LEVER
DE RIDEAU : la vie en
rose
par Georges
Aimé
Le
résultat des élections présidentielles est celui que je prévoyais il y a deux
ans. L’écart entre les deux finalistes est cependant moins important que celui
imaginé. Cela est probablement dû à la forte mobilisation des abstentionnistes
du premier tour (traditionnellement plus à droite) au profit de Nicolas
Sarkozy.
Certes, je
pensais que le score de Marine Le Pen serait plus important et qu’elle pourrait
être au second tour. Cela n’a pas été le cas, peut-être les responsables en
sont-ils les électeurs de droite de François Bayrou qui, dès le premier tour,
ont eu peur et ont voté « utile ».
Quoi qu’il en
soit, François Hollande est le nouveau Président de la République et nous
devons, au nom de la France et par respect pour les valeurs républicaines
auxquelles nous sommes attachés et qui nous permettent de vivre ensemble, lui
souhaiter une totale réussite dans la conduite des affaires de notre Pays. Cette
campagne nous laissera quand même un arrière-goût d’inachevé et une réelle
angoisse quant aux contenus des messages véhiculés via la Toile.
Inachevé.
À aucun moment
le débat ne s’est situé à la hauteur des enjeux internationaux. Débats
franco-français du niveau d’un Conseil régional pour ne pas dire
départemental.
° Le Bassin
méditerranéen est un havre de paix, il ne s’y passe rien, ne nous concerne pas,
si ce n’est qu’il nous perturbe en nous envoyant des immigrés non choisis
!
° Les Chinois
refusent d’ajuster leur monnaie, font main basse sur l’Afrique, fomentent des
guerres, corrompent les élites et affament les populations de pays déjà malades
de leur sous-développement et..., comme nous n’avons pas à nous ingérer dans
leurs affaires, nous ne disons rien !
° Les
Brésiliens, les Canadiens, les Étatsusiens, les
Indiens prennent des mesures de protection de leurs marchés et nous les aidons à
pénétrer les nôtres... !
° La place de
la France en Europe et la place de l’Europe dans le monde n’ont aucune
importance. Seuls le « couple » franco-allemand mérite qu’on lui porte
attention. Les autres pays européens n’existent pas. Lorsque l’on daigne s’en
souvenir c’est pour les désigner comme les très mauvais élèves de la classe
!
°Quant à la francophonie c’est quoi ce
vieux truc ringard ? Développer les alliances et les centres culturels français
n’a évidemment aucune incidence sur notre économie et notre image... si ce n’est
nous faire payer plus d’impôts !
Angoisse. Les
messages de violence et de haine à l’encontre des Arabes et des musulmans sans
distinction entre intégristes et ceux qui veulent vivre en paix, qu’ils soient
ou non nos compatriotes, véhiculés par la Toile n’ont rien à envier aux affiches
collées sur les murs de nos villes durant la dernière guerre. Internet à ce
pouvoir de dévoiler l’esprit caché de beaucoup de ces auteurs dont nous ne
pensions pas, pour certains, qu’il recélait un tel rejet de
l’autre.
Le Président
de la République, garant de notre « vivre ensemble », a l’obligation de résoudre
très rapidement ce problème et d’en faire une priorité nationale. François
Hollande va probablement avoir un chantier d’une autre nature à résoudre...,
celui du pouvoir absolu, il va lui falloir se garder de tout triomphalisme. Le
rejet de l’ancienne équipe, dû à la forme voulue par le président sortant et à
l’allégeance aux dirigeants allemands, chantres de la financiarisation de
l’économie, n’est pas une totale adhésion au programme du nouveau
président.
Détenir la
Présidence de la République, l’hôtel Matignon, la Chambre des députés, le Sénat,
vingt régions sur vingt-deux, cent soixante villes de plus de trente mille
habitants sur deux cent soixante amène aussi à s’interroger sur le
fonctionnement de nos institutions.
Faut-il dire
comme certains de nos amis : « La Ve République, bâtie par un homme qui se
voulait au-dessus des partis et qui ne puisait sa légitimité que dans le
Rassemblement des Français qu’il suscitait autour de sa personne (à tel point
que le jour où elle lui a manqué - et les traitres étaient comme toujours dans
son propre camp - il partit dans l’heure !) est
redevenue le régime des Partis.
Le mode de
scrutin, uninominal à deux tours, comme je l’ai souvent dit, génère une
bipolarisation néfaste pour la conduite des affaires de la France (nous ne
sommes pas anglo-saxons) surtout en cas de tempête. Il faut en changer. » Il
convient certainement de faire entrer une dose de proportionnelle dans les
prochaines élections afin que les principales sensibilités soient représentées.
Reste à savoir quel est le bon dosage, suffisant pour être crédible et pas trop
élevé pour ne pas susciter magouilles et compromissions, si chères aux
nostalgiques de la IVe République et désirées par un certain nombre de ceux qui
rêvent de la VIe.
Faut-il
pousser à l’émergence d’une troisième force (voir l’article de P.C. en page 4),
non bâtie sur le rejet de l’autre mais sur la volonté de rassembler ? Une
alliance entre François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Jean-Pierre
Chevènement, Dominique de Villepin, Nicolas Dupont-Aignan, Hervé Morin et
Corinne Lepage est-elle un rêve humaniste irréalisable ?
Je laisserai
le mot de la fin à Pierre Chastanier : « Ceux enfin,
qui ne revendiquent aucune fonction politique, aucun mandat, aucun avantage
personnel, mais qui veulent simplement et humblement essayer d’éclairer les
hommes, auront-ils assez de courage pour se reconnaître, se rassembler, éduquer
le peuple, faire entendre raison aux puissants, faire vivre nos concitoyens et,
avec eux, les autres peuples du monde, sous la Loi éclairante de notre belle
devise :
Liberté, Égalité, Fraternité.
»