PARADOXES

DES INTERROGATIONS EUROPÉENNES

de la difficulté de faire oublier l’ex Président et d’effacer ses traces

 

 

par Paul KLOBOUKOFF

 

Dire que le déroulement de la campagne présidentielle et les résultats des élections sont satisfaisants, prometteurs pour l’avenir de la France et des Français, est sans doute excessif, au moins pour la moitié des Français qui ont vu leur candidat président sortant « vaincu, défait, terrassé » par le favori des sondages, rassembleur... de la gauche et des lassés du sarkozisme. « Après cinq ans d’une ‘’hyper présidence’’ de crise, Sarkozy mord la poussière », titrait un article de l’AFP le 7 mai sur le site internet d’Orange, avec l’impartialité, l’intelligence, l’élégance et la hauteur de vue des écrits de l’agence depuis plusieurs mois. Exemplaire, fraternelle, cette jubilation ! Belle contribution à la réconciliation nationale de citoyens après des affrontements que les médias ont attisés.

 

« Ras-le-bol ! Campagne bien trop longue. Les mêmes choses ressassées ! Les vraies questions pas traitées ». Des critiques maintes fois répétées. Avec les primaires socialistes, les hostilités n’ont presque pas cessé depuis mars 2011. À se demander comment des personnes « normales » peuvent s’offrir d’aussi longues campagnes... sans être trop perturbées par d’éventuels cumuls de mandats. Et les législatives sont encore à trois semaines d’ici !

 

Le candidat socialiste et tous les autres concurrents ont interpellé NS sur son bilan « catastrophique ». NS et ses partisans ont fait l’erreur fatale de beaucoup trop tarder à dresser assez complètement et à expliquer ce bilan, qui est loin d’être pauvre et négatif en tous points. Personnellement, je lui ai reproché avant tout le refus d’organiser un référendum pour la ratification du traité de Lisbonne et de recourir au vote du Parlement (avec l’approbation des Socialistes, d’ailleurs), ainsi que son zèle à promouvoir une UE fédéraliste technocratique mal orientée. Mais on ne peut nier l’opportunité et l’efficacité de ses interventions lors des grandes crises. Elles ont permis de préserver la France d’un crack bancaire et des Français de la perte de leurs économies. La réforme des retraites était indispensable. Celle de l’autonomie de l’université, judicieuse. La suppression de la taxe professionnelle était bienvenue. Quoi qu’en aient dit les opposants, la réduction des effectifs et la réalisation d’économies dans la fonction publique étaient d’ardentes obligations. On ne peut rejeter en bloc, sans autre forme de procès, l’ensemble des réformes qui ont été entreprises pour moderniser la France. 931 en cinq ans selon M. Jean Marichez dans son très dense et intéressant article : Les résultats de Nicolas Sarkozy, lisible sur le site www.lescrutateur.com.

 

Les interprétations des résultats de l’élection présidentielle évoluent de jour en jour. Avec 51,64 % des votes exprimés, Hollande n’est déjà plus tout à fait le grand gagnant qu’il a été le soir du 6 mai. Maintenant que Sarkozy est éliminé, les regards des Français changent. La popularité de l’ex remonte. La question essentielle redevient « comment le nouveau président va-t-il sortir le pays de la crise et améliorer notre sort ? ». Beaucoup reste à faire pour convaincre et « rassembler » les millions d’opposants et de dubitatifs. En 2007, Sarkozy avait attiré près de19 millions de suffrages. En 2012, Hollande en a obtenu un million de moins. Entre les élections de 2007 et celles de 2012, Sarkozy a perdu 2,122 millions de suffrages.

Mais Hollande n’en a recueilli en 2012 que 1,499 million de plus que Ségolène Royal en 2007. 623 000 voix se sont évaporées en abstentions, votes blancs et nuls.

 

En outre, une partie non négligeable des votes « pour Hollande » ont, en réalité, été des votes « contre Sarkozy ». Il est donc difficile de considérer que l’élection de FH vient d’un vote massif d’adhésion à sa propre candidature et au programme du PS. Une illustration remarquée en a été l’attitude de Mélenchon qui a proclamé qu’il voterait au second tour contre NS et auquel il a fallu arracher qu’il mettrait le bulletin de Hollande dans l’urne. Inimitié, quand tu nous tiens ! Le Front de gauche revendique son indépendance et défend ses propres objectifs. Son association avec le PS est un appui bancal pour ce dernier.

 

Le combat de Mélenchon contre Marine Le Pen (ainsi que contre un candidat local socialiste) aux législatives à Hénin-Beaumont sera une attraction que les journalistes vont exploiter à fond, et une épine dans le pied du PS. NS a mobilisé suffisamment de politiciens, de médias, de « corps intermédiaires » et d’électeurs contre lui pour se faire battre. Mais la majorité des votes en sa faveur ont été des votes d’adhésion. Davantage que pour le « président élu ». Paradoxalement, il aura été en même temps le candidat du second tour le plus rejeté et le plus populaire. L’histoire retiendra-t-elle que c’est Nicolas Sarkozy et sa personnalité qui ont marqué le plus de leur empreinte la campagne de 2012 ? Cela dépendra de ceux qui écriront et réécriront cette histoire. Quant à François Hollande, il faudra attendre la suite des événements pour voir se révéler sa personnalité, qui a été bien abritée pendant la campagne derrière une posture et un masque mitterrandiens, et découvrir ses compétences dans la gestion publique ainsi que face aux difficultés et aux crises, qui sont indifférentes aux alternances politiques.

 

Le temps des discours partisans, des harangues, des promesses de croissance et de justice sociale, des slogans, des déploiements de symboles (pas nécessairement très attirants, tel l’hommage à Jules Ferry, colonialiste convaincu) et des « Valeurs de la République », s’est achevé avec la fin de la campagne et l’investiture. Il est donc vain et stérile de s’escrimer à se démarquer encore en tout point de son prédécesseur, de le dénigrer, de s’obstiner à présenter un visage qui soit à son opposé, de chercher à en effacer les traces, de renier le passé récent et ses acteurs. Place aux actes qu’attendent tous les Français... et pas seulement la moitié de gauche.

 

Quant à l’hyper ou l’omni présidence, nous verrons par quel type de gouvernance elle sera remplacée dans le cadre institutionnel existant de régime présidentiel et dans un contexte de surendettement ainsi que de grave crise européenne. Le choix de Jean-Marc Ayrault, très proche de Hollande, comme Premier ministre, plutôt que de Martine Aubry, réputée pour son autorité, qui, de ce fait, a refusé d’entrer au Gouvernement, est une première indication sur le partage des pouvoirs à attendre au sommet de l’exécutif.

 

La nomination d’un gouvernement pléthorique comptant trente-quatre ministres augure mal de la volonté d’assainir les finances publiques. Il laisse aussi percer un émiettement, non sans chevauchements, des responsabilités, qui peut restreindre les capacités d’initiative et de décision aux échelons ministériels. « Diviser plus pour régner plus » n’est-elle pas une de nos devises courantes ?

 

Sortir de la crise de l’endettement par plus d’endettement ?

 

La « relance de la croissance », leitmotiv de la campagne, n’a pas fait l’objet de débats clairs et précis. Notamment parce que les animateurs et autres « arbitres » de ces débats ont voulu éviter de pousser leur candidat favori à être explicite et concret. Maintenant que le nouveau maçon se trouve au pied du mur, le PS ainsi que les médias continuent à entretenir les ambigüités. Selon eux, la plupart des dirigeants d’Europe se lèvent, se dressent, se redressent derrière Hollande, nouveau héraut, qui brandit haut et fort le mot « croissance », qui voudrait l’acter, le pacter, renégocier les traités. Sauf Angela Merkel, prêtresse de l’austérité « affaiblie » et « isolée ». Même le président Obama serait séduit par la conviction et la rhétorique de notre président. « Il y a maintenant un consensus de plus en plus net sur le fait qu’il faut en faire plus pour créer de la croissance et des emplois dans le contexte des réformes budgétaires et structurelles » engagées en Europe, a déclaré M. Obama à l’occasion de la réunion du G8 du20 mai à Camp David. Une formule assez diplomatique pour ménager la chèvre et le chou sans trop se mouiller.

 

Qui peut être contre la relance de la croissance ? La question est de s’entendre sur la meilleure façon de relancer. Le programme du PS et de F. Hollande montre que restreindre les dépenses publiques, réduire les déficits et la dette ne sont pas leurs préoccupations dominantes, d’une part, et que la nécessaire amélioration de la compétitivité des entreprises est presque ignorée, d’autre part. Tandis que les actions imaginées et/ou déjà menées dans d’autres pays de l’UE traduisent le refus de sortir de la crise de l’endettement par plus d’endettement.

 

En campagne et au quotidien, les « partis de gouvernement » ne veulent pas paraître défaitistes aux yeux de leurs ouailles. Contrairement à des partis « extrémistes » et/ou « minoritaires » , ils se gardent d’insister sur le fait que l’européanisation et la mondialisation, par l’exacerbation de la concurrence internationale (en partie seulement « déloyale » ), en particulier, entraînent la France et les pays occidentaux dans un tourbillon de délocalisations, de nivellement par le bas et d’appauvrissement relatif de leurs populations. Les bénéficiaires en sont surtout les pays émergents « dynamiques », exportateurs nets, et ceux qui disposent de ressources naturelles dont les prix s’envolent avec leur raréfaction. Chez nous, on préfère rassurer en répétant que la France est un pays « riche », que c’est la cinquième puissance mondiale, que notre productivité est la plus élevée d’Europe, sinon de la planète, etc.

 

Mirages et balivernes ! Avec les énormes déficits de nos comptes publics, de notre balance commerciale, et notre gigantesque endettement nous sommes plus vulnérables que des « petits pays » proches ou lointains. Quant à notre soi-disant « productivité record » , elle est démentie par notre désindustrialisation. En fait, tant qu’elle sera mesurée par la Valeur ajoutée divisée par le nombre total d’heures travaillées, elle restera trompeuse. Pour accroître cette productivité, il suffit de relever les prix. Facile ! Il ne faut pas endormir les Français. Un langage de vérité, de lucidité, de courage, est nécessaire. Les dirigeants des pays, notamment au sein des G8, G20, les autres instances internationales et ceux censés nous défendre, attribuent nos faiblesses essentiellement au manque de compétitivité dans un monde qu’ils veulent toujours plus ouvert, échangiste, dérégulé, déprotégé. Le coût du travail est le handicap le plus souligné et l’on sait le prix qu’ils attachent à la concurrence, à la mobilité, à la flexibilité pour s’adapter aux marchés et aux opportunités.

 

Le public est moins sensibilisé aux pressions qui sont exercées sur les taux d’intérêt pour les tenir aussi bas que possible afin de réduire le coût du capital, d’inciter à emprunter pour investir et, en même temps, d’agir sur les taux de change pour orienter les flux financiers.

 

Ainsi, le taux de refinancement de la BCE est de 1 %; celui de la FED (Federal reserve bank) aux États-Unis est de 0 %. Compte tenu de l’inflation, ce sont des taux négatifs en termes réels. Des cadeaux très peu profitables pour nous jusqu’ici !

 

En France, l’appareil productif étant presque totalement privatisé, il n’est plus possible à l’État d’y intervenir directement pour soutenir la croissance. Pour la gauche, il faut dépenser plus, augmenter la demande, pour stimuler l’économie. Elle est toujours sous l’influence de « pseudo Keynésiens » persuadés, malgré les échecs des trente années écoulées, que toute dépense entraîne mécaniquement un « retour » important en termes de production, de ressources fiscales, d’emplois et de revenus. Pour elle, il n’y a pire mal que « l’austérité » budgétaire, synonyme de restrictions inhumaines, injustes et insupportables, spécialement pour les plus pauvres.

 

Austérité signifie récession et chômage. Ce mot doit faire peur. Avec le mot « rigueur » , qui évoque la froidure glaciale de l’hiver, il est à bannir par tout politicien qui se veut correct. Il est donc déconseillé de réduire les dépenses publiques et, pour financer l’investissement public et privé. il ne faut pas hésiter à emprunter. Mais, vu le niveau catastrophique de la dette publique française, toute majoration de celle-ci est normalement interdite. Quelles échappatoires, alors?

 

 

Des euros obligations et la mutualisation des dettes

pour emprunter plus, autrement

 

 

Avec la grande crise des dettes publiques, des voies ont été recherchées au niveau européen pour aider les pays les plus endettés, voire au bord de la faillite, à alléger leurs fardeaux et à rembourser leurs emprunts. Dans cette optique, la France s’était déjà déclarée favorable à une certaine « monétisation » de la dette des États membres, la Banque centrale européenne (BCE) devant alors jouer un rôle d’acheteur de créances en dernier ressort, garantissant ainsi les dettes contractées par les États. L’Allemagne s’y était fermement opposée. Mais des exceptions ont été faites pour les PIIGS (Portugal, Islande, Italie, Grèce, Espagne) à hauteur de plus de 90 milliards de rachats de dettes souveraines (cf. Marianne du 23 août 2011). La

situation s’aggravant et la survie de l’euro étant menacée, l’émission par la BCE d’euro bonds et la « mutualisation» des dettes des pays sont revenus sur le tapis Dans les trente propositions du projet du PS 2012, on peut lire : « Pour que l’Europe puisse avancer, nous proposerons à nos partenaires d’émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain. ». Cette demande concerne peu les PIIGS, qui ne peuvent être que marginalement sollicités pour mettre en oeuvre de tels investissements, plus « technologiques » que créateurs (temporaires) d’emplois, au demeurant. Oui, les socialistes appellent l’UE au secours. Sans elle, il faudrait renoncer à des investissements à crédit « européens » stratégiques (lesquels précisément ?) dont il faudrait attendre des retombées pour la France. À quelle échéance ? Quelle part de ce « gâteau » les appels d’offres bruxellois attribueraient-ils à des « champions» français ? Mystères!

 

Cette dette de la zone euro devra être garantie par ses États membres. Or, l’Allemagne et les pays vertueux du Nord sont en première ligne à cet égard. Il n’est donc pas surprenant et injustifié que l’Allemagne, ainsi que d’autres garants potentiels, refusent un tel procédé pour « relancer la croissance ». Il leur suffit de se tourner vers la Grèce, vers le Portugal et vers l’Espagne, sans quitter des yeux l’Italie, la France et la Belgique pour redouter qu’un tel engagement leur coûte très cher et menace leur avenir. L’émission d’euro obligations réclamée, par F. Hollande, notamment, impliquerait ainsi que les États membres acceptent de se porter cautions solidaires des emprunts contractés. Elle constituerait un pas décisif vers une mutualisation plus étendue des dettes souveraines à laquelle aspirent des pays en difficultés de paiement et des gouvernants de gauche. Certains économistes médiatisés la prônent avec ferveur.

 

Les marchés l’apprécieraient sans doute car elle revaloriserait une partie des créances sur la Grèce, sur le Portugal, sur l’Espagne... Un des buts de la mutualisation est de rapprocher les taux d’emprunt des différents États d’un taux commun, sorte de moyenne pondérée des taux actuellement en vigueur pour chaque pays. Et les écarts sont considérables aujourd’hui entre les taux consentis aux États les plus « solvables », inférieurs à 3 % pour l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas, un peu supérieurs à 3 % pour la Finlande, la France et l’Autriche, et ceux imposés aux pays aux abois, voisins des 10 % pour l’Irlande et le Portugal, et en vol au-dessus de 15 % pour la Grèce. Au niveau de l’ensemble de la zone euro, le taux moyen correspondant est de 4,4 % (Source Eurostat : Critères de convergence 2011).

 

En conséquence, les PIIGS pourraient bénéficier d’emprunts « garantis » nettement moins onéreux, tandis que l’Allemagne et la France, par exemple, supporteraient des taux majorés. Une majoration de 1 % seulement des taux d’intérêt sur la totalité de la dette publique des Allemands leur coûterait plus de 20 milliards € par an. Il ne devrait pas être question avant des lustres de mutualiser la totalité des dettes publiques de chacun des 17 États, qui se monte à un peu plus que 8.200 milliards d’euros, soit à 87,2 % du PIB de la zone (9 414 milliards €) selon les données 2011 d’Eurostat. Et, pas loin de 3.200 milliards € de dettes ont été contractés par les PIIGS. Depuis 2010, et cela semble encore d’actualité, il a été envisagé de limiter pour chaque pays la garantie collective de sa dette à 60 % de son PIB. Ce taux, qui est celui du taux d’endettement public plafond fixé à Maastricht, est dépassé par 10 États sur les 17 de la zone euro en 2011. Il est de 65, 2% pour les Pays-Bas, de 68,5 % pour l’Espagne, de 72,2 % pour l’Autriche, de 81,2 % pour l’Allemagne, de 85,8 % pour la France, de 98 % pour la Belgique, de 107,8 % pour le Portugal, de 120,1 % pour l’Italie et de 165,3 % pour la Grèce.

 

Au-delà du « quota » de 60 %, les États assumeraient seuls leurs engagements... à des taux d’intérêts qui seraient inévitablement plus pénalisants que ceux d’aujourd’hui, surtout pour les États aux économies les plus faibles. Pour la France, un tel surcoût des emprunts porterait sur plus de 510 milliards € (25,8 % de la dette). Pour l’Allemagne, il porterait sur 545 milliards € de dette. Les surcoûts se chiffreraient alors en milliards € annuels. Quant aux taux d’intérêt qui seraient négociés par les PIIGS pour financer les parties « hors quota » de leurs dettes, ils feraient des bonds de géant, limitant encore plus qu’à ce jour leurs possibilités d’emprunt. Pour ces raisons, de sérieuses réserves, non sans fondements, sont émises quant à l’efficacité et aux bienfaits à attendre de la mutualisation des dettes publiques au sein de la zone euro.

 

En Allemagne, l’inquiétude provient aussi du risque attaché à la caution solidaire d’une dette collective de plus de 4 900 milliards (60 % de la dette totale des États de la zone euro), dont 1.540 au titre de l’Allemagne elle-même. Dans la situation actuelle de surendettement de nombreux pays et de menaces pesant sur la survie de la zone, les Allemands ne veulent pas d’une telle mutualisation des dettes. Mme Angela Merkel ne peut qu’en prendre acte. Il est injuste de l’accuser de s’opposer à la fédéralisation de l’UE. L’Allemagne en a été la principale partisane avant les multiples élargissements. Si elle prend du recul et fait un pas en arrière, c’est peut-être parce qu’elle constate et déplore l’irrespect par nombre d’États de critères de convergence et de stabilité sur lesquels ils s’étaient engagés, leur manque de rigueur en matière budgétaire et d’endettement.

 

Or ces contraintes sont considérées comme des conditions sine qua non pour rétablir la confiance entre le États ainsi que dans l’euro et progresser sur la voie de l’intégration. Il ne faut donc pas espérer, ou craindre, que les responsables allemands changent d’avis.

 

Avant de partir en croisade pour la mutualisation des dettes, les politiciens français devraient réfléchir aux risques de même nature qu’ils feraient prendre à la France, qui comme l’Allemagne, se porterait caution solidaire de la totalité de la « dette collective ». A-t-elle seulement les moyens d’une telle « solidarité », et pour quels résultats ?

 

Des réflexions sur le sujet de trois personnes

qui se sont autorisées à les exprimer

 

 

De Dominique Strauss-Kahn / Reuters / Infos marchés- Investir.fr, le 16/12/2010 : « Si (nous) parvenons à une position commune entre les parties en présence pour augmenter le pouvoir central, alors les eurobonds pourraient être un outil utile. Mais on ne peut pas commencer par les eurobonds. »... « La question ne porte pas sur l’outil, la question porte sur la volonté politique d’agir et sur le traité, parce que le traité qui existe aujourd’hui ne rend pas vraiment possible l’augmentation du pouvoir central. » De José Manuel Barroso (président de la Commission européenne) devant le Parlement européen / 20 minutes.fr, le 28/09/2011 : « Une fois que la zone euro sera dotée des instruments nécessaires pour assurer tant l’intégration que la discipline (économique), l’émission de dette commune sera considérée comme un pas naturel et avantageux pour tous » ... à « condition que de telles euro-obligations soient des +obligations de stabilité+ ». Du Chancelier autrichien Werner Faymann / Les Echos.fr/ Euro-obligations / 23/05/2012 : l’idée d’une « feuille de route » fait son chemin parmi les européens... « il s’agit d’un projet à long terme, qui ne se laissera pas réaliser dans les deux ou trois prochaines années ». Et, surtout « une discipline budgétaire crédible est la condition absolue de la création des eurobonds ».

 

À signaler que des partis autrichiens reprochent au chancelier d’avoir ratifié le pacte budgétaire de l’UE. « On se demande maintenant si la perte de souveraineté budgétaire constitue une modification constitutionnelle et nécessite ainsi la tenue d’un référendum. S’appuyer sur une simple majorité pour se faufiler en douce témoigne d’une attitude irrespectueuse de la démocratie ». (Der Standard, Autriche, le 07/03/2012). Saines interrogations !

 

Pour terminer

 

L’émission d’euro obligations pour « financer des investissements du futur » et la mutualisation des dettes ne sont pas des moyens appropriés pour relancer la croissance au cours des trois à cinq ans à venir. Les réclamer avec insistance est, en réalité, inciter à aller plus vite et irréversiblement vers une intégration complète de « l’Europe » (UE à 27 et plus si affinités, ou bien zone euro à 17 et moins si sorties inopinées d’États défaillants ?), vers l’instauration d’un gouvernement économique et financier aux pleins pouvoirs budgétaires et monétaires. Des pouvoirs qui permettraient aussi d’uniformiser, d’encadrer les politiques sociales des États assujettis et d’en maîtriser les dépenses.

 

En poussant dans cette direction François Hollande se montre très « européiste intégriste », plus sarkoziste que l’a été Nicolas Sarkozy. Décidément, les habits de son prédécesseur lui collent à la peau ! Il n’en a pas, pour autant, le droit divin d’avancer ses propositions « mutualistes » au nom de la France. Il n’a pas été élu président avec cette « mission ». Le sujet n’a même pas été examiné, discuté, pendant la campagne présidentielle. Il a été écarté, escamoté. Pourtant, c’est un sujet important, capital, vital ... et très controversé Il est indispensable qu’il fasse l’objet d’un débat national large et approfondi suivi d’un référendum. En fonction des résultats de la consultation, le représentant des Français pourra alors soumettre des propositions en leur nom... et pas seulement en son propre nom et à ceux de sympathisants qui l’entourent. De plus, il n’est pas judicieux de sonner, la fleur au fusil, la mobilisation générale contre la cousine germaine parce qu’elle ne cède pas à des avances qui ne la séduisent pas. Cela peut même s’avérer contreproductif... pour l’Europe en crise.

 

 

 

 
      Réagir à l'article :
 


25.06.2012
Free counter and web stats
HTML Web Counter