche. Des alliés de campagne, qui n'acceptent pas sa « politique d'austérité », qui aggrave, disent-ils, la récession, le chômage, la pauvreté et les inégalités. Ou qui lui reprochent de ne pas respecter ses engagements (racoleurs) écologiques énergétiques et environnementaux. Quant à la politique de réindustrialisation de la France, ses aspects les plus visibles sont les tentatives médiatisées de « sauvetages » ou d'adoucissement de sorts de personnels et d'entreprises en détresse... qui révèlent un manque de ligne directrice et de cohérence entre les membres du Gouvernement. L'affaire Gandrange-Arcelor-Mittal en est une triste et piètre illustration. Un président et un Gouvernement affaiblis aussi par la montée du chômage et la perte de confiance qui s'est répandue sur leurs capacités à enrayer la crise et à redresser la situation.

Un scénario funeste, inacceptable

N'ayons pas peur, le plus dur de la crise est passé. Selon eux. Il est grand temps de se préoccuper d'autres vraies priorités figurant au programme. D'abord, donner satisfaction sans plus attendre à quelques dizaines de milliers de gays et de lesbiennes qui désirent obtenir les mêmes droits que les couples hommes-femmes, de se marier et d'adopter. Que cela contrarie profondément des dizaines de millions de citoyens et sape les fondements de notre société est de peu d'importance. Innover, casser les traditions et en imposer d'autres, d'avant-garde, est une mission sacrée, devant laquelle un grand dirigeant socialiste n'a pas le droit de se dérober. Et pas question de référendum. Beaucoup trop fort, le risque de désaveu. La procréation médicale assistée et la gestation pour autrui: pourquoi pas, au fond. Le changement c'est maintenant, ou d'ici peu? Faudrait voir... les sondages.

Il ne faut pas tarder, non plus, à mobiliser l'attention sur l'euthanasie, ou plus exactement maintenant, sur le droit au suicide assisté. Un tellement grand nombre de personnes sont pressées d'y recourir! Les services de soins palliatifs n'y suffisent plus. Même dans les cas les plus désespérés et douloureux, aucun médecin ou soignant n'intervient jamais pour abréger des souffrances insupportables. Et la loi Léonetti ne vaut pas grand-chose. Alors !

Ce serait bien également de faire voter rapidement une loi instituant le droit de vote des étrangers aux élections locales. Avant les élections de 2014, qui se présentent plutôt mal. Que la majorité des citoyens y soient opposés n'est pas gênant. Du moment qu'on peut avoir le nombre de voix requis au Parlement, pas de problème. Il va donc falloir convaincre des sénateurs réticents. Nous sommes en démocratie, non? Socialiste, oui.

Si ces dérivatifs sociétaux ne suffisent pas à masquer ou édulcorer les grands problèmes économiques et sociaux, d'autres voies sont déjà ouvertes. Les rythmes scolaires, par exemple. La scolarisation obligatoire dès l'âge de deux ans. Voilà de grandes réformes éducatives! Et il y a toujours les « affaires » pour faire écran: celles de Dominique Strauss-Kahn, de Nicolas Sarkozy, d'Éric Woerth, de Bernard Arnauld, de Gérard Depardieu, de Bernard Tapie, d'Alain Afflelou, de Jérôme Cahuzac... ainsi que les incartades et les « couacs » des membres du Gouvernement et de Mme Valérie Trierweiler... pour tenir le bon peuple en haleine jusqu'à la fin de l'année 2013. Alors, l'inversion de la courbe du chômage redonnera du tonus à la France et au Gouvernement.

Voilà un scénario politique funeste dont les Français ne veulent pas. Les intéressés doivent vite l'enregistrer.

N.B.: Dernière minute :

Infos de ce jour, 28 décembre (actu. orange.fr): « La croissance révisée à la baisse au troisième trimestre, à 0,1 % au lieu de 0,2 % ». Et sous le titre « France, la récession s'installe », B Mathieu (lexpansion.lexpress.fr) craint pour 2013 des baisses du PIB de - 0,5 %, de la consommation des ménages de - 0,1 %, de l'investissement des entreprises de -2,7 %... ainsi que 350 000 chômeurs supplémentaires.

Patience. D'ici quelques jours, le président ne va pas manquer de confirmer que « gouverner est difficile » et nous souhaiter une bonne année.

 
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05.01.2013
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