PROGRAMME DU CNR

ET ACTUEL PAYSAGE POLITIQUE

par Pierre Lombard

 

À force d’entendre parler de « retour au Programme du CNR », j’ai voulu voir de quoi il s’agissait, et j’ai constaté que, finalement, la situation actuelle n’en est pas si loin sur bien des points, que l’administration, sous influence socialo-communiste, a même entraîné le pays au-delà des compromis qui avaient présidé à son élaboration, et que, si je devais personnellement y souhaiter un « retour », ce ne serait sans doute pas sur les mêmes paragraphes que ceux que croient réciter les principaux braillards du paysage politique actuel. Et il ne faut pas creuser très profond dans ce texte pour y trouver un parfum de « préférence nationale » que tant de gens trouvent aujourd’hui diabolique.

Les remarques entre crochets sont de mon crû, mais chacun est libre d’en faire d’autres.

PROGRAMME DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

15 mars 1944

Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée. Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.

Aussi les représentants des organisations de la Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R., délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

I. - PLAN D’ACTION IMMÉDIATE

Cette partie n’étant plus d’actualité, il est inutile de la reprendre ici

II. - MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en oeuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération :

1° Afin d’établir le gouvernement provisoire de la République formé par le Général de Gaulle pour défendre l’indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle. [A l’époque, on pouvait encore y croire. Les choses ont bien changé depuis le départ du Général… Et ce n’est pas en se mettant en situation d’avoir à mendier qu’on pourra inverser la tendance.]

2° Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration. [Aujourd’hui, on déroule le tapis rouge devant GreenPeace et la nomination d’un Lamy à l’OMC est vue comme une promotion.]

3° Afin d’exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l’établissement d’un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d’occupation ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l’armistice par les gouvernements de l’axe et par leurs ressortissants, dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable.

4° Afin d’assurer :

- l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;

- la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression. [Ah, si on pouvait retrouver ces libertés abolies par les lois Gayssot et autres « lois mémorielles ».] ;

- la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères. [La liberté de la presse est rétablie au-delà de toute limite. Son honneur, pas forcément, mais c’est désormais sa responsabilité, et plus celle de l’État. Pour ce qui est de l’influence étrangère, voir Al Jezira ou Google] ;

- la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

- l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance. [Le réseau Échelon et les Compagnies

aériennes se chargent du respect de la vie privée, par la volonté de Bruxelles.] ;

- le respect de la personne humaine ;

- l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi. [Face aux magistrats d’aujourd’hui, il vaut mieux être dealer de banlieue que flic ou homme politique.].

5° Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

- l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. [Alors que les « sociologues » trotskystes en sont restés à Wendel et Schneider, c’est entre l’Énarchie, la Commission Européenne et la Trilatérale, qu’on en est coincés !],

- une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des États fascistes. [La « dictature professionnelle » concerne-t-elle la CGT des Ports autonomes ou FO des éboueurs marseillais ?],

- l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’État après consultation des représentants de tous les éléments de cette production. [Si on croyait à cet idéal, il ne fallait pas laisser faire l’UE de Delors, ni l’OMC. À contrario, lorsqu’on remet le pouvoir aux mains des technocrates, ils finissent toujours par en abuser. Voir ce que donne la machinerie bruxelloise.],

- le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques. [Même remarque que ci-dessus, mais maintenant qu’on a vu le résultat des nationalisations, depuis le Crédit Lyonnais jusqu’au Comité d’Entreprise EdF, il vaudrait mieux ne pas y replonger.],

- le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales. [Encore un idéal malmené par la réalité. Que ce soit en agriculture, en distribution, ou en production, le système coopératif est malheureusement plus atteint par le népotisme et le copinage que le système capitaliste.

Dernier exemple en date : Monsieur D. remplacera son papa en octobre 2012 à la tête d’un groupe coopératif sucrier. Dans les COOP de consommation, quand on cherchait un organigramme, on trouvait soit celui d’une loge, soit un arbre généalogique.],

- le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie. [Aujourd’hui, l’’Allemagne le fait mieux que la France.] ;

b) Sur le plan social :

- le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail. [Et si on essayait un vrai régime contractuel, en fixant par la loi un cadre et pas tous les détails ?],

- un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine. [On ouvre les frontières, et on voudrait que les entreprises continuent à verser des salaires décents ?],

- la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à une stabilité de la monnaie. [Mais quand on abandonne sa souveraineté monétaire, on voit le résultat avec l’euro… Lorsque le Général est revenu au pouvoir, sa priorité a été de désendetter le pays pour ne plus dépendre des marchés financiers. Il n’a pas cherché à en faire les boucs émissaires de ses problèmes.],

- la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale. [Indépendant de quoi ? Un syndicalisme vraiment indépendant est celui qui n’a de moyens que par ses adhérents, pas par les subventions étatiques directes ou masquées. Encore une réussite allemande à mettre en face de l’échec français.],

- un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens [le CNR parle des CITOYENS, évidemment français, pas du monde entier] des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État. [Remarquons que la lettre de ce texte n’imposait pas de faire supporter cette charge par les seules entreprises. Une TVA sociale, par exemple, n’est pas incompatible avec le programme du CNR.],

- la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier. [Réglementer ne veut pas dire rigidifier par des contraintes contre-productives, mais peut-on rendre intelligente une administration jacobine ?],

- l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance conte les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural,

- une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. [L’adaptation des règles à l’évolution démographique ne peut pas être honnêtement considérée comme une démolition du système.],

- le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste ;

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales. [Le Général l’a accompli radicalement, après 1958.] ;

d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. [Là encore, il est question des enfants français, pas de toute la terre.].

Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions démocratiques et populaires l’efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation. [On sent la préoccupation des auteurs, en majorité socialo-communistes, qui veulent transférer à des « traîtres corrompus » les responsabilités du Front Populaire et de son slogan « Pas un homme, pas un sou pour la Défense Nationale ».].

Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale. L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant.

Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne servir que l’ennemi. En avant donc, dans l’union de tous les Français rassemblés autour du CFLN et de son président le Général de Gaulle !

En avant pour le combat, en avant pour la victoire afin que VIVE LA France !

LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE.

 

 

 

 
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15.05.2012
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