بيان من جمعية العراقيين في فرنسا

 

 

 

 

LE DEVOIR D’ÉQUITÉ

 

par Luc Beyer de ryke

 

Van Rompuy en ligne de mire

Lisbonne nous déplaît à nous gaullistes de tradition et de conviction. Le traité et non la ville dont la beauté à le Tage pour miroir. Construire l’Europe est en soi une idée belle et généreuse. C’est la manière dont on s’y prend qui est contestable. Au coeur du gaullisme on trouve l’Association Capital-Travail. Ce fut son honneur et son échec car sa mise en oeuvre est demeurée à l’état d’ébauche.

 

Ce grand projet social paraît s’inscrire à l’encontre de ce qui inspire l’Union Européenne. Elle est fondée sur le principe d’une concurrence libre et non faussée qui, trop souvent, ne prend pas en compte le facteur humain. Ce qui équivaut à la guerre de tous contre tous. Faut-il dire que de traités en traités on fait davantage fi de la souveraineté et de la solidarité. Ce constat étant posé il ne sert à rien de nier l’évolution du monde et la réalité. Il faut aussi savoir raison garder et se montrer équitable.

 

En vertu du traité de Lisbonne l’Union s’est dotée d’un président et d’une responsable de sa diplomatie. On peut déplorer le peu de transparence dans laquelle s’effectuent ces désignations. Cela étant j’avoue mon irritation devant l’accueil réservé au président de l’Union Européenne par la presse française. Je le trouve indécent, disgusting diraient les Britanniques.

 

Jugez-en d’après ces quelques épithètes. Ces nominations, celles d’Herman Van Rompuy et de Catherine Ashton sont celles de « tartempion et Madame Nobody ». Alain Duhamel à la fois pontifiant et méprisant exécute en trois mots « Ce n’est rien ! ». Tout est dans le rien. Outré par un tel dédain qui fait bon marché des hommes je suis encore plus confondu par l’ignorance des hiérarques de la presse française. Herman Van Rompuy, un nom imprononçable pour des oreilles françaises, le voici déjà condamné. Derrière le nom aussi disgracieux qu’il puisse paraître il y a un homme. Disons-le tout de suite, le choix de

 

l’Union n’est pas le mien. Herman Van Rompuy n’appartient pas à ma famille politique. C’est un démocrate-chrétien flamand. D’aucuns n’hésitent pas à dire flamingant. Pour le francophone de Flandres que je suis ce n’est pas une qualité inclinant à de la bienveillance… Mais dans tous les horizons politiques on trouve des hommes valables. Van Rompuy en est un. Sous ses aspects austères qui le font ressembler à un séminariste qui aurait oublié de revêtir sa soutane, l’homme a de l’humour. Il pratique autant l’art de la négociation ou il excelle que celui du haïku, ces poèmes japonais où tout est exprimé en trois vers. Il est aussi l’auteur d’un livre empli de spiritualité Le christianisme, une pensée moderne. Intellectuel de renom il peut se révéler tout aussi discret que redoutable dans la négociation.

 

C’est lui qu’on est venu chercher pour apaiser la crise communautaire dans laquelle Yves Leterme avait plongé la Belgique. Il avait en cela rallié le consensus des flamands et des francophones. Il n’a certes pas renversé l’obstacle. Avec patience, ingéniosité, prudence, il l’a contourné et différé les échéances. Le pays lui sait gré d’avoir, au moins pour un temps, retrouvé un calme relatif et une certaine stabilité. Ce n’est pas rien. Van Rompuy parti à l’Europe, Yves Leterme est revenu. Déjà les flots communautaires s’agitent. Pour éviter la tempête le premier ministre a été flanqué d’un premier ministre bis, Jean-Luc Dehaene, celui qui dans la politique belge a gagne le nom de « démineur ». Voilà où l’on en est. Ce qui en résumé signifie que, de toute évidence, Herman Van Rompy ne sera pas le « Washington de l’Europe », comme le déplore Valéry Giscard d’Estaing. De là à laisser tomber péremptoirement qu’il n’est « rien » équivaut à une goujaterie doublée d’une sottise.

 

La cas Salah Hamouri

Si je revendique de l’équité lorsqu’on juge le nouveau président de l’Union, je crois que la même règle doit être observée lorsqu’on évoque le président de la république française. Comme la plupart des gaullistes qui se revendiquent de la pensée du Général, je suis critique à propos de Nicolas Sarkozy. L’homme est intelligent, habile. Il a du savoir-faire et manie le verbe avec aisance. Le tout ne suffit pas à faire une politique. À mes yeux, la conduite des réformes, dont certaines sans doute s’avèrent nécessaires, conduisent à une déstructuration sociale. C’est un autre débat. Je voudrais parler d’un aspect de la politique sarkozienne extrêmement positif. Le président se souvenant peutêtre de l’antique invocation Civis Romanus sum se porte au secours des citoyens français en difficulté dans le monde.

 

Ce fut le cas d’Ingrid Bettencour ; des équipages capturés par les pirates somaliens ; les humanitaires « perdus » au Tchad ; la Française soupçonnée de complicité avec le grand banditisme au Mexique ; Clothilde Reiss, victime de la juridiction arbitraire des mollahs ; le soldat Shalit, prisonnier du Hamas. Avec diligence, à défaut de toujours se faire entendre, Nicolas Sarkozy est intervenu ou continue d’agir pour les cas non résolus. Pour tous, sauf un. Celui de Salah Hamouri. Qui est-il ? Né à Jérusalem en 1985 il est de mère française et de père palestinien. Sa mère, Denise Hamouri-Guidoux, originaire de Bourg-en-Bresse, est professeur de français à Jérusalem. Son fils, ancien élève des Frères de Lassalle, a entamé des études de sociologie à l’université de Bethléem. Études interrompues lorsque, le 13 mars 2005, il est arrêté au point de contrôle de Qualquillya. Arrêté et inculpé. Il est accusé d’être un membre influent du Front Populaire de Libération de la Palestine, le F.P.L.P. Plus sérieux, on le soupçonne de participer à un complot tendant à assassiner le rabbin Ovadia Youssef, chef spirituel du Shass, un des partis politiques importants en Israël.

 

Ce sont des intentions que lui prête la justice militaire. La matérialité des faits se résume à l’avoir vu passer en voiture devant la maison du rabbin. Il fait trois ans de préventive. Son avocate l’informe du marché qu’on lui propose : qu’il plaide non-coupable et il écope de quatorze ans de prison où, s’il s’avoue coupable sept ans ! Pris à la gorge il plaide… coupable. Le 7 juillet dernier sa demande de mise en liberté provisoire a été rejetée. Il faudra attendre février 2010 pour en introduire une nouvelle.

 

Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu recevoir la mère de Salah, la laissant aux mains de fonctionnaires subalternes. À la suite de nombreuses interventions il en a touché un mot à Benjamin Netanyahou qui l’a rembarré sèchement. Puisqu’il a plaidé « coupable », la cause est entendue… Jusqu’au jour récent où François Cluzet, en direct à la télévision, a clamé son indignation à propos de la détention depuis déjà quatre ans de Salah Hamouri dont peu de monde se préoccupait.

 

Toujours à la télévision, Jean-François Coppé, généralement plus sûr de lui, avouait tout ignorer. De même que le présentateur de France 2, Laurent Delahousse. S’il entend se montrer fidèle à lui-même, Nicolas Sarkozy se doit de se saisir avec détermination de ce dossier comme il le fait, avec raison, de celui du caporal Shalit. La sélectivité est à proscrire. Je souhaiterais voir des parlementaires de gauche intervenir à propos de Shalit et des parlementaires de droite revendiquer la libération d’Hamouri. L’équité, la justice commandent d’appeler à la libération des deux. Nous le faisons.

 

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04.12.2009

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