Le Libre Journal

le GENERAL de GAULLE économie et finances 1958/1969

par Henri Fouquereau,

 

1958 : le Général de Gaulle revient à Matignon, appelé par le Président de la République René Coty qui nomme le plus illustre des Français au poste de Président du Conseil, Le Général sera le dernier « Président du Conseil » de la IVè République, René Coty le dernier Président de la République de la IVè

Ce que trouve le Général en arrivant à Matignon en 1958 sur le plan des finances et de l'économie :

Une situation préoccupante sur le plan économique

-        quasi catastrophique sur le plan des finances

-        les réserves en devises sont inexistantes

- la balance des paiements lourdement déficitaire

- la dette extérieure de la France est énorme

- la situation de trésorerie alarmante

- Tous les budgets sont en déséquilibre, (Déséquilibres entassés chaque année sur les déséquilibres précédents. 1957 déficit égal à 5% du PNB,

- Nos achats à l'extérieur ne sont pas compensés par le produit des ventes

- Pour calmer les ardeurs, les salaires ont été augmentés sans que la productivité le soit, d'où ces nombreux déséquilibres

Rappelons qu'un mouvement, vient d'envoyer 80 députés à l'Assemblée. Il défend artisans et commerçants menacés par la transformation des habitudes de consommation et par le manque de défense juridique de ces catégories socio professionnelles.

-        le Franc vient de perdre 20% de sa valeur

-        500 000 militaires français sont engagés Algérie avec armes et bagages, dépenses faramineuses pour un pays à la limite d'un défaut tant sur le plan monétaire que financier

-      le monde entre dans celui de la compétition, alors que la France n'est pas préparéesà cette situation.

-      le budget reste déficitaire et les réserves de change inexistantes (630 millions)

-      Mais surtout, la France est dans l'incapacité de répondre aux engagements internationaux qu'elle a pris

PRIORITE ; Préparer la France à la compétition internationale, - La France a perdu la moitié de ses parts dans le marché mondial.

Nos défauts ; le Général les connaît et les a à maintes fois décrits : l'individualisme, les fameux ferments de la dispersion, un certain refus des élites trop souvent contestées, ce que je résume en disant La France préfère les Poulidor aux Anquetil, les petites initiatives avec un haut le cœur lorsqu'il est question de se rassembler, de s'unir de travailler en commun, la machine a été mal acceptée, la France n'aimait pas son industrie , (ne l'aime pas plus aujourd'hui)

L'industrie française ainsi que l'économie sont trop protégées pour être compétitives dans ce monde où la concurrence devient apre et il faut être , malheureusement, capables de faire mieux que les autres, surtout pour les prix de production

Manque aussi, ce qui nous a toujours manqué : Le savoir vendre, véritable métier que l'on doit apprendre , mais qui est, chez nous, toujours considéré ET PRATIQUE comme du maquignonnage

Malgré ces défauts qui nous pénalisaient dans ce monde où la concurrence devenait le pilier centrale imposé par l'Amérique, le Général a décidé de poursuivre l'oeuvre entreprise le 18 juin 40 : aprés avoir libéré la France il entreprend de la redresser.

N'importe qui aurait pu être terrifié par la situation : le Général ne l'est pas il sait qu'en matière d'économie et de finance, il n'existe qu'un seul remède ; LA CONFIANCE. Avec son arrivée à Matignon cette confiance est revenue, la preuve : il lance un emprunt LE 17 JUIN 1958 , qui sera couvert en 3 jours. Il peut ainsi régler les dettes, et permet à la France de remplir ses devoirs dus à la parole donnée TOUT EST DESORMAIS POSSIBLE

Mais pour en arriver là, il a fallu envoyer des messages aux Français, les rencontrer , leur expliquer et ne rien leur cacher de la situation, il a visité 29 départements, rendu visite à l'Algérie puis à 12 pays d'Afrique, catastrophe de Malpasset 500 morts, il est venu, j'en ai été témoin

Partout, Il a émis des propositions  pour redresser le pays: d'abord l'effort, ensuite l'effort, enfin l'effort, tout cela avec un appel au rassemblement

Il stabilise la situation, puis commence le redressement de la France

Partout il fera passer le message de la vérité, celui de la rigueur, il déléguera aux élus, aux Chefs d'entreprises, aux Présidents d'associations, qu'il a rencontrés, chacun devant participer en diffusant le message, et faisant appliquer les principes énoncés

PEDAGOGIE d'abord pour susciter l'adhésion, puis application, -

-stabilité des prix, équilibre du budget, soutien aux investissements ; Il fait part à chacun que seule la grandeur de la France peut sortir le pays de l'ornière et puis, il fait partager son sentiment sur l'obligation de l'indépendance, sur l'honneur, sur la grandeur de la France, vertus qui s'opposaient à la rage des bourgeois français à vouloir effacer la France à tout prix. (Jean Mauriac)

D'abord une politique économique doit se prévoir et ce sera le Plan qui fixera des objectifs, qui établira les urgences, qui fera entrevoir le sens de ce qui est global, qui ordonnera et constatera.

Pas facile à établir au pays des Gaulois, mais la chose sera installée et fonctionnera – Ce Plan favorisera la productivité collective, amènera au rassemblement des activités afin de protéger nos productions contre la globalisation « américaine » qui s'est mise en place

La recherche doit être effectuée par l'ensemble des entreprises et le sera

Cette politique encourage l'esprit d'entreprendre, volet important de la politique du Général, sans cet accent mis sur la recherche à effectuer ensemble et l'encouragement à entreprendre, rien n'aurait été possible

Le résultat : le redressement qui permet de fortifier la valeur de la monnaie

L'emprunt réussi permet de payer une fois encore les factures et de faire repartir la machine -324 milliards mais aussi le retour en France de 150 tonnes d'or

Une explication sur les 150 t d'or est nécessaire : Encore Breton Woods, les américains financent depuis 44 leurs déficits par l'émission de dollars qui devenaient les réserves de leurs partenaires (clients)

Drôle d’engeance : l'Amérique fabrique de la « fausse » monnaie que les autres lui achètent, cette dette sera considérée et est toujours considérée comme valeur en s'entassant dans les coffres des autres. Le Général se méfie, il impose aux Américains de nous rembourser en OR, comme prévu par les accords de Bretton Woods 85% des dollars que nous détenons. L'Amérique accuse alors la France du Générale d'être la destructrice du Système monétaire International Les Américains ont tort sur une chose : le SMI n'était pas un système mondial mais américain.

Tous les autres Etats ont plié la tête en disant merci notre bon maitre, le Général n'a pas cédé bien au contraire, il fut une fois encore, l'honneur de la France

LE CREDIT DE LA FRANCE EST RELEVE, mais il reste beaucoup à faire :

-Les prix agricoles sont trop élevés,le général indexe les prix sur un indice. -Les prix baissent, les Français peuvent à nouveau consommer

 

-Les produits de luxe sont taxés, ce qui rapporte 50 milliards

-Le Crédit est nationalisé, c'est à dire contrôlé ce qui permet un certain investissement réel et d'éviter la constitution de bulles, toujours génératrices de crises

-La production à l'export est privilégiée

LA FRANCE REDEVIENT INDUSTRIEUSE, ELLE CHANGE DE STATUT ET DE STATURE

Une commission est installée, elle sera présidée par Jacques Rueff

Première action : arrêt de l'inflation par une compression des dépenses publiques et l'augmentation des recettes

Arrêt de la création monétaire artificielle

Le fin du fin, on freine la consommation qui s'emballe pour que l'épargne s'accroisse et s'investisse dans la production. La garantie de l'Etat suffit aux Français pour avoir confiance, ils prêtent, ils investissent, ils permettent à la machine de fonctionner

On réduit les subventions versées aux entreprises nationalisées

On arrête le versement des retraites d'anciens combattants

On augmente les impôts sur les stés et les gros revenus

Augmentation des taxes sur l'alcool, le tabac,sur le gaz et l'électricité 15%)

Aide aux revenus modestes

Le Franc redevient convertible , les autres le rachète

Puis vient la libéralisation des échanges, la France se dégage du joug, parce qu'elle est redevenue compétitive

Si pendant la IVè nos élites ont évité l'évolution imposée par le début de globalisation, le Général impose aux gens du Plan de modifier la donne : Le Pays doit être prêt à supporter les changements du monde

L'entreprise doit devenir compétitive en cessant d'être protégée, c'est la grande révolution imposée par le Général, l'autre celle de la Participation devra malheureusement attendre

Il y aura le passage du Franc au nouveau Franc : 1er janvier 1960 , message envoyé : La France garantie l'avenir,

Message reçu 5/5 la récession cède la place à la reprise et à la croissance

nos exportations dépassent nos importations, permettant l'entrée de devises

La bourse reprend le nombre de transaction est multiplié par 2

Croissance en 1960 = 7,9% + 6,8% en 68 – La production industrielle augmente de 5% l'an

Nous résistons fort bien désormais à la concurrence étrangère,

Cette politique économique et financière possède des résultats incontestables

Elle ramene la France sur les plus hautes marches du podium et pour résumer établissons un bilan succinct mais parlant

Le PNB a augmenté dans des conditions uniques en Europe

Les investissements productifs sont passés à 18% du PIB (en dessous de 4% décennie 2010)

Les constructions scolaires ont été multipliées par 4

Les constructions hospitalières par 10

Le logement 300 000 constructions avant 58, 500 000 ensuite

Budget de l'éducation nationale passe de 12,5% à 19,9% du budget nal

La progression du pouvoir d'achat des Français a été de 4% l'an

La consommation des ménages de 58 à 69 a progressé de 56%

Les taux d'équipement sont passés de 28 à 53%

Les transferts sociaux ont progressé de 12,6% l'an

Les prestations familiales de14,2%

Les retraites ont gagné 16,5%

Nous pourrions ajouter des lignes et des chiffres, mais ce bilan doit suffire à expliquer aux Français ce qui a été fait, ce qui a été réussi, mais plus encore, nous avons le devoir de dire merci au Général car aujourd'hui, si la France est toujours dans le peloton de tête des nations et si nous pouvons distribuer tant, c'est grâce à lui,

La situation depuis son départ s'est dégradée, si nous avions continué sur la lancée de 58 à 69, notre PIB serait de plus du double (M.Allais)

si le Général revenait il pourrait nous dire  : et alors :

Ses successeurs qui se sont partagés le pouvoir ne pourraient que répondre, nous avons à nouveau perdu des batailles, mais nous ne sommes que des hommes, aprés tout, vous étiez d'une autre trempe ce qui explique que vous avez gagné presque toutes les guerres, celle de l'indépendance, de la souveraineté, celle de la fidélité à l'histoire de France, celle de la Grandeur, de l'honneur. Une seule vous a échappée celle de la participation et c'est de notre faute mon Général

 

*Henri Fouquereau Secrétaire général du Forum Pour la France et du CNR présidé par Jacques MYARD

© 02.01.2021