HABEMUS PAPAM !

 

par Luc Beyer de ryke,

Habemus papam ! Les Belges se sont surpassés. Ils ont battu le record des conclaves les plus longs. Encore, au moment où j’écris ces lignes, la furie qui s’élève de la rue de la Loi est (presque) blanche. Les négociateurs se sont accordés sur le budget. Reste à former le gouvernement. Sauf ultime accident c’est saint Nicolas qui l’apportera.

 

Mais tous les rubans et les sucreries dont sera entouré le paquet-cadeau ne fera pas oublier que le messager de la (bonne) nouvelle est le Père Fouettard. Il porte un nom bien réel qui a peu de choses à voir avec la mythologie enfantine. Celui de l’agence de notation Standard and Poors. Voilà plus de cinq cent trente jours que les négociateurs argumentaient, s’affrontaient, s’enlisaient. Soudain, une nuit, une matinée suffirent. Le budget était bouclé. Mieux même, des pistes s’ouvraient pour 2013, 2014 voire 2015.

Que s’était-il passé ? Standard and Poors avait dégradé la Belgique. Elle venait de perdre le triple A. Ce fut l’électrochoc. Elio Di Rupo,le formateur qui était allé voir le roi à Ciergnon, la mine lasse, défaite, le noeud papillon en bataille pour présenter sa démission, d’ailleurs refusée, ne prit même pas la peine de revoir Albert II. Sans doute un coup de téléphone avait suffi. Le roi avait prié Di Rupo de réfléchir.

 

La soustraction d’un A avait brutalement interrompu la réflexion. 17 heures de caucus fiévreux et le souverain était entendu. Il aurait – enfin – son gouvernement. Avec, comme l’écrivait caustique et amer un observateur, M. Standard aux Finances et Mme Poors au Budget.

 

L’argent roi

La politique désormais se fait à la corbeille pour reprendre le mot du Général de Gaulle. Et pour se montrer pluraliste je reprendrai volontiers la dénonciation de « l’argent-roi » chère à Robert Hue. Rien ne dit que le saut de carpe des négociateurs suffise à amadouer les marchés, les agences de notation et la commission européenne. Même si les11,3 milliards d’économie annoncés permettent comme promis un déficit de 2,3 % (inférieur aux 3 % exigés par Bruxelles) et le budget en équilibre pour 2015.

 

De plus, la rigueur retrouvée s’accompagne d’inégalité selon les syndicats tant chrétiens que socialiste et libéraux. L’agitation sociale menace. Elle est là avant même que le gouvernement soit formé. Enfin, cerise sur le gâteau, Elio Di Rupo, futur premier ministre, est un infirme linguistique. Il a une connaissance passive du néerlandais assortie d’une pratique récente cahotante et cahotique. Avec un gouvernement - à venir - qui n’aura pas la majorité en Flandre. Gageons qu’aux premières difficultés il en aura pour traduire dans la langue de Vondel le « Tout va Très bien madame la marquise ».

 

Épilogue

Les chroniques s’écrivent au fil de jours, au fil des heures. Celleci a trouvé son épilogue. Après 540 jours, le Gouvernement est là. Il a trouvé son nom. On l’appelle « le Gouvernementpapillon», référence au noeud « pap » que porte son Premier ministre, Elio Di Rupo. Il est composé de trois familles traditionnelles, chrétiens-démocrates, socialistes et libéraux. Relevons que Didier Reynders, libéral francophone, glisse de Finances aux Affaires étrangères. Le cabinet comprend treize ministres et six secrétaires d’État. Parmi ces derniers quelques nouveaux. Tous néerlandophones. Les éditorialistes prédisent, sans risques de se tromper, une vie difficile à la nouvelle équipe.

 

 D’autant qu’un sondage tout récent met la NVA (nationalistes flamands) à ...39,8 . Seul réconfort dans ce tableau, la sortie réussie d’Yves Leterme, Premier ministre démissionnaire. Il a lancé un emprunt d’État en tablant sur 200 millions d’euros... le voici en passe d’atteindre les5,5 milliards d’euros ! Vous avez dit Belgique ?...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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14.12.2011
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