par
Luc Beyer de ryke
Dans
cette c a m p a g n e présidentielle il est un candidat extraordinaire, une
révélation. Je vous entend déjà : c’est Jean-Luc
Mélenchon. Certes, l’homme est un tribun. Il a un sens de la formule et de la
mise en scène. L’écharpe rouge de Bruant, l’habit noir plus noir que le Cadre de
Saumur, le verbe imprécatoire et inspiré plus proche de Danton que de
Robespierre dont il garde l’intransigeance pour « prendre l’argent où il se
trouve, chez les Riches ! ». En un mot comme en cent, cet homme, rosi sous le
harnais d’un socialisme qui s’alimentait de plus en plus à la mangeoire socialdémocrate s’en est soudain affranchi. Devenu la figure
de proue de la campagne du « non », il s’est dit qu’à une figure de proue il
fallait un navire. Et voilà qu’il existait.
Le
Parti Communiste, jadis vaisseau de haut-bord, avait essuyé les bordées de
l’Histoire. Sa coque, bien que trouée, était solide même passablement démâtée.
Elle avait encore un équipage, vieux matelots parcheminés couturés de cicatrices
des combats politiques rejoints par de jeunes mousses « qui avaient eu la chance
d’avoir de parents communistes » et avaient applaudi Josiane
Balasko.
Mais
de figure de proue, point. Travailleuse et consciencieuse, bon ministre de
Sports, Marie- George Buffet n’avait rien d’une Madona d’un communisme rénové.
Et Chassaigne dans lequel certains militants mirent,
peu de temps, leurs espoirs, rien d’un Marchais tonitruant, bête de spectacle
qui avait su ériger la mauvaise foi à la hauteur d’un de Beaux-Arts. Alors ? Alors Mélenchon vint ! On le prit... ou
il prit le parti.
Nous
verrons la suite mais le présent est d’un rouge triomphant. J’étais à la
Bastille. Il l’a prise. Celle du coeur des militants
et du peuple de gauche. Certains, à cela, me rétorqueront par de mots froids,
sans âme, tels que chiffres, réalisme, justice sociale compatible avec la
compétitivité. Bien évidemment. Mais cela est un autre débat. Postélectoral. Il
concerne le prochain Président de la République et son Gouvernement. Ah ! me direz-vous, la révélation de cette campagne est donc bien
Jean-Luc Mélenchon. Reconnaissonsle comme chantent les
étudiants : « il est vraiment phénoménal » !
Et
pourtant lorsqu’en exergue de ce propos, de ce libre-propos, je parle de
révélation ce n’est pas à lui que je songe. Vous souvenez-vous de ce film Kramer contre Kramer ? Mélenchon,
pour paraphraser Giscard, est le candidat de la parole. il est le Déroulède de la gauche, grand... comme la
fumée.
Il
est un autre candidat bien plus redoutable pour l’hôte de l’Élysée. Un candidat
qui, lui aussi, ameute de foules, les rassemble, les enfièvre et qui, avec une
tout autre autorité avance, assène ses propositions.
Un candidat qui tient la dragée haute à
Angela Merkal, tante Germanica et à son pays. Un candidat qui ne se laisse pas
conter par « la fortune anonyme vagabonde » du capitalisme. Les riches, il les
admire, les veut et les retient. Mais gare à eux s’ils leur prenaient l’envie de
s’exiler financièrement en Belgique ou en Suisse. Il mettrait à leurs trousses
l’incarnation de l’inquisition fiscale nommée Bercy.
Pas
question non plus de parachutes dorés ou de grandes entreprises «échappant à
l’impôt. Et l’Europe ? Il s’agit d’y mettre bon ordre. Shengen doit être révisé. Et s’il ne l’est pas ? Aucune
indécision ni répit, nous le quitterons. Aucune « gröss Bertha » ne réussira à le faire changer d’avis.
Il
y a trop longtemps qu’à l’Élysée on se laisse duper. Il faut que cela change et
le candidat énergique sachant moduler son verbe, alternant l’avertissement
sonore et le ton grave de la responsabilité, monte à l’assaut de ses
concurrents.
Il
laisse Mélenchon s’en prendre aux moulins à vent s’étant saisi de la lance de
Don Quichotte. Il laisse le révérend père Bayrou s’enliser dans son prêche
moralisateur. Il fait son miel de confidences familiales de Martine Aubry
adressées lors de « la campagne de Socialistes » à François Hollande. « Ma grandmère me disait toujours, lorsqu’il y a du flou il y a
un loup. ».
Enfin
Marine Le Pen qui a l’air de sortir du Café du Commerce lorsqu’à France 2
François Langlais lui donne un cours d’économie paraissant aussi affligé que
s’il avait eu Bécassine devant lui. Non, vraiment, le doute n’est pas permis.
Le
candidat dont je vous parle mériterait de gagner. Il connaît jusque dans les
détails les faiblesses, les carences, les manques de celui qui durant cinq ans a
occupé l’Élysée et la plus haute charge de l’État. Ce candidat qui a le courage,
la détermination et plus encore l’audace de vouloir remplacer Nicolas Sarkozy
s’appelle... Nicolas Sarkozy ! Comme je vous l’ai dit Kramer contre Kramer.