par Luc BEYER de
RYKE
Comme d’innombrables Français le soir
du 1er janvier j’ai écouté les vœux de François Hollande. Irrésistiblement j’ai
songé au mot célèbre de Pierre Viansson-Ponté, « La
France s’ennuie ».
La vertu de ces vœux, leur brièveté.
Huit minutes. Un catalogue fait de bonnes intentions et d’impuissance.
Convaincant. Au moins pour une personne, Harlem Désir. Ce qui est rassurant
quant on est secrétaire général du P.S. Il a jugé que le Président de la
République s’était montré à l’écoute des attentes des Français. On aimerait en
être sûr. Plus cruellement, Le Monde rapportait auprès de qui François Hollande
s’était inspiré. C’est lui-même qui le confie. « J’ai relu tous les vœux des
anciens Présidents de la République ». Confession qui attire ce commentaire de
l’éditorialiste : « Dès lors on compris mieux pourquoi l’on avait été si peu
surpris à 20 heures en l’écoutant. »
Ici, comme en littérature, les bons
sentiments ne suffisent pas. Huit minutes sans style, sans envolée ou le
réalisme équivaut à platitude. Terme, morose, tout en grisaille à l’image des
brumes de saison.
La France s’ennuie ? Je l’ignore.
Mais moi, je me suis ennuyé. Il m’est revenu en mémoire le trait d’esprit d’un
homme politique que j’étais allé entendre. Face au public, d’un air las,
désenchanté, désabusé il eut ses mots : « Si j’avais su je ne serais pas venu
m’écouter… » Pour notre ennui malheureusement François Hollande, lui, est
venu.
Une majorité
lézardée
Sa majorité se porte mal. Au Sénat
elle semble avoir vécu. Si les Écolos on un pied de dedans et l’autre dehors à
Notre-Dame-des-Landes, les Communistes, eux, font désormais figure d’opposants.
Dans leurs vœux qui on fait le buzz ils ont ressorti
le marteau pour marteler leurs exigences dans le crâne de François Hollande et
la faucille pour sarcler « la mauvaise herbe » sociale-démocrate. Si on en
restait la il y aurait désagrément, embarras sans doute. Pas
au-delà.
Mais au P.S. même il est une gauche
chaque jour plus mécontente, irritée qui, au fil des jours et des maladresses,
des promesses reniées on annulées par le Conseil constitutionnel, peut devenir
rebelle.
Peut-être Arnaud Montebourg
retrouvera-t-il de la voix ? S’il en est ainsi il lui aura fallu un peu de temps
pour guérir son extinction.
Les frères
ennemis
Il est paraît-il un dieu pour les
ivrognes. Loin de moi de prendre François Hollande pour tel. Peut-être même lui
faudrait-il un peu d’ambroisie gauloise pour lui donner une once d’audace et
d’innovation.
Quoi qu’il en soit pour lui il n’y a
pas un dieu. Il y en a deux : François Fillon et Jean-François Copé. C’est donc
un spectacle que celui des Trois François dont l’un ajoute Jean à son
patronyme.
Le premier, au balcon, regarde les
deux autres se déchirer. Les voici certes réconciliés et il y eut même des
partielles où l’U.M.P a triomphé. Il n’empêche que l’opposition officielle
paraît durablement hypothéquée.
Pendant ce temps-là Marine est en
embuscade et ironise : « François Hollande vit-il dans le même pays que les
Français ? »
S’il en est ainsi disons que la
France va mal.
L’État de la
France
Elle n’est pas la seule, mais ici
c’est elle qui nous importe. La désindustrialisation, le chômage dont la courbe
ne cesse d ‘augmenter comme celle de l’impopularité du chef de l’État, la
finance non maîtrisée, l’amateurisme du Gouvernement, le désarroi moral apporté
par des réformes éthiques qui passent mal, ce sont là, de manière non
exhaustive, les raisons du mal-être et du mal-vivre des
Français.
Aux yeux des voisins de la France il
est un signe matérialisant ce mal-être. Un signe qui les stupéfie et les
inquiète. Ce sont les feux de joie de la Saint-Sylvestre des mille cent
quatre-vingt-treize voitures brûlées sur l ‘ensemble du territoire. Une
tradition paraît-il ? Une maladie plutôt. La France est malade. Elle a la
fièvre. Il lui faut un médecin. Un urgentiste…
***
Vœux d’espérance et
de conviction
Si mon éditorial porte sur les vœux
de François Hollande, ceux-ci sont les miens adressés à tous les membres et
sympathisants de l’Académie du Gaullisme. Des vœux émanant à la fois de Georges
et de moi-même mais aussi les vœux que j’adresse à Georges en particulier. Sans
lui il n’y aurait plus d’Académie. Grâce à lui la flamme vacillante du gaullisme
si souvent renié, bafoué, ou pis encore ignoré, subsiste. Le vœu ardent de
jacques Dauer, mon vieil ami de tant d’années, celui
de Paris Jeune et du Télégramme de Paris, auxquels j’ai participé, ces vœux sont
exaucés. Certes les outrages du temps se sont fait ressentir. Le gaullisme, en
tant que tel, n’existe plus sous l’apparence d’une force
politique.
Mais au sein des formations
politiques, ou en marge, sous des étiquettes diverses et des engagements qui se
contredisent, il est des hommes, des femmes qui ont conscience que sous la
cendre la braise du gaullisme, celui du Général de Gaulle, n’est pas
éteinte.
C’est cette braise que nous avons,
nous, à l’Académie du Gaullisme pour mission d’attiser et … de
ranimer.