Mes entretiens avec le Prix Nobel de sciences économiques, Maurice Allais,

nous apportent une véritable raison de nous battre contre le mondialisme et l’européisme béat –

Par Henri Fouquereau,

Nous avons, Monsieur Maurice Allais, Prix Nobel de sciences économiques et votre serviteur, effectués ensemble un travail qui préparait une série d’émissions de radio. Ces dernières, malheureusement, n’ont pu être diffusées, suite à l'aggravation de l'état de santé du Prix Nobel.

Dix ans aprés, il m’a paru important de publier nos derniers entretiens, car les jeunes générations qui ne se penchent pas forcément vers l'économie et la finance peuvent tout ignorer de la pensée de NOTRE prix Nobel

 

Que devons nous retenir du mondialisme, de l'européanisme béat ?

Maurice Allais

Le mondialisme excessif et le laisser-fairisme pratiqué en matière de politique commerciale par l'organisation de Bruxelles ont génèré un chômage massif et de très fortes inégalités.

-La crise, financière et monétaire, engendrée par ce mondialisme laisser-fairiste sans régulation a entraîné l'Europe dans de très sérieuses difficultés :

-Une immigration massive, tout particulièrement en France, a conduit à la formation de minorités inassimilables et au développement explosif d'une violence inéluctable.

-La construction européenne, elle, s'est élaborée au fil des années sans une conception directrice bien claire quant à ses objectifs fondamentaux. Ses institutions sont totalement inappropriées et antidémocratiques – Elle a remis en question, l'existence même des nations européennes.

En ce qui concerne cette construction européenne, deux principes fondamentaux auraient du dominer cette construction :

-Les nations européennes auraient du rester maîtresses de leur destin et ne pas disparaître peu à peu sous la domination d'une technocratie totalitaire

Nous avions là une différence  qui a souvent occasionné des « réactions » de la part du Prix Nobel, qui souffrait très peu la contestation. Pour moi, pas besoin d'épousailles, une coopération entre Etats, selon les besoins , les circonstances et les moments me paraissait et toujours, suffisante. Toute tentative de confédération se termine toujours, même en Suisse, en Fédération, Empire et ensuite par un flop (sauf en Suisse, coffre fort des puissants qui ont toujours protégés la confédération/Fédération))

Le Professeur Allais proposait une construction européenne basée sur une confédération libérale humaniste et démocratique préservant les intérêts fondamentaux de chaque nation. Je poursuis mon idée d'Etats totalement indépendants, qui nouent çà et là et selon les besoins et les évènements, des coopération entre elles, des fiançailles plutôt qu'un mariage. Je reste très attaché à ce qu'a dit le Général de Gaulle :

Malgré la taille du verre que l'on vous tend de l'extérieur : Buvons dans le notre et trinquons aux alentours -

Le Professeur Maurice Allais était incontestablement un « Confédéraliste ». Il possèdait ses raisons que nul ne peut, ni ne doit ignorer : Pour le Professeur, seule une protection régionale est capable de faire barrage à ce qu'il appelle la mondialisation et que je nomme le « mondialisme » Le Professeur très anti mondialiste pensait que seule une confédération pouvait empêcher la dissolution de la France dans un ensemble mondial dépourvu de toute régulation et qui ne profite qu'à de toutes petites minorités. (finance de l'ombre par ex)

Ma position est différente, l'histoire nous l'apprend : aucun empire, aucune zone régionale, n'ont jamais et ne peuvent tenir sur la durée. Je préfère à ces zones ou confédérations, une politique de coopération entre les nations, assortie bien sûr du vrai principe de subsidiarité qui veut que plusieurs Etats, pour un moment donné et une oeuvre bien déterminée, travaillent de concert sur ce projet et qu'ensuite, lorsque la chose est terminée, chacun retrouve son entière indépendance et sa pleine souveraineté.

Allons plus avant, il en est de même pour le régionalisme français . Deux départements pouvaient très bien se fiancer pour la mise en place et la durée d'un projet intéressant les deux parties, sans obliger d'autres départements à s'aliéner dans ce projet qui pouvait être contraire à leurs intérêts et ensuite chacun retrouvait sa liberté pour entamer d'autres projets avec d'autres départements ;

Le Professeur M.Allais se battait pour que les spécificités culturelles nationales soient préservées, car elles sont, disait-il, les éléments constitutifs essentiels des nations européennes.

Sur le plan économique, la préservation de cette identité implique notamment :

-Une protection minimale des activités économiques, le principe étant que dans chaque secteur, un pourcentage donné, par exemple 80%, de la consommation confédérale soit assurée par une production Confédérale.

Je lui ai proposé  : Que cette proposition soit ramenée au niveau national et qu'ainsi, 80% de la consommation nationale soit assurée par la production nationale . J'ai même osé affirmer que les 80% n'étaient pas suffisants, ce que nous devions rechercher c'était l'équilibre parfait sur le long terme, avec période de vache maigre et période de vache grasse

Car pas question de partir à l’aventure : le marché national, assuré par une production nationale de l'ordre de 80% de cette consommation est-il assez grand pour assurer du travail pour tous?

Nous possédons déjà la réponse d'un homme de l'art, Monsieur Philippe Courrège, directeur honoraire du CNRS, de la tendance « arrètons l''Europe, qui a longtemps travaillé sur des modèles mathématiques tendant à trouver un nouvel équilibre général. Tous ces travaux nous assurent que OUI . La production nationale peut assurer 'n partant d'un équilibre général du travail pour tous.

Les travaux auxquels M.Courrège s'est attaqué , donnent des résultats sur lesquels nous allons pouvoir baser nos éléments de réponse : Sur 118 produits étudiés, il semble se dessiner que la production nationale est en moyenne un peu en dessous de la moitié de la consommation nationale. Ce qui veut dire dans un premier temps que si nous assurions 80 au lieu des 50% de notre consommation, des emplois seraient crées, suffisamment ? 50% = 24 millions de travailleurs. La logique nous pousserait à dire que 80% =38 millions, 4 – Mais, un employé sur quatre travaille pour l'exportation et nous aurions certainement à subir des mesures de rétorsion – Donc 50% de la production nationale = 18 millions d'employés, 80% = 28,millions 8, cette solution paraît donc créatrice d'emplois.

Monsieur Courrège assure dans ses œuvres, (les travaux de Jean Heur) que la production du peuple français permettrait de satisfaire la consommation de 80 millions de personnes. Nous pourrions ainsi atteindre 35 millions de postes de travail

La France peut donc assurer et même au delà, son autosuffisance dans pratiquement toutes les productions, c'est l'extraction de certaines matières premières qui pourrait poser problème, sauf que la production pour 80 millions de personnes, alors que nous ne sommes que 67 millions, permet d'exporter 20% de la production ceci devant permettre d'importer, le pétrole et tous autres produits nécessaires à cette production nationale.

Seulement tout n'est pas si simple, il s'agit d'une production qui assure l'auto suffisance, c'est à dire de l'essentiel, la production exportable ne concernant que l'accessoire.

Il s'agit donc de déterminer ce qu'est l'essentiel. Est-ce que le téléphone portable fait partie de l'accessoire ou de l'essentiel? Le gros Air bus qui ne peut servir qu'à la consommation nationale, doit-il être rangé dans l'accessoire?

Si le peuple français se détermine sur des questions aussi essentielles, nous aurons modifié la couleur de la démocratie.

Le Professeur Maurice Allais et le directeur honoraire du CNRS, Philippe Courrège sont d'accord sur un premier point, le chômage excessif provient du libre échange laissez-fairiste, mis en place par la politique Bruxelloise. Suivant les deux démonstrations de nos deux hommes de l'art, le mondialisme a totalement échoué , il convient donc d'y renoncer radicalement.

Quelle est la basse de cette politique mondialiste mise en place par Bruxelles? Notre Prix Nobel de sciences économiques répond : L'article 110 du Traité de Rome, repris pour l'ensemble des autres traités et certainement pas remis en cause dans le prochain traité, « la politique commerciale doit contribuer, conformément à l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières »

Il s'agit donc bien d'une politique mondialiste qui est mise en place Bruxelles

Or, nous savons grâce aux travaux de nos deux hommes de l'art, qu'il y a incompatibilité entre la réalisation d'un niveau élevé d'emplois dans l'U.E et la politique libre échangiste mondialiste érigée par Bruxelles -

Donc ne coupons pas les cheveux en quatre, lorsque un Prix Nobel d'économie, lorsqu'un économiste de talent comme le Professeur Alain Cotta, lorsqu’un membre du Conseil d’analyses économiques comme Jean-Pierre Vespérini, lorsqu'un chercheur comme Philippe Courrège, affirment et clament tous, haut et fort, que cette politique mondialiste est inadaptée, parce que le libre échange doit répondre à certaines obligations : coûts de travail égaux, système monétaire équilibré ne permettant pas à une monnaie nationale, dirigée par des autorités nationales à des fins nationales de devenir l'étalon monétaire international. Nous devons nous battre contre ces politiques fantaisistes

 

Ayant travaillé quelques heures par jour et pendant quelques mois, avec le prix Nobel, j’ai pensé que je ne pouvais laisser ses pensées et surtout ses travaux, que la presse ignore trop souvent, dans les oubliettes de ma mémoire.

(relations avec la presse difficiles à cause peut-être du caractère « volcanique » de notre prix Nobel,

Le Prix Nobel m’a dit mais surtout a écrit que la politique libre échangiste menée par Bruxelles avait eu pour effet de produire un chômage massif, de détruire en partie notre industrie, de laminer notre agriculture et de réduire la croissance de notre économie.

Il a calculé, que l’abandon des protections a entraîné une diminution de notre taux de croissance du PIB par habitant de l’ordre 2,4% l’an, ce qui a diminué notre croissance de 30 à 50%

(je fais un rapide calcul, s’il s’agit de 2,4% pendant 35 ans, le résultat est de plus de 70%, mais ce calcul n’engage que votre serviteur)

Attention, nous partons bien du même principe que celui énoncé par le prix Nobel, l’ultra libéralisme, cette politique menée par Bruxelles, provient de la politique menée par les adeptes du mondialisme.

Je vais aborder les problèmes et les solutions préconisées par le prix Nobel, pèle mêle.

Monsieur Maurice Allais : Agriculture : Nous devons absolument, dans un pays comme la France, maintenir une population dans l’agriculture d’un ordre de 5% -(

H.F je signale que nous en sommes à la moitié – environ 2,5% de la population active)

Chômage : Je n’entre pas ici dans le débat entre chômage et sous emploi (un pays qui créé des emplois n’est pas en situation de chômage, même si 10 % de sa population active ce trouve au chômage.

Le prix Nobel chiffre le nombre des sans emplois à plus de 6 millions, il prend,et a certainement raison, les chiffres du traitement social .

Il a trouvé, et même si nous en avons longuement discuté vous pourrez lire ses travaux dans un livre « La mondialisation : la destruction des emplois et de la croissance « Clément Juglar » cinq causes principales du chômage :

Le chômage induit par la structure de la protection sociale

Le chômage induit par le libre échangisme

Le chômage induit par l’immigration extra communautaire

Le chômage technologique

Le chômage conjoncturel

Personne ne peut raisonnablement traiter du problème du sous emploi, sans avoir lu les travaux du Prix Nobel :

Nous avons traité ensemble de l’historique du chômage –

Pour le Professeur Allais, 1974 est l’année charnière en ce qui concerne non seulement le chômage, mais aussi le début d’un déclin économique, et surtout industriel de la France : C’est en effet le début d’un accroissement continu et massif du chômage, c’est aussi la baisse dramatique des emplois dans le secteur de l’industrie, c’est la baisse de la croissance du PIB réel,

J'ai suivi la route indiquée par le prix Nobel en défendant autant que je l'ai pu l'industrie (je remercie le journal l'a lettre du 18 juin, le journal entreprendre des éditions R. Lafont pour avoir diffusé mes papiers sur le sujet)

Monsieur Maurice Allais a eu raison, l'industrie est passée de 24 à 10% du PIB, nos politiques ont-ils mesuré la gravité de la situation

H.F (c’est aussi, par ma part, la rupture avec une politique nationale, menée au bénéfice d’une politique de dépendance vis à vis de Bruxelles)

Nous sommes d’accord sur le fait que la cassure due aux deux chocs pétroliers ne donne pas de réponse satisfaisante, le Prix Nobel compare le choc de 74, au choc de la deuxième guerre mondiale, « d’une importance relative incommensurable » quelques années après la deuxième guerre, le nombre des chômeurs a diminué et les niveaux de vie se sont élevés, tandis que depuis 74 le nombre des chômeurs n’a cessé d’augmenter.

La conclusion ne peut être que la suivante : la politique de libéralisation mondialiste des échanges extérieurs menée par Bruxelles et à laquelle la France adhère nous a conduit à ce marasme, le Prix Nobel ajoute, et je partage cette analyse depuis 1971 et 1973, la dislocation du SMI (15.08.19471) premier coup d’Etat monétaire mondialiste) et surtout, l’instauration généralisée des taux de change flottants en 1973 ont aggravé la situation.

H.F : La France est Colbertiste, sa politique économique était prudemment protectionniste, pourquoi l'avoir effacée ? .

Maurice Allais : La rupture de 1974 avec notre politique économique, c'est la disparition progressive de toute protection du Marché communautaire européen et l’instauration continue d’un libre échange mondialiste sont les raisons profondes de nos différences avec les politiques antérieures et IL EST TOUT A FAIT IMPOSSIBLE DE SOUTENIR QUE LA POLITIQUE LIBRE ECHANGISTE MISE EN ŒUVRE PAR BRUXELLES AIT FAVORISE LA CROISSANCE ET DEVELOPPE L’EMPLOI ;

Sur le mondialisme : Le Prix Nobel assure que la globalisation de l’économie n’est profitable qu’à quelques groupes de privilégiés et qu’elle n’a procuré à la majorité, qu’ instabilité, chômage, injustices et misère.

Conclusion du Prix Nobel  ; la mondialisation (mondialisme) s’est révélée désavantageuse pour les peuples.

Et pourtant : les européistes béats se sont engouffrés dans cette direction désastreuse

Traité de Rome : Art 11O (mais aussi art 113 du Traité d’Amsterdam): En établissant une union douanière entre eux, les Etats membres entendent contribuer conformément à l’intérêt commun , au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrière douanières.

H.F : Nous constatons là encore, que la politique européiste, diffusée par Jean Monnet, n'était pas uniquement une phase européenne, mais bien d’un projet mondialiste.

Maurice Allais enfonce le clou en affirmant que le Traité de Maastricht a renforcé le désir mondialiste du Traité de Rome (art 3A, 102 A et 105) « dans le principe d’une économie ouverte où la concurrence est libre »

H.F : Ce qui est gênant dans ces traités, c’est qu’ils défendent en même temps une option européiste et une autre mondialiste or une politique nationale, défend la nation en se défendant contre les attaques des autres nations, une politique communautaire défend la communauté, contre qui ? Et bien c'est simple, le mondialisme, nous sommes donc entrés dans un cercle vicieux ou nous défendons ceux contre qui nous devrions nous battre.

Maurice Allais soulève le problème en affirmant que l’ouverture généralisée des frontières est en totale  contradiction avec les objectifs des traités européens.

Brièvement : la politique monétaire de la BCE, art 105 du Traité de Maastricht : « l’objectif principal du système européen des banques centrales est de maintenir les prix »

Maurice Allais : personne ne sait ce qu’il faut entendre par stabilité des prix : Aucun chiffre n’a jamais été étudié, décidé

Votre serviteur : alors que l’objectif de la BCE est de maintenir les prix, nulle part il n’est fait mention de quoi que ce soit de semblable dans le système monétaire international, au FMI, à la banque mondiale. Donc nous sommes perpétuellement confrontés à une inflation galopante dans les autres pays du monde , qui en réalité fait baisser la valeur des monnaies, alors que nous devenons de plus en plus pauvres en conservant une monnaie pour pays extraordinairement riches.

Pourquoi l’Union européenne n’est pas la panacée annoncée :

Maurice Allais : Il n’existe aucune annuaire statistique à l’échelon européen, malgré le fait que l’UE compte des dizaines de milliers de fonctionnaires.

J’avais demandé au Prix Nobel ce qui ne marchait surtout pas dans ce machin européen : sa réponse : La commission prend chaque jour davantage de prérogatives, prend d’innombrables directives, empiète sur la souveraineté des Etats, ET ELLE N’A PAS FAIT CE QU’ELLE AURAIT DU FAIRE ET QU’ELLE SEULE POUVAIT FAIRE ET NE LE FERA JAMAIS

La suite de ces entretiens concernaient plutôt le mondialisme, ils feront l’objet d’un autre document, car depuis ces entretiens, tout ce qui se passe démontre que le prix Nobel de sciences économiques Maurice Allais avait tout prévu, dommage que nos dirigeants n’ont pas pris en compte les études de notre génie français, qui a pourtant souvent eu raison

Maurice Allais Prix Nobel de Sciences Economiques « La Mondialisation »

Editions Clément Juglar

Maurice Allais : « L’Europe en crise Que faire ? »

Editions Clément Juglar

Le Forum Pour la France possède aussi les écrits de Philippe Bourcier de Carbon sur les journées réservées à l’œuvre de Maurice Allais

 

  Henri Fouquereau Secrétaire général du Forum Pour la France et du CNR présidé par Jacques MYARD

© 03.10.2020