Au
moment où quelques nostalgiques de la social-démocratie espèrent encore
réformer, tout en maintenant un système qui prétend donner le pouvoir au peuple,
il est temps de s’interroger sur le type de régime qui pourrait aujourd’hui
convenir à un monde au bord du gouffre incapable de régler avec humanité les
problèmes de notre société. L’ultra capitalisme triomphant, la loi du marché,
l’individualisme forcené, l’égoïsme des nantis, la mondialisation irresponsable,
l’absence de réelle gouvernance onusienne, la crise, mot commode pour masquer
nos incapacités, l’épuisement prévisible des ressources de la planète, l’incurie
des États dont les dettes deviennent si ingérables qu’elles finiront par faire
disparaître l’épargne des classes moyennes, l’incivilité généralisée, les flux
migratoires incontrôlés, les nouvelles pandémies, le chômage, la guerre sont sur
un des plateaux de la balance.
La
science, l’innovation, le brassage intellectuel, social et humain, la volonté de
survivre, l’amour, l’humanisme, l’entraide, la coopération, suffiront-ils sur
l’autre à sauver notre espèce lui permettant de poursuivre sa route évolutive
vers un avenir incertain ? Le temps du gouvernement des Sages est-il advenu ?
Depuis Pythagore, on sait à quel point il est plus facile d’instaurer une
dictature, qu’elle soit violente ou plus subtile, que de rassembler aux
commandes de l’État, des hommes et des femmes totalement désintéressés,
uniquement soucieux du bien public, capables pour une brève période de consacrer
leur vie au service de l’intérêt général sans attendre une quelconque récompense
puis de passer la main à d’autres également désintéressés pour éviter tout
risque d’imposer une oligarchie qui immanquablement voudrait protéger ses
privilèges.
Notre
système actuel de monarchie républicaine, instauré par le scrutin majoritaire à
deux tours qui a durablement installé la bipolarisation dans le paysage
politique français, bipolarisation aggravée par la concomitance récente des
élections présidentielles et législatives, est maintenant tellement peu crédible
que le peuple toujours beaucoup plus intelligent que ne le croient les élites a
fini par en tirer la conclusion qu’il était inutile de participer à ces
mascarades de démocratie que sont devenues nombre de consultations populaires
(50 % d’abstentionnistes, 18% de Françaises et de Français qui ne sont même pas
inscrits sur les listes électorales, des votes blancs et nuls qui ne sont pas
pris en compte). Tout cela pour dire qu’un parti qui au second tour l’emportera
avec 51 % des suffrages exprimés ne représentera en fait guère plus de 20 % des
citoyens dont à peine plus de10 % au premier tour !
Déçus
par tant de promesses électorales non tenues– mais elles n’engagent, dit-on, que
ceux qui les reçoivent – nos compatriotes n’espèrent plus que les politiques –
profession qui avec celle de journaliste est la plus dévaluée – soient capables
d’apporter des solutions durables à leurs problèmes. La persistance du chômage,
le sentiment que leurs enfants auront les pires difficultés à s’en sortir, la
peur de l’avenir, l’étalage des richesses des nantis, aux intérêts desquels les
élus, surtout de droite mais aussi pour certains de gauche, apparaissent souvent
comme liés, expliquent ce désenchantement qui aujourd’hui se traduit par
l’abstention et qui demain redonnera naissance à de nouvelles jacqueries
!
Un
temps encore, le pouvoir, en connivence avec les médias, pourra faire croire
que, crise oblige, il n’y a pas d’autre politique possible que celle qui est
actuellement menée, l’opposition prétendra le contraire. Si le premier gagne,
tout continuera comme avant, si la seconde l’emporte très vite la situation
redeviendra analogue jusqu’à l’explosion finale. Déjà les indignés donnent dans
une faible mesure une idée de ce qui pourrait advenir le jour où 99,99 % de la
population c’est-à-dire la quasi-totalité des citoyens exceptée l’oligarchie
ploutocratique qui possède presque tout (6.400 personnes au total
représentant500 familles) et qui manipule à son service pouvoirs et médias soit
un jour submergée ici comme ailleurs par un véritable tsunami du ras-le-bol né
de la société civile.
Ne
parlons plus de partis, les partis étymologiquement séparent. Or nous avons
besoin plus que jamais d’union, sur base de liberté et de responsabilité, de
solidarité et de justice, d’égalité des chances, d’intégration crédible pour les
plus démunis.
Nous
avons besoin de « parler vrai », ce qui devant des médias aux ordres, chargés
d’anesthésier le peuple à l’aide d’émissions débiles (Panem et circenses), est plus
facile à dire qu’à faire.
Nous
avons besoin d’une mobilisation générale où tous ceux, hommes et femmes de bonne
volonté, qui jusqu’alors se disaient de droite, de gauche, du centre, des
extrêmes, voudront bien se rassembler sans ostracisme pour ENSEMBLE rebâtir une
Nation équitable au sein d’une Europe revivifiée.
Nous
avons besoin d’échanger, de trouver des solutions acceptables par le plus grand
nombre, de réunir sous nos valeurs républicaines tous ceux Français et étrangers
qui vivant sur notre sol s’engagent à respecter nos lois. Nous avons besoin de
donner l’exemple d’une société équitable sachant exiger de chacun selon ses
capacités et récompenser chacun selon ses mérites. Les intelligences ne manquent
pas, la volonté de s’en sortir non plus. Mais le système est
bloqué.
En
effet, les partis font la loi. Ils ne représentent réellement que quelques
milliers de militants mais s’arrogent le droit, dans un touchant ensemble, de
disposer des investitures, de l’aide financière de l’État, des ressources
occultes des grands groupes, des médias, des institutions. Vous voulez
participer au sauvetage du Pays ? Si la crise traîne un peu, couvant sous la
cendre des atermoiements des sommets successifs, on ira sans doute jusqu’aux
élections présidentielles de mai 2012 mais ensuite rien ne sera
joué.
Nicolas
Sarkozy ou François Hollande avec, entre les deux tours, un éventuel remake de
2002 : rien ne changera vraiment, non qu’ils soient incapables mais parce qu’ils
sont prisonniers du système et de ceux qui les soutiennent. Les candidatures des
autres Bayrou, Joly, Mélenchon, Le Pen, Morin… inutiles dans ce scrutin
uninominal à deux tours, aideront certes ces groupes politiques à compter leurs
voix ne serait-ce que pour encaisser aux législatives qui suivront les fruits de
leurs profitables investissements (les partis, sans parler du remboursement plus
que généreux des frais de campagne, perçoivent en effet en fonction des
résultats obtenus aux législatives 1,63 € par voix chaque année pendant cinq ans
+ 50.000 € environ par parlementaire élu).
C’est
alors qu’il faudra, constatant très rapidement qu’une fois de plus tout est
pareil, que tous ceux qui aiment la France et qui veulent l’empêcher de sombrer
s’unissent, là où ils se trouvent, pour que, hors des affrontements des égos,
dans un esprit de dialogue et de concertation, tous les Républicains soient
capables de ramener le Pays vers des eaux plus calmes, oubliant délibérément les
étiquettes qui hier les divisaient, en parlant vrai, d’une même voix, celle de
la fraternité.
Attention
! Aucun rassemblement aussi largement mobilisateur ne pourra naître sous la
férule d’un leader politique quel qu’il soit car, dans un mouvement en
formation, la désignation d’un chef ne doit en aucun cas apparaître comme une
décision « a priori ». Elle ne peut être que le choix ultérieur fait le moment
venu par la masse qui reconnaîtra en son sein celui ou celle qui pourra le mieux
incarner ses aspirations tout en sachant que cette masse désire participer,
forger son propre destin et non s’en remettre à un hypothétique sauveur. Mais à
l’heure des réseaux sociaux tout devient possible. Que cherchent-ils donc en
effet ces innombrables bateleurs d’estrades, qui
avant longtemps ne pourront dégager une majorité en dehors des deux mastodontes
durablement en place malgré l’échec patent de leurs politiques successives
?
À
faire parler d’eux ? À vivoter au gré des campagnes ? À se rassasier de leurs
apparitions sur les chaînes de télé ? À jouir d’un salaire confortable et d’une
copieuse retraite sans parler des mille petits avantages de la vie d’élu ? Pour
quoi faire ?
L’histoire
ne se souviendra guère du passage de cette petite troupe. Dommage car parmi eux
beaucoup auraient pu servir et être utiles à la France s’ils avaient recherché
le bien public et non leur intérêt personnel. Si l’UMP l’emporte,
l’impossibilité constitutionnelle de réélire le président sortant pour un
troisième mandat créera dès 2012 des tensions centrifuges parmi les prétendants
au trône. Si le Parti Socialiste est vainqueur la conjonction des forces
conservatrices ne lui favorisera guère la tâche. On a vu dans le passé ce que
cela avait donné.
Car
le plus fort dans tout cela c’est qu’à part une minorité de super nantis qui
sont aux commandes dans la lumière ou de façon plus occulte, une bonne moitié
des Français, surtout parmi ceux qui se disent de droite croit avoir intérêt à
faire cause commune avec ces eux. Ils n’acceptent pas l’idée de se retrouver sur
les mêmes bancs que les leaders d’extrême gauche ou du Front National et
on les comprend tant les discours des extrêmes se rejoignent dans la négation de
l’autre.
Qu’ont-ils
pourtant à voir ces 64 millions de Français avec ceux dont le patrimoine excède
50 millions d’euros ? On leur fait croire, c’est tout, que leurs destins sont
liés ! Entre Bernard Arnaud (21 milliards d’€) et le pauvre Jean-Paul Gauthier
(60 millions d’€)500 familles parmi lesquelles de
nombreux inconnus se situent entre ces deux extrêmes (http://www.
challenges.fr/classements/fortune).
Or,
l’essentiel est que la politique de la France ne se fasse pas à la corbeille
comme l’avait pourtant si bien dit le Général. Pas besoin de guillotine ! Ceux
qui veulent partir partiront le jour où le gouvernement du renouveau sera en
place. En réalité ils l’ont déjà fait, Mulliez(Auchan) est en Belgique, Peugeot en Suisse. Les exilés fiscaux sont
légion y compris parmi les chanteurs connus et les vedettes du sport. Un
Gouvernement des Sages n’a pas besoin de boucs émissaires. Reconnaître les
mérites et les récompenser largement doit rester possible sans affamer les plus
humbles.
Quand
on entend une célèbre enseigne de la grande distribution vanter ses efforts pour
promouvoir le pouvoir d’achat des Français que ne commence-telle à en finir avec
cette pratique odieuse qui consiste chez elle à recruter des caissières à
mi-temps souvent obligées de revenir deux fois par jour pour 500 € par
mois.
Une
réforme fiscale est certes nécessaire. Un impôt sur le revenu progressif,
touchant toutes les classes sociales au-dessus du SMIC, incluant les revenus
financiers aussi bien que ceux du travail. Un impôt sur le patrimoine au-dessus
de 100.000 € à taux faible mais n’exonérant aucun type de biens (toiles de
maîtres, actions de société, collections…). Une TVA sociale favorisant
l’exportation de nos produits tout en faisant contribuer les importations à la
solidarité nationale.
Une
réforme de l’éducation, commençant dès l’école maternelle, pour en finir avec
ces jeunes qui sortent sans diplôme ne maîtrisant même pas les savoirs
fondamentaux, pour mieux intégrer les enfants d’immigrés, pour préparer une
orientation responsable des jeunes selon leurs désirs et leurs capacités, pour
les former aux métiers dont le pays a besoin, pour donner à tous l’accès au
savoir et à la culture. Une réforme de l’entreprise pour réhabiliter
l’association capital-travail, lutter contre une désindustrialisation coupable
aux seuls profits d’une minorité, favoriser l’innovation garante des succès de
demain, offrir à chacun avec son salaire quotidien sa dignité
quotidienne.
Une
lutte contre les gaspillages notamment dans
les dépenses publiques sans sacrifier la qualité du service rendu au public, par
plus de simplification, plus d’intelligence, moins de corruption, plus de
contrôle a posteriori, une lutte contre les gaspillages énergétiques en
retrouvant un mode de vie plus économe pour la planète.
La
promotion d’une Europe confédérale forte qui à l’heure des continents organisés
s’ouvrant sur une plus large participation de nos voisins de l’Est avec qui nous
partageons une histoire et une culture millénaire et qui, avouons-le, regorgent
des réserves énergétiques qui nous manquent nous donnerait demain la parité que
nous méritons face aux blocs nord et sud américains, indiens ou
chinois.
Une
société fondée sur les valeurs humanistes dont la France est le chantre depuis
deux siècles, respectant dans tous les domaines la liberté de chacun mais
soucieuse de ne permettre aucune dérive intégriste, aucune incivilité, aucun
acte délictueux non sanctionné de la Loi, solidaire mais exigeante demandant à
tous, notamment aux assistés, selon leurs aptitudes, de participer, là où ils
peuvent être utiles, à l’oeuvre
commune.
Pour
vous qui espérez en ce sursaut salvateur, une seule solution : oublier vos
partis d’hier et les cloisons mentales qu’ils ont dressées entre nous, oublier
vos étiquettes inadaptées au monde de demain, droite, gauche, centre, extrêmes,
oublier vos vieux nationalismes exacerbés que certains confondent avec le noble
et généreux patriotisme. L’Union, l’union, l’union !
Un
seul Rassemblement : celui des hommes et des femmes de bonne volonté pour
chercher ensemble ces voies de l’avenir dans le respect de tous, trouvant à
chaque problème une solution acceptable, même si c’est momentanément une cote
mal taillée car compromis ne veut pas forcément dire compromission. Donner à
tous ceux qui veulent s’engager la possibilité de servir là où leur compétence
sera utile tout en évitant qu’ils s’installent dans un pouvoir inamovible pour
profiter de privilèges injustifiés. Simplifier la vie publique pour la rendre
plus participative, plus proche des citoyens, dépoussiérée de tous relents
d’ancien régime, au service du Peuple, et faire que chaque élu puisse retourner
à sa vie familiale lorsqu’ayant achevé son mandat il passera le témoin à
d’autres, avec joie, pour que la démocratie respire et que la France
avance.