LA TOILE ET WIKILEAKS

LA MONNAIE

par Jean-Louis Guignard

 

Les dérèglements que l'on observe aujourd'hui, et que l'on continuera à observer si rien n'est modifié au plan systémique, montrent la nécessité de comprendre ce que monnaie signifie? Les masses monétaires sont en constante fluctuation ce qui rend difficile de lui attribuer une valeur rapportée à l'humain, son activité, ses biens non monétaires auquel il attache une valeur. Le troc initial est à ce point de vue instructif.

En l’absence de monnaie, les échanges ne peuvent se réaliser que sous forme de troc d’un bien contre un autre. Pour que deux agents A et B échangent des biens X et Y, il faut que celui qui possède X préfère Y et que celui qui possède Y préfère X. C’est ce qu’on appelle la condition de « double coïncidence des désirs ». Cette condition limite sévèrement le nombre de situations où le troc est possible pour un particulier dans la vie courante.

 

La monnaie permet de s'affranchir de ces conditions, en constituant un bien qu'on pourra échanger contre tous les autres. Un agent accepte de la monnaie en échange d’un bien qu’il cède parce qu’il sait que les autres agents l’accepteront en échange d’un bien qu’il souhaite acquérir. La monnaie a ainsi toujours une valeur pour tous par la possibilité de l’échanger contre n'importe quel autre bien.

Une opération d'échange d'un bien contre un autre est ainsi dissociée en deux opérations séparées dans le temps : d'abord l'échange du bien possédé contre de la monnaie, et ensuite l'échange de la monnaie contre le bien désiré. La fonction de "moyen de paiement", quelquefois présentée comme une quatrième fonction de la monnaie, n'est qu'un aspect de sa fonction d'intermédiaire dans les échanges. En facilitant les échanges, la monnaie est un outil essentiel du commerce libre.

 

Aujourd'hui la notion de coïncidence des désirs disparaît ce qui fait que avec elle disparaît la notion de "valeur".

 

Aristote définit la monnaie par trois fonctions :

-         unité de compte,

-         réserve de valeur

-         intermédiaire des échanges.

 

Depuis la suppression de toute référence à des matières précieuses et la dématérialisation des supports monétaires, et après l’intervention des économistes « nominalistes, les aspects légaux de l'usage de la monnaie (et notamment les droits juridiques qui sont attachés au cours légal et au pouvoir libératoire) sont plus apparents. Ces droits sont fixés par l’État et font de la monnaie une institution constitutionnelle en de multiples pays ou groupe de pays.

 

 

La monnaie est un instrument de paiement spécialisé accepté de façon générale par les membres d’une communauté en règlement d’un achat, d’une prestation ou d'une dette. Elle peut remplir trois fonctions principales :

*la fonction d'intermédiaire dans les échanges ;

*la fonction de réserve de valeur ;

*la fonction d'expression d'unité de compte pour le calcul économique ou la comptabilité ;

Certains auteurs considèrent que la capacité d’éteindre des dettes et des obligations, notamment fiscales, constitue une quatrième fonction appelée « pouvoir libératoire » de la monnaie. En pratique ces fonctions peuvent être assurées par différentes monnaies en circulation simultanée.

Une monnaie se caractérise par la confiance qu’ont ses utilisateurs dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d'échange. Elle a donc des dimensions sociales, politiques, psychologiques, juridiques et économiques. En période de troubles, de perte de confiance, une monnaie de nécessité peut apparaître.

La monnaie a pris au cours de l'histoire les formes les plus diverses : bœuf, sel, nacre, ambre, métal, papier, etc. Après une très longue période où l'or et l'argent (et divers métaux) en ont été les supports privilégiés, la monnaie est aujourd'hui presque entièrement dématérialisée et circule majoritairement sous des formes scripturales ou électroniques.

 

Les différentes formes de la monnaie

-         La monnaie divisionnaire, ce qu’on appelle les pièces de monnaie, est un dérivé de la monnaie. Les pièces n’ont pas de valeur intrinsèque même si elles ont un coût. Les variantes d’alliage et de composition de ces pièces n’ont qu’un but pratique. Les pièces sont généralement produites par le trésor public mais ne correspondent pas à une émission de monnaie : elles ne sont mises en circulation qu’après échange contre une quantité équivalente de billets.

 

-         Le billet naît comme substitut pratique mais provisoire et remboursable des monnaies métalliques. Après une histoire tourmentée, il finira par les remplacer totalement. On passe du billet de banque au papier monnaie. La révolution française pour les mêmes raisons se finance par l’impression de billets, les assignats, dont on assure la garantie sur la valeur des biens nationaux confisqués au clergé et à la noblesse. La terre garantit la monnaie. Comme pour le système de Law les débuts sont excellents avec une reprise de l’activité et la constitution de remarquables fortunes comme celle des Perrégaux, futur créateur de la banque de France. L’abus d’émission finit par faire perdre toute valeur aux assignats qui resteront de sinistre mémoire. Les banques privées n’ont désormais plus le pouvoir d’émettre des billets, mais en contrepartie, elles ont conservé et étendu celui d’émettre de la monnaie de crédit.

Les dépôts bancaires dans les comptes courants ou compte-chèques forment ce qu'on appelle la monnaie scripturale ( deposit money). La possession de monnaie par un titulaire de compte est matérialisée par une écriture en compte. Ces écritures longtemps tenues dans des registres sont maintenant gérées par informatique. Ils forment l'essentiel de la masse monétaire, très loin devant les billets et les pièces. Cette monnaie circule entre les agents économiques sous forme de virement d'un compte à un autre grâce à des moyens de paiement, comme les cartes de paiement, les virements ou les chèques. Elle peut être à toute réquisition transformée en papier monnaie ou en pièces. Depuis peu, elle peut aussi être chargée sur un porte-monnaie électronique. La carte de crédit qui permet d’assurer un paiement garanti jusqu’à une certaine somme par l’émetteur sans avoir à se préoccuper de la provision du compte en banque de l’acheteur, malgré son coût pour le vendeur, s’est désormais généralisée et l’emporte sur le chèque pour la plupart des achats un peu coûteux en boutiques et pour presque tout sur Internet.

 

Les dispositifs électroniques de virement comme par exemple le système Swift permettent de faire circuler les monnaies à travers le monde à grande vitesse. Instantanéité et ubiquité ont donné un intérêt d’usage inégalable au dépôt bancaire pour les transactions de placement ou d’achat liées à la mondialisation.

 

Les banques n'offrent pas leur service monétaire sans contrepartie. Outre que certains moyens de paiement sont les plus souvent payants (virement, cartes bancaires) les dépôts fournissent aux banques l'essentiel des ressources affectées aux prêts. À son tour le crédit permet de créer de la monnaie dans la mesure où l’écriture créditée sur le compte de l’emprunteur est acceptée comme base de paiement par les commerçants et d’autres banquiers. Cette acceptation a d’abord été limitée aux réseaux de commerçants intéressés par l’emploi de monnaies scripturales pour des raisons pratiques, puis s’est généralisée par différents dispositifs prudentiels soit privés (la sélection des risques, l’ampleur des réserves en liquidité) soit d’organisation générale, comme l’instauration de banque centrale prêteuse de dernier ressort, la règlementation bancaire et la mise en place d'une politique monétaire.

L’inconvénient systémique du fait de lier dépôt et crédit est le risque d’un afflux de demandes de conversion en billets, appelé crise de liquidité, par opposition à la crise de solvabilité qui qualifie la déconfiture des crédits d’une banque entraînant sa banqueroute «de son fait» et non pas à cause d’une panique générale. Ce risque a conduit les États à accorder des garanties publiques aux dépôts bancaires pour éviter les ruées dévastatrices. Ces garanties ont été récemment élargies et mieux coordonnées entre les États européens pour éviter une concurrence déstabilisatrice basée sur ce seul aspect. L'autre inconvénient de la monnaie créée par le crédit est qu'elle est fugace : la monnaie disparaît lorsque le crédit est remboursé. Alors que l’émission de billets par les banques centrales est aujourd'hui permanente. La disparition de la monnaie de crédit suit donc celle du crédit. Un « credit crunch », une déflation brutale de la masse monétaire qui asphyxie les entrepreneurs, se produit quand les restrictions de crédit deviennent trop importantes.

-          La monnaie électronique est une monnaie stockée sur des dispositifs électroniques mobiles permettant également des paiements. La monnaie stockée dans ces appareils ne figure plus dans les dépôts bancaires. Il s'agit bien d'une forme sui generis distincte des trois précédentes.

 

-         Les quasi-monnaies et les mesures de la masse monétaire

Pour les besoins de l’analyse monétaire a été développé un concept de « quasi monnaie » constitué par des placements bancaires pratiquement immédiatement disponibles mais qui imposent un passage par un compte bancaire pour pouvoir être utilisés. Les opérations de liquidation pouvant être faites quasiment en temps réel, il n’est pas absurde de considérer que ces comptes sont quasi liquides et s’apparentent à la monnaie.

Les différents agrégats monétaires ont été définis sur une base statistique internationale.

 

*     M1 correspond à la monnaie fiduciaire (billets et pièces en circulation) détenue par les agents non financiers, plus les dépôts « à vue » (dans les banques et les caisses d'épargne). À fin juin 2008, en zone euro, M1 = 3 838 milliards d'euros

*      M2 = M1 + les dépôts à terme à moins de 2 ans et dépôts avec préavis de moins de 3 mois (tels les livrets A et bleu, CODEVI, compte d'épargne logement, livrets d'épargne populaire, livrets jeunes, etc). À fin juin 2008 en zone euro, M2 = 7 667 milliards d'euros.

*      M3 = M2 + les titres de pension, les titres de créance émis à moins de 2 ans (tels les obligations et les bons à moyen terme négociables, ainsi que les titres d'OPCVM et les instruments du marché monétaire (SICAV monétaires, certificats de dépôts, bons des institutions et sociétés financières). À fin juin 2008 en zone euro, M3 = 9 022 milliards d'euros.

*      M0 qui n'est plus guère utilisé (on parle plutôt de « base monétaire ») n'est pas un agrégat monétaire: il correspond à la monnaie émise par la banque centrale (billets + solde créditeurs des banques secondaires à la banque centrale). En 2005 en Europe, M0 = 514 milliards d'euros.

*      Ces chiffres sont à rapprocher du montant du PIB en Euroland (16 pays de la zone Euro) au 31 décembre 2009 : 9 534 milliards d'Euros.

*      Tout ce qui affecte la masse monétaire peut avoir un effet direct et massif sur l'activité « réelle ».

*      L’interprétation de ces agrégats est devenue complexe du fait des changements structurels qui se sont produits récemment et l’introduction dans les produits relevant normalement de M3 de nouveaux instruments financiers complexes comme les CDO ( Debt Obligations).

 

-          La création de la monnaie. Dans le système monétaire actuel, la monnaie est essentiellement scripturale (environ 90%) : elle est créée par les banques par un jeu d'écritures, sur simple demande, et dans certaines limites, en échange d'une promesse de remboursement (dette). Il y a création monétaire lors de l'octroi d'un crédit, et destruction monétaire lors du remboursement de ce crédit. La masse monétaire totale correspond alors à peu près aux en-cours de crédit.

 

Le jeu d'écritures consiste en l'inscription par le banquier en ses livres du montant du crédit d'un coté à l'actif (détention d'une créance) et de l'autre au passif (approvisionnement d'un compte).

Les limites à la création de monnaie sont gérées par le montant de réserve que la banque doit posséder en dépôt dans ses livres à chaque octroi de nouveau crédit. Ce montant est généralement compris entre 2% et 10%.

 

 

- La création de monnaie scripturale par le crédit bancaire.

Le pouvoir du système bancaire dans son ensemble de créer de la monnaie apparait bien si pour simplifier on considère l'ensemble du système bancaire comme une banque unique. Tout prêt à un agent est dépensé et la monnaie sort du compte du déposant concerné mais la monnaie revient à la banque, dans les comptes des fournisseurs ou prestataires, qui dispose à nouveau de la liquidité nécessaire à d'autres prêts.

Les banques, collectivement, disposent donc d’une possibilité remarquable : l’expansion de leur actif (par émission de créances accordées aux Agents Non Financiers – ANF), entraine instantanément celle de leur passif à l’équivalence (les dépôts à vue).

Mais l’expansion du passif est limitée car il existe des possibilités organisées ou spontanées de ponction sur leur circuit monétaire propre. Ces « fuites » sont :

la demande de monnaie fiduciaire (pièces et billets) qui est actuellement estimée à 15% dans la zone euro ;

les réserves obligatoires (pourcentage des dépôts, actuellement de 2% dans la zone euro).

 

*      Le marché monétaire. Lorsqu’une banque prête de l'épargne préexistante ou crée de la nouvelle monnaie scripturale à la suite d'un crédit accordé, elle crédite le compte à vue de son client qui va dépenser cette monnaie, c'est-à-dire la virer aux comptes à vue de ses fournisseurs et salariés, une fraction seulement des comptes des bénéficiaires étant tenus par cette banque. À l'inverse, la banque peut recevoir, dans les comptes de dépôts de ses clients, les montants correspondant aux achats effectués par les clients d’autres banques.

 

Les banques doivent faire face aux fuites correspondantes aux besoins de monnaie banque centrale : réserves obligatoires (2% dans la zone euro) et demande de monnaie fiduciaire (estimé en moyenne à 15% des dépôts à vue, mais variable suivant les périodes et les lieux). Si chaque banque accorde des crédits en fonction de ses parts de marché de dépôts, les fuites se compensent et le marché bancaire est équilibré. Mais si ce n'est pas le cas, pour ajuster leur trésorerie en monnaie banque centrale, les banques vont se tourner vers le marché monétaire (Euribor, par exemple) qui leur permettra de placer, auprès des autres banques et établissements financiers, leurs excédents ou d’obtenir d'eux le financement de leurs besoins de monnaie centrale, après compensation journalière des mouvements entre banques.

Les interventions de la banque centrale sur ce marché correspondent au « refinancement ».

Les opérations de la banque centrale sur les taux d’escompte et les opérations d’open market, conjointement avec les règles de mises en pension de certains actifs monétaires, sont censées réguler ce marché. Du fait d’une abondance excessive de liquidité des établissements financiers, les taux du marché peuvent devenir inférieurs aux taux de refinancement de la banque centrale. En cas de tension sur le marché monétaire, une mise à disposition de liquidité (refinancement) par la banque centrale est de nature à réguler la situation.

Lorsque (comme ce fut le cas en 2008) aucune banque ne fait plus confiance aux autres, il advient un blocage des prêts interbancaires ou un taux de prêt trop élevé. Cette situation bloque le marché monétaire et impose des refinancements massifs par les banques centrales pour permettre aux banques commerciales d'assurer leurs besoins de monnaie centrale.

 

-         Les proto-monnaies. Si on parle de monnaie dès qu’un objet a été mis en réserve pour un usage d’échange ultérieur ou a été utilisé régulièrement comme contrepartie des échanges ou qu’un symbole de dénombrement a permis de comptabiliser un bien, les premières monnaies remontent aux racines de l’humanité. La liste des matières ayant pu servir à l’une ou l’autre de ces fonctions devient également quasiment infinie. En vérité, on peut épargner, troquer, compter en n’importe quelle matière.

 

 

Le change des monnaies entre elles

Le régime de change des monnaies entre elles dépend du système monétaire international et de la convertibilité des monnaies.

Une monnaie est dite inconvertible quand il est impossible de s’en procurer sur un marché libre. L’autorité monétaire se voit remettre les devises étrangères qu’elle convertit en monnaie locale selon sa règle propre. Elle délivre des devises à ceux qui veulent acheter à l’étranger ou s’y déplacer en fonction des disponibilités après que l’État s'est couvert de ses besoins. Un très grand nombre de monnaies sont aujourd’hui inconvertibles. Ce système est un frein majeur au commerce international. Lors de crises sérieuses une monnaie convertible peut cesser de le devenir temporairement. En France, le contrôle des changes a été rétabli temporairement pour la dernière fois par le gouvernement Mauroy, sous la présidence de François Mitterrand, après la mise en place du Programme commun de gouvernement et la fuite de capitaux qu’il a provoquée.

Le système monétaire international définit le régime des changes que les grands pays sont décidés à mettre en œuvre entre eux. Après l’échec successif du Gold Standard après la guerre de 1914, puis du premier Gold exchange standard mis en place à Athènes en 1922, puis finalement du Gold Exchange standard institué par les accords de Bretton-Woods en 1944, les accords de la Jamaïque en 1976 ont défini un système de flottement généralisé des monnaies.

Le cours des monnaies s’établit sur un marché particulier où les États, les banques, les entreprises et les particuliers peuvent intervenir. Sur l'organisation et l'évolution du marché des changes depuis 1973Cette organisation de change est une nouveauté qui pose de nombreuses difficultés théoriques et pratiques.

Le dollar est en fait la monnaie principale. Son cours a fait le yoyo depuis 1971, s’effondrant dans un premier temps, puis revenant à des sommets à partir de 1997 avant de retomber très bas en 2002. Ces variations qui vont du simple au double sont néfastes au commerce et provoquent de la part des industriels des critiques vives dès que leur monnaie devient forte. Elles posent de graves difficultés aux « petites monnaies », qui peuvent perdre beaucoup de valeur et contraindre les autorités financières locales à monter très haut les taux d’intérêt pour éviter une chute catastrophique. Les petits pays cherchent à échapper à cette difficulté en utilisant différentes solutions comme la caisse d'émission, la dollarisation, les systèmes de monnaies pivots (peg), avec des résultats mitigés.

L’histoire récente des changes flottants est marquée par une suite de crises financières et économiques :

*crise dite « choc du pétrole » de 73-74 ;

*crise des dettes souveraines de 81-85(à la suite de prêts massifs au tiers monde en recyclage des pétro-dollars générés par la hausse massive des cours du pétrole), dite aussi crise Tequila ;

*crise des Savings and Loans banks et des « obligations pourris » aux États-Unis à la fin des années 1980 ;

*crise de 91-93, première récession depuis la guerre de quarante ;

*crise de 98 dite « des pays émergents » ;

*crise de 2001-2002 dite des « nouvelles technologies » avec une chute boursière impressionnante (en France le CAC passe de près de 8000 à 2700) ;

*crise depuis 2007, dite des subprimes.

La création de l’Euro, c’est-à-dire d’une monnaie réellement transnationale gérée par une banque centrale indépendante des États, marque aussi une étape importante de l’évolution des régimes de changes. Pour les Européens cela signifie que leur monnaie n’a plus de caractère symbolique national, n’est plus gérée par leur gouvernement et permet de réaliser librement toutes opérations financières sans risque de change dans la zone monétaire de l’euro dite « Euroland ». Seize pays sont actuellement dans l'Euroland.

 

 
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04.12.2010

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