VERS
UN COUP D’ÉTAT FÉDÉRALISTE ?
par
André Bellon
C’est
une victoire de l’Europe », s’exclame Alain Minc après le « plan de sauvetage de
l’euro » adopté par l’union européenne le 10 mai ; de leur côté, les habituels
thuriféraires, Attali, Moscovici, etc., en appellent à plus d’Europe («
gouvernement économique », augmentation du budget européen). Le discours
officiel se poursuit ainsi, ignorant tout, à commencer par les contestations.
D’ailleurs, pour eux, la contestation est nuisible puisqu’elle fait peur aux
marchés.
Ainsi,
ceux-là même qui, à chaque étape de la construction européenne, ont poussé à la
catastrophe actuelle, demandent aujourd’hui les pleins pouvoirs pour continuer.
Aucune autocritique alors même qu’on serait en droit de s’inquiéter qu’une
construction présentée comme si forte soit fragilisée par les difficultés d’un
pays, la Grèce, qui ne représente économiquement pas grand-chose. Mais telle est
la conséquence naturelle de la dérégulation mise en oeuvre par les dirigeants
durant les dernières décennies et soutenue par ceux qui demandent le pouvoir
pour l’étape suivante. On remarque aussi que, à chaque fois, les peuples sont là
pour payer les additions mais on n’envisage pas de leur donner un contrôle
quelconque sur les plans adoptés ou les projets envisagés de « gouvernement
économique ».
Et
s’ils renâclent comme lors du 29 mai 2005, on passe outre. Jusqu’à quand
osera-t-on encore invoquer la démocratie ? La classe dirigeante continue de se
parler à elle-même, de se faire peur, de se congratuler sans se préoccuper de sa
représentativité. On crée un drame, on suscite la peur, on se présente comme le
sauveur.
Ainsi
en est-il des dirigeants européens. Voilà des années qu’ils mettent à bas la
démocratie, la souveraineté populaire, le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes au nom d’un libéralisme qui n’est que le cache sexe d’intérêts
financiers de plus en plus minoritaires.
Nous
sommes à un tournant historique. Jusqu’alors, nos sociétés étaient censées être
régies par les principes démocratiques, les citoyens exerçant leurs droits de
regard sur l’utilisation de ressources publiques et la volonté des peuples
constituant le fondement des pouvoirs publics. La construction européenne est
l’instrument de la destruction de cette démocratie. Au nom d’un fédéralisme sans
citoyens et de contraintes économiques qu’ils ont eux-mêmes créées, les
dirigeants européens veulent une nouvelle étape dans la disparition des peuples
et des nations dans un magma incontrôlable soumis aux seuls pouvoirs financiers.
En toutes hypothèses, une telle évolution ne saurait être acceptée sans l’aval
des peuples concernés.
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Juin