LE GENERAL DE GAULLE

DÉBOUSSOLÉS

(suite)

par Paul Kloboukoff

 

Education : resserrer les liens avec les parents

 

Depuis la suppression de la peine de mort, la clémence de la Justice progresse à grands pas ; bientôt les fessées seront interdites en France, comme elles le sont dans d’autres pays d’Europe. De nouvelles possibilités s’ouvriront à des enfants (dûment conseillés) de traîner leurs parents devant les tribunaux. Cela renforcera probablement l’autorité parentale qui en a tant besoin. Dans les écoles et les collèges, les enseignants, consternés par la montée de l’indiscipline, de la violence juvénile et de l’absentéisme, savent déjà à quoi s’en tenir. Pour que les braves petits (et plus grands) fassent plus régulièrement acte de présence, des cerveaux ont imaginé qu’il serait motivant de donner des primes, des récompenses aux assidus et à leurs classes. S’instruire (à peu de frais) est à l’évidence une corvée, un sacrifice, et non un immense privilège, dont de très nombreux enfants du monde sont privés. Fort heureusement, l’expérimentation a fait un flop. Mais le seul fait qu’une telle proposition ait été prise au sérieux et testée est révélateur de l’état d’abandon, de démission, de résignation, de détresse, de décrépitude dans lequel se trouvent notre système scolaire et ses principaux décideurs. L’affolement s’est installé dans la conception et la gestion des relations entre les élèves, le corps enseignant et les parents, en particulier, ainsi qu’avec les administrations locales et nationales.

 

Voilà une prometteuse préparation de l’avenir. Les missions du système scolaire ne sont-elles pas trop ambitieuses, imprécisément définies et circonscrites, contribuant à créer ou à amplifier les problèmes. Ainsi, par exemple, la scolarisation des bambins dès l’âge de trois ans, bientôt de deux ans, comporte, certes, des avantages pour les parents libérés de gardes de leurs enfants jugées contraignantes, stérilisantes et/ou coûteuses. Elle évite aux parents de recourir à des puéricultrices. Certains lui attribuent le grand mérite de socialiser, ou « socialiser », les enfants de plus bonne heure, comme si la majorité d’entre eux étaient naturellement asociaux. Et ces « classes » pour tout petits s’apparentent à des garderies où ils sont occupés (jeux, découpages, coloriages, collages, etc.) autant que possible. Mais, ce qui manque le plus aux enfants pendant ces premières années de leurs vies, c’est la présence, l’affection et l’éducation de leurs parents. « L’école » dès deux ou trois ans éloigne les enfants de leurs parents. Et le mouvement s’amplifie au cours du primaire puis des études secondaires. Le soin d’éduquer les enfants se trouve délégué de fait aux enseignants, qui ne sont pas en mesure de faire autre chose que d’essayer d’instruire leurs élèves suivant les programmes fixés.

 

On peut ainsi déplorer de graves lacunes dans l’éducation des enfants et des jeunes, l’insuffisance de repères et d’orientations permettant de vivre en harmonie avec les parents, avec les proches, la société, de respecter les autres et les biens d’autrui, d’être conscient de ses actes et de leurs conséquences possibles. Bref de comprendre le sens des valeurs (y compris morales) qui sont à la base de notre société et accepter ces valeurs. Qui d’autre que les parents peut, dès le jeune âge, inculquer ces valeurs en les rendant vivantes, par l’exemplarité, en particulier, car avec l’explication et la recherche de l’adhésion, celle-ci constitue un des moteurs principaux de l’éducation.

 

Evidemment, « revenir aux pratiques passées » n’est pas envisageable. Il convient cependant d’impliquer davantage les parents, de les réintégrer dans le système éducatif, car la poursuite du chemin emprunté écartant les parents de l’éducation de leurs enfants ne fera qu’aggraver l’insociabilité, l’irascibilité de jeunes, et futurs adultes, voir leur marginalisation, et à approfondir le fossé entre les générations.

 

En permanente évolution, l’enseignement d’aujourd’hui se différencie toujours plus de celui d’hier, tant dans le contenu, que par les niveaux atteints et par les méthodes pédagogiques, qui intègrent (progrès indiscutable) chaque jour d’avantage l’usage de l’informatique, d’Internet et de la vidéo communication. Des changements des modes de pensée et de « réflexion » s’opèrent. On réfléchit ou on raisonne moins et on sollicite moins sa mémoire puisque les réponses aux questions se trouvent sur Internet et qu’on peut les y trouver en quelque clics. Les parents et les aïeux n’ont pas les mêmes réflexes et ont rarement eu les formations (et les motivations ?) appropriées.

 

Ces différences d’approche ne favorisent pas la compréhension mutuelle et les échanges intergénérationnels. Secoué, le vocabulaire lui-même bouge. On ne finit plus, on ne termine point, on n’achève pas, on finalise. On ne regarde plus, on n’observe plus, on scrute encore moins, on visualise. On ne confirme plus, on valide. On clique, on zappe, on connecte, on surfe, etc. Les adultes, jeunes ou vieux, se doivent d’apprendre pour ne pas être déconnectés.

 

À côté de cela, une grand médaille du mérite est toujours décernée à Internet et à toutes les ouvertures qu’il offre : téléchargements variés (y compris ceux qui sont illicites), accès aux jeux de hasard et aux paris en ligne, aux réseaux sociaux (Twitter, Facebook…) et, bien entendu, possibilités d’achats en ligne d’un peu tout, toujours très avantageux et en pleine expansion (pub dixit). On est moins dithyrambique sur les escroqueries et les falsifications que facilite la toile ainsi que sur les risques de mauvaises « rencontres » (de prédateurs pédophiles, par exemple, de violeurs potentiels ou d’autres malfrats) dans les réseaux, sur les « blogs » et lors des « chats ». On semble aussi découvrir que l’anonymat permet de diffuser des calomnies ravageuses, de désinformer et de répandre très vite n’importe quelle propagande, de la faire pénétrer dans les familles. Le cas du jeune auteur de « rapp » violent incitant à attaquer et à tuer les « keufs » (policiers) est édifiant ; il appelle d’urgence une prise de conscience et des réactions à la hauteur des risques qu’encourt notre société. Là encore, la loi et la justice peinent à définir les infractions et à les sanctionner. Identifier et localiser les auteurs des « méfaits » n’est, en outre, pas des plus faciles.

 

Évolutions sociétales, protection de l’enfant et éducation

 

Respectant l’esprit de l’UE, l’union libre ou concubinage, le PACS et le mariage se concurrencent en France. Les deux premières formules offrent aux partenaires plus de souplesse pour s’unir et se séparer et de liberté que le mariage. Elles sont ouvertes aux homosexuels désirant former couple. Le mariage, pas encore. Malgré les pressions des lobbies intéressés et leurs soutiens artistiques, associatifs, politiques et médiatiques. Tandis que le mariage recule, l’union libre et le PACS progressent. Pourtant, la sécurité et la protection des enfants n’y gagnent pas. Au contraire. En cas de séparation des couples (phénomène devenu banal, et envisagé dès le jour de l’union), les enfants ne bénéficieront automatiquement de l’attention et de l’assistance éventuelle du juge aux affaires familiales que lors de la dissolution de mariages. Même lors de divorces par consentement mutuel. Pourquoi cette différence avec les enfants d’unions libres et de PACS, dont les situations peuvent être plus complexes et précaires. La société et la « famille » évoluent vite, l’enfant a de plus en plus besoin d’être protégé. Le droit peine à suivre.

 

L’adoption est un phénomène sociétal en expansion. En France, sur environ 4.000 enfants adoptés annuellement, 3.000 proviennent de l’étranger. La convention internationale signée à La Haye en 1993 ne semble pas apporter les garanties nécessaires pour protéger les enfants (et leurs parents biologiques) et normaliser les procédures d’adoption. Les médias ne nous parlent plus des suites de l’aventure calamiteuse tchadienne, de « l’enlèvement » de ces enfants dans lequel une ONG était impliquée et qui avait fait grand bruit. De même, les vicissitudes qui avaient perturbé et entravé des tentatives d’adoptions d’enfants haïtiens à la suite du cataclysme qui avait frappé leur pays, ainsi que les révélations de trafics « familiaux » d’enfants sont déjà presque sorties de l’actualité. Cependant, les problèmes demeurent. Les conditions et les procédures à suivre varient aussi suivant les pays des candidats à l’adoption. Dans certains pays, la possibilité d’adopter est réservée aux couples infertiles.

 

En France, c’est plus embrouillé. Un couple marié depuis plus de deux ans ou dont les conjoints ont plus de vingthuit ans peut postuler à l’adoption. « Les concubins ou les pacsés ne peuvent pas adopter ensemble un enfant, mais individuellement, c’est possible, y compris pour les homosexuels » (Wikipédia). L’enfant n’acquiert, dans ce cas, qu’un parent (père ou mère) légal, hétérosexuel ou non. Peut-on considérer que l’intérêt de l’enfant est la priorité du législateur ou regretter que ce soit la satisfaction des demandeurs et le goût du jour qui prédominent ? Ces particularités expliquent sans doute en partie l’insistance avec laquelle certains réclament l’institution du mariage entre des personnes du même sexe … qui constituerait un grand pas vers la possibilité pour les homosexuels d’adopter ensemble des enfants. Que de contorsions juridico administratives pour protéger les enfants convoités ! En partie dues aux hésitations et à l’absence de position claire et nette sur le mariage, normalement réservé aux couples homme-femme… tandis que le PACS a été créé et agencé notamment pour permettre de sceller des unions entre homosexuels. Dans ce domaine, cela ne devrait plus être à la jurisprudence, variable dans le temps et suivant le lieu, de faire la loi.

 

 « L’égalité parfaite » est un nouveau concept que nous devons aux commentateurs de compétitions sportives. C’est la situation, en cours ou en fin de match, de joueurs ou d’équipes qui ont marqué (ou non) autant de buts ou de points, selon les sports pratiqués. Certains pourraient se demander si l’égalité imparfaite existe. Ne serait-ce pas une égalité n’excluant pas l’existence de différences ? Ces novateurs sont des habitués des confrontations qui opposent généralement des sportifs de même sexe, hommes ou femmes, garçons ou filles, car il a été vérifié que les potentiels, les prédispositions et les performances des concurrents masculins et féminins n’étaient pas égales. L’égalité parfaite n’existe pas entre les deux sexes. Force est de le constater. Il ne peut y avoir, éventuellement, qu’une « égalité imparfaite ».

 

Les dirigeants de l’UE et les nôtres, les féministes ainsi que les égalitaristes d’obédiences diverses récusent cette réalité. S’obstiner à persuader les populations qu’égalité équivaut à identité en tous points, en est synonyme et permet l’interchangeabilité, et à ancrer cette conception de l’égalité avec ses conséquences et attendus dans notre droit ainsi que dans l’organisation de la société se révèle être une erreur funeste. Elle pousse, notamment, à ne plus réserver les statuts de mari et de femme, de père et de mère à des personnes de sexes opposés… et complémentaires. Elle sème la confusion, le désordre ; elle conduit à tourner autour du pot et à rechercher des solutions juridiques et administratives emberlificotées pour répondre, au cas par cas, aux situations qui se présentent.

 

Les enfants ne participent que rarement aux décisions des nombreuses séparations des couples (mariés, pacsés ou en union libre) lors de la « décomposition de leur famille » et au choix du nouveau partenaire lors de la « recomposition d’une autre famille ». Ils ne choisissent pas plus le «parent» avec lequel ils veulent aller ou rester. Par contre, ils sont le plus souvent des victimes, attristés, déstabilisés, désespérés et contraints de se soumettre aux « libres » choix de leurs « parents ». Ils paient le prix de cette « liberté conjugale ». Evacuer le problème en disant que les enfants seront plus heureux dans une « famille recomposée » (supposée sereine, attentionnée et aimante à leur égard) que dans leur famille d’origine qui « se déchire » (ce qui n’est pas toujours le cas, heureusement), parait bien léger, et inacceptable. N’est-il pas temps de placer le bonheur et la protection des enfants devant les désirs de changements de partenaires de leurs parents et d’être plus attentifs aux situations et aux devenirs de ces enfants soumis à une forme d’adoption, légalisée ou non ? Et il a été question de créer un statut de « beau parent » pour les nouveaux conjoints de parents divorcés. Cela conduirait notamment à accorder une autorité parentale au nouveau beau parent sur les enfants de son conjoint dans la famille recomposée.

 

Une autorité supplémentaire s’imposerait alors légalement à ces enfants, car il ne semble pas envisagé, pour le moment, de déchoir un des parents d’origine de son autorité parentale. La situation en serait-elle plus claire, plus simple, plus saine avec une telle multiplication des autorités sur l’enfant ? On peut douter que cela améliore les relations de l’enfant avec son nouveau beau parent. Et, les couples étant de plus en plus éphémères, que se passeraitil lors d’une nouvelle décomposition et recomposition de la « famille » déjà recomposée antérieurement ? Sans parler des énigmes juridiques liées à la diversité des statuts des couples, surtout si on devait rechercher des solutions « harmonisées » pour des couples mariés, pacsés ou en union libre. D’un autre côté, il n’est pas certain que la possibilité pour les enfants de porter plainte contre leurs « parents » et de les poursuivre en justice soit un moyen préventif efficace pour limiter les maltraitances ainsi que les conflits et rapprocher les générations. C’est un signe de la désagrégation rampante des « familles » et de l’incapacité des services sociaux, des écoles et des mairies de repérer les « cas sociaux » concernés et d’intervenir.

 

On peut aussi douter que la sanction des parents pour des fautes ou des manquements de leurs enfants, tels l’absentéisme à l’école ou des délits répétés, soit une bonne idée pour responsabiliser les parents…et les coupables. D’ardus et douloureux problèmes socio juridiques sont aussi engendrés par la gestation pour autrui (GPA) par des « mères porteuses ». Interdite en France, elle est admise dans d’autres pays, comme les États-Unis et, plus près de nous, en Belgique et au Danemark. Aussi, des couples français font-ils appel à des mères porteuses étrangères sur le sol de leur pays. Notre législation ne semble pas l’interdire ou le condamner. Les enfants nés de cette GPA acquièrent assez aisément la nationalité (américaine, par exemple) de leur pays de naissance, et les parents (biologiques ou intentionnels) peuvent y obtenir la reconnaissance légale de la qualité de mère et de père. C’est sur ces points que les difficultés se concentrent en France. La retranscription d’actes de naissance d’enfants nés de mères porteuses dans l’état civil français n’est pas autorisée. Cela a été confirmé en décembre 2008 par la Cour de cassation qui a invalidé un arrêt de la cour d’appel de Paris donnant satisfaction à des parents demandeurs. Motif : contrariété à l’ordre public. Il ne faut pas encourager la transgression de la loi.

 

Pour sa part, le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (plus brièvement, CCNE) continue de s’opposer à la légalisation de la GPA au nom de l’intérêt de l’enfant et de son équilibre psychologique. Le comité craint aussi que la GPA puisse « porter atteinte au principe de dignité de la personne humaine ou à l’image symbolique des femmes » (Internet : LESINFOS.com). Byzantin ? Ces positions sont, nous le savons, contestées. Et compte tenu de la puissance du phénomène d’imitation « progressiste » au sein de l’Union, et libertaire chez nous, rien ne me semble garantir que ces positions seront durablement tenues. Autant en emporte le vent des changements sociétaux tandis que la loi et la Justice courent derrière les événements.

 

Un autre regard sur le vieillissement en France

 

D’après les statistiques de l’INSEE, le « vieillissement » en France ces trente dernières années peut être attribué pour moitié à la relative faiblesse de la natalité. En effet, le pourcentage des moins de vingt ans dans la population chute de 30,3 % à 24,4 % de 1981 à 2010, soit de près de – 20 %. Les Hautes Autorités ne s’en émeuvent pas et ne cessent de répéter que les performances en matière de reproduction sont bien meilleures en France que partout en Europe. N’empêche ! Il n’y a pas de quoi parader et nous rassurer. Cette désaffection montre (outre la diffusion de la contraception et la persistance de nombreux avortements) un malaise tenace et le manque de confiance dans l’avenir de nos « parents potentiels »… de moins en moins jeunes. Les crises à répétition, les menaces de chômage, la difficulté de trouver un emploi stable, ainsi que les insolubles problèmes de logement sévissent évidemment.

 

La politique de population française (peut-il réellement en avoir une avec l’UE ?) a peut-être aussi davantage besoin d’un sérieux réexamen que de « coups de rabots sur les niches fiscales ». Bien sûr, le vieillissement des vieux, avec les inépuisables centenaires, est mis en exergue, expliqué par le miracle de l’augmentation rapide de l’espérance de vie. On omet de préciser au grand public que presque la moitié (plus de 46 %) de l’augmentation du pourcentage de l’ensemble des personnes de plus de 60 ans est localisée dans l’étroite tranche d’âge des 60-64 ans. Le « baby boom » de l’immédiat après guerre est à l’origine de ce gonflement dans les statistiques démographiques. Il occasionne, nous l’avons presque oublié, une brusque aggravation (qui était très prévisible) des équilibres démographiques et financiers des régimes de retraite.

 

Cet « autre regard » sur le vieillissement incite à relativiser les conclusions savantes et les certitudes qui sont assénées aux citoyens. Réformer, aménager : oui. Mais en toute conscience et dans la clarté.

 
      Réagir à l'article :
 


12.10.2010

Free counter and web stats
HTML Web Counter