LETTRE D’UN « GAULISTE» À CEUX QUI SE
DISENT
« GAULLISTES »
par Pierre Chastanier
Ah qu’ils sont beaux tous ceux, la main
sur le cœur, qui se disent aujourd’hui Gaullistes !
J’ai évidemment le plus grand respect
pour nos aînés qui ont eu le privilège d’accompagner le Général dans sa lutte au
service de ce qu’il appelait lui-même « une certaine idée de la France »
mais je ne peux oublier que bon nombre de ces « Gaullistes » actuels
faisaient partie de la cohorte qui le 13 mai 1968 criait « 10 ans çà
suffit » !
Ils seraient sans doute bien
interloqués, d'ailleurs, par ce que proposerait comme feuille de route à ses
compagnons, au vu de la situation présente, celui qui craignait que « La France ne devienne une grande
lumière qui s’éteint » !
Faut-il rappeler qu’au moment du
calamiteux referendum de 1969, si le « Non » fut orchestré officiellement
à Droite par Giscard (sous forme d’un hypocrite « Oui mais !») il le
fut tout aussi sournoisement par d’autres, les farouches opposants à la
participation, idée qu’avait toujours combattue Pompidou, resté attaché à
l’ultralibéralisme de ses amis banquiers.
Nous vivons des temps décadents. La
France au sommet de l’Etat n’est plus guidée par un géant. Les ambitions
personnelles sourdent de toute part. Elles ne voient même pas le ridicule de la
proclamation de leur prétendu dévouement à l’intérêt général.
L’éloignement du peuple conduira
prochainement tous ces puissants à une nouvelle « Nuit du 4 Août » mais il sera sans
doute, une fois de plus, trop tard.
A la recherche d’une étiquette pouvant
leur être utile, Gaullistes de Droite, Gaullistes de Gauche, socio-libéraux,
nationalistes, et même socialistes, se souvenant de la prédiction du
Commandeur : "Tout le monde est, a
été ou sera gaulliste", viennent sacrifier au nouveau culte.
Moi, si j’admire et respecte le Grand
Homme, je suis d’abord et avant tout
Gauliste, « avec un seul L » attaché aux valeurs de la Gaule, cette Terre des Celtes où s’installèrent
d’innombrables tribus, les Parisii, les Eduens, les Arvernes, les Allobroges,
les Séquanes, et bien d’autres encore, partageant à défaut d’une langue unique
« un certain esprit fait de hardiesse, de gaieté et de
truculence » (St Paulin).
Notre Gaule, terre du jus soli (le sol y fait le droit et non
le sang comme chez les Germains) capable selon Saint Hilaire, évêque de Poitiers
« d’absorber, d’assimiler, de faire
siens les étrangers », s’illustra sous toutes les époques et dans tous
les domaines, politique, religieux, artistique, militaire, au travers de
personnages si illustres que Benjamin Franklin ou Jefferson ne purent s’empêcher
de dire : « Tout homme a deux
Patries, la sienne et puis la France » !
Nous sommes les héritiers de ceux qui,
depuis le Mont des Martyrs (Montmartre) où 50 chefs gaulois rebelles à
César furent crucifiés, firent l’histoire de notre Patrie.
Nous pouvons en être légitimement fiers
mais pour marcher dans leurs traces nous devons retrouver ces vertus « gaulistes » qui,
n’en doutons pas, seront encore utiles à la Nation, à l’Europe et au
monde.
L’Ere des continents
organisés
Qui ne constate aujourd’hui à l’heure
de la mondialisation triomphante qu’au bord du gouffre, face à la
désindustrialisation massive du pays, conséquence d’une politique criminellement
laxiste et inconséquente, nos compatriotes préfèrent encore les délices de l’assistanat social généralisé payé par des
emprunts au sursaut citoyen et solidaire d’un peuple qui ne veut pas
mourir !
Qui ne comprend qu’à l’ère des
continents organisés, la première puissance économique du monde, l’Europe, dont le PIB à lui seul est presque égal à ceux
des USA et de la Chine réunis, reste
un nain politique qui ne croit plus en son destin !
On se souvient de cette soirée
électorale calamiteuse où Jean-Louis Borloo, mal préparé allait détruire pour
longtemps la TVA sociale, laissant les internationalistes béats
s’offusquer à l’idée d’un protectionnisme, fut-il européen qui ne pouvant
soumettre brutalement à une égale concurrence les partenaires commerciaux du
monde entier (règles sociales, fiscales, environnementales…) rétablirait au
moins, par une péréquation taxée une compétition plus équitable.
C’était pourtant une façon simple de
redonner aux industries européennes face à des compétiteurs pour lesquels le
travail des enfants ou des prisonniers, l’absence de législation sociale et de
droit du travail, les rythmes infernaux pour un bol de riz permettent d’inonder
le monde de produits de pacotille à bas prix, déflation importée -provisoire- qui
soulage si arbitrairement les erreurs de nos dirigeants.
Nous sommes ouverts aux échanges
internationaux mais sur une base
équilibrée (la Chine est aujourd'hui la première source du déficit commercial
français !).
Se
vanter d’avoir signé un contrat mirifique d’Airbus en cachant qu’un transfert
massif de technologie mettra rapidement à genoux le fleuron de nos industries,
est-ce bien raisonnable ? Boeing et Airbus s’ils avaient été plus
clairvoyants auraient pu s’assurer une domination technologique pendant au moins
les 20 prochaines années. Avant 10 ans ils seront morts tous les
deux !
Continuer
à accepter que nos Universités forment n’importe quoi (et même pas tous ceux
dont la Nation a le plus besoin) alors que les pays émergents du Sud-est
asiatique inondent les meilleures universités du monde de vagues muettes de
jeunes surentraînés dès leur plus jeune âge, c’est vraiment une politique de l’autruche totalement
décadente.
Faire
croire que le capitalisme sous la forme d’un ultralibéralisme sûr de lui et
dominateur représente la seule voie de salut de l’économie mondiale, c’est
tromper le peuple qui lorsqu’il se réveillera entrera sans doute dans une
nouvelle jacquerie que rien ni personne ne pourra maîtriser.
Gouverner
c’est prévoir.
Nul
ne peut prétendre en démocratie, diriger le peuple s’il n’a une vision claire de
l’avenir et la volonté indéfectible, une fois élu, de tenir le cap proposé.
Nous
sommes Français, nous sommes Européens, nous sommes Terriens.
Français,
à nous d’expliquer clairement et fermement, pour ne pas renier notre passé mais
aussi pour vivre aujourd’hui en harmonie
avec nos concitoyens, quelles valeurs nous voulons que respectent nos
enfants et tous ceux qui veulent s’installer sur notre territoire.
Européens,
soyons conscients que notre continent, de l’Atlantique à l’Oural, sans renier
son histoire et ses alliés traditionnels, n’existera que s’il le veut vraiment et
s’organise en conséquence, abandonnant sans états d’âme ceux qui, pour servir
d’autres impérialismes, renient sa géographie, sa monnaie, son impératif de
défense, sa nécessaire intégration politique, économique, sociale, fiscale et
culturelle.
Terriens,
partisans d’une large coopération entre les peuples et soucieux de l’avenir de
la planète, militons pour qu’une gouvernance mondiale sous l’égide des
Nations Unies, sacralisant le principe de subsidiarité mais se
donnant les droits d’ingérence qu’exige la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme, régisse les problèmes de l’Humanité au nom des humains et non d’un
« isme » quelconque.
Le temps des affrontements électoraux va
bientôt reprendre. Qu’il soit l’occasion pour tous ceux qui s’engagent d’être à
l’affût des bonnes idées d’où qu’elles viennent, pour tous ceux qui veulent contribuer à
éclairer leurs frères humains d’écouter, d’expliquer, de dialoguer dans un
esprit de tolérance indispensable au « vivre ensemble », pour tous
ceux qui veulent servir, d’oublier leur petite individualité au profit d’une
plus grande cause : celle de l’Homme.
Alors, Gaulistes, Gaullistes, Français,
redevenons ce Sel de la Terre, qui saura avec Sagesse œuvrer utilement pour la
liberté, la justice sociale et le respect, dans la fraternité, de la dignité
humaine.