«
Des engagements pour l’avenir, dans un contexte mondial fragile.
»
Confrontés
à un environnement en mutation, nous devons, avec la plus grande acuité, faire
preuve d’une très grande capacité d’adaptation et d’anticipation pour garder
notre rang de grande puissance parmi les autres puissances internationales. Il
s’agit d’une veille stratégique permanente. Faut-il rappeler qu’à son époque le
Général de Gaulle fit preuve d’une clairvoyance exceptionnelle notamment au
sujet de la dissuasion nucléaire dont les décisions politiques allaient engager
le destin de la France comme une nation indépendante, libre et responsable de
ses actes. L’une des conditions nécessaires à cette autonomie des décisions
politiques résidait dans la capacité d’assumer avec ses propres moyens la
défense de son territoire contre les agressions militaires directes qui
remettraient en cause sa survie.
La
stratégie nucléaire française.
La
politique française de défense nationale engagée dès les débuts de la Ve
République, avec pour composante essentielle la force de dissuasion nucléaire,
demeurera inchangée avec les successeurs du Général de Gaulle, malgré le
changement de contexte international. Les
réalisations françaises au niveau de la force nucléaire, de 1960 à 1980, sont
significatives, par exemple les forces aériennes stratégiques, composées de
Mirage IV, les missiles balistiques, les armes nucléaires tactiques ainsi que le
développement de la force océanique stratégique, décidé par le Général de Gaulle
depuis mars 1968. En 1978, la construction d’un sixième sous-marin nucléaire
L’Inflexible, sera ordonnée par le Président Giscard d’Estaing. Les progrès
spectaculaires de l’armement nucléaire français classe la France à la troisième
place des puissances nucléaires, derrière les États-Unis et l’URSS, mais avant
la Grande-Bretagne. Grâce au choix du nucléaire, le Général de Gaulle a non
seulement permis la construction d’une infrastructure gigantesque pour
l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, mais il a réussi à
obtenir la reconnaissance des Alliés ainsi qu’un statut pour la France de membre
permanent au Conseil de sécurité des Nations unies parmi les cinq puissances
nucléaires déclarées lui permettant de peser de tout son poids sur les relations
internationales. Les polémiques au sujet de la stratégie nucléaire française
considérées sous l’angle de sa crédibilité et de son efficacité, sont souvent de
simples spéculations stratégiques et doivent laisser la place au vrai débat sur
les besoins énergétiques de la France voire de toute la
planète.
Quels
sont les choix stratégiques énergétiques à développer ?
Le
monde est entré dans une nouvelle ère caractérisée par des changements majeurs.
D’abord, la concentration urbaine, 75 % de la population mondiale vivra dans les
villes en 2040 (contre 50 % en 2006). Ensuite, la rareté des ressources,
particulièrement les ressources fossiles, tout comme la nécessaire prise en
compte du risque climatique, impose de « décarboner »
l’énergie et donc de recourir de façon accrue au nucléaire et aux énergies
renouvelables, au premier rang desquelles l’hydraulique. L’origine de la
production électrique dans l’Union européenne des vingt- sept se répartit entre
le nucléaire (30 %), le charbon (29 %), le gaz et le fuel (25 %), l’hydraulique
(10 %) et les autres énergies renouvelables (6 %). Troisièmement, les pôles du
développement mondial se sont déplacés vers l’Est et le Sud : le monde compte
désormais plusieurs centres de gravité. Il n’est plus question que toutes les
technologies soient aux pays
riches et que les autres les attendent. Il existe une dualité entre le
réchauffement climatique qui impose de restreindre les émissions de CO2 et la
démographie et le développement économique venant de Chine, d’Inde et des autres
pays émergents qui font craindre des pénuries. La demande mondiale a augmenté
ces dernières années de 2 % par an, elle pourrait diminuer autour de 1,5 %, si
les mesures d’économies d’énergies préconisées par les gouvernements lors des
sommets sont respectées. Dans un marché européen de plus en plus ouvert, les
grands groupes énergétiques s’organisent
pour faire face à une concurrence qui se déploie désormais à l’échelle
internationale afin de répondre à trois grands enjeux : les prix, la sécurité
d’approvisionnement et le changement climatique. Au total, les grands opérateurs
sont désormais conduits à investir chacun plus de dix milliards d’euros par an
au service d’un projet industriel qui entre dans « l’ère du bas carbone
».
La
stratégie économique et financière.
Parmi
les problèmes nécessitant également une réflexion sérieuse, la dette publique
qui continue d’augmenter,
pourrait atteindre 100 % du PIB en 2015. Les déficits du commerce extérieur (3,5
% du PIB) et de la balance des paiements (3,6 du PIB) se
trouvent à
des niveaux jamais atteints même lors de la crise de 1983. Le contexte
international est fragile, la croissance économique mondiale peut s’effondrer à
tout moment. Il est urgent pour notre pays d’avoir un débat de fond et agir
sur les
leviers dont il dispose en particulier sur sa dette publique et sa compétitivité
afin de redonner notamment ses lettres de noblesse à l’école, la formation des
salariés et des chômeurs, la recherche dans les entreprises. Il faut porter haut
les valeurs du service public, même si elle s’apparente
davantage au progrès technologique, l’innovation doit investir tout autant les
champs commercial, économique et social. Enfin redonner aux métiers de
l’industrie l’importance et la place qu’ils
méritent.
Dans
un avenir à court terme, plusieurs questions se posent notamment sur les
politiques industrielles à mener en France et en Europe face à la
mondialisation. L’Union européenne a-t-elle les moyens de mener une politique
énergétique commune ? La question militaire se pose également dans un contexte
mondial chaotique où les frontières ne demeurent pas infranchissables. De quelle
armée voulons- nous, pour quelle défense ? À l’instar de la pensée du Général de
Gaulle, « les Alliés européens doivent conserver leur indépendance et son
élément essentiel, la défense nationale, tout en prenant leurs responsabilités
pour une défense commune ». Concilier les démarches environnementales avec le
développement économique
et la cohésion sociale constitue un engagement pour notre avenir et celui des
générations qui vont suivre. Notre souci quotidien est de répondre aux grandes
questions du futur par des choix stratégiques qui sont à notre
portée.