L’Europe est morte…..vive l’Europe
Jean-Louis Guignard
Dans la lignée de Delors et de Prodi les technocrates ont construit une
Europe en panne avec en clé de
voute une monnaie unique dont on voit les faiblesses. L’enfer est pavé de bonnes
intentions. Cette Europe idéologique est à reconstruire avec l’adhésion des
Peuples.
L’Europe est une nécessité géopolitique ; malheureusement celle que
l’on connaît aujourd’hui s’est construite dans une vision technocratique et administrative loin de l’adhésion des
peuples, de façon dogmatique et autoritaire loin des particularités
régionales…..le nirvana promis s’est
transformé en pétaudière. L’intention est bonne, l’analyse déficiente et
idéologique mais la réalité ne suit pas.
L’Euro est à la peine, le niveau de vie moyen diminue dans une période
de croissance mondiale, la voix de l’Europe est inaudible face aux changements
profonds du monde, nous sommes des suiveurs en diplomatie et en défense hors
déclarations tonitruantes.
Force est de constater que l’Europe vit une crise systémique avec l’euro
en son barycentre. Ce sont les pays les
plus subventionnés par l’Europe qui résistent le plus mal à la crise ! La
Slovénie, peu subventionnée s’en tire honorablement ! Comme disait
notre regretté Fernand Raynaud "…y’a comme un
problème… ! ".
Je ne crois pas à la disparition de l’euro, mais plutôt à son existence
comme monnaie européenne de référence, le regretté ECU (European
Count Unit) justement promus par Giscard d’Estaing, monnaie souveraine de
l’Europe avec le retour des monnaies nationales qui s’y réfèrerait. La GB, entre
autres, ne s’y était pas trompé.
Permettez-moi, en sollicitant votre aide, d’étayer mon propos ;
effectivement à Dialogue et Démocratie française on s’interdit de critique sans
proposer des alternatives et la réponse aux interrogations.
1. Sortir de l’Europe….c’est facile
Revenir au franc, au mark ou à la lire est une opération technique plus
simple que le passage à l’euro. La séparation de la Tchécoslovaquie n’a pas posé
de problème majeur ni de couts prohibitifs ; elle a même permis à la
Slovaquie d’amorcer son décollage. L’euro, monnaie unique, n’a pas amené la croissance et les emplois
promis et a même pénalisé la croissance de certains pays qui l’on adopté. Le
retour aux monnaies nationales nous ramène à la situation d’avant la
construction de l’euro ou l’on disposait de l’ECU. L’euro est conservé et
sortirait renforcé par un fond européen
souverain.
Quelques précautions techniques devront être prises, entre
autres :
- Fermeture temporaire des marchés pendant l’introduction des monnaies
nationales
- Contrôle provisoire des changes et restriction temporaire des mouvements
importants de capitaux afin de lutter contre la spéculation,
- La parité du franc par apport à l’euro étant relativement stable serait
de un franc pour un euro ; il serait assez simple de convertir la dette en
euro en franc,
- Quelques mois pour imprimer les nouveaux billets avec l’imprimerie
nationale en concurrence avec Arjo Wiggings nettement moins cher.
- Rendre la spéculation sans contrepartie économique ou marchande illégale
par exemple en interdisant la revente
d'un titre ou d'un bien avant un certain délai
- …
Dans un premier temps les marchés réagiront négativement, mais
l'abrogation de la loi de 1973 permettra à la banque de France, comme le font
les USA, la GB ou le japon de financer le trésor public calmant ainsi les
ardeurs de la spéculation pour la spéculation.
2. L'Euro monnaie de réserve
Comme l'ECU avant 1999, l'euro serait une monnaie de réserve
internationale constituée de parts des monnaies nationales européennes
facilitant le travail des entreprises. Il est clair que le dollar ne doit pas
rester la seule monnaie de réserve avec l'euro et pourquoi pas la monnaie
chinoise compte tenu de l'énorme dette américaine….l'Europe ne peut être
absente. La création, ou plutôt le retour au système Monétaire européen,
imposera des monnaies fixes mais ajustables à l'intérieur d'un système de
concertation supranational européen. Cette nouvelle Europe mettra en place un
contrôle des changes pour mieux réglementer la finance et se protéger des crises
importées. Une taxation des transactions financières en provenance des paradis
fiscaux serait installée.
3. Peur du saut dans l'inconnu
Il convient d'avoir plus peur du système actuel que de réformes
indispensables et salvatrices. Un pape visionnaire nous avait dit "….n'ayez pas peur"! Les défenseurs du
statuquo, qui en sont le plus souvent les bénéficiaires et prédateurs, vont
agiter les peurs relevant plus de l'inconscient que de l'analyse afin de sauver
leurs intérêts particuliers. Il faut y répondre.
3.1 Dévaluations compétitives
Un retour sur les années 80 montre une croissance du PIB de 2,3% contre
moins de 1,5% dans les années 2000. Ces chiffres sont à prendre avec précaution
en période de croissance démographique
qui gonfle ce PIB mais pas celui du PIB/tête. On a le phénomène inverse
en Allemagne pays vieillissant et en décroissance démographique qui affiche dons
d'excellentes performances en PIB/tête. Les dévaluations et réévaluations ne
semblent pas avoir d'effet significatif sur la croissance.
Le système à monnaie unique
pousse à la compression néfaste des
salaires vers le moins disant. A contrario un pays dont les salaires progressent
plus vite que ses voisins peut ajuster son taux de
change pour regagner en compétitivité.
Il est vraisemblable que le franc (franc veut dire libre en vieux français)
resterait à peu près stable, le mark progresserait (10 à 15%?), la peseta et la
lire tomberait.
3.2 peur de l'inflation?
Les prix allemands grimperaient alors que celui des pays du sud
baisseraient avec pour effet d'équilibrer les balances commerciales dans la
zone. Le regain d'inflation, utile pour résorber la dette, serait limité car
environ 60% du commerce est intracommunautaire.
3.3 Financement de la dette
Notre indépendance monétaire retrouvée permettra à la Banque de France
d'émettre des bons du trésor afin d'éviter de payer des taux prohibitifs
contrant ainsi les premières réactions négatives des marchés. Pourquoi
s'interdire ce que les pays anglo-saxons, le Japon ou même la Chine se
permettent?
3.4 Sortie légale de l'euro
Ce n'est pas à proprement parlé une sortie puisque l'Euro, sera basé sur
un panier de monnaies européennes. Néanmoins rien n'est prévu dans ce sens dans
les traités européens montrant le mépris vis à vis d'une éventuelle volonté des
peuples par des "élites" autoproclamées, tous les traités étant orientés
unilatéralement vers l'entrée de nouveaux pays!
On comprend mieux maintenant les réticences de la GB, Suède, Norvège et
Danemark quand on observe leur taux de croissance (4% en Suède pour 2010, 2,2%
au DK) fac au pauvre 1,6% de la zone euro malgré la performance de l'Allemagne.
La dévaluation de la livre anglaise a permis à la GB d'amortir la crise qui
aurait été sinon encore plus sévère.
Conclusion
La convention de Vienne permet à la France de quitter l'Euro nous
donnant ainsi le même statut que les pays qui n'en sont pas membre. De nombreux
pays performants, souvent sans avantages particuliers (pétrole,….) affrontent la
mondialisation en se passant fort bien d'une "graaaande monnaies" et rien ne démontre qu'il faille une
monnaie supranationale pour assurer la croissance. Par contre disposer de
plusieurs monnaies de référence serait un immense progrès. La fermeté de la
France, pas seulement par des moulinets médiatiques, pour proposer ce schéma, ou
de quitter purement le système actuel amènera automatiquement les autres pays,
et surtout l'Allemagne, à envisager notre schéma d'autant que c'est aussi leur
intérêt à terme.
La peur a changé de camp! Les contempteurs du système actuel, ce
"machin" comme disait de Gaule, agitent la peur du changement. Mais la peur doit
changer de camp car c'est le système actuel qui conduit à une décadence
programmée, à des troubles sociaux et à la rupture du pacte républicain.
Effectivement nous aurons droit aux grandes orgues médiatiques de tous ceux qui
profitent de façon, certes légale (ils font les lois), mais
parfaitement immorale et antidémocratique de l'organisation actuelle. Rendons la
parole au peuple, ce peuple qui avait raison pour le traité de Lisbonne et qui a
été humilié, pour des sujets aussi fondamentaux. Un
référendum….?
J'admire le Roi d'Espagne mais n'accepterais jamais que dans un traité
supranational la première signature soit …nous Juan, Roi d'Espagne" ni qu'un pays
que j'apprécie comme la Turquie soit signataire de nos traités mettant les
Peuples devant le fait accompli.