DEVELOPPEMENT
DURABLE :
RATTRAPER
LE TEMPS PERDU
par
Paul Kloboukoff
Ensemencé
en
1970 par les experts du club de Rome dans leur retentissant rapport
Halte
à la croissance,
après une longue gestation, le concept de « développement durable »
(dd)
est né en 1987 dans le rapport de l’onu
intitulé
Notre
avenir à tous.
Ce rapport a défini le dd
comme
« Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette
proposition générale, toujours d’usage, voulait concilier la croissance
économique, la cohésion sociale et la préservation des ressources naturelles.
Depuis la fin des années 1990, et plus encore en ce début de siècle, avec la
sensibilisation intense sur les risques climatiques, sur la pollution et sur le
gaspillage des ressources naturelles, le dd
est
ressorti au grand jour. Il est devenu une préoccupation majeure incontournable,
au sens et au contenu imprécis, au point qu’on ne peut plus dire « développement
» sans ajouter « durable », et qu’un profond fossé sépare la croissance, avec
tous ses méfaits, et le dd,
encore virtuel et à l’état de projet, paré de toutes les vertus… ou promesses
futures.
La
ruée actuelle sur le dd,
la conviction (réelle ou feinte) exprimée, la relative frénésie qui agite nombre
d’acteurs, de gouvernements et d’organisations internationales montrent qu’un
mot d’ordre prévaut aujourd’hui : «
Sauver la planète ! » ou,
plus modestement, «
Arrêter le carnage et rattraper le temps perdu ! »… si
possible. Les plans ou les stratégies de dd
prolifèrent,
avec leurs inséparables batteries d’indicateurs. La France n’est pas en reste ;
elle serait même aux avants postes. Et l’Union européenne a capté le mouvement
et se l’est approprié, le plaçant au coeur de la stratégie de Lisbonne et allant
jusqu’à vouloir en faire la figure imposée de toutes ses politiques. Pour
l’ue,
et
pour la France qui en fait partie, la stratégie de développement durable vise à
relever sept grands défis, assortis de onze « indicateurs phares »
:
-
le développement économique (indicateur
1
: taux de croissance du PIB par habitant) ;
-
le changement climatique et l’énergie propre (indicateur
2
: émissions totales de gaz à effet de serre ; indicateur
3
: part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie
primaire) ;
-
le transport durable (indicateur 4 : consommation d’énergie totale dans les
transports) ;
-
la production et la consommation durables (indicateur 5 : productivité des
ressources) ;
-
la conservation et la gestion des ressources naturelles(indicateur 6 : indice
d’abondance des oiseaux communs ;
indicateur
7 : prises de poissons au-dessus des seuils de précaution, UE 25)
;
-
la santé publique (indicateur 8 : espérance de vie en bonne santé)
;
-
l’inclusion sociale, les questions démographiques et migratoires (indicateur 9 :
taux de pauvreté monétaire dans les pays européens ; indicateur 10 : taux
d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans) ;
-
la pauvreté dans le monde et les défis internationaux
(indicateur
11 : aide publique au développement). À côté du seul indicateur global, relatif
à la croissance, les phares concentrent leurs faisceaux surtout sur
l’environnement et l’écologie, tendant à leur subordonner en majeure partie le
développement durable. Ce choix réducteur est discutable. Le développement
social a droit à la portion congrue. Il n’y a pas d’indicateur sur l’éducation,
sur la recherche, si importante pour l’avenir, et sur la compétitivité, si chère
à l’ue
mondialiste.
Quelles
sont la finalité et la représentativité de ces indicateurs sélectionnés par des
technocrates de toutes disciplines ? Ce sont des indicateurs d’alerte,
dira-t-on. Les uns quantifient des facteurs nuisibles au dd
(émissions
de gaz à effet de serre, consommation d’énergie dans les transports, prises de
poissons excessives) qui sont déjà dans le collimateur de l’Union. D’autres
correspondent également à des objectifs que l’ue
a
fixés, mais leur relation avec le dd
n’est
pas évidente. Il en va ainsi du travail de 55 à 64 ans, qui rencontre une
certaine hostilité en France et dans d’autres pays. Par ailleurs, la
productivité des ressources (pdr)
dont
il est ici question est le rapport entre le pib
d’un
pays et sa consommation de matières premières ; il dépend essentiellement des
places respectives qu’occupent dans l’économie l’agriculture et l’industrie,
d’un côté, consommatrices et transformatrices de matières premières, et le
secteur tertiaire, qui l’est bien moins, de l’autre côté. Ainsi (insee),
le
pdr
de
la France (1,84 en2005) est supérieur à celui de l’Allemagne (1,64). La France
sous Sarkozy est-elle pour autant plus compétitive et dynamique que notre
voisine sous Angela Merkel ?
Notre
désindustrialisation est-elle réellement porteuse ? Le Royaume-Uni, avec sa
financiarisation avancée est loin devant (2,58 en 2005). Où est le développement
durable ici ? D’autres indicateurs sont plutôt des illustrations
chiffrées de résultats d’ensembles plus ou moins vastes et complexes
d’évènements, d’actions, de réactions… qu’il est difficile de relier précisément
à des éléments particuliers déterminants du dd.
Il
en est ainsi du taux de pauvreté monétaire, qui dépend de l’activité économique,
de l’éducation, du chômage… et des politiques de redistribution. C’est aussi le
cas de l’espérance de vie en bonne santé, qui peut être influencée par
l’hérédité, par l’éducation, par les conditions de travail et de vie… ainsi que
par la prévention et les soins médicaux.
Un
citoyen aguiché par les termes « stratégie » et «phares » pourrait être déçu par
une représentation tellement spartiate d’aussi vastes problèmes. Qu’il se
rassure. L’ue
et la France (d’autres pays aussi, sans doute) fourbissent chacune d’imposantes
batteries d’indicateurs, démultipliés par des sous indicateurs. Le
Rapport
2009 de suivi de la stratégie de développement durable de
l’ue
révèle
une grande pyramide d’indicateurs, avec à son sommet les onze phares (en fait,
un douzième a été ajouté : la bonne gouvernance) associés à autant de défis
clés, avec, en dessous, à un niveau intermédiaire, 40 sous thèmes et, au
troisième niveau, le plus bas, 68 indicateurs élémentaires. Pharaonique
!
De
son côté, la France ne pouvait pas faire moins. Le ministère de l’Écologie, de
l’Énergie, du Développement durable et de la Mer (meedm)
a peaufiné « une proposition de nouveaux indicateurs formant la base du système
de mesure et de suivi du développement durable ». Cette base comporte 15
indicateurs phares + 4 indicateurs de contexte+ 27 indicateurs complémentaires.
Nombre d’entre eux ont plusieurs composantes, des sous indicateurs ou
indicateurs élémentaires. Ainsi, l’indicateur complémentaire « émissions de gaz
à effet de serre par secteur » compte6 sous indicateurs, correspondant à autant
d’activités : les transports, l’industrie, l’agriculture, le tertiaire (y
compris le résidentiel), l’énergie et le traitement des déchets. De la sorte,
sont sélectionnés 97 indicateurs élémentaires, au total. Un annuaire ! C’est
largement suffisant pour noyer le poisson et les courageux lecteurs des rapports
de suivi. En conséquence, les politiciens, les médias et les commentateurs
habituels pourront choisir à leur guise et présenter au public, avec moult
analyses et recommandations, une poignée d’indicateurs à leur
convenance.
La
proposition du meedm
écarte
des indicateurs phares convenus avec l’ue
le
« taux de croissance du pib
par
habitant », pour le renvoyer dans les indicateurs de contexte. Il s’y retrouve
aux côtés des taux de chômage et de sousemploi, de deux indicateurs d’inégalités
(extrêmes) des revenus, ainsi que d’un indice conjoncturel de fécondité. On
soupçonne que ce choix très sélectif correspond à des soucis majeurs, la
croissance, l’emploi, la réduction des inégalités et la procréation. C’est un
assez curieux attelage pour décrire le « contexte », tout de même ! Des phares
ont aussi été exclues « les prises de poissons hors quotas ». En sens opposé,
les 11 phares précédents se voient adjoindre deux indicateurs écologiques, «
l’empreinte carbone de la demande finale intérieure » et « l’artificialisation
des sols ». Au titre des déficiences de la formation entrent dans les phares : «
la part des jeunes hors emploi et hors formation parmi les 16-25 ans » et « la
formation et les sorties précoces ». « La part de recherche et développement
dans le pib
»
fait aussi son apparition.
Enfin,
pour aller dans le sens du vent, « la participation des femmes à la gouvernance…
» clôt la liste. Quatre sous indicateurs pointant les proportions féminines de
sénateurs, de députés, d’emplois de direction dans la Fonction publique et de
cadres du privé marquent le désir de faire monter les taux de parité hommes –
femmes aux sommets. La France a pris du retard sur les pays les plus avancés,
peut-on lire, « alors que la parité participe au développement durable et peut
être un vecteur de meilleure gouvernance ». C’est sans doute pourquoi
l’ue
ne
l’a pas retenue. Pour celle-ci, la bonne gouvernance, c’est la confiance des
citoyens dans les institutions de l’Union, la transposition de la législation
communautaire, l’ouverture des gouvernements (disponibilité et pratiques), ainsi
que les taxes environnementales. Qui s’en étonnera ? Parmi les 27
complémentaires français figurent : des ventilations par secteurs des émissions
de gaz à effet de serre et de la consommation d’énergie, des répartitions par
modes de transports de voyageurs et de marchandises, des productions de déchets
par émetteurs, la qualité physicochimique des eaux superficielles, la
consommation de produits phytosanitaires, la part de la surface consacrée à
l’agriculture biologique et l’emploi dans les éco-activités Les autres
indicateurs complémentaires sont relativement dispersés entre la pauvreté,
l’endettement, la formation, les accidents du travail, les maladies
professionnelles, les suicides, la vie associative…
À
la différence de la France, l’ue
a
érigé la croissance et la prospérité économique en objectif clé, assorti de
trois sous thèmes (l’investissement, la productivité du travail et l’emploi) et
de sept indicateurs élémentaires (comprenant l’épargne des ménages, les dépenses
de recherche et développement, l’emploi féminin et le chômage). À côté de cela,
on observe un grand nombre de différences entre les indicateurs élémentaires des
deux camps, présents d’un côté, absents de l’autre, ou ne décrivant pas la même
chose.
Dans
la santé, par exemple, l’ue
a
retenu deux indicateurs sur l’exposition à la pollution (ozone et particules) et
un sur les nuisances sonores, sans équivalents dans la proposition française.
Dans les changements démographiques, l’ue
a
retenu les migrations, la France non. Par contre la France a sélectionné plus
d’une douzaine d’indicateurs sur les productions de déchets, radioactifs ou pas.
La revue détaillée montre qu’il y a encore un long chemin à parcourir pour
parvenir à des propositions « harmonisées ». Avec l’observation de manques
importants, elle conduit aussi à penser que des dizaines d’autres indicateurs
pourraient encore être ajoutés aux répertoires ci-dessus. Dans ces derniers, se
côtoient des indicateurs d’importance inégale et de natures diverses à l’aide
desquels il est malaisé d’avoir une vue d’ensemble. A quoi vont-ils servir ?
Pour le moment, je vois surtout leur usage venir renforcer des objectifs déjà
retenus par et dans l’ue
ainsi
qu’une avalanche de réglementations, de taxations et de contraintes
supplémentaires, plus ou moins bien fondées, venir s’abattre sur nous. Ce qui
frappe également, c’est que le développement durable n’étant « défini » à priori
qu’en termes très généraux (et vagues, disons le), on confie la responsabilité
de lui donner une signification concrète à des fabricants d’indicateurs
statistiques.
Ce
n’est pas sans rappeler l’abandon récent aux statisticiens (et aux médias qui
les ont suivis) du soin de définir la pauvreté monétaire, subrepticement. Nous
sommes sur la même voie de la dégonfle politique et de la technocratie. Car, ne
nous faisons pas d’illusions, derrière les priorités et les indicateurs du
dd,
est
esquissée une société cible future. Pourquoi ne dévoile-t-on pas les intentions
et le projet sous-jacent au public, aux citoyens, et n’engage-t-on pas des
débats sérieux et ouverts en France et dans l’ue
sur
ce sujet crucial ? Ne seraient-ils pas bienvenus pour animer utilement la
campagne des élections présidentielles de2012 ?
Malgré
le grand nombre d’indicateurs, l’image esquissée ne couvre pas des pans de notre
société et du monde importants pour le développement durable. Dans les domaines
approchés, des compléments ne seraient pas inutiles aussi. Pour caractériser la
démographie, par exemple, on pourrait ajouter le nombre d’ivg
(ou
le rapport entre ce nombre et celui des naissances vivantes). En matière de
Santé, pourraient également être comptées les victimes du sida,
de la maladie d’Alzheimer, la surconsommation de médicaments (remboursables ou
non), des données sur la sous-alimentation, la malnutrition, comme l’obésité
puisque « l’oms
prévoit
que d’ici à 2015 2,3 milliards d’adultes seront en surpoids et plus de 700.000
seront même obèses » (cf.
Le Parisien économie du
26 avril). Sans omettre les consommations d’alcool, de tabac et de drogues,
dures et douces, des fléaux éminemment nuisibles au dd.
Concernant
les transports, pollueurs enfin mis à l’index, rappelons d’abord que ce sont les
dirigeants de l’ue
et
les nôtres qui ont fait de l’extension des autoroutes et des autres
infrastructures intracommunautaires, ainsi que de l’encouragement des transports
à longue distance, des fers de lances de la « construction européenne », du
grand marché et de l’ouverture à la mondialisation des échanges, associée à des
mouvements de plus en plus spéculatifs de capitaux. Avec pour but ultime,
l’intensification de la concurrence et la baisse des prix… et pour conséquence,
le recul de nos économies dans le monde. Un aveuglement qui a affaibli les
balances des paiements et fait exploser l’endettement de nombreux membres de
l’ue,
déjà fragiles, comme la Grèce et le Portugal, ou plus résistants pour le moment.
Au point de menacer la survie de l’euro. L’ue
doit
changer radicalement de stratégie dans la promotion des transports et aider au
développement d’activités locales, de pme,
produisant
pour la consommation intérieure (sans exclure l’exportation), sans délocaliser à
tout bout de champ, afin que notre croissance, pour être durable, soit plus
autocentrée, moins dépendante de l’extérieur, et de l’Asie, en particulier.
Aller chercher des poires en Argentine ou en Afrique du Sud et des pommes au
Canada est également écologiquement irresponsable.
En
outre, tant que nous serons enfermés et secoués dans ce système économico
financier soumis à des mouvements browniens et risquant à tout moment
d’exploser, il est vain et stérile de parler de développement durable. Pour
alerter sur l’évolution inquiétante pour le dd
du
système économique et financier international, devraient venir s’ajouter à ceux
de la croissance et de l’endettement des États, des indicateurs portant sur
l’inflation, sur les désordres immobiliers et boursiers, sur les déficits des
balances des paiements, sur les fluctuations erratiques des taux d’intérêts, des
taux de change des monnaies. La surveillance, les explications, l’anticipation,
la prévention, les réponses aux crises et, plus encore, la recherche d’une
nouvelle organisation internationale, ne doivent plus relever des seuls experts
(agences de notation, entre autres) et gouvernants habituels, trop souvent
impliqués dans les opérations et les échecs passés. Il faut ouvrir et
démocratiser la gouvernance en s’appuyant sur un ou qui ne chercheront pas
systématiquement à endormir et à leurrer les populations. Un puissant fond
d’intervention devrait être chargé de contrer sévèrement sur les marchés les
spéculations visant à déstabiliser et à faire plonger des États et des monnaies
pour en tirer profit. Le fmi
pourraitil
jouer un tel rôle ?
Peut-on
imaginer un dd
qui
ne se soucie pas des catastrophes naturelles et de celles provoquées par
l’homme, de leur prévention, de la limitation de leurs impacts et de la prompte
réparation de leurs dégâts ? Sans empreintes des violents orages, des tempêtes,
des tsunamis, des incendies et des destructions forestières, des grandes crues,
des inondations, des éruptions volcaniques, des tremblements de terre, des
sécheresses, des marées noires, des pollutions des mers, des océans, des
rivages, etc. Ces phénomènes sont dévastateurs ou menaçants dans nombre de
régions et de pays, autant, sinon plus que le réchauffement attendu et craint de
la planète.
Peut-on
concevoir un dd
qui
ne se préoccupe pas de l’hyper urbanisation, concentrationnaire, que nos
dirigeants adeptes du gigantisme veulent aggraver, aux banlieues des villes
chargées de mal vivre et d’insécurité, de poudrières, destructrice du milieu
naturel, polluante à maints égards, bien qu’on nous répète presque chaque jour
que l’air est de bonne qualité au dessus de Paris et que le bruit n’a rien
d’insupportable.
Les
guerres, les conflits intérieurs, pouvant aller jusqu’aux génocides, le
terrorisme international, l’accumulation et la prolifération des armes de
destruction massive (arsenaux nucléaires, armes chimiques, biologiques et
classiques) sont autant d’obstacles et de menaces graves au développement
durable. Des indicateurs, tels les populations concernées, les victimes et les
dégâts, pourraient être choisis et suivis. La façon dont les équilibres, ou les
déséquilibres, entre les forces et les ambitions des grandes puissances
s’établissent et évoluent dans un monde multipolaire instable n’est pas neutre ;
elle autorise, interdit ou conditionne le dd.
Chez
nous, comme dans tous les pays, pas de développement durable, sans paix sociale
et sans sécurité. Les données sur la criminalité ne manquent pas pour décrire et
suivre les délits constatés et ceux élucidés (victimes et dégâts), les
agressions contre des personnes, contre des services publics (commissariats,
bus, tramways, pompiers…), les trafics de drogues, les atteintes aux biens
(vols, incendies de voitures et autres destructions…), les attentats
séparatistes, l’emprise des sectes, etc. Le dd
doit
nous interdire de léguer à nos descendants une société de la violence, du non
droit, de la peur et de menaces de guerre civile. Les conditions d’un
développement durable dépassent ainsi largement les prescriptions écologiques et
environnementales. Il est important d’en prendre conscience et ne pas polariser
trop exclusivement les attentions des populations sur ces dernières, ainsi que
sur des défis, des sous thèmes et des indicateurs qui ne correspondraient pas à
des problèmes majeurs, à des menaces ou à des atteintes graves au DD, d’une
part, et qui seraient destinés à appuyer des choix déjà faits, préconçus, ou
encore dictés par la mode et la pensée unique, vertes ici, d’autre
part.
L’étendue
du champ du dd,
la multiplicité, la diversité, l’hétérogénéité des éléments à prendre en compte
rendent difficile le choix d’une poignée de facteurs qui seraient les plus
significatifs et d’indicateurs synthétiques qui permettraient une présentation
résumée de la situation et de son évolution. Le défrichement du dd
devra
donc sans doute se poursuivre de façon analytique dans chacun des grands
domaines inventoriés. Ce qui ne facilitera pas les interprétations et la
définition d’axes d’action d’assez large portée, sans même parler de grandes
orientations.
Que
ce soit à l’échelle de la France ou à celle de l’ue,
nous devons laisser « aux générations futures » un héritage démocratique et un
cadre institutionnel, législatif et juridique qui ne les étouffe pas, qui ne les
affaiblisse pas, qui abrite les valeurs que nous souhaitons transmettre. La mère
de toutes les valeurs est la liberté, la conservation de son libre arbitre, la
possibilité de penser, de s’exprimer, d’agir sans contraintes indues… selon nos
personnalités, nos différences, et non comme des clones soumis, abêtis. Notre
bouquet législatif et juridique est surdimensionné, trop complexe,
inopportunément répressif sur certains points, trop laxiste ou permissif sur
d’autres. Il manque d’efficacité. En partie parce qu’il n’est pas appliqué ou
est contourné. Un sérieux ménage s’impose et, pour le suivi, deux indicateurs
seraient bienvenus : le nombre de lois, de décrets, d’arrêtés, d’autres
décisions, d’abord, et le nombre d’organismes de contrôle et de régulation,
ensuite.
Enfin,
pour alerter sur l’état des liens, des ciments censés unir notre société, qui
montrent notre attachement à notre citoyenneté, je préconiserais de scruter avec
lucidité les taux d’abstention aux élections présidentielles, législatives,
régionales, municipales… et européennes. Les derniers résultats indiquent
nettement l’absence d’adhésion à notre système. Nous devons espérer que la
recherche du développement durable conduira à emprunter de nouvelles voies, plus
participatives et plus prometteuses.