LA TOILE ET WIKILEAKS

LA TOILE ET WIKILEAKS

 

par Georges Aimé et A.M.

Il ne fait aucun doute que le principal acteur des prochaines présidentielles sera la toile. N’en déplaise aux professionnels, journalistes et autres experts de la vie politique ce ne sont plus eux qui détiennent le seul pouvoir d’influence sur les électrices et électeurs.

 

Certaines de nos « élites » l’ont déjà appris à leurs dépens. Ne plus se laisser aller (tels le ministre de l’Intérieur en Auvergne ; la présidente de la région Poitou-Charentes lors d’une réunion du conseil qu’elle préside ; le Président de la République à Lisbonne) , ne plus cacher ses agissements (tels nos parlementaires votant la loi sur les retraites mais ne touchant pas à la leur ; le maire de cette grande agglomération du Nord déclarant « avoir le grand plaisir de recevoir en temps que maire de Lille », lors d’une réunion organisé à l’occasion des élections municipales, au Palais des Congrès de ladite ville, le recteur de la mosquée de Lille Sud ayant appelé un an auparavant à un vote musulman lors des élections législatives), va devenir difficile pour certains d’entre eux !

 

Ainsi en est-il des documents publiés par Wikileaks. Ces révélations sur trente ans de communications confidentielles entre les ambassades des États-Unis et le gouvernement fédéral, sur divers sujets, vont bouleverser les relations interétatiques. De toute façon, ainsi que me l’écrivait un de mes parents espagnol proche du pouvoir :

 

 « C’est un problème diplomatique très grave pour Obama. « Ça montre comment fonctionnent vraiment les relations diplomatiques, pas seulement aux États-Unis... « Ces informations prouvent que le principal ennemi des États-Unis, aujourd’hui, c’est la Chine. Et en tant que tel, la relation logique est double: respect et haine. « Les États-Unis vont devoir repenser tout leur système de communication avec les ambassades. « Ces documents apportent la possibilité, jamais obtenue, d’analyser le système mondial en utilisant l’optique des États- Unis, la vraie, pas l’officielle. « Cette publication fait éclater les bases historiques et fondamentales des relations diplomatiques : la confiance et la discrétion. « Les alliés des États-Unis vont devoir changer leurs habitudes et leurs politiques étrangère vis-à-vis des États-Unis, même s’ils ne le disent pas ouvertement. « La presse est devenue un intermédiaire. Elle n’est plus le quatrième pouvoir (qualificatif auto-attribué), elle passe les infos qu’elle récolte. Sa proximité avec les mondes politique et économique fait que maintenant leurs sources sont leurs amis. « Pour terminer, et pour illustrer la « richesse » de l’analyse des gouvernants espagnols actuels, notre ministre de la Santé, de la Politique sociale et de l’Égalité (¿?) affirme : «Quiero creer que se van a tomar las medidas necesarias para que estas cosas no ocurran y para que la diplomacia internacional esté al servicio de las personas y no de otro tipo de intereses». Traduction : «Je veux croire que les mesures nécessaires vont être prises pour que ces choses ne se produisent pas et pour que la diplomatie internationale soit au service des personnes et pas au service d’intérêts d’autre sorte.» Lamentable.

 

Qui va prendre ces mesures? Pourquoi «je veux croire»? Pourquoi est-ce le ministre de la Santé qui parle de cela ? La diplomatie internationale est toujours au service des États, car ils sont les seuls qui font de la «diplomatie internationale» ; qu’est-ce donc que «la diplomatie internationale au service des personnes» ? « Pour l’heure Wikileaks subit des attaques de DDoS. Tu publies, j’attaque : guerre du XXIe siècle. »

 

Certes, l’on peut reprocher à Wikileaks de livrer ces informations« brutes de fonderie », sans analyse et d’aucuns peuvent penser que ce ne sont que des ragots. Il n’en demeure pas moins qu’Amazone a décidé de ne plus héberger le site, la Chine d’en fermer l’accès (là rien d’étonnant) et que les États-Unis crie au complot (la CIA s’occupe activement pour discréditer son fondateur, Julian Assange). Cependant, les secrets d’État doivent-ils être révélés au risque d’engendrer des bouleversements pouvant amener de graves violences ? Dans un monde de tricheurs la transparence a-t-elle sa place ?

 

Ces questions restent posées.

 
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04.12.2010

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