DÉFENDONS LA
LANGUE FRANÇAISE NOTRE BIEN
COMMUN
par
Albert Salon,
C’est
l’alarme
! Les associations qui signent cet appel regroupent des démocrates de toutes
sensibilités idéologiques.
Unanimes,
elles dressent un constat angoissant du sort politique fait à la langue
française en France. « Langue de la République » (art. II de la Constitution),
le français est une condition du vivre ensemble national et républicain, et,
selon les sondages récents, il est pour 80 % de nos concitoyens un des
principaux piliers de l’« identité nationale ».
Or,
le français est aussi gravement menacé chez nous qu’au Québec, en Afrique
francophone, en Wallonie ou en Suisse romande. Il l’est moins par l’air du
temps, contre lequel il pourrait se défendre seul, que par une politique
linguistique menée surtout par de grandes entreprises françaises avec l’appui de
milieux politiques, certes européens et transatlantiques, mais d’abord
hexagonaux. Après Michel Serres, observant qu’ « il y a plus de mots anglais sur
les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation », le linguiste Claude Hagège classe le français parmi les langues menacées dans
son Dictionnaire amoureux des langues.
L’heure
est donc venue d’appeler tous les citoyens à la résistance
linguistique.
Nos
associations en appellent au peuple français et à tous les francophones du
monde, à tous ceux qui savent ce que la liberté, l’égalité, la fraternité, mais
aussi la littérature, la philosophie, le droit et les sciences, doivent à la
langue des Molière, Césaire, Verhaeren et Senghor.
LE
VOL NOIR DU GRAND PATRONAT SUR NOS PLAINES
Depuis
longtemps, on n’en est plus aux seuls emprunts massifs à l’anglo-américain :
nombre de grandes entreprises s’emploient à basculer au tout-anglais une bonne part de leurs pratiques langagières :
« Time to move ! » est le titre du programme de
mutations que France-Teuleucom impose à ses salariés,
ajoutant l’humiliation linguistique à l’effrayante dégradation de leurs
conditions de travail. C’est aussi la mode – le « mood
» – chez AREVA… Dans la distribution : Carrefour, Auchan… basculent leurs
produits et enseignes à l’anglais de bazar, imités par des services publics
comme la SNCF, la Poste ou Air France… Loin du programme du Conseil National de
la Résistance, la devise du MEDEF n’est-elle pas « ready for the future » ? Sommet du
« dialogue social » : c’est en anglais que les ouvriers de Continental-Clairoix, réunis dans leur cour d’usine, ont
appris leur licenciement collectif ! Les choses sont déjà si avancées, tels les
fromages forts, que des syndicats de diverses obédiences, CGT, CFTC, UNSA, CGC…,
ont dû monter au créneau pour « défendre le droit de travailler en français en
France », mouvement internationalisé en 2009.
Voyez
aussi les travaux de la recherche scientifique française : des siècles après
l’acte révolutionnaire de Descartes publiant en français le Discours de la
méthode, ils sont devenus inaccessibles au citoyen ne maîtrisant que le français
ou maîtrisant d’autres langues que l’anglo-américain. Passons sur la chanson,
sur les pubs en anglais qui, aux heures de grande écoute, ciblent surtout les
jeunes, les enfants… Que fait le CSA ?
QUI
VEUT NOUS COUPER LA LANGUE DOIT AVOIR LE COURAGE D’AFFRONTER LE
DÉBAT
On
ne voit que trop qui sert cette politique d’anéantissement linguistique sous son
emballage pseudo-moderne : elle sert cette partie
privilégiée de la société qui, pas seulement à droite, a honte de son pays
incurablement frondeur ; une « élite » qui n’hésite pas à désintégrer sa langue
maternelle pour mieux intégrer l’élite mondialisée et ressembler à ses maîtres !
Les « gens de peu », pour leur part, nés en France ou venus d’Afrique
francophone, sont voués à une discrimination linguistique plus forte que jamais.
Quant à nos cadres moyens qui croient s’en tirer en ingurgitant le Wall Street English promu dans le métro parisien, le basculement au
tout-anglais consacre leur aliénation dans un travail
de plus en plus dévalorisé.
Face
aux coups portés, le silence des autorités inquiète. Pis : des ministres
approuvent ou annoncent diverses mesures de substitution de l’anglais au
français, des petites classes jusqu’à l’enseignement supérieur. Ainsi la
direction de Sciences-Po a-t-elle décidé que sa
nouvelle antenne de Reims dispenserait tous ses cours en anglais. Ainsi Mme
Valérie Pécresse semble-t-elle chercher à extraire
l’Université du champ de la loi Toubon. Ainsi le chef
de l’État annonce-t-il que des enseignements
fondamentaux du second degré pourraient être dispensés « en langues étrangères »
(traduisons : en anglais).
De
cet arrachage linguistique, c’est peu dire que l’Union
européenne, à laquelle ses textes fondateurs font pourtant obligation de
défendre les langues et identités nationales, fait peu de cas. Au nom du
libéralisme économique, son exécutif s’emploie même à démanteler toute
protection juridique des langues nationales, au point que c’est le plus souvent
de directives bruxelloises que se prévalent les décideurs français pour
contourner la loi Toubon et le code du travail.
C’est
pourquoi nous exigeons un grand débat national sur la place respective du
français et des autres langues, pour que l’assassinat linguistique planifié ne
puisse s’accomplir en silence et pour que le peuple souverain se saisisse de la
défense de sa langue.
MOBILISATION
LINGUISTIQUE ET RESPONSABILITÉ CIVIQUE
L’actuel
gouvernement qui glose sur l’identité nationale va-t-il contribuer à enfermer le
peuple français dans une langue unique imposée ? La défense de notre héritage
linguistique implique une protection et une promotion actives de la langue
française, de la diversité linguistique et de la francophonie, sur notre
continent et dans le monde. Une politique est proposée dans nos sites. Parlons
ici simplement de ses éléments fondamentaux pour revenir au bon sens : à l’école
élémentaire ou au collège, asseoir d’abord un solide apprentissage des langues
nationales en Europe, puis commencer celui de deux langues étrangères dont la
première, selon la recommandation du professeur Hagège, serait autre que l’anglais ; réaffirmer le français
comme langue de l’enseignement supérieur ; lui rendre droit de cité dans la
recherche ; faire respecter par Bruxelles sa propre législation
linguistique.
Notre
appel s’adresse aussi aux espérantistes ; aux amis des langues régionales, vite
éradiquées si la langue commune était marginalisée ; aux immigrés qui veulent
continuer à parler la langue de leur pays d’accueil sans oublier celle de leur
pays d’origine ; à nos compatriotes des DOM qui veulent parler français ET
créole. Si une langue de portée mondiale comme la nôtre finissait par être
supplantée sur sa terre natale, quelle autre langue, en Europe, pourrait
résister au rouleau compresseur de l’anglo-américain ? Cet appel à la résistance
et à la créativité linguistique de tous les francophones s’adresse aux citoyens
et aux décideurs conscients de leurs responsabilités, aux salariés, étudiants,
enseignants, entrepreneurs de base, qui font vivre le français en l’habitant au
quotidien. Car, en marginalisant sa langue, c’est le peuple qu’en définitive on
voudrait déloger de ses rêves.
Nous
interpellons enfin avec gravité tous les écrivains, philosophes, enseignants,
chercheurs, traducteurs et autres créateurs de francophonie, en France, en
Belgique, en Suisse, au Québec et au Canada, en Afrique, et partout où notre
langue est pratiquée et aimée : vous dont la langue constitue l’outil de travail
et l’élément existentiel, entrez en résistance publique contre la langue unique
! Cinq siècles après Joachim du Bellay appelant à la « défense et (l’)illustration » du français, faisons vivre notre langue et
défendons-la contre la logique barbare de l’Argent-roi.
*Alliance
Champlain- www.alliance-champlain.asso.nc
Association
francophonie avenir (AFRAV – www.francophonieavenir.
com)
Association
pour la sauvegarde et l’expansion de la langue
française
(ASSELAF
– www.asselaf.fr
)
Avenir
de la langue française (ALF - www.avenir-langue-francaise.fr)
Cercle
littéraire des écrivains cheminots Etienne Cattin
(CLEC
-
http://clec.naicf.asso.fr)
C.O.U.R.R.I.E.L.
(www.courriel-languefrancaise.org)
Défense
de la langue française Paris-Ile-de-France
(DLF
Paris IdF -
www.langue-francaise.org)
Forum
francophone international France (FFI-France)
Le
Droit de comprendre (DDC)
Le
Français en Partage- www.solidarite-laique.asso.fr
Association
France-Univers-
www.editionsfranceunivers.com
Gerflint-
www.gerflint.forumpro.fr