par Jacques MYARD,
Tous les experts financiers et économiques s'en inquiètent et
affirment en chœur que la période des taux négatifs ne peut durer, ils en
dénoncent les effets pervers : le coût 7 milliards par an pour les banques
n'est pas négligeable, les Etats empruntant à des taux négatifs ne sont pas
enclins à faire des réformes de structure, l'assurance-vie des épargnants est
en difficulté, la spéculation immobilière s'accélère.
De plus dans le même temps la croissance économique stagne et
il existe des craintes de récession surtout en Allemagne dont l'économie fondée
sur les exportations est menacée en raison des tensions sino-américaines.
Face à cette situation le Gouverneur de la Banque centrale
européenne, Mario Draghi décide de reprendre une politique de rachats d'actifs
pour stimuler l'économie : il vient d'annoncer la reprise de l'assouplissement
quantitatif que la BCE avait arrêtée fin 2018 après avoir injecté 2600 milliards
d'euros dans l'économie sans vraiment réussir à relancer la croissance.
Ce sont surtout les banques et indirectement la dette des
Etats qui en ont bénéficié !
Cette fois Mario Draghi annonce qu'il va injecter à nouveau
20 milliards par mois et " aussi longtemps que nécessaire " ajoute
-t-il.
Mais il ajoute surtout que pour relancer l'économie, c'est
aux Etats d'agir par la relance budgétaire, il vise plus particulièrement
l'Allemagne qui a de très importantes marges de surplus budgétaires, ce qui est
une faute par rapport au Traité de Maastricht, mais Berlin ne veut rien
entendre et campe sur son magot...
Quant à la France, elle est en déficit, elle n'a aucune marge
budgétaire, ainsi, lorsque la ministre de la santé promet 750 millions d'euros
aux urgences hospitalières sur trois ans, ce n'est pas 750 millions de crédits
nouveaux mais des réaffectations dans le budget de la santé, sans commentaires
!
C'est à ce stade que l'on doit sortir des carcans
idéologiques pour changer de logiciel budgétaires et financier.
Il convient de rappeler que l'article 123 du Traité sur le
fonctionnement de l'Union européenne - repris du Traité de Maastricht- interdit
à la Banque centrale européenne et aux Banques centrales des Etats d'accorder
des découverts aux institutions de l'Union et aux Etats membres.
Le système des avances bien connues sous la IV ème République et au début de la V ème
est révolu; depuis lors, les Etats sont soumis au
diktat des marchés, ils sont ramenés à des emprunteurs privés et ordinaires .
Cette règle a été dicté par l'Allemagne qui vit dans la
phobie de l'inflation, car il est vrai que les avances ont suscité de
l'inflation, mais en revanche elles ont permis de relancer l'économie réelle et
d'assurer le redressement.
Rappelons que les avances, jeu d'écritures à la Banque
centrale, ne sont jamais remboursées, c'est de la création monétaire, crime de
lèse-majesté budgétaire pour certains, nécessité pour les autres !
Cette règle n'est plus pertinente aujourd'hui, elle doit être
dénoncée même si les Allemands ne veulent pas l'entendre, car contraire au
Traité et surtout à leur idéologie financière.
Relevons au passage que l'assouplissement quantitatif est
aussi contraire à la lettre, sinon à l'esprit du Traité et cependant Mario
Draghi l'a fait ; la réalité est que l'on ne gouverne pas l'économie avec des
traités rigides, il y faut du pragmatisme loin des idéologies.
En l'occurrence il faut rétablir les avances à taux zéro des
Banques centrales aux Etats pour l'investissement, la France a un besoin
important d'investissements dans les infrastructures, la recherche, les
équipements militaires, l'intelligence artificielle, l'université ...
C'est en rétablissant ce lien direct que l'économie réelle
repartira car l'assouplissement quantitatif bénéficie aux banques et à la dette
des Etats mais les banques hésitent à prêter aux entreprises car elles sont par
nature très prudentes.
Malgré une légère reprise les investissements stagnent.
En revanche grâce aux avances de la Banque centrale au
trésor, l'Etat lancera des plans de relance industrielle à charge pour lui de
rétablir un ministre de l'industrie et de la prévision, qui fait cruellement défaut
aujourd'hui !
C'est le seul moyen pour relancer la croissance sans
n'accroître la dette de l'Etat !