La politique
est tout sauf une science exacte. Au fil des siècles l’homme se croit un
démiurge maître de la création, lui qui s’ingénie à la cloner, maître des
éléments entreprenant de les dompter. Et pourtant la nature, lorsqu’elle se
déchaîne, se joue de ses ambitions, de ses prévisions. En témoignent les
élections américaines.
Mitt Romney s’est
vu emporté par Sandy. Certes, rien n’était acquis, rien n’était joué mais tout
demeurait possible. Romney avait effectués une remontée spectaculaire. Il était
au coude à coude avec son rival. Un dernier coup de rein et il pouvait
l’emporter. Les siens, lui-même sans doute, n’en doutaient pas. Tous ensemble
ils allaient l’emporter. Après Salt Lake City, la Maison Blanche allait devenir
le plus grand temple mormon des États-Unis
Sandy vînt.
Les colonnes du temple s’écroulent. C’est la vision biblique qu’on peut avoir du
naufrage politique de Mitt Romney. Elle est parlante
en termes d’image.
Insuffisante
si l’on s’attache à l’analyse. C’est vrai que Sandy fut le bad Boy de Mitt
Romney. Il se voyait ravir le show par Obama.
Les
raisons de l’échec
Mais au-delà
du factuel il y avait la leçon qui en découlait. Elle touche une question de
fond qui, précisément, oppose Républicains et Dé-mocrates. Elle concerne le rôle de l’État et celui des
états. Pour les Républicains leur vi-sion ultra-libérale les conduits à rendre le pouvoir central le
plus squelettique possible. En tout et en toute chose l’individu doit être libre
de ses choix. L’État ne peut lui imposer les siens. C’est en invoquant l’esprit
des pion-niers que tout Américain doit pouvoir possé-der une arme s’il le souhaite. Une assurance maladie ?
Chacun est maître de son destin.
Nous ne
voulons pas une nation d’assistés. Les Républicains ont mené la vie dure à Obama qui n’a pu faire voter sa loi qu’à l’arraché. Mais
lorsqu’un ouragan frappe New York et les états de la
côte Ouest seul le pouvoir central peut faire face. Obama l’a fait et bien fait. Il a perçu les dividendes le
jour des élections. Ce qui ne doit pas faire oublier les neuf millions de voix
perdues en une élection par Obama II. Il y a de la
marge entre l’élan qui l’avait porté à la présidence une première fois, la
véritable obamania qui avait saisi les
États-Unis en 2008 et « la deuxième chance » accordée en 2012. Si elle lui a été
accordée une des explications est démogra-phique et
sociologique. « Il était une fois l’Amérique ». L’Amérique blanche, protestante
est devenue minoritaire ou en passe de l’être. Celle des minorités prend le pas.
Elle devient incontournable ; Les Républicains ont échoué à séduire les
Latinos. Ils représentent douze millions d’électeurs, soit 11 % du corps
électoral. Ils sont très présents dans plusieurs swing states qui font ou
défont les majorités.
L’intention
annoncée de durcir la politique d’immigration a détourné les Latinos de
Romney. Là ou George W. Bush en 2004 et John MacCain
les avaient eus, Romney les a perdus. La majorité des Latinos, la
majorité des jeunes, la quasi-unanimité des Noirs se retrouvant derrière Obama. C’était trop pour que Mitt
Romney puisse vaincre. Il perdit. Honorablement dans les votes populaires, sans
appel pour ce qui est celui des grands électeurs. Et maintenant ?
L’enjeu
? La paix du monde
Obama
a gagné. Romney a perdu. Tous deux avec dignité. Tous deux en appelant à une
réconciliation et à une collaboration néces-saire.
Rien n ‘est moins sûr. La coexistence entre la Maison Blanche et le Congrès
était difficile. Elle risque de l’être plus encore. Au centre des enjeux il y a
tout simplement la paix du monde. Sans être exhaustifs il est au moins trois
dossiers qui peuvent la mettre en péril. Ils sont liés. L’Iran, au propre comme
au figuré est une « bombe » pour l’Amérique. Est-il
techniquement possible d’étouffer dans l’oeuf le «
nucléaire » iranien ? L’unanimité est loin d’être faite au Pentagone. Le 21
jan-vier 2013 Obama prêtera
serment et entamera son deuxième mandat. Quarante-huit heures plus tard les
Israéliens voteront et recon-duiront sans doute le
tandem Netanyahou-Lieberman, les amis de Mitt Romney.
Ils n’auront de cesse d’entraîner les États-Unis à intervenir en Iran.
Netanyahou a fait son calcul. Pour lui l’Iran franchira la ligne rouge l’été
prochain. Le sursis sera vite épuisé, après quoi il faudra
frapper.
Le
deuxième dossier concerne le conflit israélo-palestinien. Là où Bill Clinton
avait multiplié ses efforts fussent-ils insuffisants et, parfois, unilatéraux,
malgré ses bonnes inten-tions, avec Obama ce fut l’enlisement. Paralysé par le Congrès tel un
Guliver enchaîné Obama
perdit la partie de bras de fer engagée avec Netanyahou. Pourrat-il se libérer
de ses entraves et redresser la barre ?
C’est
possible, c’est douteux.
Enfin
troisième dossier qui embarrasse le monde entier, la guerre civile qui
ensanglante la Syrie. Qui choisir ? Un régime assassin ou des opposants dont les
plus organisés appar-tiennent à Al Quaida ou en sont proches ? Cruel
dilemme.
Enfin
pour clore tout sur fond de mon-dialisation et de
crise économique va se pour-suivre le dialogue ou la
confrontation sino-américaine Barak Obama et Xi Zinpin, « le mystérieux M. Xi », le nouveau secrétaire
général du Parti Communiste chinois vont régir nos destinées. Comme dans les
temps lointains ou le pape et l’empereur dessinaient une ligne pour se par-tager le mappemonde ;
figuration de l’hémis-phère terrestre.
Pour
répondre et faire face comme le proclamait Le Téméraire
:
«
Il n’est pas nécessaire d’espérer... ... Efforçons nous, malgré tout, de
réussir.