Ils ont donné leur vie pour que les bourreaux ne puissent
jamais fourbir leurs armes en toute impunité,
Ils ont donné leur vie pour que les bourreaux ne connaissent
jamais de repos,
Ils ont donné leur vie pour que les bourreaux expient leurs
crimes odieux.
« Écoute maman, il faut que tu comprennes, Écoute, ne pleure
pas... Demain sans doute ils vont nous tuer. C'est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige germe le blé et les pommiers déjà bourgeonnent, Ne pleure
pas Demain il fera beau. »
Gisèle Guillemet Fresnes juillet 1943
« Fin du voyage Les portes à glissières s'ouvrent La lumière
inonde l'intérieur... Le monde des ténèbres nous engloutit Monde rongé Boue et
ordure Ici règne la peur Le cœur bat fiévreusement Les yeux cherchent les yeux
Nous le sentons C'est la fin. »
Greet Van Amstel Auschwitz « Sélection Tous en rang un par un... à gauche
- à droite – ici ou là À gauche - à droite : lèchent les flammes À gauche - à
droite : les flammes recouvrent Nos frères et sœurs »
Ilse Blumenthal-Weiss Theresienstadt
« Quand ils l'eurent bien battu Et fouaillé humilié Quand ils
l'eurent jeté nu Aux molosses de la nuit Alors il sut qu'il était libre L'Homme
lança son chant royal À la face des monstres Et des étoiles enchaînées. »
Pierre Genty Neuengamme Juin 1944
« C'est moi - la mère brûlée qui cogne à vos cœurs
languissants. Vous ne pouvez pas me voir ; on ne peut pas voir les brûlés. Le
gaz m'a consumé les yeux, les cheveux ont commencé en premier, Je suis devenue
de la cendre menue. La cendre en l'air s'est envolée. C'est moi - la mère
brûlée - qui de loin appelle vos cœurs : Que personne ne tue les enfants ! Que
personne ne brûle les mères ! implore la mère brûlée. »
Kulisiewizc
Alexander
Mais toi Dieu, où étais tu ? Pourquoi n'as-tu dit mot de ce
massacre des innocents. « Vois Seigneur, les morts viennent à toi Ceux que nous
avons aimés sont seuls et très loin. Maintenant nous devons être leurs bouches
pour te prier Toi l'Éternel. »
d'après Kafka Georg
« Ma mémoire s'ouvre douloureusement à force d'appels. »
Hollander Lafont Magda Mémoire ne
faiblis pas, Mémoire tu portes notre Résistance éveillée face à la barbarie qui
rôde toujours, Mémoire, tu incarnes notre espérance sur le genre humain,
Mémoire, depuis toujours sous la neige germe le blé.
La vie est plus forte que le crime,
Mémoire, regarde, les lilas fleurissent.
Fin de l'allocution
Cette dernière phrase « Mémoire regarde, les lilas
fleurissent » rappelle un événement émouvant qui mérite une explication :
Le 29 Avril 1942, les corps des aviateurs de la RAF dont
l'avion fut abattu par la Flak furent regroupés au
fond du Parc de Maisons-Laffitte par les Allemands, là où il y a aujourd'hui un
monument.
Dans la nuit, des habitants de Maisons-Laffitte bravant le
couvre-feu vinrent déposer des lilas sur les corps.
Depuis lors, chaque 26
Avril je répète ce geste en déposant des fleurs devant le monument.
AVERTISSEMENT : J'ai tenu à ce que cette
cérémonie d'hommage soit maintenue, même en petit comité, afin de marquer notre
volonté de faire face quoi qu'il arrive et ne pas subir.
Jacques MYARD
MAIRE DE MAISONS-LAFFITTE MEMBRE HONORAIRE DU PARLEMENT
PRÉSIDENT DE l’ACADÉMIE DU GAULLISME ET DU CNR.