MITT ROMNEY EMPORTÉ PAR SANDY


par Luc BEYER de RYKE

 


La politique est tout sauf une science exacte. Au fil des siècles l’homme se croit un démiurge maître de la création, lui qui s’ingénie à la cloner, maître des éléments entreprenant de les dompter. Et pourtant la nature, lorsqu’elle se déchaîne, se joue de ses ambitions, de ses prévisions. En témoignent les élections américaines.

Mitt Romney s’est vu emporté par Sandy. Certes, rien n’était acquis, rien n’était joué mais tout demeurait possible. Romney avait effectués une remontée spectaculaire. Il était au coude à coude avec son rival. Un dernier coup de rein et il pouvait l’emporter. Les siens, lui-même sans doute, n’en doutaient pas. Tous ensemble ils allaient l’emporter. Après Salt Lake City, la Maison Blanche allait devenir le plus grand temple mormon des États-Unis

Sandy vînt. Les colonnes du temple s’écroulent. C’est la vision biblique qu’on peut avoir du naufrage politique de Mitt Romney. Elle est parlante en termes d’image.

Insuffisante si l’on s’attache à l’analyse. C’est vrai que Sandy fut le bad Boy de Mitt Romney. Il se voyait ravir le show par Obama.

 

Les raisons de l’échec

 

Mais au-delà du factuel il y avait la leçon qui en découlait. Elle touche une question de fond qui, précisément, oppose Républicains et Dé-mocrates. Elle concerne le rôle de l’État et celui des états. Pour les Républicains leur vi-sion ultra-libérale les conduits à rendre le pouvoir central le plus squelettique possible. En tout et en toute chose l’individu doit être libre de ses choix. L’État ne peut lui imposer les siens. C’est en invoquant l’esprit des pion-niers que tout Américain doit pouvoir possé-der une arme s’il le souhaite. Une assurance maladie ? Chacun est maître de son destin.

 

Nous ne voulons pas une nation d’assistés. Les Républicains ont mené la vie dure à Obama qui n’a pu faire voter sa loi qu’à l’arraché. Mais lorsqu’un ouragan frappe New York et les états de la côte Ouest seul le pouvoir central peut faire face. Obama l’a fait et bien fait. Il a perçu les dividendes le jour des élections. Ce qui ne doit pas faire oublier les neuf millions de voix perdues en une élection par Obama II. Il y a de la marge entre l’élan qui l’avait porté à la présidence une première fois, la véritable obamania qui avait saisi les États-Unis en 2008 et « la deuxième chance » accordée en 2012. Si elle lui a été accordée une des explications est démogra-phique et sociologique. « Il était une fois l’Amérique ». L’Amérique blanche, protestante est devenue minoritaire ou en passe de l’être. Celle des minorités prend le pas. Elle devient incontournable ; Les Républicains ont échoué à séduire les Latinos. Ils représentent douze millions d’électeurs, soit 11 % du corps électoral. Ils sont très présents dans plusieurs swing states qui font ou défont les majorités.

 

L’intention annoncée de durcir la politique d’immigration a détourné les Latinos de Romney. Là ou George W. Bush en 2004 et John MacCain les avaient eus, Romney les a perdus. La majorité des Latinos, la majorité des jeunes, la quasi-unanimité des Noirs se retrouvant derrière Obama. C’était trop pour que Mitt Romney puisse vaincre. Il perdit. Honorablement dans les votes populaires, sans appel pour ce qui est celui des grands électeurs. Et maintenant ?

 

L’enjeu ? La paix du monde

 

Obama a gagné. Romney a perdu. Tous deux avec dignité. Tous deux en appelant à une réconciliation et à une collaboration néces-saire. Rien n ‘est moins sûr. La coexistence entre la Maison Blanche et le Congrès était difficile. Elle risque de l’être plus encore. Au centre des enjeux il y a tout simplement la paix du monde. Sans être exhaustifs il est au moins trois dossiers qui peuvent la mettre en péril. Ils sont liés. L’Iran, au propre comme au figuré est une « bombe » pour l’Amérique. Est-il techniquement possible d’étouffer dans l’oeuf le « nucléaire » iranien ? L’unanimité est loin d’être faite au Pentagone. Le 21 jan-vier 2013 Obama prêtera serment et entamera son deuxième mandat. Quarante-huit heures plus tard les Israéliens voteront et recon-duiront sans doute le tandem Netanyahou-Lieberman, les amis de Mitt Romney. Ils n’auront de cesse d’entraîner les États-Unis à intervenir en Iran. Netanyahou a fait son calcul. Pour lui l’Iran franchira la ligne rouge l’été prochain. Le sursis sera vite épuisé, après quoi il faudra frapper.

 

Le deuxième dossier concerne le conflit israélo-palestinien. Là où Bill Clinton avait multiplié ses efforts fussent-ils insuffisants et, parfois, unilatéraux, malgré ses bonnes inten-tions, avec Obama ce fut l’enlisement. Paralysé par le Congrès tel un Guliver enchaîné Obama perdit la partie de bras de fer engagée avec Netanyahou. Pourrat-il se libérer de ses entraves et redresser la barre ?

 

C’est possible, c’est douteux.

 

Enfin troisième dossier qui embarrasse le monde entier, la guerre civile qui ensanglante la Syrie. Qui choisir ? Un régime assassin ou des opposants dont les plus organisés appar-tiennent à Al Quaida ou en sont proches ? Cruel dilemme.

 

Enfin pour clore tout sur fond de mon-dialisation et de crise économique va se pour-suivre le dialogue ou la confrontation sino-américaine Barak Obama et Xi Zinpin, « le mystérieux M. Xi », le nouveau secrétaire général du Parti Communiste chinois vont régir nos destinées. Comme dans les temps lointains ou le pape et l’empereur dessinaient une ligne pour se par-tager le mappemonde ; figuration de l’hémis-phère terrestre.

Pour répondre et faire face comme le proclamait Le Téméraire :

 

 

« Il n’est pas nécessaire d’espérer... ... Efforçons nous, malgré tout, de réussir.

 

 
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10.11.2012
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