FAUT-IL SORTIR DE L’EURO

FAUT-IL SORTIR DE L’EURO ?

 

 

par DEBOUT LA RÉPUBLIQUE

Aujourd’hui, les Français se rendent compte que l’euro ne les a pas protégés de la crise; Depuis celle-ci, ils se rendent bien compte que la sortie de l’euro, si elle n’est pas la solution à tous les problèmes, pourrait être l’amorce d’un renouveau. Surtout, il est aujourd’hui très clair que l’euro est une monnaie de banquiers, au service de la finance et non pas des peuples européens. C’est pourquoi il faut en sortir rapidement : retrouver notre liberté monétaire, investir dans le xxie siècle et gouverner conformément à nos intérêts.

 

Après les épisodes grecs et irlandais – où finalement, comble de l’ironie, ce sont les Chinois qui vont aider ces économies – la sortie de l’euro n’est plus une chimère. Ce qui était inenvisageable hier est devenu inévitable. Il est donc temps de se préparer à sortir de l’euro car la dislocation de la monnaie unique pourrait arriver encore plus tôt que prévue. La politique, ce n’est pas subir les événements mais les prévoir et s’y préparer en répondant aux questions légitimes que tous nous nous posons sur l’après euro.

 

Y a-t-il des précédents de retour à des monnaies nationales ?

 

OUI, les exemples ne manquent pas. À l’époque où les pays de l’Union européenne ratifiaient le traité de Maastricht, la Tchécoslovaquie prenait le sens inverse. En 1993 les deux États tchèque et slovaque, issus de sa scission, ont choisi d’introduire des monnaies nationales distinctes pour adapter leurs politiques monétaires aux réalités économiques différentes des deux pays. C’est ainsi que la couronne slovaque s’est dépréciée par rapport à la couronne tchèque, reflétant ainsi les écarts de compétitivité entre les deux pays. Cet exemple récent montre qu’il est parfaitement possible de revenir à des monnaies nationales après avoir partagé une même monnaie pendant plusieurs années (soixante-quinze ans dans le cas tchécoslovaque).

 

Peut-on juridiquement sortir de l’euro ?

 

OUI. Cette possibilité n’est pas prévue par les traités européens. Cependant, le droit international et la Convention de Vienne prévoient que tout pays peut dénoncer un traité ou une partie d’un traité. Juridiquement la France peut donc faire le choix de quitter la zone euro. Si on sort de l’euro, sort-on de l’Union Européenne ? NON. Les exemples britanniques, suédois ou danois montrent qu’on peut faire partie de l’Union Européenne tout en conservant une monnaie nationale.

 

La France peut-elle sortir seule ? OUI. Si la France sort de l’euro, il est probable que la monnaie unique ne pourra pas y survivre. La sortie de la France servira d’exemple à d’autres pays comme l’Espagne ou l’Italie. C’est pour cela qu’il faudra au préalable prévenir nos partenaires de manière à pouvoir organiser une sortie conjointe et coordonnée.

 

Est-ce la fin de toute politique monétaire européenne ? NON. L’euro pourra être conservé comme monnaie commune européenne. Cette alternative nous permettra de conserver les avantages de l’euro comme :

 

• unité de compte commune > simplification pour la gestion des entreprises européennes ;

 

• monnaie de réserve > concurrent du dollar. Un nouveau système monétaire européen pourrait alors être mis

 

en place, de manière à coordonner les politiques monétaires des États membres. Nous proposons de revenir à un système de change fixe mais ajustable à intervalles réguliers en fonction des données économiques et de la balance commerciale des pays membres. En somme nous proposons de garder les avantages d’une monnaie commune tout en se débarrassant des inconvénients d’une monnaie unique. Faut-il alors une Banque Centrale Européenne ? NON. Dans le cas où l’euro ne serait plus utilisé par les pays européens comme monnaie nationale, il n’y aurait pas besoin d’une Banque Centrale Européenne. L’euro comme monnaie commune serait seulement une unité de compte composée de fractions des différentes monnaies nationales (selon une clé de répartition à déterminer, comme le pib par exemple). En outre, il n’y aurait pas de billets ou de pièces européennes. Comment seront décidées les dévaluations ? CONCERTATION et SOUVERAINETÉ. Nous souhaitons à la fois assurer la pleine souveraineté des États composant le Système Monétaire Européen (sme) tout en encourageant la concertation. Chaque État membre doit retrouver sa liberté monétaire. Cependant rien n’empêche de mettre en place des procédures pour garantir un minimum de concertation.

 

Un pays membre du sme pourrait ainsi s’engager à consulter ses partenaires avant toute modification de parité monétaire. Deux types de procédures s’appliqueraient :

 

une procédure accélérée d’une à deux semaines par exemple pour les pays satisfaisants certains critères (déséquilibre des échanges commerciaux et décalage par rapport aux parités de pouvoir d’achat) ;

 

une procédure plus longue si le pays ne satisfait pas à ces critères.

 

Cependant in fine chaque pays sera libre de conduire sa politique monétaire indépendante.

 

Y aura-t-il une dévaluation du franc ? OUI et NON. Tout d’abord, le franc baisserait sans doute par rapport au mark (le coût du travail en France a progressé de 5 % quand il a baissé de 10 % en Allemagne depuis 1999). On peut donc estimer que notre monnaie devrait baisser de 10 à 15 % par rapport au mark.

 

En revanche, la lire italienne, la peseta espagnole, l’escudo portugais et le drachme grec baisseraient sans doute plus que le franc (le coût du travail y a progressé de 14 %). Du coup, au final, le franc se retrouverait sans doute à un point d’équilibre et resterait autour de la parité avec l’euro. En revanche, le mark passerait sans doute à 1,1 euros ou plus alors que la lire et la peseta tomberait à 0,9 euro ou moins. Le retour aux dévaluations ne risque-t-il pas de menacer la croissance ?

 

AU CONTRAIRE quand il y avait des dévaluations en Europe, la croissance était plus forte. Dans les années 1980, le pib de la France augmentait de 2,3 % par an, celui de l’Italie de 2,6 % et celui de l’Allemagne de 2 %. Dans les années 2000, sans possibilité d’ajustement, la croissance de la France n’a été que de1,5 %, celle de l’Italie de 0,5 % et celle de l’Allemagne de 0,8 %. En fait, la possibilité de dévaluer évite les politiques de désinflation compétitive. Un pays dont les salaires progressent un peu plus vite que le voisin peut compter sur une dévaluation pour retrouver de la compétitivité. La dévaluation autorise la progression des salaires.

 

Au contraire, dans un système de change fixe comme l’euro, toute progression de salaires supérieure aux voisins est une détérioration de la compétitivité par rapport aux autres pays européens, ce qui fait que l’euro pousse les salaires à la baisse pour gagner en compétitivité. Cette situation explique les excédents réalisés par l’Allemagne sur ses voisins depuis dix ans.

 

Mais les dévaluations ne riment-elles pas avec plan d’austérité ? NON. Si elles s’accompagnent d’une gestion sérieuse des finances publiques. De plus une parité monétaire plus adaptée aux réalités économiques permettra de retrouver de la croissance. Et cette augmentation de la croissance améliorera la santé financière des États. En outre, une sortie de l’euro et l’abrogation de la loi de 1973 rendraient de nouveau possible la monétisation par la Banque Centrale nationale ce qui réduirait le service de la dette et donc notre dépendance aux marchés financiers. Enfin les dévaluations contribuent aussi à améliorer la balance commerciale (hausse des exportations et baisse des importations).

 

Ne risque-t-on pas une fuite des capitaux ? NÉGLIGEABLE. Il faudra quand même mettre en place un contrôle des changes pour éviter la spéculation. Malgré tout, ce risque est limité pour la France car nous sommes le pays avec le taux d’épargne le plus élevé d’Europe, ce qui limite le besoin en capitaux étrangers pour financer notre économie. En outre, notre position de seconde économie du continent nous garantit une attractivité importante. Ne risque-t-on pas d’augmenter la dette ? NON. Si le franc se déprécie par rapport au mark ou au florin, il est probable que la dépréciation de la peseta, de la lire, du drachme ou de l’escudo sera plus forte. Du coup, le franc devrait rester autour de la parité avec l’euro, le mark et le florin s’appréciant et les monnaies du Sud se dépréciant.

 

Comment financer la dette publique ? PAR LA MONÉTISATION DE LA DETTE comme le font la fed aux États-Unis ou les banques centrales de Grande-Bretagne et du Japon. En outre, il faut noter que la France dispose d’un très fort taux d’épargne. Ainsi, avec le contrôle des changes, l’État pourrait compter sur l’épargne nationale pour financer sa dette publique La monétisation risque-t-elle de créer de l’inflation ? NON car la masse monétaire est aujourd’hui en baisse. Au contraire les pressions déflationnistes actuelles pourront être justement équilibrées par de la création monétaire.

 
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23.03.2011
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