Coronavirus : tant pis pour les vieux et les plus fragiles

Par Paul KLOBOUKOFF

Le présent article pourrait être sous-titré « La vérité si je mens ». Le lecteur verra rapidement pourquoi.

Il comprend deux parties. Dans la première, je déroule des évènements et des éléments qui ont caractérisé le développement de l’épidémie et conduit à la situation actuelle. Dans la seconde, je reviens, avec plus d’explications et de détails sur plusieurs de ceux que je considère comme des marqueurs de la crise du coronavirus en France. Ce sont : l’organisation de la pénurie de masques, la tragédie dans les EHPAD, la surabondance de décès de personnes âgées, le renoncement aux soins et ses conséquences, les soignants victimes du Covid-19, les trajectoires de l’épidémie dans 7 pays, les prétendument 62 000 vies sauvées par le confinement. Je n’insiste pas sur la situation dans les hôpitaux et le système de santé. Avec leurs causes, dont une compression prolongée des ressources, une réduction du nombre de lits… elle a été vigoureusement dénoncée, et un Ségur de la santé est en vue.

Première partie : Pourquoi autant de décès de personnes âgées

Une trop longue insouciance

Sous-estimation de la menace et désinvolture ! Nous étions à l’abri. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, l’avait d’ailleurs assuré le 20 janvier. Le couple Macron a tardé à reconnaître la dangerosité du Covid-19. Le vendredi 7 mars, il s’est rendu au théâtre pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus. Pourtant, les ravages déclarés en Chine étaient mondialement connus. L’épidémie se propageait rapidement à nos portes en Italie où les deux premiers cas (des touristes chinois) avaient été signalés le 31 janvier. Nos frontières étaient grand ouvertes, et le 26 février, Lyon a pu accueillir 3 000 supporters de l’équipe de Turin venue affronter celle de l’OL. Pourtant, à partir de la Lombardie, l’épidémie avait pris de l’ampleur en Italie. Au 28 février, 888 cas étaient confirmés et 21 décès enregistrés. Le 9 mars, 9 172 cas étaient confirmés et 433 décès enregistrés, dont 333 en Lombardie.

Le président n’était pas inconscient des dangers pour les personnes « à risques ». Le 7 mars, précisément, il s’était invité dans une maison de retraite parisienne et avait déclaré devant 93 résidents qui l’attendaient pour le déjeuner « Notre priorité absolue, c’est de protéger les personnes qui sont les plus fragiles face au virus », en particulier « nos aînés » et les « personnes démunies, sans abri, vivant en situation de grande pauvreté ».

Ce jour là, après s’être rendu à l’hôpital parisien où était mort du virus le premier Français le 26 février, il a prononcé par un tweet la réquisition des stocks de masques protecteurs.

Au cours de ce même jour, riche en annonces, il a plaidé pour des mesures « proportionnées ». « Si on prend des mesures qui sont très contraignantes, ce n’est pas tenable dans la durée » (1).

Le 1er tour des élections municipales a été maintenu au 15 mars. Mais il n’aurait « pas contribué statistiquement » à la propagation de l’épidémie, selon les résultats de l’étude de statisticiens et d’épidémiologistes révélés par Le Monde le 15 mai. Selon un des auteurs « Dit autrement, ce n’est pas parce que les gens sont allés voter plus dans un département que la maladie s’y est propagée plus rapidement en matière d’hospitalisations ». L’étude n’a pas encore subi l’expertise par les pairs préalable à toute publication par une revue scientifique (2). C’est sans doute pour cela que le gouvernement s’est empressé d’en adopter les conclusions et de les propager… peu avant de décider de la date du second tour des municipales, et de la fixer au 28 juin. Si les Français se conduisent bien et si le Comité scientifique juge que la situation le permet.

Ce qui est grave, c’est que l’ampleur de l’épidémie a été en grande partie déterminée au cours de sa phase initiale en France (comme dans les autres pays). Il fallait appliquer strictement le principe de précaution et prendre les mesures de protection sans tarder, sans attendre que les nombres d’hospitalisations et de décès deviennent « inquiétants ».

Peur et confinement au cœur de la « stratégie »

Le 16 mars, le président avait radicalement changé d’avis sur le coronavirus. Dans son adresse aux Français, il avait six fois répété « Nous sommes en guerre ». Il avait sonné « la mobilisation générale » contre « un ennemiinvisible, insaisissable » et déclenché le confinement. La peur l’avait-elle saisi ? La crainte des conséquences [politiques ?] de la propagation accélérées des cas de contamination et de l’affluence mal anticipée des malades dans les services d’urgence et les services hospitaliers dédiés au Covid-19. Ceux-ci étaient souvent mal équipés, en respirateurs, notamment, et insuffisamment pourvus en personnel qualifié… C’était le cas des services de réanimation et de soins intensifs dont le nombre de lits était limité à 5 000… et a ensuite été progressivement porté à 10 000. Pour les masques, les blouses, les gants… c’était la pénurie. Pour les tests de dépistage aussi. Et l’épidémie enflait. Emmanuel Macron n’avait plus le choix. Il fallait confiner. D’urgence.

La « stratégie » de l’exécutif s’est alors appuyée principalement sur trois piliers : - le ralentissement autant que possible du flux des arrivées en services de réanimation… et pendant un certain temps, semble-t-il, la restriction de l’admission des contaminés âgés, hébergés en EPHAD notamment, ayant peu de chances de survivre. Pas d’acharnement thérapeutique ! Et les autres services hospitaliers ont été mis au ralenti, quand ce n’est à l’arrêt pour réduire la fréquentation hospitalière, réservée aux urgences confirmées ; - la peur, sans doute jugée indispensable à l’efficacité du confinement. La déclaration de guerre du 16 mars n’était pas fortuite, et la répétition quotidienne des nombres de cas de contaminations et de décès a aidé à maintenir la pression. Cependant, quand les personnes âgées et celles fragiles ont pris conscience et/ou connaissance des risques qu’elles encouraient, il n’y avait plus besoin de les forcer à rester confinées. Elles se sont auto-confinées. Elles sont très peu sorties, même pour voir leur médecin, leur cardiologue, leur dentiste. Cet auto-confinement a permis à nombre d’entre elles de limiter leur exposition au virus, mais il a été et est encore porteur de complications de leur état de santé, et sans doute aussi de décès ; - la communication, arme favorite de la Macronie, a été et est toujours plus intense que jamais, assourdissante et aveuglante. Chaque jour nous entendons et voyons le président ou le Premier ministre, le ministre de la Santé et/ou un de ses collègues, Salomon, le DG de la Santé… Et les médias répètent leurs discours en boucle avec dévouement et application. Il faut faire montre d’une transparence de tous les instants. Une communication sélective qui ne s’interdit pas de propager des contrevérités, de tenter, déjà, de réécrire l’histoire, de protéger l’exécutif, et de vanter les bienfaits de sa « stratégie ». Volontairement ou non, de grands médecins et d’autres « scientifiques » nourrissent et/ou argumentent cette communication. Ils se contredisent aussi fréquemment entre eux, pas seulement sur l’utilité des masques et de l’hydroxychloroquine ou la durée de la pandémie, et contribuent à semer le doute dans les esprits. Ils ont perdu de leur crédibilité. Qui et que croire maintenant ?

Le gouvernement a laissé le secteur médical privé, les libéraux, généralistes, spécialistes, infirmières, sages-femmes … pendant longtemps sans assez de masques et d’autres moyens de protection, réservés en toute priorité aux services hospitaliers. Et avec ses réquisitions, il les a privés, en même temps que les collectivités territoriales, de la possibilité de se débrouiller par eux-mêmes pour acquérir les protections indispensables.

Les Français ont souffert de la pénurie organisée de masques. Aussi, nombre de citoyens ont pu voir rouge lorsqu’Emmanuel Macron a assuré le 19 mai à BFMTV « nous n’avons jamais été en rupture » de masques. «  Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des manques, il y a eu des tensions… Ayons collectivement l’honnêteté de dire qu’au début du mois de mars, encore plus en février ou en janvier, personne ne parlait de masques parce que nous n’aurions jamais pensé être obligés de restreindre la distribution de ceux-ci pour les soignants » (3). Toujours clair et précis ! Et chacun a sa façon « d’assurer », d’assumer, selon sa conception personnelle ou partisane de l’honnêteté.

Des échecs importants de la guerre contre le virus

Un premier échec est la non-observation de la « priorité absolue » de Macron, « protéger les personnes qui sont les plus fragiles face au virus ». Le nombre de contaminations et, plus encore, celui de décès des personnes âgées et fragiles, l’attestent. Un second échec, ce sont les contaminations et les décès de soignants des secteurs privé et public, dont les nombres restent en grande partie secrets. L’absence et/ou le manque de protection et les déficiences du système de santé, qui va faire l’objet incessamment d’un « Ségur », en sont deux des causes majeures communes. Avec une mention spéciale pour les personnes hébergées en EHPAD.

Un troisième échec, massif, est constitué par le vaste ensemble des implications et des conséquences dans de nombreux domaines des réactions tardives face au danger. Avec, comme instrument dominant, un confinement de longue durée lourd, très « directif », répressif pour les contrevenants, difficile à supporter pour les familles logées à l’étroit, en résidence surveillée, dangereux, voire mortel pour les activités ralenties ou mises à l’arrêt. Depuis le 11 mai, toujours avec des privations de libertés et des contraintes, nous sommes dans un déconfinement progressif, « à la carte », dont la trajectoire et les issues restent incertaines, peu lisibles. Dans l’évaluation de cette stratégie de l’exécutif, il faudra prendre en compte les souffrances endurées par les personnes frappées par le virus et les proches des victimes, les conséquences sanitaires, sociales, familiales… du confinement, celles des interruptions et des limitations des activités médicales, éducatives, économiques, touristiques, culturelles, sportives… avec les pertes d’emplois, les lots de faillites et d’interruptions définitives constatées et à venir, dans l’hôtellerie, la restauration, les commerces, l’artisanat, l’industrie... Il faudra aussi compter les coûts de la prise en charge publique et privée du chômage et des autres défaillances et charges provoquées… Sans parler des impacts macroéconomiques, sur la croissance, sur l’endettement, sur les conditions de la sortie de la crise du coronavirus et de la relance. Il faudra des mois pour en faire le bilan.

En attendant, nous pourrons regarder avec intérêt la façon dont nos voisins ont géré la crise et comment ils s’en sortent. En ce qui concerne l’évolution de la pandémie, les décès constatés, les premiers pas vers la sortie de crise et le retour à la « normale », la France n’apparait, hélas, pas en pole position.

Les comparaisons avec d’autres pays montrent déjà l’absurdité de « l’information » largement diffusée à la fin avril selon laquelle si au lieu de confiner les Autorités n’avaient rien fait du tout, la pandémie se serait développée en toute liberté et aurait provoqué 61 700 morts supplémentaires en France.

Les vieux et les fragiles, de loin les principales victimes

Beaucoup de personnes âgées et fragiles sont restées sans protection jusqu’à ce que des masques soient distribués par des mairies ou des associations au début mai, peu avant le déconfinement. Un déconfinement « sous contrôle » et partiel, en réalité. La peur et les incertitudes sont toujours là, consciencieusement entretenues. Cela suffit à rendre prudentes les personnes âgées et fragiles, ainsi qu’à inciter les plus jeunes à respecter les « gestes barrière ».

Résultat trop peu pointé d’un doigt accusateur, les vieux ont payé le prix fort à la pandémie. A la « fin » du confinement, d’après le Point épidémiologique du 14 mai, sur les 26 991 décès de patients Covid-19 rapportés à Santé publique France (SPF) entre le 1er mars et le 12 mai, 17 003 décès ont été enregistrés en hôpital. Parmi eux, 3 551 étaient de personnes hébergées EHPAD (et autres EMS). 9 988 personnes étaient aussi mortes en EHPAD.

Ainsi, sur les 26 991 personnes décédées, 13 539, soit 50% étaient hébergées en EHPAD et l’autre moitié, 13 452, étaient à leur domicile ou ailleurs.

Le même Point indique qu’au moins 93% des personnes décédées, soit 24 101, étaient âgées de 65 ans et plus.

A contrario, le nombre de décès des moins de 65 ans était relativement limité : 1 890 au plus. Parmi eux, la plupart des décès étaient des personnes de 45 à 64 ans. Et le nombre de décès des moins de 45 ans aurait avoisiné 1% du nombre total des décès constatés, soit un peu moins de 300.

Ces 1 890 personnes décédées comprennent des soignants en contact quotidien avec des patients. Ils comprennent aussi des députés, des maires, des personnels municipaux, des agents de la fonction publique et des collectivités territoriales, notamment, ainsi que des personnes qui étaient en activité (totale ou partielle). Elles ont été en contact avec d’autres personnes, contaminées ou non. Elles ont donc été « exposées » au risque viral davantage que les

 

personnes âgées (hors des EHPAD). Pourtant, dans cette population de 53,31 Mi h, on n’a compté « que » 35,5 décès par million d’habitants (Mi h). Dans les 13,75 Mi h de 65 ans et plus, le même ratio est de 1 825 décès par Mi h. Il est 50 fois plus élevé que chez les plus jeunes.

Cela souligne, ce qui à postériori semble une évidence : Pour limiter au minimum le nombre de morts, il fallait en priorité s’occuper de la protection des personnes âgées et fragiles, dès le début de la pandémie en France. Cela n’a pas été le cas.

Une croissance exponentielle de la létalité avec l’âge et les comorbidités

Le Point épidémiologique du 14 mai indique aussi que parmi les 26 991 décès de patients Covid-19 rapportés à Santé publique France (SPF), au moins 84% avaient des comorbidités.

Parmi ces comorbidités, 39% étaient des pathologies cardiaques, 25% de l’hypertension artérielle et 16% du diabète.

25 101 morts étaient donc des personnes âgées. Si l’on rapporte cet effectif à celui de la population de 65 ans et plus en France, soit 13,75 millions (Mi) au 1er janvier 2020, la mortalité était de 1 825 décès par million d’habitants. Nous sommes très au dessus du chiffre national diffusé chaque jour : 26 991 le 12 mai, pour 67,06 Mi h, soit une mortalité de 402,5 par Mi h. Ce n’est pas sans raison que les plus vieux trouvent « prudent » de rester confinés.

Du 1er mars au 11 mai, 9 939 décès ont été certifiés par voie électronique avec des précisions sur les âges et les comorbidités. Cet « échantillon » montre une croissance exponentielle de la dangerosité du virus avec l’âge. Le pourcentage de morts de 75 ans et plus est de 75%, celui des 65 à 74 ans est de 15%, celui des 45 à 64 ans, de 9%, celui des 15 à 44 ans, de 1%. 1 seul cas a été certifié pour les moins de 15 ans.

Par contre le pourcentage des cas de comorbidités dans chaque tranche d’âges ci-dessus est assez proche de la moyenne, soit 66%.

Des questions sur la pertinence du confinement à la française

Les médias évoquent presque chaque jour le cas de la Suède, où les recommandations et l’appel à la responsabilité individuelle ont été préférés au confinement. Les écoles, les commerces, les cafés et les restaurants sont restés ouverts. Et l’OMS a fait l’éloge du « modèle suédois ». La comparaison avec la France est intéressante à plusieurs titres. Elle montre des similitudes : - les maisons de retraite se trouvaient en première ligne face au Coronavirus et sur les 3 200 décès enregistrés le 28 avril, près de la moitié était intervenue dans les établissements pour personnes âgées. Manque d’équipements de protection au plus fort de la crise, 40% de personnel non qualifié, consignes de sécurité pas respectées, négligences… Pourtant l’exécutif avait dit faire de la protection de cette population vulnérable une priorité ; - 90% des victimes du royaume avaient au moins 70 ans (4). « Nous n’avons pas réussi à protéger nos seniors |…] C’est un échec pour la société tout entière. Nous devons en tirer les leçons, nous n’en avons pas encore fini avec cette pandémie » avait reconnu la ministre de la Santé et des Affaires sociale quelques jours auparavant (5). Une telle reconnaissance de culpabilité est-elle envisageable de la part de nos dirigeants ?

Au 26 mai, la Suède comptait 33 843 cas confirmés et 4 2029 décès pour 10,33 Mi h, soit 390 décès par Mi h. A la même date, en France, on comptait 145 279 cas confirmés et 28 432 décès, soit 424 décès par Mi h.

Un décompte des décès très incomplet en France

En fait, le nombre total de décès approcherait plutôt les 40 000 à la date de fin du confinement. En effet : - selon une déclaration du 8 mai du président de l’UNMS (médecins salariés) CFE-CGC, un tiers environ des EHPAD manqueraient dans le décompte des décès, sans doute des structures avec beaucoup de victimes (6); - d’après l’enquête par email du syndicat des médecins généralistes MG France auprès de ses adhérents (7), il y aurait eu environ 9 000 décès à domicile entre le 17 mars et le 19 avril. Et très probablement plus du 1er mars au 12 mai. Pour le président, « Ce chiffre dérangeant confirme que la France est l’un des pays les plus touchés ». Combien de décès au total ? Le gouvernement ne semble pas désirer le savoir… et/ou le faire connaître. 

Si cet ordre de grandeur est confirmé (avant mai 2022 ?) cela signifiera qu’à la fin du confinement, on comptait en France plus près de 600 décès par million d’habitants que de 402,5, chiffre qui figure le 12 mai dans les comparaisons internationales largement diffusées dans le monde. Un tel « score » dépasserait ceux de l’Italie, de l’Espagne et du Royaume-Uni, serait de beaucoup supérieur à celui de la Suède… si les décomptes des décès dans ces pays sont moins incomplets que chez nous.

Combien de morts au front chez les soignants ?

Parmi les personnes âgées décédées il y a des soignantes et des soignants qui étaient encore en activité et d’autres qui avaient rempilé pour prêter main forte. De plus jeunes ont aussi succombé. Absence de masques, conditions de travail inappropriées, mal sécurisées, surmenage… A moins que :

La plupart des soignants contractent le virus en dehors de l’hôpital

Olivier Véran ministre de la Santé, le 22 mars 2020

 

Combien sont décédé(e)s ? Officiellement, secret défense, en ce qui concerne les professionnels publics. Pas de recensement d’ensemble dans le secteur privé. Une équipe de journalistes du Parisien a pu réunir des informations sur 26 soignants « morts sur le front de l’épidémie » et en a publié le 23 avril une « galerie de portraits » en leur hommage. Elle contient des témoignages poignants et intéressants (cf. ci-après).

Le 27 mai, les députés ont voté pour accorder le statut de pupille de la Nation aux enfants de soignants morts du Covid-19. Depuis le de début de l’épidémie, près de 40 soignants sont morts dans l’exercice de leurs fonctions, a-t-il été indiqué au 20 h de TF1 ce jour là. Sans plus de précisions.

Au même titre que les militaires qui tombent au Sahel, les soignants morts au combat méritent une reconnaissance officielle personnalisée et les honneurs.

Un déconfinement « progressif » sous un soleil radieux

Nous sommes « déconfinés » depuis trois semaines et les nouvelles sont plutôt rassurantes.

Au 31 mai, le nombre total des cas confirmés est de 151 753, et celui des décès enregistrés, de 28 802, dont 10 327 dans les EHPAD et autres EMS, et 18 475 en hôpital. Parmi ces derniers, près de 3 800 sont ceux de personnes transférées des établissements à l’hôpital. Ces « chiffres clés » croissent à un rythme de plus en plus ralenti. 31 personnes sont décédées du Covid-19 au cours des dernières 24 heures et le nombre de patients en réa est descendu à 1 325.

Les Autorités ne relâchent que progressivement, par « phases », les contraintes auxquelles sont soumises les écoles, les universités, les transports, les sociétés, les artisans, l’hôtellerie, la restauration, les sports, les spectacles, les lieux et activités de loisirs, etc.

Dans une certaine euphorie et un printemps ensoleillé, les Français, moins patients et moins inquiets ne respectent plus aussi scrupuleusement les gestes barrière. Mais chacun souhaite être rassuré sur la durabilité du déclin de l’épidémie, voire la disparition du virus.

Les prévisions des oracles de Singapour

A la fin du mois d’avril, les médias avaient diffusé une bonne nouvelle possible, mais avec des réserves et des mises en garde, comme l’indiquait alors ce titre d’un article sur 20minutes.fr, « Attention à cette étude affirmant que l’épidémie finira le 9 août en France (8). Il s’agit d’une étude portant sur un grand nombre de pays (au moins 28) réalisée par une équipe de l’Université de technologie et de design de Singapour (SUTD). Utilisant les données provenant de ces pays, elle montre les courbes en cloche des trajectoires des épidémies qui les caractérisent. Avec un sommet au tout début avril chez nous. Se basant sur « son » modèle elle avance qu’en théorie, l’épidémie sera terminée en France à 97% vers le 6 mai, à 99% le 19 mai et qu’elle prendra fin le 9 juillet. En Italie, les 97% seraient atteints le 9 mai et les 100% le 31 août. Aux Etats-Unis, ces dates seraient le 15 mai et le 9 septembre.

Le site qui met en ligne l’étude explique qu’il « est strictement limité à des fins éducatives et de recherche, et peut contenir des erreurs. Le modèle et les données sont imprécis face aux réalités complexes, évolutives et hétérogènes des différents pays ». Il met en garde contre « un sur optimisme » qui pourrait affaiblir notre discipline et notre contrôle, et provoquer une 2ème vague.

Le directeur d’Epicentre, centre de recherche de MSF a estimé que ce modèle était sans doute honnête dans sa démarche, mais que « l’outil n’est pas un oracle ». Pour le docteur en charge d’un centre spécifique au Covid-19 à Pontaut-Combault (en Seine-et-Marne), « Ces données ne tiennent pas la route. Des études épidémiologiques ont montré que l’épidémie s’éteindra dans les années 2030, 2032. […] si on trouve un vaccin dans un an et demi, deux ans, il faudra 10 ans ensuite pour que le virus disparaisse de notre planète ».

Il faut bien distinguer fin de l’épidémie et éradication de virus, avait déjà rappelé un éminent biologiste du CNRS.

Les explications du Professeur Raoult

Le Professeur Didier Raoult de l’IHU de Marseille est d’accord avec ces prévisions. Le 29 avril, (9) il avait expliqué dans une vidéo : « La courbe en cloche (du Covid-19) est celle typique de toutes les épidémies. La plupart du temps, ça se passe comme ça »… «  L’histoire du rebond, c’est une fantaisie inventée à partir de la grippe espagnole qui était repartie en été, mais ça n’a rien à voir »… « Les épidémies accélèrent, culminent et elles diminuent sans qu’on sache trop pourquoi ». Parlant des prévisions de l’Université de Singapour, il a dit « Et ça se vérifie partout. Il y a des précautions à prendre, mais les dates annoncées par le président pour le déconfinement ne sont pas extravagantes »… rappelant que « Pour la France, l’étude prédit que 97% des cas auront eu lieu avant le 7 mai et 99% auront lieu avant le 19 mai. On est dans la marge des dates où l’on peut faire du déconfinement et isoler seulement les personnes positives. A ces dates, la transmissivité du virus sera devenue très faible ».

Pour le Professeur « Il y a une vraie évolution de la maladie. Il y a trois phases, une maladie virale d’abord, ensuite un mélange entre des virus et des réponses immunitaires et ensuite, une troisième phase où il n’y a plus que la réponse immunitaire qui est un problème ». « A chaque phase correspond donc une phase de thérapeutique. J’ai toujours pensé qu’il fallait traiter au début et donc pour ça tester au maximum… ».

Dans une nouvelle vidéo du 12 mai, le Professeur Raoult a été catégorique, l’épidémie « est en train de se terminer ». «  Cet épisode est en train de se résoudre. Nulle part il n’y a de deuxième vague. C’est la courbe épidémique banale mais avec surement des cas sporadiques ici ou là avec un porteur de virus super-contagieux qui contaminera des personnes autour de lui. Mais tout ça ne traduit plus une dynamique épidémique ».

Il a décrit la courbe en cloche de l’épidémie à Marseille qui a duré moitié moins de temps que dans la plupart des pays. Ce qu’il explique par la systématisation dans la cité des tests Covid-19 à l’IHU et par le traitement que les médecins prescrivent aux malades.

«  Il faut soigner les gens et ne pas les laisser à la maison », insiste-t-il aussi (10).

Les explications compréhensibles sur l’évolution de l’épidémie du Professeur, très écouté et regardé sur les réseaux sociaux, semblent convaincre nombre de ceux qui en ont connaissance. Elles font aussi l’objet de polémiques, surtout depuis le durcissement des controverses sur l’usage de l’hydroxychloroquine.

Des comparaisons de la France avec d’autres pays, et des confirmations

L’Institut national d’études démographiques (Ined) a présenté le 5 avril une première étude comparant les courbes d’évolution du nombre de cas et de décès attribués au virus en France avec celles des 5 autres pays, la Chine, la Corée du Sud, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne » (11). Le 16 mai, l’Institut a publié une « Brève » consacrée au même sujet en ajoutant la Suède aux pays précédents et en focalisant l’attention sur les nombres de décès, qu’il considère comme les indicateurs les plus représentatifs de l’évolution de l’épidémie (12).

De fortes similitudes apparaissent aux débuts de l’épidémie dans les six pays, avec une croissance exponentielle des nombres de cas et de décès à un même rythme journalier. Ceci jusqu’au 13ème jour. Les trajectoires s’infléchissent et se différencient ensuite en fonction des mesures prises par les Autorités

Les formes des courbes en cloche des nombres de décès quotidiens se ressemblent. Après une croissance exponentielle d’environ 2 semaines (moins pour la Chine et la Corée du Sud), suivie par une inflexion et une croissance de plus en plus ralentie pendant une durée variant de 2 à 4 semaines environ, un recul du nombre de décès est observé… sans véritable 2ème vague jusque là (au 20 mai) dans les pays les premiers touchés.

 

Seconde partie : Des précisions sur des points clés

Masques : imprévoyance, commandes tardives, réquisitions et pénurie

 

Le risque d’importation depuis Wuhan est quasi nul.

Le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible.

Agnès Buzyn ministre de la Santé, le 20 janvier 2020

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Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’épidémie,

ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées.

Agnès Buzyn ministre de la Santé, le 26 janvier 2020

 

Les réserves stratégiques n’avaient pas été renouvelées et la pénurie s’annonçait. Depuis la mi-janvier, les fabricants de masques restés en activité (au nombre de trois) avaient averti les Autorités de l’urgence de passer les commandes. « Ça fait six semaines qu’on leur dit qu’il va y avoir un problème » a-t-on pu lire le 3 mars sur liberation.fr dans l’article « Pénurie de masques : les autorités n’ont pas vu plus loin que le bout de leur nez » (13). Les fabricants eux-mêmes étaient alors débordés. Ils peinaient à monter en cadence pour satisfaire la multitude des commandes venant de toutes parts. 

Le 21 mars, en pleine ascension de l’épidémie (et 2 000 patients en réa), et alors que le manque cruel de protection était déploré par les soignants, le ministre de la Santé a déclaré que la France disposait de 150 millions de masques chirurgicaux et aucun de type FFP2 (pour les professionnels les plus exposés). Il a annoncé une consommation de 24 millions par semaine des masques FFP2. C’était très loin du compte pour des collectifs de soignants qui avaient communiqué un besoin de 15 Mi par jour, soit 105 Mi par semaine. Très insuffisant, selon les estimations apparemment plus complètes du JDD (14), qui estimait les besoins à 174 Mi pour le personnel hospitalier, 113 Mi pour les généralistes, 106 Mi pour les infirmiers libéraux et les pharmaciens, sans compter le SAMU, les pompiers…

Le ministre, lui, prévoyait d’allouer 18 masques par semaine aux médecins de ville et aux pharmaciens et 9 pour les personnes assurant des soins ou des aides à domicile. Il a promis 500 000 masques par jour pour les EHPAD… qui hébergent 750 000 résidents et emploient 800 000 Personnes !

Il a répété ne pas envisager l’usage généralisé du masque dans la population… que l’OMS ne recommandait pas.

Ce jour là, il a aussi annoncé la commande de 250 Mi de masques qui seraient distribués « progressivement » en priorité aux professionnels de santé. Il avait déjà annoncé le 23 févier la commande de dizaines de millions de ces masques. Et, depuis, les annonces de commandes se sont multipliées, sans qu’on puisse vérifier leur réalité en termes de livraisons. Le 28 mars, c’était le cas d’une commande de 1 milliard de masques dont 74 Mi de FFP2. Et d’autres, allant jusqu’à 1,5 Md ont suivi.

Cependant, la pénurie de masques persistant, les collectivités territoriales et les entreprises ont redoublé d’efforts pour répondre aux besoins locaux en s’approvisionnant directement, principalement à l’étranger, en Chine. Elles ont buté sur le mur des réquisitions de l’Etat.

Afin d’en assurer un accès prioritaire aux professionnels de santé et aux patients, le décret n° 2020-190 du 3 mars 2020 a officialisé la réquisition, jusqu’au 31 mai, des stocks de masques de protection respiratoire de type FFP2 détenus par toute personne morale de droit public ou privé, ainsi que des stocks de masques anti-projections détenus par les entreprises qui en assurent la fabrication ou la distribution. De plus, les masques de type FFP2 et les masques anti-projections produits entre la publication du décret et le 31 mai seront réquisitionnés, aux mêmes fins.

Peu après, l’article 12 du décret n° 2020-193 du 23 mars 2020 a modifié la formulation de la durée des réquisitions et a étendu le champ de celles-ci. Ont été réquisitionnés : - les stocks de masques de protection respiratoire de types FFP2, FFP3, N95, N99, N100, P95, P99, P100, R95, R99 et R100 détenus par toute personne morale de droit public ou privé ; - les stocks de masques anti-projections respectant la norme EN14683 détenus par les entreprises qui en assurent la fabrication ou la distribution ; - les masques de ces divers types produits entre la publication du décret et la date à laquelle prend fin l’état d’urgence sanitaire. En outre, « Des stocks de masques importés peuvent toutefois donner lieu à réquisition totale ou partielle, par arrêté du ministre chargé de la santé, au-delà d’un seuil de cinq millions d’unités par trimestre et par personne morale. « Le présent article est applicable, jusqu’au 31 mai 2020, à l’ensemble du territoire de la République ».

La loi du 11 mai 2020 a prolongé l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juillet 2020.

En avril, la guerre des masques est devenue « féroce » à l’international. Avec une surenchère des prix et des croques-en jambes. Des masques commandés par la région Grand-Est ont été rachetés par les Américains sur les tarmacs d’aéroports chinois. En France aussi, le 11 avril le ministre Castaner a reconnu la réquisition à l’aéroport de Bâle-Mulhouse de masques importés de Chine. Des réquisitions ont aussi eu lieu sur des lots inférieurs au seuil de 5 millions. Colère et protestations chez les élus locaux jugeant ces réquisitions « inadmissibles et abusives ».

Le 23 avril, le Cabinet d’avocats di Vizio avait saisi le Conseil d’Etat au nom de quatre professionnels de santé (urgentiste, médecin de SOS, généraliste et pharmacien) pour stopper les réquisitions (15). « Les masques (FFP2 ou à défaut chirurgicaux), les médecins et les pharmaciens n’espèrent plus en recevoir de l’Etat. Désespérés, ils souhaitent aujourd’hui pouvoir en acquérir eux-mêmes, pour eux ou pour le compte des structures où ils exercent ». Le cabinet entendait montrer le caractère illégal du décret du 23 mars 2020 « en ce qu’il emporte réquisition sans mentionner son étendue (réquisition de propriété ou d’usage) ». In fine, les professionnels demandaient à l’Etat « d’avouer son échec » et de les laisser « se débrouiller seuls ». Il ne semble pas qu’ils ont obtenu gain de cause.

A partir du 8 avril environ, tandis que l’exécutif réfléchissait à rendre le port du masque obligatoire, la fabrication de masques de types « artisanaux », associatifs et FALM (fabriqués à la maison) s’est répandue partout. Les « tutoriels » indiquant comment les produire ont abondé sur Internet et dans les médias. On peut trouver les recommandations et le tutoriel des Autorités sur gouv.fr. Encore le système D pour pallier à des défaillances publiques ! Jusqu’à la fin avril, au moins, la pénurie de masques a sévi, même dans les hôpitaux, destinataires prioritaires des commandes.

A quelques jours du déconfinement dans d’assez nombreuses communes, des personnes âgées et d’autres heureux élus ont pu trouver dans leurs boites à lettres des enveloppes avec quelques masques. Il était plus que temps.

Pourquoi cette tragédie dans les EHPAD ?

Le plan bleu a été déclenché dans les EHPAD par le ministre de la Santé le 6 mars. Les aides et les masques n’ont pas afflué pour autant, car ce plan est essentiellement un outil d’organisation et de gestion interne des établissements médicaux et sociaux. Un arrêté du 7 juillet 2005 l’a rendu obligatoire en cas de crise sanitaire ou climatique.

Les visites ont été interdites dans les établissements concernés le 11 mars. Le 28 mars, Il leur a été demandé d’isoler les résidents en chambre individuelle. Le 19 avril les visites ont été autorisées, sous conditions (16).

Dans les EHPAD et autres EMS, SPF faisait état au 11 mai, chez les résidents : - d’un nombre total de 73 435 cas, dont 35 437 confirmés et 9 227 hospitalisés ; - de 13 539 décès, dont 3 551 en hôpital et 9 988 dans les établissements.

La population des résidents est visiblement mal connue (et/ou pas précisément délimitée). Les uns la chiffrent à 700 000, le Premier ministre à 750 000 et l’INSEE à 800 000. le pourcentage de résidents contaminés était ainsi de l’ordre de 10%, et celui des décès de 1,8%... des proportions, très variables suivant les établissements.

Le point indiquait aussi que chez le personnel, le nombre total de cas était de 40 503, dont 19 156 confirmés. 800 000 personnes seraient employées dans les établissements. 5% auraient donc été contaminées.

Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais ils sont désincarnés. Le 13 mai, sous le titre « La situation actuelle des Ehpad est un véritable scandale d’Etat » Le Monde a publié une tribune qui évoquait la vie sous confinement dans une EHPAD de la Seine-Saint-Denis, décrite par une journaliste, grand reporter à Libération. « Une plongée glaçante dans l’univers de ces établissements […] où la peur du virus, les contaminations se mêlent à une forme de résignation face à la solitude et au manque criant de moyens, de personnels de matériel » (17). La situation sanitaire y est « dramatique ». La tribune accuse : « Nos anciens sont, une fois encore, les victimes silencieuses d’un Etat qui, ne jurant que par des logiques comptables, a délibérément affaibli notre système de santé et médico-social public ». Et encore, « A l’hôpital, faute de places et de moyens suffisants, on « rationalise » et les résidents d’Ehpad n’y sont donc pas accueillis : trop vieux, trop faibles, pout tenter le passage en réanimation ! Face à la maladie et à la mort, les établissements se sentent bien isolés et deviennent même des pièges qui se referment sur leurs résidents ».

 

 

Vivre et laisser mourir

 

Une circulaire du ministère de la Santé datée du 19 mars suggérait de limiter l’admission en réanimation des personnes les plus fragiles. Il s’agissait d’éviter l’acharnement thérapeutique ainsi que les souffrances inutiles et, en même temps, de ne pas priver de lits des malades plus jeunes. « Ce conseil semble avoir été appliqué de façon un peu trop systématique » explique un article du 22 avril (18) s’appuyant sur les informations fournies par le Canard enchaîné. Ainsi, le 21 mars, 19% des patients placés en réanimation avaient plus de 75 ans. Le 5 avril, au pic de l’épidémie, ils n’étaient plus que 7%. Avec la décrue de l’épidémie, les consignes et/ou les attitudes ont évolué. La « brutalité du confinement », aurait aussi aggravé les choses. « Le personnel, débordé par la situation, ne pouvait plus vérifier si les patients s’alimentaient correctement dans leur chambre et certains sont morts de déshydratation », s’était ému un élu parisien.

L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, s’est empressée de relayer ces « conseils » en en précisant les termes dans une note administrative datée du 19 mars intitulée « Recommandations régionales Covid 19 : décision d’admission en unités de réanimation et unités de soins critiques dans un contexte d’épidémie à Covid-19 ». Le site lemedia.fr en a fait état le 28 avril (plus d’un mois après) (19) dans l’article intitulé « Coronavirus : Quand l’ARS conseille de laisser mourir I Le Média ». Celui-ci contient un lien permettant d’accéder directement au texte de l’ARS, qui a « pour objectif d’aider les professionnels à coordonner le parcours du patient et à homogénéiser les pratiques entre centres »… « Il s’adresse particulièrement aux médecins qui en termes de culture, de formation ou d’expérience, ne sont pas nécessairement habitués à la démarche réflexive des limitations de traitement ». Dans le survol de la longue et détaillée recommandation, j’ai notamment noté que : - l’âge est particulièrement à prendre en considération ; - « Sortir un patient déjà en réanimation pour faire une place » n’était pas à exclure.

 

 

Manque de masques et de tests de dépistage, prise en charge à l’hôpital à géométrie variable, moyens limités dans certains établissements, Le Monde avait déjà publié le 6 mai une enquête sur le drame du coronavirus dans les EHPAD. Familles, directeurs, soignants et médecins estimaient avoir mené « une guerre sans armes » sur « un front sous-estimé » par le gouvernement avec des « directives ministérielles peu claires, inadaptées » et « corrigées » trop tard. Des vies auraient pu être épargnées. « Force est de constater que quand Véran a repris nombre de nos demandes, l’administration a déroulé derrière. Mais on a perdu un mois et demi. Un retard à l’allumage, sans lequel on peut penser qu’il y aurait eu moins de morts » (20). .

Pour Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fédération des établissements hospitaliers privés et d’aide à la personne (Fehap) aussi « Il y a eu un retard coupable de la prise en compte de la situation dans les EPHAD ». Elle estimait que le gouvernement n’était pas le seul fautif, car « A chaque crise sanitaire, la France a pour réflexe de privilégier la filière des soins, donc l’hôpital. A l’inverse, les pays nordiques de culture anglo-saxonne, l’Allemagne notamment, prennent d’abord en compte la situation des personnes vulnérables ».

 

 

Des plaintes visant l’Etat et des ARS, mais aussi des EHPAD privés « lucratifs » ont commencé à être portées par des proches des victimes, mais aussi par des associations, des collectivités… Leur nombre s’est accru depuis.

Le groupe Korian, principale chaîne d’EHPAD en France, est particulièrement dans le collimateur pour sa gestion de la crise ainsi que pour l’insuffisance de protection des patients et de son personnel soignant. Le 27 avril, on comptait 606 décès, essentiellement en Ile-de-France et dans le Grand-Est, dans ses maisons de retraite, qui hébergent 23 000 personnes. Au moins 40 décès, pour 109 résidents, sont décomptés l’EHPAD de Mougins (Alpes maritimes).

Ce groupe n’est pas le seul où de fortes proportions de victimes sont à déplorer et contre lequel des plaintes sont déposées. Le 13 avril, sur ses 64 résidents, l’EHPAD de la Verpillière comptait 17 morts.

« Des avocats plaident pour un regroupement des plaintes contre les Ehpad » a titré un article du 23 mai sur 20minutes.fr (21). Trois parquets distincts (Grasse, Nanterre et Paris) ont ouvert des enquêtes depuis fin mars pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Sont visées, les « politiques délibérées décidées aux sièges des sociétés cotées qui exploitent les Ehpad », mais aussi « la carence de l’Etat et les négligences des Agences régionales de santé ». Est-il préférable de localiser l’instruction des plantes en un seul parquet ? L’important est que les instructions nécessaires aient effectivement lieu et qu’elles aboutissent.

Renoncement aux soins, décès à domicile et bombe à retardement sanitaire

Depuis le 17 mars, date de début du confinement, de nombreuses personnes ont renoncé à se soigner. Selon le président de MG France, «  La communication de crise du gouvernement, maladroite et incohérente, a découragé les gens de se rendre chez leur médecin traitant. Elle a vidé nos cabinets de patients qui en avaient le plus besoin »… « On s’apercevra que, durant le confinement certains patients sont morts chez eux, d’une crise cardiaque, par exemple, sans avoir pu être soignés ». J’ajouterai que la quasi impossibilité de se procurer des masques a conduit nombre de personnes âgées et vulnérables à ne pas prendre le risque de sortir et de fréquenter les salles d’attente des médecins, généralistes ou spécialistes, mais aussi des dentistes et autres soignants, ainsi que les pharmacies. Sans parler des hôpitaux, qui ont été en service restreint et sélectif pour leurs patients « courants ».

Pendant la pandémie, l’Insee publie chaque semaine le nombre de décès quotidiens enregistrés dans les communes. Dans sa livraison du 15 mai (22), on peut lire que « Les décès ayant eu lieu à domicile entre le 1er mars et le 4 mai augmentent entre 2019 et 2020 de + 26% ». Ils ont concerné des personnes âgées de 75 à 84 ans dans 20% des cas, et de 85 ans ou plus dans 50% des cas. C’est pour ces dernières que la hausse a été la plus importante, + 34%.

Le nombre quotidien de décès survenus à domicile est monté de 430 au cours de la 1ère quinzaine de mars jusqu’à 620 pendant la 1ère quinzaine d’avril, puis a décliné jusqu’à 360, en moyenne, entre le 28 avril et le 4 mai.

L’Insee indique également que l’augmentation du nombre de décès a atteint + 49% en maison de retraite (EHPAD, EMS et autres) et a été « limitée » à + 14,8% en hôpital.

Faut-il redouter maintenant une « bombe à retardement » sanitaire ? Le 19 mai, sur Figaro LIVE (23), une vidéo montre des professionnels de santé qui insistent sur le « renoncement  aux soins » de nombreux patients et des risques qu’ils encourent. Des risques accrus de décès ainsi que de séquelles, notamment dans les cas de cardiopathies ou de diabète. Depuis des semaines, ils ont alerté sur les baisses inquiétantes des nombres de consultations et d’interventions. Ainsi, l’APHP avait relevé que du 15 au 30 mars le nombre des opérations de l’appendicite avait diminué de - 35%. Pendant le confinement, deux fois moins de cancers ont été diagnostiqués. Dans les hôpitaux, 700 000 à 800 000 opérations non urgentes ont été déprogrammées… et sans doute davantage de consultations non urgentes.

Un surcroît d’activité est maintenant prévu, avec l’espoir de ne pas affronter une 2ème vague de Coronavirus.

En même temps, autre danger signalé, le renoncement aux soins de personnes à risques pourrait se prolonger.

Les victimes du Covid-19 chez les soignants : un secret Défense ?

Pour savoir pourquoi il est très compliqué de savoir combien de soignants ont été atteints par le virus et combien en sont morts, on peut lire sur lemonde.fr l’article du 17 avril intitulé « Coronavirus : le difficile décompte des morts de soignants en France » (24). Selon le Directeur général de la Santé, la doctrine officielle est de ne pas faire de distinguo entre les différentes catégories professionnelles : « Les soignants sont inclus dans les chiffres remontés quotidiennement ». L’Agence régionale de santé (ARS) d’Auvergne-Rhône-Alpes n’a pas ces données « et il y a un tas de professionnels sans doute malades chez eux ». L’ARS de Paca n’a aucune information sur ce sujet, « car cela relève du secret médical ». L’ARS des Pays-de-Loire ne comptabilise pas les personnels soignants malades « car le virus circulant partout, on ne peut pas savoir s’ils l’ont contracté sur leur lieu de travail ou dans des clusters familiaux ».

Apparemment, le chef des Armées ne juge pas indispensable que les citoyens sachent combien des combattants sur le front en premières lignes sont atteints, parviennent à se relever ou décèdent. Pourquoi est-ce si différent de ce qui se passe pour les militaires qui sont blessés ou meurent en opération ? Comme dans le Sahel, en ce moment. Pas d’anonymat pour eux. On les salue et on célèbre leur mémoire avec un certain apparat… sans bruits de casseroles le soir à 20 heures. Nos combattants en blouse blanche ou en civil méritent autant les honneurs « personnels » et la reconnaissance de la patrie. Les Autorités leur doivent réparation. Elles ne doivent pas oublier pour autant que les infrastructures sanitaires, les équipements, les munitions et les soldes des combattants doivent être mises à niveau.

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué avoir dénombré au 12 avril 3 800 professionnels atteints par l’épidémie - sur 100 000 personnels environ, dont la moitié de soignants (24). « Toutes les catégories professionnelles sont concernées en proportion comparable, autour de 4% de l’effectif ». Le nombre de nouveaux cas est en « forte baisse ». Comme au niveau de la France entière à ce moment là.

Depuis le 22 avril 2020, Santé publique France tente de recenser, en lien avec le GERES et avec l’appui des CPIAS, les professionnels exerçant dans les établissements publics et privés de santé infectés par le coronavirus Sars-Cov-2. Au 26 mai, 28 050 cas lui avaient été rapportés par 1 154 établissements depuis le 1er mars. 29% étaient des infirmiers, 24% des aides-soignants et 10% étaient des personnels non soignants. 14 décès étaient rapportés, dont 4 de médecins, 3 d’aides-soignants, 1 de professionnel de santé « autre » et 6 de personnels non soignants (25).

Le nombre total d’établissements en France étant supérieur à 3 000, on peut considérer ces indicateurs comme partiels et pas nécessairement représentatifs de l’ensemble, notamment en ce qui concerne les décès.

Enfin, le 27 mai, nous avons pu entendre au 20 h de TF1 que, depuis le début de l’épidémie, près de 40 soignants sont morts dans l’exercice de leurs fonctions. Ce jour les députés ont voté à l’unanimité pour que les enfants de soignants morts du Covid-19 obtiennent le statut de pupille de la Nation, ainsi que la garantie d’un soutien de l’Etat aux enfants de moins de 21 ans (26).

 

 

« Hommage. Covid-19 : ces soignants morts sur le front de l’épidémie »

 

Sous ce titre, le 23 avril puis le 11 mai (27) une équipe du Parisien a publié une « galerie de portraits » des 26 soignants qu’elle a pu « recenser », pour la plupart décédés entre le 21 mars et la dernière semaine d’avril, principalement en Ile-de-France et dans le Grand Est. Elle a rassemblé des infos sur ces personnes, leur activité professionnelle, leur âge, leurs affinités. Elle a interrogé leurs familles et/ou des proches et présenté des témoignages poignants sur ces femmes et ces hommes qui, pour la plupart, étaient beaucoup plus que des soignants pour leurs patients et pour ceux qui les connaissaient.

 

Les 26 défuntes et défunts présentés ne sont qu’une petite partie des soignants et des autres personnels médicaux et sociaux morts au combat. Presque tous étaient des « libéraux ». Ils ne constituent évidemment pas un échantillon représentatif, même du seul secteur privé. Mais leurs portraits permettent des observations intéressantes. Parmi les 26 se trouvent : - 10 médecins généralistes, dont au moins la moitié exerçaient à la campagne et dans des petites villes, tous des hommes, les trois plus jeunes étant âgés de 60, 61 et 64 ans, et les autres de 65 à 75 ans : - 6 médecins spécialistes, dont 2 urgentistes, un gériatre, un néphrologue, un gynécologue et un dermatologue. Ils avaient entre 58 et 66 ans ; - 1 infirmière de 51 ans en service dans un EHPAD ; - 5 aides soignants, 4 femmes et 1 homme, quadra ou quinquagénaires, libérales, travaillant en hôpital ou en EHPAD ; - 2 agents des Hôpitaux de Paris, l’un, chargé du courrier, et l’autre, de la maintenance électronique ; - 2 cadres de santé : une infirmière directrice de 52 ans et le Secrétaire général de l’ARS Paris-Ile-de-France.

 

Voici des propos de trois médecins ou de leurs proches qui témoignent de regrettables et/ou coupables réalités :

. Pierre Gilet, un médecin surexposé. Mort à 64 ans le 8 avril, ce généraliste libéral exerçait dans un petit bourg (environ 2 300 h) dans le Haut-Rhin. « Il nous a dit qu’il en voyait dix par jour des cas positifs dans son cabinet » a rapporté un de ses proches.

. Eric Loupiac, « l’urgentiste en lutte pour l’hôpital public ». Décédé à 60 ans le 23 avril. « Il aimait tellement son métier qu’il me disait « Je suis obligé d’y aller » se rappelait son épouse. Et pourtant, il « n’avait aucune protection, aucun masque ».

Délégué de l’AMUF de Lons-le-Saulnier (Jura), en fin 2018, il avait défendu le maintien d’une 2ème unité d’urgence dans sa ville. « La fermeture de ce SMUR va entraîner au minimum 40 morts par an. Pour 1 million d’euros, ça veut dire que le ministre et l’Agence régionale de santé estiment à 25 000 euros le coût d’une vie humaine ».

. Didier Bonavici, le docteur de toujours du Bd Sébastopol. Ce généraliste, toujours disponible, qui n’envisageait pas de raccrocher, est mort le 2 mai à 68 ans. « Très rapidement, dépourvu de matériel de protection, il est tombé malade à la fin du mois de mars ». « On lui disait de mettre un masque même s’il n’était pas malade. Il nous répondait « Je vais tous les jours à la pharmacie mais ils n’en ont pas », déplorent ses filles.

 

 

Similitudes et divergences dans les trajectoires épidémiques de 7 pays

 

Similitudes et divergences dans les trajectoires épidémiques de 7 pays

L'Institut national d'études démographiques (Ined) met en ligne une base de données actualisée chaque jour fournissant pour un certain nombre de pays les nombres de cas et ceux quotidiens et cumulés de décès, leur répartition par sexe et par tranches d'âges, ainsi que des informations sur les mesures prises par les gouvernements.

Le 5 avril, l'Ined a publié l'étude « Covid-19 : comparaison du développement de l'épidémie et des mesures prises, entre 6 pays : Chine, Corée du Sud, Italie, France, Espagne et Allemagne » (11). La note compare les courbes d'évolution du nombre de cas et de décès attribués au virus en France avec celles des 5 autres pays. Par rapport à la France, l'épidémie s'est développée plus tôt dans les trois premiers pays, avec une avance d'environ 45 jours en Chine, 10 jours en Corée du Sud et 9 en Italie. Elle a été a peu près « synchrone » en Espagne, où elle a progressé plus vite, et elle a été plus tardive d'une semaine en Allemagne. Pour effectuer les comparaisons, les courbes sont décalées dans le temps de manière à les faire coïncider aux premiers décès.

De fortes similitudes apparaissent aux débuts de l'épidémie dans les six pays, avec une croissance exponentielle des nombres de cas et de décès à un même rythme journalier. Ceci jusqu'au 13ème jour pour 5 des pays, et au 6ème jour pour la Corée du Sud.

Les trajectoires s'infléchissent et se différencient ensuite en fonction des mesures prises par les Autorités

Le 16 mai, l'Ined a consacré une « Brève » aux « Trajectoires épidémiques comparées du COVID-19 dans 7 pays » (12), les 6 pays précédents, auxquels la Suède a été ajoutée. L'Institut y précise son « référentiel temporel ». Dans celui-ci, « la première flambée épidémique survient en Corée du Sud 36 jours calendaires après la Chine, puis successivement en Italie le jour suivant, en Espagne encore 8 jours plus tard, en France, le lendemain, en Allemagne encore 8 jours après, enfin, en Suède, 6 jours après l'Allemagne ».

Pour l'Ined [comme pour moi], le nombre de décès est un meilleur indicateur pour suivre l'évolution locale de la pandémie et effectuer des comparaisons entre pays que le nombre de cas observés, qui dépend du degré de généralisation des tests, très variable selon les pays.

Avant de montrer les représentations graphiques des évolutions des nombres de décès quotidiens et cumulés, l'auteur indique que selon les pays sont comptabilisés les décès des personnes confirmées Covid-19, les décès transmis électroniquement, les décès hospitaliers… ou, comme en France, les décès en hôpital et dans les établissements médico-sociaux (EHPAD compris). Pour lui, cependant, avec des données plus complètes, « les formes des trajectoires de mortalité ne devraient pas en être fondamentalement changées ». Possible ! Par contre, la comparaison des niveaux respectifs de la mortalité dans les différents pays peut être notablement affectée.

Pour 6 pays, les formes des trajectoires des nombres de décès cumulés (ou totaux) se révèlent similaires. L'utilisation d'une échelle logarithmique pour les représenter accentue visuellement leur proximité. Confirmation des observations du 5 avril, cette proximité est très forte pendant la période initiale de montée exponentielle de la pandémie. Ensuite, sous l'influence des mesures prises, les trajectoires se séparent, surtout entre la 3ème et la 5ème semaine après le début de la flambée épidémique, puis les écarts entre elles ont tendance à se stabiliser. La trajectoire de la mortalité dans la Corée du Sud se singularise surtout par son niveau rapidement nettement inférieur à ceux des autres pays.

Les formes des courbes des nombres de décès quotidiens (échelle logarithmique) se ressemblent en ce qu'après une croissance exponentielle d'environ 2 semaines (moins pour la Chine et la Corée du Sud), suivie par une inflexion et une croissance de plus en plus ralentie pendant une durée variant de 2 à 4 semaines environ, un recul du nombre de décès est observé… sans véritable 2ème vague jusque là (au 20 mai) dans les pays les premiers touchés.

La Chine et la Corée du Sud se différencient des 5 pays européens par un recul plus précoce et plus prononcé du nombre des décès, comme l'ont été les mesures de contrôle de la pandémie.

En Europe, le cas de la Suède est intéressant. La croissance du nombre de décès, 3 831 au 20 mai (soit 376,1 décès pour 1 Mi h) n'y a pas été plus vive qu'en France, qui en a « décompté » 28 132 (soit 419,5 décès pour 1 Mi h). « En Suède, les mesures de contrôle de l'épidémie ont été mises en place souvent bien plus en amont dans le référentiel que dans des pays comme la France, toutefois un confinement strict n'a pas été décidé » peut-on lire. De quoi s'interroger sur l'efficacité du confinement… toutes choses égales par ailleurs.

62 000 vies sauvées par le confinement : fake news ?

A partir du 22 avril, de nombreux médias ont répandu une grande nouvelle « démontrant » la justesse et le succès de la « stratégie » de confinement du gouvernement. Une étude de l'EHESP (Ecole des hautes études en santé publique) estimait que sans lui, « près de 670 000 patients auraient eu besoin d'être hospitalisés, et au moins 140 000 cas graves auraient dû être pris en charge, nécessitant plus de 100 000 lits de réanimation »… et il y aurait eu 61 700 décès de plus (28). Impressionnant ! Et invérifiable.

Il y aurait donc eu 62 000 morts de plus si, au lieu de confiner à partir du 17 mars, rien n'avait été fait, si l'on avait laissé le virus se propager sans réagir. Une alternative irréaliste, absurde. Dans chacun des pays qui nous entourent, les autorités publiques et sanitaires ont cherché et trouvé des réponses au virus différentes des « nôtres », avec un usage moins « restreint » des masques et des tests ainsi qu'avec des contrôles stricts aux frontières, notamment.

Pour apprécier les performances de la « stratégie » de nos dirigeants, il était moins contestable et plus simple de comparer les nombres de décès par million d'habitants enregistrés dans les pays d'Europe à la date du 16 avril fournis par « European CDC » (29). Avec un taux de décès de 263 (par million), la France était alors en troisième position, derrière l'Espagne (404,1) et l'Italie (358), mais devant le Royaume-Uni (219,7) ainsi que les Pays-Bas (182,9). Les autres pays étaient loin derrière, tels la Suède (119,1), l'Irlande (89,9), le Danemark (53,4), l'Allemagne (42,6), la Norvège (24), la Roumanie (19,3), la Pologne (7,6)…

Force est de constater que les « remèdes » prescrits dans la grande majorité des pays d'Europe ont donné de meilleurs résultats que ceux imposés chez nous. Et les Etats-Unis de Trump, presque chaque jour pointés du doigt, avaient à déplorer 93,6 décès par million d'habitants (Mi h), soit presque 3 fois moins que nous.

A la fin du confinement, le 11 mai, avec 393,3 décès par Mi h, la France faisait partie des 4 pays d'Europe en tête, toujours avec l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. L'Allemagne en comptait 90,7… et les Etats-Unis, 244,5. CQFD ?

Paul KLOBOUKOFF Académie du Gaullisme Le 04 juin 2020

Sources et références :

(1) Emmanuel et Brigitte Macron au théâtre pour inciter les Français à sortir malgré…. people.bfmtv.com/actualite-people/emmanuel-et… le 07/03/2020

(2) Les municipales n'auraient pas contribué à la propagation du coronavirus 20minutes.fr/municipales/2779747-20200515-corona…

(3) « Nous n'avons jamais été en rupture » de masques assure Macron (et ça passe mal) huffingtonpost.fr/entry/macron-assure…

(4) En Suède, les maisons de retraite en première ligne face au coronavirus courrierinternational.com/depeche/en-suede… le 10/05/2020

(5) Coronavirus : la Suède reconnaît avoir échoué dans la protection de ses aînés lesechos.fr/monde/europe/coronavirus-la-suede… le 12/05/2020

(6) La France toujours incapable de comptabiliser tous les morts de la Covid-19 franceculture.fr/societe/la-France… le 08/05/2020

(7) Coronavirus : Selon une étude, 9 000 décès à domicile recensés entre le 17 mars et le… parismatch.com/Actu/Societe/Coronavirus-Selon… le 26/04/2020

(8) Attention à cette étude affirmant que l'épidémie finira le 9 août en France 20minutes.fr/sante/2770779-20200430-coronavirus…

(9) [VIDEO] Professeur Didier Raoult : « 99% des cas de coronavirus en France auront lieu avant le 19 mai » lindependant.fr/2020/04/29/professeur…

(10) Coronavirus : pour le Professeur Raoult « l'épidémie est en train de se terminer » ladepeche.fr/2020/05/13/coronavirus-pour-le-prof…

(11) COVID-19 : comparaison du développement de l'épidémie et des mesures prises, entre 6 pays : Chine, Corée du Sud, Italie, France, Espagne et Allemagne ined.fr/fichier/rte/COVID-19 en France- comparaison avec 5 pays… le 04/05/2020

(12) Trajectoires épidémiques comparées du COVID-19 dans dans 7 pays (Chine, Corée du Sud, Italie, France, Espagne, Allemagne et Suède), version brève ined.fr/fichier/rte/166/Page accueil/Notes and papers/COVID-19-Brève n-12 (2020-05-12).pdf

(13) Pénurie de masques : les autorités n'ont pas vu plus loin que le bout de leur nez liberation.fr/France/2020/03/03/penurie…

(14) Coronavirus : de combien de masques a-t-on besoin ? cnews.fr/France/2020-03-22/coronavirus-combien…

(15) La réquisition des masques par l'Etat illégale ? Médecins et pharmaciens saisissent le Conseil d'Etat lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/politique le 23/04/2020

(16) Plan bleu, c'est quoi, exemple, dans quels Ehpad ? journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2424771-plan-bleu… le 29/05/2020

(17) « La situation actuelle des Ehpad est un véritable scandale d'Etat » lemonde.fr/idees/article/2020/04/13/la-situation…

(18) Les vieux ont-ils été privés de réa ? lesalonbeige.fr/les-personnes-agees-privees-de-soins… le 22/04/2020

(19) Coronavirus : quand l'ARS conseille de laisser mourir I Le Média lemediatv.fr/articles/2020/coronavirus-quand… le 28/04/2020

(20) « On a vécu une tragédie » : pourquoi les Ehpad paient un si lourd tribut à l'épidémie du coronavirus lemonde.fr/societe/article/2020/05/06/on-a-vecu….

(21) Des avocats plaident pour un regroupement des plaintes contre les Ehpad 20minutes.fr/justice/2784627-2020-05-23-coronavirus

(22) Nombre de décès quotidiens insee.fr/fr/statistiques/4487861 ?... le 15/05/2020

(23) Cancer, diabète, AVC… faut-il craindre une « bombe à retardement » sanitaire ? Figaro LIVE le 19/05/2020

(24) Coronavirus : le difficile décompte des morts des soignants en France lemonde.fr/sante/article/2020/04/17/en-France-le-difficile….

(25) Recensement national des cas de COVID-19 chez les professionnels en établissements de santé santépubliquefrance.fr/études-et-enquetes/recensement… le26/05/2020

(26) Les députés accordent le statut de pupille de la Nation aux enfants de soignants décédés lci.fr/population/video-coronavirus- les-deputes… le 28/05/2020

(27) Hommage. Covid-19 : ces soignants morts sur le front de l'épidémie leparisien.fr/societe/covid-19-hommage…. le 23/04/2020, modifié le 11/05/2020

(28) Une étude estime à 60 000 le nombre de morts évités grâce au confinement 20minutes.fr/sante/2766243-20200426-coronavirus…

(29) European CDC - Situation Update Worldwide. Last updated 14th may. Our WorldInData.org/coronavirus-CCBY

 

© 04.06.2020