L’idée
du
bonheur
À toutes et à tous je vous souhaite une année qui réponde à vos espérances.
«
Le bonheur existe. J’y crois » disait
Aragon. Dans le mot bonheur chacun enferme une partie de lui-même et projette
sur ceux qui l’environnent son idée du bonheur. Le bonheur est individuel et
collectif. Comme la vie. La collectivité à laquelle appartiennent la plupart de
nos compagnons s’appellent la France. Elle vit à
travers eux, leur fidélité et leur Passion. Le terme mérite une majuscule. C’est
cette majuscule qui a conduit le Général de gaulle à ramasser, le 18 Juin, le
glaive glissé à terre, abandonné par des mains défaillantes. Les temps ont
changé mais la leçon demeure. Chaque époque est en quête de professeurs
d’énergie. Sachons ne pas nous tromper. Comme le voeu ardent que j’exprime en
cette année 2010, cellelà même qui marque le cent-vingtième anniversaire de la naissance de Charles de
Gaulle, le soixantedixième anniversaire de l’Appel du 18 Juin et le quarantième anniversaire du deuil de
Colombey.
Le
monde comme il va…
En
en détournant le sens on s’en est souvent pris à
l’aphorisme maurassien qui avait valeur d’injonction : «
La France seule ».
Mon propos n’est pas de me livrer à une exégèse. Il va de soi que les
gouvernants de la France sont dépositaires d’un devoir moral. Ils ont à
illustrer le pays, à le défendre, à lui assurer le destin le plus enviable
auquel il peut prétendre. Le postulat posé, il est évident que la France n’est
pas seule. Se tenir sur le chemin des cimes, comme l’a voulu de Gaulle,
n’impliquait pas de se trouver en marge du monde mais au contraire d’y assurer
la place de la France « d’estoc et de taille ». Pour agir et réagir il est
primordial d’avoir la connaissance et l’intelligence de ce qui nous
entoure.
L’Italie
berlusconienne
L’agrément
d’un voyage familial m’a conduit en décembre à Rome. J’ai saisi l’occasion pour
effectuer une série de rencontres propres à me renseigner sur l’état de
l’Italie. Le hasard fit que durant ce séjour, les opposants à Silvio Berlusconi
réunirent une énorme manifestation emplissant la piazza San Giovanni, la place la plus vaste de Rome. Fait à
relever, ces foules ne répondaient pas à l’appel de partis politiques mais de «
la société civile ». Le violet avait été choisi comme couleur par les
manifestants parce qu’elle n’appartient à aucun parti. Avec un sourire on
pourrait y voir une tonalité « cléricale », le violet parant les habits et
ornements épiscopaux. Ce ne serait que boutade, même si quelques prêtres
s’étaient mêlés aux manifestants.
L’Église est prudente. Les temps ne sont plus ou elle faisait
corps avec la défunte démocratie chrétienne. Comme le confiait un haut
dignitaire ecclésiastique à un ami diplomate : «
Aujourd’hui l’Église ne soutient plus un parti
catholique mais des catholiques. Où qu’ils se situent, à gauche comme à droite.
»
Silvio Berlusconi se trouve en difficulté. Contrairement à ce qu’on pourrait
penser ce n’est pas la gauche ou une partie de la « société civile » influencée
par elle qui le menace sérieusement. Même si des foules se retrouvent dans la
rue. Le cavalierea
des adversaires plus dangereux : les juges et son allié Gianfranco
Fini.
En
Italie la magistrature est indépendante. Elle enquête avec persistance pour
savoir si Berlusconi a ou eut des liens avec la Mafia. Quant à Fini, venu du
fascisme pour se retrouver un « sarkozyste » à
tendance « libertaire » (combinazioneà
l’italienne…), il ambitionne la succession.
L’agression
du cavalierepar
un déséquilibré pourrait différer ses projets car Silvio Berlusconi en a tiré un
sursaut de popularité. Le Vatican, lui, demeure discret à l’égard du premier
ministre. On doute pourtant que ses frasques grivoises y soient jugées du
meilleur goût…
Agitations
vaticanes
Si
un ciel d’orage environne de ses nuées Silvio Berlusconi, en usant d’une
métaphore connue, la barque de saint Pierre prend des paquets d’écume sur une
mer agitée. Un diplomate accrédité auprès du Saint-Siège déplorait auprès de moi que la communication
passe mal. Elle n’est pas seule en cause. L’Église, ce
n’est pas nouveau, est parcourue de courants divers parfois antagonistes. Entre«
modernistes » et « traditionnalistes », la charité
chrétienne est
rarement
de mise. L’affaire Williamson, mal gérée, pourrait
avoir été ourdie dans des cénacles ecclésiastiques hostiles à Benoît XVI. Tout
le monde reconnaît au pape une qualité de théologien éminent. Mais si on parle
de la « barque de saint Pierre », dans la mouvance moderniste de l’Église on accuse le pape de la diriger vers tribord…
L’affaire Williamson doit être tenue pour une scorie.
Rien de plus. Par contre le rapprochement graduel avec les disciples de Mgr
Lefèvre est plus indicatif. Comme la démarche tendant au ralliement de l’aile la
plus conservatrice de l’Église anglicane. Sans parler
des efforts – plus contrariés– d’un rapprochement avec l’Orthodoxie. Lorsque j’étais à Rome j’ai assisté en la
basilique de Sainte-Marie-Majeure brillant de tous ses ors à une visite
officielle de Mgr Anastasio, patriarche de l’église
orthodoxe d’Albanie. Non
judicaredit
l’Évangile.
Il
y a beaucoup de demeures dans la maison du Père. Pour l’heure, sous le
pontificat de Benoît XVI, la demeure où s’allument les cierges est celle de «
l’Église des anciens jours » comme l’écrivait si
joliment Pierre de Boisdeffre. Ce qui n’assure pas
nécessairement une navigation tranquille…