DES GAULLISTES HORS DE FRANCE, IL Y EN A !

 

par Francis Depagie

 

Au fur et à mesure que passent les années on s’efforce d’entretenir le souvenir, les uns d’une époque, les autres d’un personnage illustre ou encore d’un événement heureux ou tragique. Bref, la mémoire se doit de rester vivante, elle est nécessaire aux hommes pour justifier le passé, expliquer le présent, annoncer le futur. Ne dit-on pas que l’histoire est un éternel recommencement et que, tôt ou tard, au même titre que la pendule qui inlassablement marque les heures en revenant à son point de départ, l’actualité nous rappelle les réalités qui ont marqué notre temps il y a autant d’années, autant de siècles. Même le Général de Gaulle était persuadé de ce perpétuel retour aux sources, de ce besoin de renouveau souhaité par chacun d’entre nous. N’écritil pas à la fin de ses mémoires de guerre : « … Alors, je me sens traversé par un réconfort secret. Puisque tout recommence toujours, ce que j’ai fait sera, tôt ou tard, une source d’ardeurs nouvelles, après que j’aurai disparu » (1).

 

En fin de compte, le Cercle d’Études Charles-de- Gaulle de Belgique n’a pas fait autre chose tout au long de ses trente-cinq années d’existence(2) que de perpétuer la pensée et l’oeuvre du Général tout en s’efforçant de les projeter dans le temps présent car ni l’une ni l’autre n’appartiennent au passé. Elles sont, au contraire, et, à tout moment, vérifiées par les événements et présentes en filigrane dans notre histoire contemporaine. Le souvenir du Général de Gaulle est donc toujours vivant en Belgique. Au Cercle d’Études on entend le confondre avec l’histoire car c’est là, à notre sens le meilleur service qu’on peut encore lui rendre. Si l’on veut que, dans le futur, il demeure vivant et universel il importe de l’associer à la vision du monde telle que le Général la concevait, essentiellement centrée sur l’homme, sa dignité, son avenir. Par conséquent, lier ce souvenir au combat politique quotidien, aussi noble soit-il, c’est le condamner, tôt ou tard à l’oubli ou à tout le moins à le mettre en contradiction avec le propre souhait du Général.

 

Le combat de Charles de Gaulle pour la dignité de l’homme, pour l’avenir de l’humanité ne se résume pas, ne se résumera jamais à une quelconque campagne électorale, à un programme politique dont les effets, par définition, ne peuvent que être limités dans le temps. Le Cercle d’Études Charles-de-Gaulle n’a jamais cessé de maintenir ses activités à l’écart de tout engagement de toute implication d’ordre politique ou partisan. L’idée même que nous nous faisons de sa pensée, de sa doctrine(3) suffit à nous engager à poursuivre notre mission sans qu’il faille avoir recours aux conceptions et opinions d’un monde (politique) qui ne s’est pas gêné, par ailleurs, pour irriter le Général à de nombreuses reprises.

 

Nous en sommes persuadés le Cercle d’Études Charles-de-Gaulle n’a pas été fondé par le simple besoin, de la part de ceux qui en ont eu l’idée, d’évoquer un passé historique aussi grand, aussi riche soit-il. En plus de cette nécessité d’entretenir la flamme du souvenir il importe d’y ajouter une volonté bien réelle de maintenir vivant et actuel le message d’espérance du Général : « En notre temps, le Cercle d’Études Charles-de-Gaulle a sa raison d’être : si l’histoire nous passionne, si l’actualité nous concerne, il importe qu’il continue à oeuvrer en toute indépendance dans le souvenir du grand homme dont il porte le nom, autant que dans la fidélité à une certaine idée des valeurs de l’humanité »(4).

 

Ces quelques lignes extraites de l’éditorial de notre périodique Grandeur semblent tout indiquées pour situer la démarche d’une association comme la nôtre dans le contexte d’une réflexion générale nécessaire pour prendre conscience des grandes options de notre temps. Nous n’en avons jamais douté le Cercle d’Études Charles-de-Gaulle a sa place dans notre société d’aujourd’hui, aussi modeste soit-elle. Et, pour nous en persuader, nous prendrons comme conclusion de ces quelques considérations gaulliennes, ces quelques lignes dues à la plume de Michel Debré : « A mesure que l’histoire avance, le message du général est mieux perçu. Sa place s’accroît et s’approfondit dans notre légende nationale et même dans la légende universelle, alors que l’influence de la France faiblit et s’amenuise. Désormais tout le monde a été, est et sera gaulliste. Cet homme qui, par deux fois, doit son pouvoir à la tragédie de son pays incarne aujourd’hui les sentiments qui font le meilleur des hommes : le courage et l’espoir, l’honneur et la grandeur »(5).

 

 

_______________

(1) Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 3, Le

salut, 1944-1946.

(2) En cette année 2009 il y aura en effet trente-cinq ans

que fut fondé notre association, le 23 novembre 1974.

Un an plus tard elle fut constituée en a.s.b.l.(association

sans but lucratif) et M. Luc Beyer fut au nombre des

administrateurs du Conseil qui siégea pour la première fois

le17 janvier 1976.

(3) Si l’on se réfère au dictionnaire Larousse :

« Ensemble de croyances ou de principes qui constitue

un système d’enseignement philosophique, littéraire,

politique, religieux, etc., on peut sans doute parler de

doctrine à propos du gaullisme. » Les avis sont partagés

à ce sujet.

(4) Grandeur, n° 96, mars 2005.

(5) Michel Debré, Trois républiques pour une France.

Mémoires, tome 1. Ed. Albin Michel, 1984.

 

 

 

 

 

05.09.2009       Réagir à l'article :
 

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