Cesser la propagande à sens unique, informer
correctement, débattre, d'abord.
À l'approche d'une possible prise de décision
susceptible d'avoir des répercussions profondes sur notre société, sur la
perception des valeurs et de l'éthique qui la fondent, les citoyens ont droit à
une information exacte, et non « politiquement contrô-lée ». La désinformation et la propagande partisane à
sens unique doivent cesser ou, à défaut, faire l'objet de démentis appropriés,
démonstrations à l'appui. Il faut renoncer aux slogans creux, à l'emporte-pièce,
tels « le mariage pour tous ». En France, le mariage est en perte de vitesse, le
PACS progresse et toutes les personnes homosexuelles ne tiennent pas à se
marier, ni même à s'unir, loin s'en faut. Il est donc utile aussi de savoir
assez précisément quelles et combien de personnes adultes, d'enfants de
familles, sont réellement concernées, parmi ceux et celles qui revendiquent,
ainsi que parmi ceux et celles qui sont opposées et réticentes.
Non, l'Union européenne (UE) n'a
pas décidé d'imposer le mariage homosexuel et l'homopa-rentalité en Europe. Par une résolution non contrai-gnante, « Le Parlement européen a appelé, pour la
première fois de son histoire, l'ensemble des pays européens à légaliser les
unions entre personnes du même sexe » indiquait RTBF Monde sur
son site internet le 24 mai 2012. Le Parlement a félicité les seize États
membres qui l'avaient déjà fait sous différentes formes et invité les onze États
restants à « envisager de faire de même ». Nuance, donc !
Pour sa part, la Cour Européenne
des Droits de l'Homme a estimé que « le fait de réserver le mariage aux
couples constitués d'un homme et d'une femme relève des prérogatives des lois
nationales et ne constitue pas une discrimination » (wikipedia.org,
au 18/10/2012). Cette parole d'évangile de la Cour met évidemment à mal les
accusations de discrimination brandies pour faire légaliser le mariage
homosexuel.
Non, la « Représentation Nationale
» (RN: députés et sénateurs) n'est pas habilitée à décider sur ce sujet à la
place des citoyens. N'en déplaise à ceux qui pro-fessent le contraire. Il est prétentieux et antidémocra- tique d'affirmer que les gouvernants et ces
élus sont plus clairvoyants, précurseurs, avant-gardistes, que le bon peuple et
sont mieux à même d'introduire, voire d'imposer, des changements sociétaux,
aussi importants soient-ils, porteurs de progrès... à leurs yeux ou selon leurs
idéologies. Quels qu'en soient le prix et les conséquences. Pourquoi s'opposer à
un référendum? Par peur de voir affirmées les véritables positions des Français
et de devoir reculer, sans doute.
En outre, notamment en raison de
l'absence de la moindre dose de proportionnelle aux élections législatives,
ainsi que des tractations, des alliances de circonstances, qui interviennent
entre les partis lors des élections, notre Assemblée nationale n'est absolument
pas représentative de la population des électeurs français. Les citoyens le
savent, mais on a tendance à vouloir le leur faire oublier.
Jusqu'en mai 2012, la droite était
majoritaire à l'Assemblée nationale. Pour la « Représentation nationale », il
n'était alors pas question de légaliser le mariage homosexuel. Quelque mois plus
tard, la nouvelle « RN » serait d'un avis contraire. De quelle « Représentation
» s'agit-il ? De celle du pouvoir en place, qui change son fusil d'épaule à
chaque alternance. Soyons sérieux ! Il est révélateur, à ce propos, que lors du
débat télévisé du 25 octobre entre MM. F. Fillon et J.-F. Copé, tous deux se
soient déclarés opposés au mariage homosexuel et que le premier ait dit que la
droite remettrait en cause la réforme si elle revenait au pouvoir en 2017. À
juste titre, il a prévenu des divisions, des perturbations et des troubles que
peut engendrer le projet et a demandé à l'actuel Président de le différer.
Lorsqu'il s'agit d'imprimer des changements sociétaux, surtout
lorsque ceux-ci concernent des opinions, des croyances, des traditions, des
attitudes et des compor-tements profondément ancrés,
la « légitimité », la puissance et l'efficacité des lois montrent rapidement
leurs limites... si elles ne recueillent pas dès leur proposition, un large et véritable assentiment. Et la
répression des opposants, des résistants, ne peut qu'envenimer les choses.
Alors, un référendum ou rien !
Tirer des enseignements des expériences de pays
voisins
Apportant une contribution à la
promotion du « tourisme homosexuel » (et pourquoi pas du projet de loi en
question chez nous), le 25 octobre 2012, le site internet Orange
affichait sur sa page portail d'accueil: « Des coins plutôt gays! - Ces
pays à visiter où le mariage unisexe est légal – Reportages ». Le «
reportage », au regard empreint de sympathie, avec ses treize photos
(d'homosexuels), faisait défi- ler treize pays qui
autorisent le mariage homosexuel, avec quelques lignes « d'informations » et/ou
de commentaires.
Nous pouvons sans doute tirer des
enseignements des expériences de pays voisins, en particulier, en matière de
mariage homosexuel et d'adoption. Il est étonnant que les promoteurs du projet
ne l'aient pas fait et les principaux opposants non plus. Un tel « inventaire" »
peut faire prendre conscience que dans les pays où le mariage et (souvent)
l'adoption homosexuelle ont été légalisés, tout ne s'est pas passé comme dans un
rêve, sans discordes, sans divisions dans la société, avant et au cours des
élections parlementaires décisives. Ni après, sans résistances et frictions,
sans violences de la part de personnes ou de groupes, de « minorités ethniques
», comme il est relaté en Belgique, aux Pays-Bas ou au Danemark, par exemple.
Il peut faire observer, à l'aide de
statistiques indiscutables, que la proportion des homosexuels dans nos sociétés
est très inférieure à ce que disent les sondages dont on parle et des chiffres
annoncés par d'actives associations homosexuelles. Comme en France et en
Belgique.
Il peut montrer que la légalisation
du mariage homosexuel, là où elle a eu lieu, a donné des résultats quantitatifs
bien inférieurs à ceux escomptés. Cet insuccès est observable en Belgique, aux
Pays-Bas, en Espagne, par exemple, où d'autres formes d'unions légales existent,
apparemment plus attrayantes pour les personnes concernées qui n'optent pas pour
l'union libre.
Quant à l'adoption d'enfants par
des couples homosexuels, plus contestée que le mariage et qui fait l'objet de
plus de réserve de la part des États, l'examen peut révéler que, plus forts que
les lois qui les autorisent, des obstacles naturels, sociétaux et internationaux
s'opposent aux adoptions... et les rendent quasiment impraticables.
Il sera aussi possible de constater
que « lorsque le doigt est pris dans l'engrenage, c'est tout le bras qui est
entrainé ». Ainsi, les royaumes du Danemark, de la Suède et de la Norvège, des
États « progressistes » avant-gardistes, ont pris le tournant du mariage
homosexuel religieux. L'Église luthérienne, dominante, est Église d'État dans
ces pays. Elle est très peu présente et influente en France, où le catholicisme
est la religion de la majorité des citoyens et où l'Islam a pris la seconde
position. Le terrain est donc moins favorable à ce type de dérive. Et puis la
laïcité nous protège? Est-ce suffisant pour ne pas nous inquiéter?
Ces points que j'ai pu relever
devraient inciter notre Gouvernement à moins de précipitation et à un examen
approfondi de la question qu'il soulève. Sous peine d'y laisser encore des
plumes en provoquant plus de mécontentement et d'hostilité qu'il ne pourrait
donner de satisfactions.
J'ai voulu regarder ce qui s'était
passé en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne, où la légalisation du mariage
homosexuel a eu lieu depuis plusieurs années. Pour la Belgique, j'ai pu trouver
des informations fiables assez précises. Pour les Pays-Bas et l'Espagne j'ai
buté sur des problèmes linguistiques; je n'ai pas pu aller sur les sites publics
nationaux et ai utilisé les informations en langue française que j'ai pu
recueillir sur le Net. Il en est de même pour le Danemark, la Suède et la
Norvège, des « précurseurs » et « inspirateurs » des pays qui ont décidé de les
imiter;
Aux Pays-Bas : peu de mariages homosexuels et une
situation qui s'envenime
Une loi du 5 juillet 1997 a
autorisé la constitution, à partir du 1er janvier 1998, d'unions civiles entre
per-sonnes de sexes différents et entre personnes
homo-sexuelles, conférant aux couples ainsi unis des
droits comparables à ceux ouverts ultérieurement par nos PACS en France. Puis,
après de vifs débats, une loi du 21 décembre 2000, entrée en vigueur au 1er
avril 2001, a fait du royaume, le premier État qui a légalisé le mariage
homosexuel. L'adoption d'enfants de nationalité néerlandaise a été autorisée,
mais la filiation (reconnaissance de l'un des conjoints comme parent des enfants
de l'autre) n'a pas été rendue automatique (cf. Mariage homosexuel aux
Pays-Bas -Wikipédia).
Dix ans après, un constat pouvait
être fait: « Depuis une décennie, près de 15.000 néerlandais ont profité de la
législation... (fr.euronews.net et atlantico.fr) ». Très peu de
mariages homosexuels (7.500), somme toute, dans une population de 16.760.000
habitants en 2011. À la hauteur des réclamations qui ont poussé les socialistes,
avec l'aide des libéraux, à faire voter cette loi à laquelle les opposants
étaient nombreux ?
Ou instructif
échec?
En avril 2010, GertHekma, professeur de
sociologie à l'université d'Amsterdam, alors aussi chercheur invité de l'INSERM,
a pu observer que la question de l'ac-ceptation
sociale de la politique envers l'homo-sexualité en
Hollande qui n'était pas encore tota-lement accomplie
restait toujours posée.
« Dans des enquêtes réalisées en
population générale, 90-95 % des répondants déclarent accepter les gays et les
lesbiennes, mais en même temps, on note que 45 % déclarent ne pas tolérer que
deux hommes s'embrassent dans la rue, contre 37 % lorsqu'il s'agit de deux
femmes et moins de 10 % lorsqu'il s'agit d'un homme et d'une femme. Selon une
opinion très répandue, l'acceptation sociale des homosexuels ne serait pas
totalement réussie parce que les musul-mans, ou plus
généralement les minorités ethniques et culturelles rejettent les gays et les
lesbiennes. Il est évident qu'il y a là un problème. Selon certains obser-vateurs, ces groupes auraient plus fréquemment des
opinions négatives sur les homosexuel/les que les autres Néerlandais. Selon
d'autres observateurs, le problème ne peut être réduit aux questions de religion
ou d'ethnicité: de nombreux Néerlandais restent plus ou moins antihomosexuels. De plus, les différences de pouvoir n'ont
pas changé entre les homos et les hétéros parce que si les gays et lesbiennes
sont acceptés, ils restent toujours marginalisés et font face à des attitudes de
rejet et de discrimination. Les gays ne sont pas considérés comme "authentiques"
car ils dérogent aux rôles de genre qui imposent aux hommes de se présenter
comme masculins, hétérosexuels et modérés dans leur sexualité. Cette critique
est moins claire dans le cas des lesbiennes. Selon les lois de genre, les
homosexuels sont acceptés à la condition qu'ils se comportent de façon "normale"
en n'étant ni trop visibles, ni trop sexualisés, ni trop efféminés.
»
Courageuse, cette analyse avec ses
litotes, dans un pays où la dictature de la pensée unique (cf. Les
incroyables 90-95 % qui, notons-le, ne concernent pas l'acceptation du
mariage homosexuel) semble s'être installée et interdire le parler vrai ainsi
que l'expression sincère de ses opinions. L'auteur indique aussi que « le
soutien de la gauche s'est affaibli afin de ne pas perdre le soutien politique
des minorités ethniques et culturelles qui votent massivement pour la gauche
». Voilà de bons sujets de réflexion pour M. François Hollande et ses amis.
Le 21 novembre 2011, RFI
(rfi.fr) s'interroge et titre : Pays-Bas : une nation moins tolérante
envers les homosexuels ? En effet, sept jours plus tôt, une loi a été votée
à la première Chambre pour contraindre les officiers de l'état civil à marier
les couples homo-sexuels. Car une centaine d'entre eux
refusaient de le faire. À ce moment-là, à la seconde Chambre [Sénat],
l'opposition des chrétiens-démocrates, membres de la coalition au pouvoir,
aurait pu tout remettre en question. Il n'en a rien été.
« L'homosexualité est acceptée
par 90 % des Néerlandais, selon le Bureau de planification culturelle et sociale
(SCP), mais seulement par 25 % des immigrés d'origine marocaine et 30 % des
immigrés d'origine turque ». Il est aussi indiqué: « N'empêche. Les
agressions physiques contre les couples homo-sexuels
se multiplient ». Surtout à Amsterdam. Les actes de discrimination ont
augmenté de 13 % en 2009 et de 54 % en 2010. « Dans 86 % des cas, les
agresseurs sont des Néerlandais de souche », est-il précisé. Pour Laurent
Chambon (sociologue français cité, résidant à Amsterdam) : « Crise économique
et tensions sociales font monter l'agressivité, notamment parmi les classes
moyennes et défavorisées ». N'y aurait-il pas surtout overdose à
Amsterdam, que des dizaines de couples gays et lesbiens auraient quitté en 2009,
2010 et début 2011), ainsi que dans le reste du pays ?
« Amsterdam n'est plus la
capitale gay » se lamente Radio Nederland Wereldomroepsur son site rnw.nl le 8 février
2011. Des villes comme Barcelone, Berlin et Paris la concurrenceraient
dangereusement. Aussi, les sections locales du parti travailliste PvdA et du parti libéral VVD ont décidé de prendre des
mesures pour rétablir la situation. Au parti libéral, on estime notamment que le
déclin de la vie gay à Amsterdam nuit aussi à la vie économique, les touristes
gay dépensant en général plus que les autres catégories de touristes.
En voilà de nobles ambitions pour
une ville déjà renommée pour son ouverture aux touristes amateurs de drogues
douces... et plus si affinités. La France et Paris doivent-ils suivre ce chemin
et considérer les Pays-Bas comme un modèle sociétal de référence? Evidemment
non!
En Belgique :
moins de mariages homosexuels que prévu, quasiment pas
d'adoptions
En Belgique, une loi a instauré la
cohabitation légale le 23 novembre 1998. Celle-ci est ouverte à deux per-sonnes qui vivent ensemble, qu'il s'agisse de couples de
personnes hétérosexuelles ou homosexuelles, de membres d'une même famille, ou
encore d'autres personnes n'entretenant pas de relation à connotation sexuelle.
Ce statut, qui officialise la solidarité entre deux personnes, a rencontré un
franc succès, qui n'a, d'ailleurs, pas été affecté après la légalisation
ultérieure du mariage homosexuel. Cette légalisationdu mariage a été décidée par une loi
du 30 janvier 2003 appliquée à partir du 30 juin 2003. L'adoption d'enfants par
des couples homosexuels n'était pas acceptée et la naissance d'un enfant
n'impliquait pas la filiation. Malgré un avis négatif du Conseil d'État, le
Gouvernement fit adopter par le Parlement fédéral une loi le 2 décembre 2005
autorisant les personnes homosexuelles mariées à adopter. Le 18 mai 2006, une
nouvelle loi vint accorder le même droit aux couples homosexuels pouvant faire
état d'une déclaration de cohabitation ou de trois ans de vie
commune.
Le
royaume de Belgique compte onze millions d'habitants (en 2011). 9 % de sa
population est étrangère. Sa capitale est aussi la capitale de l'Union
européenne. Dire que les Régions flamande et wallonne ne s'entendent pas serait
un euphémisme, pas seulement en raison du bilinguisme, qui ne favorise
apparemment pas les rapprochements. Les intentions séparatistes gagnent, surtout
du côté flamand, et l'éclatement parait périodiquement imminent. Malgré cette
mésentente, l'organisme statistique public belge SPF-Économie (statbel.fgov.be)
ras-semble des données, venant du Registre national,
notamment, qui permettent d'observer les résultats des politiques suivies depuis
l'an 2000 au niveau national et à celui des trois grandes régions, la Région de
Bruxelles - capitale, la Région flamande et la Région wallonne.
Des
mariages en chute libre de 1990 à 2000. La courbe des
mariages n'a été que temporairement infléchie par l'arrivée de la cohabitation
légale (Coleg, dans la suite). Après s'être effondré
de 64 554 en 1990 à 51.402 en 1995 puis à 45.123 en 2000, le nombre de mariages
enregistrés annuellement a encore baissé jusqu'à 40.434 en 2002. Depuis 1999,
cette dernière baisse est à mettre en relation avec l'entrée en vigueur de la
Coleg. Puis, le nombre annuel de maria-ges est remonté jusqu'à près de 45.600 en 2007 et en
2008, pour se situer à 42.159 en 2010. Pendant la période 2000-2010, 477.330
mariages ont été célébrés (43.300 par an en moyenne). Il faut dire aussi que la
« divortialité » est élevée et que 336.689 divorces ont été prononcés (30.000
par an, en moyenne).
Bien moins de mariages homosexuels que
prévu.Dans l'ensemble du pays, le nombre de personnes
mariées avec quelqu'un du même sexe n'a pas progressé en sept ans, depuis 2004
jusqu'à 2010 : un peu moins de 2.200 par an, en moyenne, avec un peu plus
d'hommes que de femmes. Au total: 15.219 personnes mariées. Des divorces n'ont
pas tardé à intervenir. Leur nombre a crû rapidement. 449 personnes
homosexuelles ont divorcé en 2010, ce qui correspond déjà à un peu plus de 20 %
du nombre de celles mariées la même année. Au total 1.431 personnes ont divorcé.
Restaient ainsi 13.788 personnes homosexuelles mariées à fin 2010. C'est
nettement moins que ce qui était attendu. Les causes en sont sans doute à la
fois: une surestimation de la population homosexuelle, un attrait confirmé de la
cohabitation légale, une volonté de limiter l'engagement mutuel en optant pour
l'union libre, et le désir (ou la nécessité) de rester célibataire.
Succès de la cohabitation légale... et
instabilité.Parti de 5.144 individus en 2000, avec des hauts et
des bas, le nombre annuel de déclarants a rapidement augmenté, surtout depuis
2004, pour atteindre 72.191 en 2010 et conduire au total de 325.515 personnes
sur les onze années de 2000 à 2010. Dans le même temps, la croissance du nombre
de déclarations de cessation de Coleg a été impres-sionnante, partant de 220 en 2000 pour arriver à
25.660 en 2010. Déjà! En onze ans, 105.251 cessations ont été enregistrées.
Comme en France avec le PACS, ce type « d'union » s'est vite propagé, mais a été
caractérisé par une instabilité supérieure à celle du mariage. Comme en France
aussi, la Coleg, initialement conçue essen-tiellement pour les homosexuels, a « profité » surtout
à des couples de personnes de sexes différents. En effet, sur les 325.515
personnes ayant déclaré une Coleg de 2000 à 2010,
seulement 14868 étaient homosexuelles (4,6 %). D'ailleurs, signe de grande
instabilité des couples, 5.270 de ces personnes (plus de 35 %) avaient cessé de
cohabiter en 2010. Cette année-là, pour 2 245 déclarations de Coleg, il y avait eu 1.028 cessations.
Très petite
proportion de couples homosexuels, finalement.Les statistiques publiques belges
permet-tent d'estimer le nombre total de personnes
homo-sexuelles habitant la Belgique en 2010 qui
avaient décidé d'officialiser une union par la cohabitation légale ou le
mariage: 9 598 restées en Coleg (depuis 2000) + 13.788
mariées et non divorcées = 23.386 personnes. Si l'on tient compte des
déclarations de Coleg qui ont pu être faites en 1999,
on arrive à une estimation de 24.000 personnes, soit 12.000 couples homosexuels
« officiels ». Cela représente de l'ordre de 2,5/1.000 du nombre des ménages
privés recensés en Belgique (4.650.000). Nous sommes ici dans les mêmes eaux
qu'en France (cf. mon précédent article). Et l'importance de la
population des personnes homosexuelles dans le pays est très largement
surestimée par les sondages.
Moins d'attrait pour le mariage homosexuel en Wallonie
qu'en Région flamande et qu'à Bruxelles
Des inégalités notables sont
révélées à l'examen de l'indicateur : personnes mariées-personnes divorcées /
population.
Pour la Belgique entière
(10.840.000 habitants en 2010), le ratio est de 1,27/1 000, se partageant entre
0,69-1.000 de mariages entre hommes et 0,58/1.000 de mariages entre femmes.
Exprimés en millièmes, les ratios
correspondants sont de :
- Région de
Bruxelles-Capitale (1.090.000 habitants) : 1,78, dont 1,33 hommes et 0,45 femmes
;
- Région
flamande (6.250.000 habitants) : 1,53, dont 0,78 hommes et 0,75 femmes ;
- Région wallonne (3.500.000
habitants) : 0,65, dont 0,35 hommes et 0,30 femmes.
Particularité, à Bruxelles, la
proportion des gays mariés est trois fois supérieure à celle des lesbiennes.
« Stop gaybashing ». Cet appel publié le 5 mars 2012,
signifiant « Arrêtez l'agression des gays » fait état de la signature par
des personnalités flamandes d'une « carte blanche » qui dénonce la recrudescence
des agressions homophobes et s'adresse aux responsables politiques, à la justice
et à la police. Il peut être lu sur le site de la RTBF dans les
Chroniques Edouard Delruelle. Certains jeunes «
allochtones » (suivez mon regard) étaient mis en cause, non sans un certain «
retentissement ». Mais « ... les allochtones n'ont pas le monopole de
l'homophobie. Malgré des lois qui interdisent toute discrimination à l'égard des
homosexuels, des lois qui leur permettent d'ailleurs aussi de se marier, d'avoir
des enfants, eh bien, il reste une homophobie latente dans la société en général
».
À méditer par ceux qui comptent sur
de nouvelles lois et la sanction pour traiter toutes les questions
sociétales.
Adoptions par des couples homosexuels : rarissimes,
malgré la loi belge les autorisant
De 2005 à 2011, 4.506 enfants ont
été adoptés. 2.672 des adoptions ont eu lieu à l'étranger et 1.834 en Belgique.
Des adoptions dites « intrafamiliales » homosexuelles (l'une des deux personnes
du couple adopte les enfants de l'autre) ont eu lieu. En revanche, jusqu'en
2010, aucune adoption n'avait été faite par des couples de personnes de même
sexe. À fin 2011, il avait eu 13 adoptions de ce type au total, dont 9 par des
couples d'hommes (toutes des adoptions à l'étranger) et 4 par des couples de
femmes (dont une à l'étranger). En 2011, dans la Région de langue fran-çaise et allemande, 3 adoptions seulement ont eu lieu,
en Belgique, par 1 couple d'hommes et 2 de femmes.
Sur le site du Service public
fédéral Justice (SPFJ), il est rappelé aux candidats que « Pour
une adoption interne, les parents biologiques ont la possibilité de décider dans
quel type de famille leur enfant sera placé ». Le choix d'un couple
homosexuel apparaît donc très rare, sinon exceptionnel.
Il est aussi rappelé que « Pour
une adoption à l'étranger, le droit du pays d'origine doit accepter l'adoption
par des personnes de même sexe ». Parmi les pays d'origine des enfants
adoptés, je n'ai vu que l'Afrique du Sud dans ce cas. Au 30 septembre 2012, au
cours des sept dernières années, les principaux pays d'origine des enfants
adoptés ont été l'Éthiopie (883 enfants), la Chine (627), le Kazakhstan (304),
la Colombie (165), la Russie (122), la Thaïlande (121), Haïti (85)... sur un
total de 3.095. Les filières d'adoption sont très « encadrées ». 86 % des
adoptants sont des couples et 14 % sont des individus. Nombreux pays d'origine
sont de plus en plus réticents à l'égard de l'adoption par des étrangers et
veulent développer leurs propres systèmes d'adoption. L'adoption d'enfants
devient plus difficile, plus exigeante. Cela concerne aussi bien les candidats à
l'adoption en Belgique qu'en France... et ailleurs en Europe.
Le SPFJ précise que quelques
décisions d'adoption étrangères par des couples homosexuels avaient été
enregistrées ; « ces adoptions ont chaque fois été réalisées par des couples
vivant dans un pays étranger dont le droit permet une procédure d'adoption pour
un couple de même sexe. De plus, dans ces adoptions, il n'était pas prévu que
l'enfant soit ensuite amené en Belgique ». Voilà une restriction qui limite
considé-rablement la possibilité d'adopter des enfants
étrangers par les couples homosexuels.
Finalement, il est difficile de ne
pas avoir l'impression que si le législateur belge a « légalisé » l'adoption par
des couples homosexuels, il a aussi fait en sorte que
de telles adoptions ne puissent avoir lieu qu'à des titres très exceptionnels.
Une façon de contrôler l'accès à l'adoption et de ne pas trop se mouiller.
Est-ce à ce type de solution que
pensent nos dirigeants de gauche ?
En Espagne : fortes résistances,
situation non stabilisée
L'adoption de la loi ouvrant le
mariage entre homosexuels en Espagne le 3 juillet 2005 ne s'est pas déroulée sans une forte opposition. Le projet de loi porté
par les socialistes à la suite de l'élection à la présidence de J.L.R. Zapatero,
approuvé par son Conseil des ministres le 1er octobre 2004 et soumis au
Parlement le 31 décembre, a été approuvé par le Congrès le 21 avril 2005. Mais
le texte a été rejeté par le Sénat où le Parti Populaire disposait de la
majorité des sièges. Il a alors été renvoyé devant le Congrès qui a levé le veto
du Sénat et approuvé le texte le 30 juin 2005, avec 187 voix pour, 147 voix
contre et 4 abstentions (Wikipédia : Mariage
homosexuel en Espagne). Cette décision a divisé et enflammé la population;
elle a provoqué de nombreuses manifestations hostiles ou favorables. Le Parti
Populaire a présenté un recours devant la Haute Cour constitutionnelle.
Je n'ai pas vu de traces d'une ruée
vers le mariage homosexuel. En 2008 le taux des mariages homo-sexuels aurait été compris entre 0,6 et 1,27/1000 dans
les provinces de Madrid, de Valence et de Catalogne, tandis que dans les autres
provinces du pays il se serait situé entre 0,2 et 0,6/1000 (même source). En six
ans, plus de 23.000 mariages homosexuels auraient été enregistrés
(euronews.com/2011/11/10/la loi espagnole). C'est peu pour une population
de 46.150.000 personnes en 2011. À l'approche du retour au pouvoir du Parti
Populaire, la crainte de voir le droit au mariage homosexuel remis en question
avait donné lieu à une certaine précipitation et même à des « mariages gays
express sur Internet » (espagne.
blog.lemonde.fr, le 18/11/2011).
En matière de mariage homosexuel et
d'adoption, la situation n'est donc pas stabilisée.
Au Danemark, en Suède, en Norvège :
non
sans réticences, l'Église luthérienne accepte les mariages homosexuels à
l'église
Au Danemark, petit royaume de 5,6
millions d'ha-bitants, pionnier en la matière, le
mariage civil entre personnes homosexuelles, dénommé « partenariat enregistré »,
a été autorisé dès le 1er octobre 1989. Vingt ans plus tard, en 2009, les
couples homosexuels ont obtenu le droit de faire bénir le partenariat enregistré
à l'Église évangélique-luthérienne d'État, à laquelle adhérent 80 % des Danois.
Le 15 juin 2009 est entrée en vigueur une loi votée le 7 juin autorisant les
gays et les lesbiennes à se marier à l'Église d'État ... « après des années
de débats houleux, qui ont divisé les milieux politiques et religieux, et de
pressions répétées des associations pour l'égalité des sexes... » notaitLa Libre Belgique (lalibre.be) sur son site
internet le 8 août 2012.
Le projet de loi du gouvernement de
centre-gauche a été adopté par 85 voix pour, 24 contre et 2 abstentions. 78 des
179 députés étaient absents (liberation.fr le 7 juin 2012). Conviction,
Responsabilité et Démocratie ! Le Danemark est vraiment un modèle admirable.
La loi n'a pas voulu priver les
pasteurs du droit de refuser de célébrer des mariages homosexuels. Les dix
évêques du royaume sont partagés sur cette question qui dérange et qui continue
à susciter des débats. Deux d'entre eux, un homme et une femme, ont refusé de
participer à l'élaboration d'un nouveau rituel contraire à leurs convictions
théologiques, indique encore La Libre Belgique.
La même source évoque un sondage
d'opinion de Danmarks Radio, selon
lequel environ 450.000 fidèles (10 % de ses adhérents) envisageraient de quitter
l'Église officielle. Elle indique aussi que quelque 6.000 personnes ont demandé
à être effacées des registres de l'Église d'État au 1er trimestre 2012, soit 59
% de plus qu'au 1er trimestre 2011.
Pour le président du parti
Chrétien-démocrate, non représenté au Parlement, en s'ingérant dans la question
des rituels religieux, le Parlement viole la liberté de religion et la
Constitution. Il envisageait « un procès collectif contre l'État au nom de
tous ceux qui se sentent bafoués dans leur foi par cette loi ». Affaire à
suivre.
En Suède
Royaume d'un peu moins de 9,5
millions d'habitants, où le « partenariat » entre personnes homosexuelles a été
institué dès 1995, c'est aussi un vote parlemen-taire
(largement majoritaire) qui a permis l'entrée en vigueur d'une loi légalisant le
mariage homosexuel à partir d'avril 2009. La législation ne s'arrête pas au
mariage civil. Elle interdit le refus du mariage à l'Église luthérienne (Église
majoritaire dans le pays). Indivi-duellement, des
pasteurs ont le droit de refuser de célébrer. L'Église doit alors les faire
remplacer. Inutile de parler de laïcité là-bas également.
En Norvège
Le royaume d'un peu moins de 5
millions d’habitants avait ouvert aux couples homosexuels les unions civiles dès
1993. Il a légalisé le mariage homosexuel au 1er janvier 2009. En même temps,
ont été octroyés le droit à l'adoption et le droit à une assistance à
l'insémination artificielle. Les résistances sont venues essentiellement
d'organisations chrétiennes. Main-tenant, le Parti
Chrétien serait en passe d'accepter la loi de 2009. Une majorité des onze
évêques serait favorable à une cérémonie spéciale pour les homo-sexuels à l'Église. Parmi les pasteurs, les avis
semblent plus partagés. Deux pétitions auraient été faites, l'une comptant 200 pasteurs pour, et l'autre 200 pasteurs
contre (source Atlantico: Espagne,
Pays-Bas, Norvège : le mariage gay vu des pays qui l'ont légalisé). Il est à
noter que le protestantisme (Église luthérienne) est une religion d'État en
Norvège. Là-bas, « la séparation de l'Église et de l'État, connais pas ».¾
NB - Après ce survol de six
royaumes européens qui ont adopté le mariage homosexuel, il est possible de
douter qu'ils partagent tous nos « valeurs... de la République », liberté et
laïcité comprises.