Lors
de notre dernier dîner-débat nous avons rendu hommage à la mémoire de Pierre
Lefranc disparu à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Collaborateur proche du Général
de Gaulle il faisait partie de son cercle rapproché, ceux que familièrement on
surnommait les « barons du gaullisme ». Il fut le dernier d’entre eux à être
reçu à Colombey.
Peu
de temps avant sa mort, à Matignon, François Fillion lui remit la Grand Croix de
la Légion d’Honneur. Le temps passe ? Ce n’est pas le temps, c’est nous qui
passons dit le poète. Voilà que disparaît à son tour Pierre Sudreau. À quatre-vingt-douze ans. Il était le dernier
ministre en vie du premier gouvernement de la Ve
République.
Pour
ceux qui croient aux intersignes relevons qu’il était né un 13 mai. Celui de
1919. À vingt-trois ans il fut le plus jeune responsable d’un réseau de
renseignement qui portait le nom Brutus.
Arrêté, torturé le 10 novembre 1943 il fut soumis à l’isolement avant d’être
déporté à Buchenwald à la même époque que Stéphane Hessel. Ministre de la
Construction dans le premier gouvernement de la Ve
République
il devint, en 1962, ministre de l’Éducation nationale. En désaccord avec le
Général sur le principe de l’élection présidentielle au suffrage universel il
devint parlementaire sous l’étiquette UDF et fut maire de Blois avant Jack
Lang.
Retiré
de la vie politique il présida, de juin 2006 à juin2009, la Fondation de la
Résistance. En marge des états de service et de la biographie officielle, sans
qu’ils en aient conscience, ils sont légion les enfants de la France et
d’ailleurs à connaître Pierre Sudreau dont, très
probablement, ils ignorent le nom. Lors qu’il avait douze ans le petit Pierre
avait écrit à Saint- Exupéry. L’enfant, précoce, avait
lu Vol
de nuit, en
avait été ému, et avait pris la plume pour le dire à
l’auteur.
Saint-Exupéry
fut touché par cette ferveur juvénile. L’échange se poursuivit. Et, semble-t-il,
c’est de Pierre Sudreau dont s’inspira Saint-Exupéry
pour imaginer le personnage du « Petit Prince ».