PARADOXES

APRÈS ÉLECTIONS

 


Par Luc BEYER de RYKE

 

Les temps sont propices à la réflexion. Je souhaiterais en ce qui me concerne l’orienter sur trois axes :

le premier étant celui de la mémoire ;

le second évoquant certaines péripéties s’attachant à une nécessaire révision institutionnelle ;

le troisième portant interrogations sur la politique étrangère de la France. 

 

Lorsque je dis réflexion j’use du terme propre. Notre Académie même si elle se réfère au Général de  Gaulle réunit des membres de sensibilités diverses voire opposées. Elle se veut donc lieu de débat, ce que nous faisons à travers nos dîners. Cela étant posé j’en viens à mon propos.

 

LA MÉMOIRE

 

Ces dernières semaines le quadrilatère de la mémoire a été la cour des Invalides. Parce qu’aux Invalides hommage a été rendu à Robert Galey, figure noble du gaullisme et un des derniers compagnons de le Libération et surtout l’hommage solennel, émouvant, empli de grandeur rendu aux quatre soldats français tués en Afghanistan.

 

Le Président de la République a su trouver les mots justes sur le plan individuel, sur le plan collectif. Intentionnellement je ne le nomme pas car, représente-t-il ou non notre sensibilité politique, en la circonstance il était la voix de la France. Elle s’est exprimée avec dignité et avec cette grandeur dont ici nous avons un souci particulier.

 

LA POLITIQUE INTÉRIEURE

 

Le second axe de ma réflexion épouse la parole de Péguy lorsqu’il écrit que « toute mystique se dégrade en politique ». C’est donc de politique dont nous avons à nous entretenir.

 

La politique est un jeu cruel. Comme l’amour. Et dans cet après campagne, paraphrasant Marivaux, je dirais que ce sont  « les jeux de l’amour et de la politique » qui ont envahi la scène. Le crêpage de chignon de ces « drôles de dames » Valérie et Ségolène altère ce que devrait, ce que doit être le visage de l’État. La conduite de Valérie Trierweiler va au-delà de la chronique des alcôves. Nous avions eu Cécilia lors de l’élection précédente et peu de temps Nicolas Sarkozy a plombé son quinquennat de l’image du Fouquet’s qu’il faut relier à l’infortune du couple qui n’en n’était plus un.

 

Voici le tweet  de Valérie. Son acharnement à vouloir continuer à être journaliste. Sa prétention d’avoir autour d’elle un cabinet élyséen. Sa volonté affichée de femme libre et indépendante mais qui met ses pas dans ceux de son compagnon pour saluer les Corps Constitués, geste inapproprié pour quelqu'un qui n’es revêtu d’aucun statut. Il s’agit dès lors de mettre de l’ordre dans ce désordre des situations et des sentiments.

 

J’ai évoqué en prologue la nécessaire révision des Institutions. Le disant je songeais à un de ces volets, la loi électorale. Elle aboutit en la circonstance à remettre à un parti, le Parti Socialiste, l’entièreté des pouvoirs et de la décision politique.

 

On a pu jadis à raison épingler l’État RPR mais si je ne m’abuse il existait des contre-pouvoir. Sous le Général de Gaulle le Sénat était présidé par Gaston Monnerville qui ne pouvait passer pour un godillot lui qui allait jusqu’à accuser le Général de « forfaiture ».

 

À l’exception de l’Alsace et de la Corse, le PS est maître de la France. Il peut, se passer de ses alliés écologistes et Front de gauche pour gouverner. Seul à bord. Cela pose indéniablement le problème de la loi électorale. S’il y avait la proportionnelle les calculs indiquent - au premier tour -  que l’hémicycle eut été partagé en deux avec sans doute une majorité de trois sièges pour le bloc des droites. 42 sièges pour le Front de gauche, 81 sièges pour le FN, le bleu marine. Est ce qu’il faut souhaiter ? Peut-être pas. Sans doute pas.

 

 

Mais il n’est pas sain de voir des pans entiers d’une  sensibilité politique sous-représentés ou non-représentés. La seule représentation en ce cas devient la rue. Nous devons en débattre.

 

LA POLITIQUE EXTÉRIEURE

 

Dernier axe que je me proposais d’évoquer car il est majeur, celui de la politique étrangère de la France. La place me manque pour en tracer tous les contours. Celui qui m’est le plus familier et sans doute le plus difficile, hasardeux et lourd de risque se rattache aux « Printemps arabes » si mal nommés parce que porteurs de tempêtes qui se lèvent.

 

L’Égypte a voté après avoir dissous son Parlement ; la Syrie patauge dans le sang ; des soldats français meurent en Afghanistan ; la Lybie connais le chaos ; l’Irak  n’est pas pacifiée. Et voilà la Tunisie ou les Salafistes  font irruption sur le devant de la scène. J’en reviens.

 

Déjà l’an dernier avant les élections j’y étais et quelques jours m’avaient suffi pour prévoir la victoire Ennahda, le parti islamiste. Lors de mon dernier séjour ou j’ai brièvement rencontré le Premier ministre, à travers les entretiens multiples (diplomates, parlementaires, journalistes, et gens de la rue), s’est dégagé un tableau préoccupant de la situation du pays. Moins de 48 heures plus tard le couvre-feu était instauré à Tunis. Le calme revenu est fragile et provisoire.

 

Comment  s’adapter à ce qui dessine dans le monde arabe, comment affiner notre politique et nos stratégies ? « Vaste problème » eut répondu de Gaulle. La boutade (qui est réalité) ne vaut pas réponse.

 

Je me contente d’esquisser cet axe périlleux qui n’aura  de cesse de s’inscrire dans l’actualité.

 

Je crois que l’Académie se doit de demeurer ce pôle d’observation et de vigilance qu’il est, en nous efforçant d’être, lorsque nous le pouvons un pôle de propositions. De manière à contribuer, aussi modestement que cela soit, à la vie politique et intellectuelle nous souvenant du grand exemple qui nous inspire et n’oubliant jamais la sentence magnifique que nous inscrivons en exergue. « Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur le la France et la liberté du monde. »

 
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25.06.2012
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