On
se souvient du titre provocateur de Bernanos. Ne pourraist- on pas le paraphraser en l’adressant au Parti
Socialiste.
« Le pouvoir pour quoi faire ? »
C’est ce qu’implicitement Jacques Julliard fait en évoquant dans
Marianne ce
que deux auteurs, Alain Bergougnioux et Gérard
Grunberg, ont appelé « le
long remords du pouvoir ».
Un sentiment,
« un refus quasi janséniste » étrangement
exprimé par Léon Blum en 1942 devant les juges indignes du procès de
Riom.
« Je n’ai jamais cherché le pouvoir, que j’ai même mis à m’en écarter autant
d’application et de soin que d’autres pouvaient mettre à s’en rapprocher, et que
j’en ai détourné mon parti aussi longtemps que cela m’aura été possible.
»
Surprenante
déclaration d’un homme de scrupule et de qualité, esthète et intellectuel proche
de la Revue Blanche plus qu’animal politique et homme de décision. La nonintervention lors de la guerre d’Espagne a dit sa
prudence faite d’indécision. Ce sont les caractéristiques qui lui étaient
propres mais aussi à son parti.
Opportunément
Julliard rappelle l’opposition au régime présidentiel qui poussa Guy Mollet, par
principe à ne pas présenter de candidat socialiste et reporter sa faveur sur…
Antoine Pinay. « Je n’ai pas sauvé la France pour la remettre à ce Monsieur
Pinay ! » laissait tomber, altier, le Général de Gaulle. Il fallut François
Mitterrand pour crier au « coup d’état permanent » … et se glisser, une fois
élu, dans les habits du Général.
Aujourd’hui
le PS serait-il revenu à ses « remords » et à son mal-être du pouvoir ?
S’agirait-il d’un retour à un inconscient collectif ? Ou davantage le
comportement d’une meute désordonnée, sans chef qui, à défaut d’Akela, se disperse, se parcelle, se déchire entre
prétendants. Chacun y va de son coup de croc. Un lambeau de chair par ci, une
touffe de poils par là.
Ce
n’est pas qu’il n’y ait aucune unité. Lors de la candidature de Ségolène Royal,
dans les rangs du PS, on mis beaucoup d’ardeur à la
faire trébucher. Enfin, on y réussit et Nicolas Sarkozy fut élu. Le même
scénario paraît se dérouler. Ségolène, elle, n’est plus sur le devant de la
scène. Elle a séché ses larmes et aspire au perchoir de l’Assemblée nationale.
C’est au tour de son ancien compagnon François Hollande de gravir les pentes du
Golgotha. Avec les encouragements d’un Corrézien, aujourd’hui bien affaibli,
Jacques Chirac. Avec le soutien hypocrite de ses « amis » politiques.
L’Élysée
ou Matignon ?
Après
avoir en exergue cité Bernanos j’aurai recours au titre de cette amusante série
télévisée inspirée d’Agatha Christie « Petits meurtres entre amis ». À tel point
que la rumeur naît, court, se répand. Et si le PS se satisfaisait de perdre les
présidentielles pour gagner les législatives. ! Exit alors François Hollande
pour un Premier ministre de cohabitation. Nous vous laissons mettre un nom sur
l’aspirant ou l’aspirante à ce « sacrifice ». Si tel devait être le calcul il
pourrait s’avérer une erreur mathématique.
C’est
Lionel Jospin qui a voulu que les législatives suivent les présidentielles.
Jusqu’ici qui gagne les premières voit ses amis emporter les secondes dans la
foulée. Merveilleusement secondé par la stratégie et les haines des Atrides
socialistes l’improbable peut ne pas se révéler impossible. Nicolas II pourrait
succéder à Nicolas Ier.
À moins que la détestation dont il est
entouré soit si forte que François Hollande soit élu par défaut contre une Marie
Le Pen largement sous-évaluée dans les sondages. Auquel cas nous aurions une
France unicolore, rose à l’Élysée, à Matignon, dans les régions. L’occupation
sans partage du pouvoir est rarement bénéfique. Qu’elle que soit la famille
politique qui la détient.
Bonne
année... quand même
Ce
qui ne m’empêche pas de vous souhaiter à toutes et à tous une année heureuse
même si l’avenir politique paraît incertain. Nous nous efforcerons d’y faire
entendre notre voix nous souvenant qu’avec le Téméraire « il n’est pas
nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».