RIEN DE NEUF SOUS LE SOLEIL

 

RIEN DE NEUF SOUS LE SOLEIL...

 

par Hélène Nouaille

 

Je trouve, en lisant un « Mémoire » du contrôleur général Turgot(écrit en avril 1776, juste avant son éviction en mai, Louis XVI règne depuis 1774), un passage que je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager. Jugez-en : « Le roi connoît la situation de ses finances. Il sait que malgré les économies et les améliorations déjà faites depuis le commencement de son règne, il y a entre la recette et la dépense une différence de vingt millions dont la dépense excède. À la vérité, dans la dépense, sont compris les remboursemens assignés, mais auxquels le roi ne peut manquer sans altérer la foi publique et le crédit. Il n’y a que trois moyens de remplir ce déficit : une augmentation d’impôts, une banqueroute plus ou moins forte, plus ou moins déguisée, et une économie considérable soit dans les dépenses, soit dans les frais de perception.

 

La bonté du roi, sa justice, le soin de sa gloire lui ont fait, dès le premier moment, rejeter le moyen de la banqueroute en tout tems, et celui d’une voie de l’économie est possible; il ne faut pour cela qu’une volonté ferme. La première économie doit être celle des dépenses, parce qu’elle seule peut fonder la confiance du public et parce que la confiance du public est nécessaire pour trouver à gagner dans la partie des finances en remboursant des engagemens trop onéreux, ce qui ne se peut faire qu’en empruntant à des deniers plus avantageux.

 

En même-tems que le roi a trouvé ses finances obérées et en désordre, il a trouvé son militaire et sa marine dans un état de foiblesse qu’on auroit eu peine à imaginer. Pour les rétablir et rendre à la France le degré de force et de considération qu’elle doit avoir il faut que le roi dépense lorsque l’état de ses finances lui prescrit d’épargner .»...

 

La révolution s’explique entre autres choses par les désordres financiers du royaume. Louis XVI a hérité, à la mort de Louis XV (1774), d’une situation difficile et il a dépensé beaucoup (beaucoup) d’argent à partir de 1778 pour la guerre aux Amériques, puisqu’il a choisi de soutenir les Insurgents américains contre les Anglais.

 

Pour aller en Amérique, il fallait une marine forte, capable de soutenir les combats contre la flotte anglaise et de transporter nos troupes. La première escadre est partie le 13 avril 1778 de Toulon, avec 12 vaisseaux et 4 frégates, sous le commandement de l’amiral d’Estaing, celui-là même dont Giscard a relevé le nom. La flotte est arrivée le 8 juillet à l’embouchure de la Delaware.

 

La guerre a pris fin en 1783, les Anglais étaient vaincus et le Trésor plus que vide... Turgot est pourtant le fondateur d’un Comptoir d’Escompte (arrêt du Conseil d’État du Roi, du 24 mars 1776), ancêtre de la Banque de France – destiné à permettre au royaume... d’emprunter moins cher : « Le roi (...) désirerait établir dans la capitale une Caisse d’Escompte, dont toutes les opérations tendraient à faire baisser l’intérêt de l’argent et qui présenterait un moyen de sûreté et d’économie au public, en se chargeant de recevoir et tenir gratuitement en recette et en dépense les fonds appartenant aux particuliers qui voudraient les y faire verser (...) ». Comme les choses ne se sont pas arrangées, vous savez comment a fini le bon roi Louis XVI...
 
      Réagir à l'article :
 


25.06.2012

Free counter and web stats
HTML Web Counter